D un sens l autre
280 pages
Français
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Description

Dans quel type de société vivons-nous ? Comment ce type de société peut-il être assumé par nous, transformé ou détruit ? Interrogation vaste et naïve qui nous renvoie à un autre modèle de société que nos devanciers ont vécu pendant des millénaires, qui existe toujours et que nous pouvons choisir encore - puisqu'il en demeure de nombreux exemplaires dans le monde. Le nouveau type de société le refuse, mais, néanmoins, il tolère ceux et celles, groupes et/ou individu(e)s qui croient à un ou des référents hors humain.

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Date de parution 09 septembre 2019
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EAN13 9782140129735
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Dans quel type de société vivons-nous ? Comment ce type de société peut-il être assumé par nous, transformé ou détruit ? Interrogation vaste et naïve qui nous renvoie à un autre modèle de société que nos devanciers ont vécu pendant des millénaires, qui existe toujours et que nous pouvons choisir encore – puisqu’il en demeure de nombreux exemplaires dans le monde. Le nouveau type de société le refuse, mais, néanmoins, il tolère ceux et celles, groupes et/ou individu(e)s qui croient à un ou des référents hors humain. Ce type se donne implicitement, comme référent humain, souvent trop humain, dirait Nietzsche, l’entre-nous qui présuppose l’individu et son autre. Le droit, les droits, la morale, les valeurs, les idéologies positives viennent légitimer, justifier légalement, juridiquement, positivement cet entre-nous. Mais qu’est-ce qui donne signification et sens au droit, aux droits, à la morale, aux valeurs et aux idéologies positives ? La légitimation et la légitimité sociales et politiques au sens du politique, c’est-à-dire celles que nous pensons et pratiquons tous les jours, répond depuis cinquante ans l’auteur de cet ouvrage. S’il se remet à la charrue pour « creuser l’inconnu », c’est pour tenter de montrer qu’en explicitant mieux entre nous les invariants anthropologiques ou repères-limites de cette légitimation sociale et politique – invariants ou repères que tous les êtres humains connaissent depuis toujours –, celles et ceux qui sont là, qui viennent et vont venir, les jeunes et les moins jeunes, pourront venir à bout du grand délégitimant et délégitimateur, illégitimant et illégitimateur qu’est le néo-libéralisme économique.
 est sociologue et ancien professeur des uni-versités. Il a publié de nombreux ouvrages sur le paternalisme, l’auto-rité, le pouvoir politique, les sans-abri et la légitimation. Il est actuellement membre de quatre associations : le MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales), le CIPA (Collège international de psychanalyse et d’anthropologie), l’AFA (Association française des anthropologues), et L’homme et la société.
COLLECTION
dirigée par Jean NADAL
Louis Moreau de Bellaing
D’un sens l’autre Louis Moreau de Bellaing
Le sacré-profane et l’entre-nous
Psychanalyse et civilisations
D’un sens l’autre
Psychanalyse et Civilisations Collection dirigée par Jean Nadal L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’incons-cient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation. Dans cette perspective, la collectionPsychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes. Dernières parutions Urias ARANTES,La Cité des Dames, Enquêtes sur les relations entre la psychanalyse et les féminismes, 2019. Martín RECA (dir.),Salomon Resnik, Un psychanalyse à l’écoute de la folie, 2019. Saverio TOMASELLA,La subjectivité face au désastre,Subjectivation et catastrophes,2018. Jean BROUSTRA,Psychoses et langages. Scènes psycho-thérapiques du dire, 2018. Michel BASS,Mort de la clinique. Analyse de la fracture du système de santé, 2018. Jean NADAL,La pulsion de peindre. La toile et son inconscient, 2018. Marie-Laure DIMON et Michel BROUTA (dir.),Les Algorithmes de l’Etrangéité,Psychanalyse et anthropologie critique,2018. Dominique PERROUAULT,La voix entre mère et bébé – La structure de soi dans l'échange vocal,2017. Alain LEFÈVRE,Mère, l’absurde malentendu. Psychanalyse et fiction clinique,2017.
Louis Moreau de Bellaing
D’un sens l’autre
Le sacré-profane et l’entre-nous
DU MÊME AUTEUR
L’État et son autorité, l’idéologie paternaliste,L’Harmattan, 2009.
La légitimation du pouvoir, L’Un sans l’autre,L’Harmattan, 2005.
La Légitimation, approche sociologique, anthropologique et psychanalytique, L’Harmattan, 1997.
La Fonction du libre-arbitre, Légitimation II, L’Harmattan, 2001.
Le Don et l’échange, Légitimation III, L’Harmattan, 2005.
Le Pouvoir, Légitimation IV, L’Harmattan, 2009.
L’Accès au social, Légitimation V, L’Harmattan, 2012.
La Genèse de la politique, Légitimation VI,L‘Harmattan, 2013.
Vivre sans le capitalisme ?, L’Harmattan, 2016.
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18271-1 EAN : 9782343182711
INTRODUCTION
Une première définition s’impose : celle du sens et de l’autre sens, celle du sacré-profane et celle de l’entre nous. Apparemment il s’agit de quatre définitions sinon cinq. Je les réduis à une seule, celle du sens, en y incluant l’autre sens. Le sens se distingue de la signification, parce qu’il vise à la fois le subjectif individuel et collectif (passions sentiments implicites et explicites) et l’inconscient (l’autre et l’individu, l’individu et l’autre, l’affect). C’est dans cette définition du sens par rapport à la signification que je situe, comme compléments de sa définition, le dispositif sacré-profane et celui de l’entre nous, ils sont inconcevables sans l’autre et l’individu et sans l’individu et l’autre. Je me situe en sociologie et en anthropologie et fais appel, si nécessaire, au peu que je sais en psychanalyse, mais surtout à cette par-tie de la sociologie et de l’anthropologie, à mon avis trop peu abordée qu’est le subjectif individuel et collectif, impli-cite et explicite. L’objet de recherche – D’un sens l’autre – n’est pas dif-ficile en soi à aborder puisque tout(e) un(e) chacun(e), tous et toutes le connaissent. Qui aujourd’hui ne distingue pas une société dite, selon Balandier, traditionnelle, autrement dit reposant sur la distinction sacré-profane, d’une société moderne reposant sur l’entre-nous ? Maisunedéfinition du sens présuppose qu’il y a du com-mun. Sur ce point je m’adresse à un texte de l’anthropologue
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Godelier qui énumère les pré-conditions pour exister comme être humain et à un texte de Caillé qui donne les quatre prin-cipes qui, à mon avis, permettent de vivre en commun. Je m’efforce ensuite de faire apparaître, à partir de ce texte, des invariants anthropologiques ou invariants humains ou dits autrement, puisque je privilégie l’analyse du subjectif, ce que j’appelle des repères-limite communs aux deux dispositifs et à toutes les sociétés de ces dispositifs. J’admets que ces re-pères-limite communs sont sans cesse questionnables et questionnés, ce que montre un peu, un texte du philosophe Fisetti. Mais, si la distinction des sociétés traditionnelles et des sociétés modernes paraît aller de soi, celle des deux dis-positifs, sacré-profane et entre nous, n’est guère évoquée si-non, très implicitement, par le philosophe Ricœur dans la conclusion de son livreDe l’Interprétation, essai sur Freudet par Edmond Ortigues, tout aussi implicitement, dans un article paru en 1972, dans les Annales. Freud, dansMalaise dans la civilisation, dit, dans une note, que « les sociétés an-ciennes ont privilégié la pulsion et que la société moderne a privilégié l’objet ». On peut aussi retenir sa rupture avec Jung en rappelant que Jung croyait en Dieu et que Freud n’y croyait pas. Gauchet fait l’hypothèse que toutes les sociétés ont un noyau anthropologique religieux. Tout en montrant, dans le Désenchantement du monde, qu’il y a une « sortie » de la religion. Caillé, cité dans un texte de Guillebaud, voit dans les valeurs religieuses les principales « pourvoyeuses » des valeurs démocratiques. Mais avant même de prendre appui sur les textes eux-mêmes (Godelier, Fisetti, Ricœur, Ortigues, Guillebaud, Caillé, Gauchet, voire Fethi Benslama à propos de la reli-gion coextensive au politique et à la politique), un certain nombre de questions se posent quant à l’objet de recherche lui-même, c’est à dire d’une part le sacré et le profane, d’autre part l’entre nous.
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La première question, à la fois sociologique et anthropo-logique, est celle des corps humains investis par le multiple et l’individuel (chaque corps humain, celui de l’autre, vu par soi, le sien vu par l’autre, les autres). Lorsque cet inves-tissement se fait compte tenu d’un ou de référents extérieurs à l’humain, ce qui fut le cas pendant des millénaires, il va de soi que ces corps humains socialisés et/ou individualisés ont été investis et vécus par des êtres humains en eux-mêmes dans leur vie, que d’autres êtres humains les ont in-vestis, compte tenu des référents extérieurs à l’humain, ré-férents que les uns et les autres se donnent. Le « progrès », l’« évolution » de l’anatomie, de la bio-logie, de la physiologie, de la médecine, qu’il s’agisse d’Hippocrate ou d’Ambroise Paré n’a pas grande significa-tion ni surtout guère de sens, puisque, dans l’un et l’autre cas (Hippocrate ou Ambroise Paré), le diagnostic, le soin, la cure, si exacts soient-ils, ne guérissent pas. C’est une puissance extérieure à l’humain qui, dans tous les cas d’es-pèce, guérit ou ne guérit pas. Je ne reviendrai guère sur cette question des corps et du corps humain qui n’est pas de ma compétence. Non plus que sur celle des techniques qui toutes concernent au moins l’un des cinq sens (vue, toucher, odorat, goût, audition). Cette question ne peut être rapportée seulement à l’utilité. Bourdieu notait qu’à vingt kilomètres de distance, de deux sociétés voisines qui vivaient de la pêche au gros une seule utilisait le harpon. De même, note-t-il, l’élevage d’animaux domestiques est d’abord destiné aux sacrifices. L’utilita-risme actuel, soi-disant ultra efficace et ultra-perfection-niste, est une absurdité, l’utilitarisme non congruent avec celui de Smith et de Bentham est radicalement mis en cause aujourd’hui par Caillé, le MAUSS et le convivialisme. Plus importante est, dans la science sociale, pour la so-ciologie, l’anthropologie et la philosophie, la question du
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commun et de ce que j’appelle, comme Derrida, ladiffé-rance dans laquelle le différent est toujours à définir. Les deux dispositifs ont en commun d’être des dispositifs dont l’un prouve sa longévité, l’autre sa persistance, ils sontdif-férants: le Tout Autre, s’il n’exclut pas l’entre nous humain de ses « fonctions », ne l’inclut pas à lui-même. Que dirait par exemple un chrétien s’il était proposé de considérer la Trinité comme un entre nous ? Le commun ne peut, dans le premier dispositif, se définir, signifier et prendre sens que par rapport à un hors humain. Ce commun est le même dans les deux dispositifs au niveau de l’énoncé et de la significa-tion : permis/défendu, liberté, identité par exemple, que l’on retrouve partout et dans la plupart des langues. Il change radicalement de sens lorsque le deuxième dispositif que j’appelle, faute d’un meilleur mot, celui de l’entre nous ou moderne, apparaît et surtout s’accomplit. Si les religions sont « pourvoyeuses » de valeurs, elles ne sont pas néces-sairement, partout et de la même manière, pourvoyeuses du sensde ces valeurs. Une autre question se pose à partir de l’objet de re-cherche proposé (grosso modo les deux dispositifs) : celle du rapport de l’individu à l’autre généralisé, celle de l’autre généralisé à l’individu, celle de l’autre groupe à l’autre in-dividu, celle d’un ou de plusieurs groupes à un ou plusieurs autres groupes, celle d’un ou plusieurs autres groupes à un groupe, celle d’un groupe à plusieurs autres groupes. Il s’agit, là encore, d’une seule question, non celle de la signi-fication, mais celle du sens. Le premier dispositif médiatise, en toutes occurrences, l’individu et son autre, l’autre et son individu par un hors humain, tandis que le nouveau dispo-sitif donne toute son importance à l’écart, à l’entre –et non pas seulement à la relation goffmanienne entre individus – entre l’autre et l’individu, entre l’individu et l’autre, entre les uns et les autres individus et/ou groupes. Exemple à pro-pos de l’autrui généralisé et de l’individu : la petite foule
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qui traverse ne prend pas le risque, en principe, de des-cendre du trottoir lorsque les voitures d’individu(e)s arri-vent. Un individu conduisant sa voiture ne prend pas le risque, en principe, de monter sur les trottoirs. Là l’analyse s’arrête. Elle est inutile puisque c’est « naturel » et que ça se produit positivement (ne pas prendre de risques) tous les jours. Je pense, bien au contraire, que c’est là aussi qu’il fautanalyser ce qui se passe dans la tête des individus seuls ou en groupe, notamment compte tenu du commun et de la différance entre les deux dispositifs et de l’écart mis par les humains dans les deux dispositifs, pour découvrir et vivre du commun. Le dispositif est la manière dont, au théâtre, sont placés et déplacés les éléments d’un décor qui fait corps avec la pièce représentée. Foucault se sert de cette métaphore comme possibilité d’explication. Agamben, dans son petit livreQu’est-ce qu’un dispositif ?,l’élargit à l’une des pos-sibilités d’explication du politique et du social. Comme telle (possibilité d’explication), le dispositif pose à lui seul la question de sa propre validité. Pour ma part, je n’en fais qu’une hypothèse à forme de paradigme qui ne prétend pas tenter de tout expliquer, mais de mettre un peu de clarifica-tion dans la question du légitime et de l’illégitime. En effet, cette question du dispositif contient en elle-même une autre question : celles des invariants anthropolo-giques ou invariants humains toujours questionnables et questionnés. Je les appelle, pour ma part, des repères-limite. Ils permettent de mesurer, de jauger, par deux d’entre eux : la responsabilité et la justice, mais d’une manière différante (avec un petit a) dans les deux dispositifs, même si les re-pères-limite sont les mêmes ; ils permettent de mesurer, de jauger les degrés d’excès en deçà d’une ligne et d’une zone rouges dans le libre arbitre ou auto-détermination, degrés d’excès que j’appelle légitimes. Mais ils permettent égale-ment de mesurer, de jauger les degrés d’excès au-delà de
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