Ces jeunes tunisiens devenus soudain terroristes
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Description





Tous les jeunes rêvent de liberté, de démocratie, de droit au travail et à la dignité dans le respect des droits de l'homme. Piégés par un système qui rappelle l'ancien, ils n'ont plus de repère. Ils sont confrontés à la pauvreté, au chômage et à la violence d'un système politique qui ne change rien à la montée de l'islamisme dans le pays. Un sentiment lourd de colère, de frustration et de désenchantement fait abdiquer un grand nombre d'entre eux de leur caractère passif et non violent pour devenir des terroristes potentiels avec passage à l'acte. Une attaque du corps et de l'autre fait grand écran dans les comportements nouveaux de cette génération. Un break-down se généralise.




Lilia Bouguira est docteur en médecine spécialiste des adolescents en Tunisie.


Elle est experte en monitoring des lieux de détention pour le respect des droits de l'homme auprès d'ONG nationales et internationales.


Depuis 2014, en Tunisie, l'auteur est membre de l'Instance Vérité et Dignité, instance d'État indépendante dont la mission est de démanteler le système autoritaire et de faciliter la transition vers un État de droit.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782376290438
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TABLE DES MATIÈRES Couverture Épigraphe Préface Une révolution citoyenne défigurée Bilan constat post-révolution Le sort d'un pays dépend du sens de sa justice Ennahda gagne ainsi aux élections Tuer les juifs est un devoir Khaoula Rachidi, l'étudiante de la faculté de la Manouba L'attaque de El Abdellia Les événements de l'ambassade américaine Encore un état des lieux du temps de la Troïka Nos prisons se tunistanisent également Monitoring dans les prisons en post révolution Le retour aux sources Les premiers assassinats politiques Dissolution du premier gouvernement d'Ennadha Constat d'échec Le recrutement chez les jeunes Une autre se raconte ou le break down Les guerres sont infâmes. Le terrorisme pire. À la prison des femmes Ruminations internes Lu sur FB et dans les médias Daesh et le régime de la terreur L'horreur a un nom. Elle s'appelle Alep. La Syrie brûle Le réveil Le colonel médecin Le passé rattrape toujours La prière d'un père Cogitations Menaces et reconsidérations politiques Le destin de ce pays est-il d'être trahi ? L'Instance Vérité et Dignité L'Instance Vérité et Dignité et moi Ma radiation de l'IVD Un rêve abîmé Le Sud brûle et le peuple aussi Le passé-robot du terroriste tunisien Le terrorisme frappe de nouveau dans mon pays Zaara, la maman martyre
* Références de l'ouvrage : ISBN, Auteur, Éditeur
Épigraphe
Tous les témoignages de l’ouvrage sont inspirés de faits réels écoutés, lus ou relayés par les médias locaux et internationaux.
Je dédie cet écrit à mon pays « dont je vis et je meurs » afin d'aider à le relever.

L'auteure
« Lorsqu'un peuple courbé sous de pesantes chaînes, hésite à les briser avec ses propres mains, il peut changer facilement de tyrannie, mais ne pourra jamais gagner sa liberté. »

José-Maria de Heredia
Préface

« J’espère que ce n’est pas un Tunisien »

Un terroriste s’est fait exploser à la sortie d’un concert à Manchester le 22 mai 2017. Avant toute réaction, une seule phrase me revient et revient sur de nombreuses lèvres en cette Tunisie post révolutionnaire : « J’espère que ce n’est pas un Tunisien. » Nous, Tunisiens avons été les déclencheurs du fameux printemps arabe. Le pays du bougainvillier et du jasmin. Le mien.Mon pays.

Depuis le 17 décembre 2010, date à laquelle Mohamed Bouazizi, jeune marchand de fruits et légumes, s'immole le monde n’a cessé de prôner la révolution tunisienne de 2011. Des instants magiques où le soulèvement de tout un peuple s’est fait dans la non-violence et zéro vengeance. Hommes, femmes et enfants sont sortis pour dire non à la répression.
Dégage a été inventé. Une invention purement tunisienne.
Des « dégage » à notre honneur sans effusion de sang ni grand vandalisme.
Des manifestations de partout ont fusé. Le pays en entier est secoué.
Le peuple comme par une baguette magique vient de se réveiller au boutde vingt-cinq ans de torpeur. Il décide de reprendre son destin en mains pour ne plus être trahi. La femme a eu son rôle à jouer.
Partout, les femmes sont légion.
Elles ont vaillamment assuré. ben ali est encore présent. Il ne s’est pas encore enfui. La répression bat son plein. Les grands moyens sont déployés. Une armée de policiers et de soldats se dirige vers les zones de troubles sociaux en particulier Sidi Bouzid, Thela et Kasserine.
Lacrymogènes et balles réelles font des centaines de blessés et des morts. Bras de fer des autorités armées jusqu’aux dents contre une population pacifique qui manifestent pour le droit de vivre dignement. La balance est inéquitable et pourtant une quadragénaire de Kasserine l’assiégée nargue ouvertement le président ben ali sur les réseaux sociaux et les médias étrangers. C’est la veillée mortuaire de son fils tombé raide mort par des balles tueuses d’un policier qui l’a ciblé en pleine tête lors des manifestations.

Elle lance des you you en accompagnant ce fils martyr et le somme courageusement :

« Et toi ben ali , tu as tué mon fils un parce qu’il voulait vivre dignement, lui le diplômé chômeur. Je te garde mes quatre autres garçons, des lions que demain je te sortirai un à un jusqu’à ce que tu dégages. »

Oui ! Nos femmes sont légion.

Uniques en particulier à Kasserine où la répression en 2011 a été des plus féroces. La police a tiré sur les manifestants. Des déploiements de force terribles pendant de nombreux jours. Un véritable siège où ben ali a donné l’ordre d’en venir à bout. Des balles tueuses contre des jets de pierre. Pour leur résister, les femmes ont cassé les murs de leur maison pour récupérer des pierres qu’elles ont refilées dans des couffins aux gamins pour que ces derniers les jettent sur les policiers qui les assiègent. Un jet de pierre contre lacrymogènes des plus toxiques et des tirs de balles réelles. Un bras de fer entre une police sans merci et une population devenue lionne en fraction de ces fameux jours de répression.
La carte de nos martyrs et blessés s’est allongée chaque jour un peu plus. Thela et Kasserine ont eu droit à leur plus large tribut. Des hommes mais aussi des femmes et des enfants comme ce bébé Maram Mnasri en pleine crise d’asthme. Sa maman doit traverser la ville qui s’est soulevée pour aller aux urgences. Les policiers sont devenus fous et déploient toutes leurs forces contre tout ce qui bouge. Le lacrymogène s’abat comme un rideau épais nauséabond et qui fait encore plus tousser et pleurer. La maman court avec à ses bras son enfant.
Maram est une autre toute petite fille. Elle souffre d’une maladie congénitale qui lui occasionne des crises d’asthme graves. Sa mère court vers l’hôpital pour l’oxygéner. Soudain une balle atteint sa maman de plein fouet qui la lâche dans un cri qui déchire le ciel. La petite est recueillie par des gamins qui marchaient derrière un cortège de martyrs tombés la veille par des balles répressives, celui de Mohamed Amine.
L’un d’eux court avec l’enfant dans ses bras. Une balle meurtrière l’atteint de plein fouet. Il tombe couvrant en un dernier geste héroïque le bébé. Ses amis le couvrent en tombant un à un sur lui toujours sous des balles meurtrières par un fou enragé cachant à plusieurs l’enfant miraculé.
Quadruple meurtres ou quintuple, là n’est pas la question !
Maram déjà malade résiste mal au gaz lacrymogène qui endommage son système nerveux et respiratoire lui faisant perdre la fonctionnalité de ses jambes et de ses poumons. Paralysie motrice doublée d’un asthme sévère invalidant est le bilan de cette enfant dressé par une maman en extrême détresse et rectifié par le médecin qui la soigne.
Les convalescences de l’imagination sont affreusement longues et insoutenables lorsque nous tentons un instant d’imaginer le calvaire d’une telle ressortissante ou de sa famille ou de celles des familles des martyrs. L’aimé a été abattu par des balles crapules et criminelles que le gouvernement de transition dont à leur tête le premier ministre diffame et autorise la banalisation pire encore raye en affirmant la non existence des snipers.

« Une pure invention les snipers...
Que celui qui en trouve un, me le ramène ! »
Une moquerie reprise et devenue célèbre chez ce peuple fraichement endeuillée dans une interview à la radio Mosaïque FM du 19 juillet 2011. L’hérésie et le comble du ridicule de ce gouvernement de transition : des morts sans meurtriers. Des visés en plein dans le mille sans snipers !
Maram, une miraculée même amoindrie survit encore pour attester d’une humanité laide, monstrueusement amnésique. Maram même invalide est encore vivante jusqu’à nos jours comme pour témoigner de ces crimes de guerre ou de répression portés sur des innocents. Des violations terribles qui restent encore aujourd’hui dans l’impunité et le total dénigrement des blessés de la révolution. L’air glacé se respire comme un sordide philtre d’oubli. Des voix polaires sont ces jacasseries de femmes qui gèlent les ardeurs et les passions. Des hommes polaires sont ces messieurs qui ne s’accordent pas de pause et renouent avec les traîtres et les vendus.
Je tremble encore aux cris perçants de la gamine qui convulse sous la lacrymo. Je n’ai plus de mémoire dès lors que pour ces tombes encore fraîches et le courage ne me manque pl

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