Banlieue - Immigration
306 pages
Français

Banlieue - Immigration , livre ebook

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Description

Cet ouvrage étudie sur une période de cinquante années, de 1968 à 2018, les attitudes et les politiques concernant les travailleurs et les familles immigrés dans une ville de la banlieue populaire Ivry-sur-Seine dirigée depuis 1925 par les majorités successives placées sous l'égide du PCF. À partir d'exemples concrets, l'auteur étudie les évolutions d'une politique paradoxale qui préconisait, dans les années 1970, l'instauration de quotas d'immigrés, renvoyait la prise en charge de ces travailleurs et familles à l'État et aux employeurs, tout en faisant profession d'antiracisme et de solidarité.

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Date de parution 22 février 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782140114809
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

BANLIEUE – IMMIGRATION Des paradoxes de la solidarité à l’idéologie victimaire
Cet ouvrage étudie sur une période de cinquante années, de 1968 à 2018, les attitudes et les politiques concernant les travailleurs et les familles immigrés dans une ville de la banlieue populaire Ivry-sur-Seine dirigée depuis 1925 par les majorités successives placées sous l’égide du PCF. À partir d’exemples concrets, l’auteur étudie les évolutions d’une politique paradoxale qui préconisait, dans les années 1970, l’instauration de quotas d’immigrés, renvoyait la prise en charge de ces travailleurs et familles à l’État et aux employeurs, tout en faisant profession d’antiracisme et de solidarité. La complexité et les incohérences de l’accueil n’étaient pas le seul fait de cette municipalité communiste, mais de bien d’autres, puisque le dénominateur commun était les coûts que représenterait la population immigrée. Depuis les années 2000 ont émergé à Ivry-sur-Seine et dans d’autres villes de banlieue, de nouveaux acteurs communautaristes qui ont mis en avant la dénonciation d’un « racisme structurel », la présence d’un nouvel « espace colonial » dans les quartiers, la lutte contre « l’islamophobie ». Une idéologie victimaire et différentialiste est af rmée qui entre en con it avec l’émancipation, la citoyenneté, les principes républicains et dont il est indispensable de critiquer les impasses et la dimension régressive. À partir de l’étude d’une ville, l’auteur propose une ré xion pour réussir l’indispensable intégration positive des immigrés et des réfugiés dans la République.
 est diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a assuré des responsabilités nationales dans les secteurs du social et de l’éducation populaire. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dontPenser l’éducation populaire ; Handicap et cinéma ;Art et lien social;Penser le politique avec Mendès France (Chronique sociale).
En couverture : affiche de Mai 68.
ISBN : 978-2-343-16787-9 30
Gérard Bonnefon
Gérard Bonnefon BANLIEUE – IMMIGRATION
Des paradoxes de la solidarité à l’idéologie victimaire
Ivry-sur-Seine,1968 - 2018
BANLIEUE – IMMIGRATION
Banlieue – Immigration
Gérard Bonnefon
Banlieue – Immigration
Des paradoxes de la solidarité à l’idéologie victimaire
Ivry-sur-Seine, 1968-2018
Du même auteur
Art et lien social,Les pratiques artistiques des personnes handicapées, Desclée de Brouwer, 1997 (épuisé) Handicap et cinéma, Préface Patrick Brion, Chronique sociale, 2004 Penser l’éducation populaire, Humanisme et démocratie, Chronique sociale, 2007 Bénévolat et demandeurs d’emploi,Situer pour accompagner, Préface Jean-Baptiste de Foucauld, Hugues Sibille, Postface Dominique Thierry, Chronique sociale, 2009 Art et liensocial,Des pratiques artistiques : pédagogie, créativité et e handicap, 2 édition revue et augmentée, Chronique sociale, 2010 L’éducation spécialisée,Fondements, pédagogies, perspectives, Contributions de Philippe Clément, Joseph Veil et Claude Wacjman, Chronique sociale, 2013 Pratiques artistiques et thérapies par l’art, De l’asile au médico-social, Chronique sociale, 2015, Penser l’éducation populaire, Humanisme et démocratie, e 2 édition revue et complétée, Chronique sociale, 2016 Penser le politique avec Mendès France, Chronique sociale, 2017
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-16787-9 EAN : 9782343167879
Qu’entend-on par résoudre de manières satisfaisantes les problèmes de la vie? Quelle forme nouvelle prend l’exploitation de l’homme? Qu’est-ce qui donne naissance à des liens sociaux? Qu’est-ce qui nous donne l’impression d’être chez nous? Qu’est-ce qui pousse l’homme à se détruire lui-même? Comment faire pour que l’horizon reste ouvert? Psychanalyse et urbanisme, Alexander Mitscherlich Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx
Introduction
Ivry-sur-Seine, capitale du « communisme en France » et ville de la banlieue parisienne demeure un maillon politique important de la défunte « ceinture rouge ». Si le communisme français est engagé dans un déclin qui apparaît irréversible, Ivry-sur-Seine reste encore sa ville de référence, tant en raison de son histoire que de sa résistance à l’érosion électorale.
Le 10 mai 1925, Georges Marrane, ouvrier horloger, devenait le premier maire communiste après la victoire des deux listes du « Bloc Ouvrier et Paysan » sur celles du « Bloc 1 des Droites » . Le programme municipal accordait une place privilégiée au service public : la petite enfance, l’éducation, le logement, la santé, la solidarité... et symboliquement un drapeau rouge fut hissé sans délai sur le fronton de la mairie d’Ivry-sur-Seine afin de signifier l’accession au pouvoir de la classe ouvrière. Dès la première séance du Conseil municipal le 15 mai 1925 un vœu anti-guerre colonial fut adopté : « Le Conseil élève une protestation énergique contre la Guerre du Maroc déclenchée contre la République Rifaine par les groupes capitalistes et la haute banque. (...) Déclare qu’à aucun titre cette guerre ne peut être parée du titre de guerre défensive, qu’elle ne peut avoir d’autre résultat que faire couler le sang des travailleurs français et marocains ».
De 1925 à 1965 Georges Marrane incarna le communisme municipal qui était au service de la cause du socialisme dans sa
1 - Nota : Sur l’ensemble de la ville, au second tour de l’élection municipale les deux listes (deux secteurs) conduites par G. Marrane et E. Westermeyer du «Bloc ouvrier et Paysan» obtenaient de 4 419 à 4362 voix et celles du «Bloc des droites» de 4 068 à 3 969 voix. Une liste de la SFIO était présente au premier tour (Archives municipales).
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version soviétique. Depuis cette première élection, les listes conduites par le Parti communiste français (PCF) furent réélues sans aucune difficulté majeure. Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, député de 1932 à 1940 puis de 1946 à 1964, était l’autre grande figure de la ville à l’incontestable autorité politique et à la popularité considérable. Et voter pour « Maurice » représentait un acte politique, d’admiration et d’amitié. Les fléchissements électoraux, qui vont s’amorcer au début des années 1980, sont autant dus aux errements politiques nationaux qu’à l’effondrement d’un « socialisme » dévoyé en URSS et dans ses satellites du bloc de l’Est. À Ivry-sur-Seine, malgré un réel déclin, le PCF demeure toujours la figure de proue de la gauche dans ce qui demeure sa « ville-capitale ».
De 1925 à nos jours, la population de la ville s’est modifiée au gré des évolutions technologiques, de la transformation des modes de production, de la création de nouvelles industries et de nouveaux services. Son ancrage prolétarien dû à la forte présence d’ouvriers de la métallurgie : ajusteurs, tourneurs, mécaniciens..., de compagnons du bâtiment : maçons, menuisiers..., de manœuvres et de journaliers, s’est estompé pour laisser progressivement une place plus importante au secteur tertiaire, aux enseignants et aux cadres. À côté des « cols bleus », les « cols blancs » s’installaient et/ou travaillaient dans la ville. Des métiers disparus témoignent d’une époque révolue : wattman, giletière, ébarbeur, stoppeuse, coloriste de cartes postales...
2 En 2014, Ivry-sur-Seine , forte de 59 793 habitants, rassemble sur son territoire une population active ayant un emploi, constituée majoritairement d’ouvriers et d’employés :
2  - Sources : Les informations mentionnées sont issues de l’INSEE,Dossier complet, Commune d’Ivry-sur-Seine, «Evolution et structure de la population en 2014», paru le 12/10/2017. Tableaux : «EMP T3 - Population active de 15 à 64 ans selon la catégorie socioprofessionnelle; EMP T4 - Chômage (au sens du recensement) des 15-64 ans; FAM T2 - Ménages selon la catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence en 2014».
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49,48 %; de professions intermédiaires, de cadres supérieurs et de professions intellectuelles supérieures : 46,24 %; d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise : 4,27 %. Puis résident dans la ville des chômeurs : 16,00 % et des retraités : 22,06 %. Le 3 taux de pauvreté est de 27,82 % . La population immigrée représente 29,20 % de la population de la ville (9,10 % au plan national). Il s’agit d’une population qui se répartit à égalité entre 4 les sexes et à 61 % dans la tranche d’âge 25 à 54 ans . Ivry-sur-Seine est une ville de confluence due à la diversité des nationalités et où résident des habitants de conditions fort modestes et des classes sociales plus aisées.
Dans la ville se sont installés génération après génération des travailleurs venant des provinces françaises, des proches pays européens : Italie, Espagne, Portugal..., puis du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. Une immigration économique constituée de jeunes hommes dans la force de l’âge quittait des régions pauvres et rejoignait l’armée industrielle des grandes métropoles urbaines françaises. La précarité, les logements indignes, les emplois non qualifiés et rudes leur étaient réservés. Des immigrés retournaient au pays, d’autres s’installaient avec leur famille. L’objectif était d’échapper à la misère et de vivre mieux en s’assurant des ressources pour eux et leurs proches. Tahar Ben Jelloun dansLa plus haute des solitudes (1977) décrit la souffrance des travailleurs immigrés : « À ces hommes qu’on arrache à leur terre, à leur famille, à leur culture, on ne demande que leur force de travail. Le reste, on ne veut pas le savoir. Le reste c’est beaucoup. (...) Le capitalisme veut des hommes anonymes (à la limite abstraits), vidés de leurs désirs, mais
3 - Sources : Observatoire des inégalités, chiffres 2014, données INSEE. www.inegalites.fr 4  - Sources : Linternaute.com d’après l’INSEE. Nota : «Définition des immigrés selon l’INSEE : Un immigré est une personne née à l’étranger, dont la nationalité d’origine est étrangère, et qui vit en France. Parmi les immigrés sont donc comptabilisés les étrangers et les personnes ayant acquis la nationalité française au cours de leur vie».
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