Avortement et contraception dans les études médicales
248 pages
Français

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Avortement et contraception dans les études médicales , livre ebook

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Description

Plus de trente ans après la conquête du droit à l'avortement et à la contraception, on peut se demander comment la médecine peut répondre aux besoins des femmes en évacuant les rapports sociaux de sexe pour se cantonner à un enseignement purement technique. Quelle préparation pour les étudiants en médecine ? Quelle prise en charge de l'avortement et de la contraception par les facultés de médecine ? Une réflexion sur la nécessité que l'université réponde aux besoins de santé des femmes correspondant aux conditions de leur autonomie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 225
EAN13 9782336284316
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bibliothèque du féminisme
Collection dirigée par Oristelle Bonis, Dominique Fougeyrollas, Hélène Rouch
publiée avec le soutien de l’Association nationale des études féministes (ANEF)

Les essais publiés dans la collection Bibliothèque du féminisme questionnent le rapport entre différence biologique et inégalité des sexes, entre sexe et genre. Il s’agit ici de poursuivre le débat politique ouvert par le féminisme, en privilégiant la démarche scientifique et critique dans une approche interdisciplinaire.
L’orientation de la collection se fait selon trois axes : la réédition de textes qui ont inspiré la réflexion féministe et le redéploiement des sciences sociales ; la publication de recherches, essais, thèses, textes de séminaires, qui témoignent du renouvellement des problématiques ; la traduction d’ouvrages qui manifestent la vitalité des recherches féministes à l’étranger.
www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296003224
EAN : 9782296003224
Avortement et contraception dans les études médicales
Une formation inadaptée

Maud Gelly
Sommaire
Bibliothèque du féminisme Page de Copyright Page de titre Remerciements et salutations Introduction 1. Le savoir médical sur les femmes, la contraception et l’avortement 2. Réception par les étudiants : première approche 3. Paroles d’étudiants, discours de médecins Conclusion Références bibliographiques Ouvrages parus dans Bibliothèque du féminisme
Remerciements et salutations
À Hélène Rouch et Oristelle Bonis, pour m’avoir patiemment et efficacement aidée à transformer une thèse en livre,
À Marie-Laure Brival, pour avoir accepté de diriger ma thèse et avoir su me canaliser avec bienveillance et complicité.
À Michel Teboul, sans qui je n’aurais jamais traversé la jungle statistique.
À Georgia Arapaki, Liane Henneron et Daniel Delanoë, sans qui je n’aurais jamais osé me lancer dans des entretiens.
À Geneviève Picot, merci pour le coup de pouce de départ.
À Thibault Pirandello, encore un effort pour être féministe.
À toute l’équipe du Centre d’IVG de Colombes, sans laquelle je ne serais ni tout à fait la même médecin, ni tout à fait la même personne.
À Catherine, pour les multiples relectures, et à Julien et Jean-François qui n’en pensèrent pas moins.
À Julie Castro, ma bolivarienne camarade de jeux.
Aux militantes sans lesquelles je n’aurais pas lu les mêmes bouquins et donc pas écrit les mêmes pages.
À Jérémie, pour les heures passées à réparer mes erreurs techniques et les années à faire des choses plus intéressantes.
À Lou, fabriqué à peu près en même temps que ces pages... Que la vie te soit douce...
Introduction
De l’affaire du sang contaminé à la difficile reconnaissance des cancers professionnels, du défi représenté par le Sida aux maladies nosocomiales, des débats sur le clonage à ceux sur l’euthanasie, la confiance dans le progrès médical a été quelque peu ébranlée ces dernières années. Indissociable de cet effritement de la légitimité médicale, la remise en cause des dispositifs de protection sociale fait apparaître au grand jour l’affrontement des logiques économiques, sociales, professionnelles qui cohabitent au sein d’un système de financement socialisé. Simultanément, les associations d’usagers du système de santé s’organisent tandis que les professionnels de santé expriment leur malaise, que ce soit par les grèves infirmières en 1988 ou de manière radicalement opposée par les déconventionnements de médecins libéraux en 2003. Les médecins se sentent tout particulièrement menacés de déchoir d’une position sociale prestigieuse, que ce soit par la judiciarisation des relations avec leurs patients ou par ce qu’ils perçoivent comme un accroissement du contrôle social exercé sur eux (Baszanger et coll. 2002 : 9-16).
Dans ce mouvement d’extension de la mise en discussion de la médecine, ses domaines d’intervention et ses prérogatives se redéfinissent, la frontière entre normal et pathologique devient mouvante, et surtout les différents acteurs en présence se disputent le droit de la tracer (Drulhe et coll. 1998 : 83) : « C’est le point de vue du malade qui est au fond le vrai » alors que « ce qui intéresse les médecins, c’est de diagnostiquer et de guérir, [...] ramener à la norme une fonction ou un organisme qui s’en sont écartés » (Canguilhem 1966 : 75). Pour comprendre les mutations en cours, il est éclairant de se pencher sur les questions situées sur cette frontière entre norme et pathologie et placées au cœur des conflits de perspective entre médecin et patient et des contradictions entre système de soins et système de santé. La maîtrise de la fécondité est une de ces questions. Elle ébranle la hiérarchie sexuée — puisqu’elle permet aux femmes de « sortir du lieu central de la domination masculine » (Héritier 1999 : 48) — et la hiérarchie des savoirs et des pouvoirs décisionnels entre médecins et patients, hiérarchie redoublée par les rapports sociaux de sexe quand il s’agit de patientes et de médecins jusqu’ici majoritairement masculins.
À l’heure où l’on parle beaucoup de réforme des études de médecine, je me suis intéressée à l’enseignement de la maîtrise de la fécondité, située au carrefour de ces trois axes que sont la définition de la norme procréative, les rapports sociaux de sexe et les rapports patients-médecins. Dans ce travail, issu de ma thèse de médecine générale, discipline médicale elle aussi en cours de recomposition et traversée plus que toute autre par la question de la normalité, j’ai cherché à savoir si l’enseignement de la contraception et de l’avortement dans les études de médecine répond aux objectifs de santé publique : il s’agit de former les futurs médecins à la contraception, qui concerne trois quarts des femmes en âge de procréer (Bajos et coll. 2003b), et à l’avortement, qui concerne environ 200 000 femmes par an (Vilain 2005), dans un contexte où l’offre de soins se dégrade, le secteur privé se désengageant de cette activité sans que le secteur public ne réponde aux besoins. Cette dégradation entraîne des délais d’attente moyens de 2,4 semaines pour avorter (Bajos et coll. 2003c) alors que l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé recommande un délai de moins de cinq jours (ANAES 2001 : 12). Concernant l’avortement, les objectifs de formation des futurs médecins sont donc doubles : au minimum il s’agit de donner à tous les outils leur permettant d’accueillir les femmes, et sinon de les accompagner, du moins de les adresser aux professionnels compétents ; et au maximum il s’agit de susciter des vocations afin de remédier à une pénurie de personnels qu’aggravera encore le départ à la retraite d’une génération amenée il y a trente ans à pratiquer des avortements par le scandale des décès liés aux avortements clandestins et par les luttes féministes. Le 12 septembre 1978, l’OMS tenait à Alma-Ata une conférence internationale visant à promouvoir les soins de santé primaire : ses conclusions plaçaient la planification familiale et la contraception au quatrième rang des besoins de santé primaire après l’éducation, l’alimentation et l’eau (OMS 1978).
De nombreux travaux en histoire des femmes ont montré comment les médecins ont contribué à la définition d’une nature féminine qui assigne les femmes à la fonction reproductrice et à une place subalterne dans la société. N’étant pas historienne, je me contenterai de renvoyer à ces recherches et d’en dégager une généalogie du discours médical sur la fécondité et sa limitation, qui éclaire à mon sens la problématique de la formation actuelle des médecins à la régulation des naissances.
J’analyserai ensuite la manière dont les facultés de médecine, où étudiants et étudiantes sont désormais représentés en nombre égal, forment actuellement les jeunes médecins à la contraception et à l’avortement. J’ai choisi de me pencher sur la formation initiale des médecins c

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