De Freud aux neurosciences et à la critique des textes
184 pages
Français

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De Freud aux neurosciences et à la critique des textes , livre ebook

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Description

Cet essai est, d'abord, une critique de L'inconscient contemporain. A l'encontre de la position de Lionel Naccache, Edmond Cros revient sur deux éléments de la pensée freudienne qui paraissent incontournables si on essaie de comprendre ce qu'est une représentation mentale : d'une part, la distinction entre l'impression rétinienne et la sensation, de l'autre, le "schéma psychologique de la représentation du mot".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 63
EAN13 9782296469570
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De Freud aux neurosciences
et à la critique des textes
DU MÊME AUTEUR


Protée et le gueux, Recherches sur les origines et la nature du récit picaresque dans Guzmán de Alfarache de Mateo Alemán , Paris, Didier, 1967.
Mateo Alemán : introduction a su vida y obra , Madrid, Anaya 1971.
L’Aristocrate et le carnaval des gueux , Montpellier, CERS, 1975.
Idéologia y genética textual, el caso del Buscón , Madrid, Planeta, 1980.
Théorie et pratique sociocritiques , Paris, Editions sociales, 1983.
Lecture idéologique du Lazarillo de Tormes (en collaboration avec A. Gomez Moriana), Montpellier, CERS, 1984.
Literatura, idéologica y sociedad , Madrid, Gredos, 1986.
Theory and Practice of Sociocriticism , Minneapolis, University of Minnesota Press, Coll. Theory and History of Literature, vol. 53, 1988
Francisco de Quevedo Historia de la Vida del Buscón, ejemplo de vagabundos y espejo de tacaños , (Estudio preliminar, edición y notas) Madrid, Taurus, 1988.
« Sociologie de la littérature » in Théorie littéraire , (Angenot, Bessière, Forkema, Kushner éd.) Paris, P.U.F. Fontamental, 1989, pp. 127-150.
Ideosemas y morfogénesis , Frankfurt, Vervuert Verlag, 1992.
D’un sujet à l’autre, Sociocritique et psychanalyse , Montpellier, CERS, 1995.
Genèse socio-idéologique des formes , Montpellier, CERS, 1998.
El Sujeto cultural , Buenos-Aires, Corregidor, 1999.
El Sujeto cultural , Medellin, Fondo Editorial, Univ EAFIT, 2003.
La sociocritique , Paris, L’harmattan, coll. Pour comprendre, 2003
Le sujet culturel , Paris, L’harmattan, 2005
El Buscón como sociodrama , Granada, Universidad de Granada, 2006
La Sociocítica , Madrid, Arco-libros, 2009.
EDMOND CROS


De Freud aux neurosciences
et à la critique des textes


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56477-0
EAN : 9782296564770

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
L’étude qui suit se propose d’abord de répondre à L’Inconscient contemporain de Lionel Naccache. Sans doute faut-il reconnaître tout l’intérêt des expériences que ce dernier rapporte ainsi que des hypothèses qu’il propose, en particulier dans la deuxième partie de l’ouvrage à propos de l’Espace de travail global conscient. Ceci étant, deux reproches majeurs peuvent lui être adressés : d’une part, le fait qu’il ne tienne compte ni des paramètres socio-historiques des patients examinés ni de leurs expériences me paraît affaiblir considérablement la portée des conclusions qu’il est amené à tirer de ses travaux ; il accorde, d’autre part, une place relativement marginale au rôle pourtant fondamental que jouent la parole et la langue dans la problématique de la conscience. La façon dont il aborde le domaine de la linguistique témoigne d’une certaine légèreté, voire d’une méconnaissance, qui lui interdisent d’examiner sérieusement certaines des propositions de S. Freud, qu’il place cependant au centre de la polémique qu’il engage avec le père de la psychanalyse. Tel est le cas de ce que décrit Freud dans son schéma psychologique de la représentation du mot, qui fait apparaître le caractère indissociable des deux éléments constitutifs d’une même unité (image sonore du mot + représentation visuelle de l’objet). On peut difficilement écarter cette proposition lorsqu’on essaie de définir, comme je me propose moi-même de le faire dans les pages qui suivent, le contenu d’une représentation mentale. Ce point de débat et les réserves que je viens de résumer expliquent pourquoi il m’est apparu nécessaire de rappeler, dans les deux premiers chapitres, le contexte historique et scientifique au sein duquel sont immergés Saussure et Freud lorsqu’ils définissent, chacun de son côté, le mot comme une image acoustique ou comme une image sonore, ceci d’autant plus que l’analyse de ce même contexte m’amène à évoquer les travaux de Hermann Helmholtz dans le domaine de l’optique physiologique, à propos de la distance qui sépare une perception rétinienne (l’impression) de la représentation mentale correspondante (la sensation). Cette distinction reste constamment présente, en effet, en arrière-fond, dans la conduite de mon argumentation, qui vise à démontrer, dans une première partie, que les questions qui portent sur la conscience ne peuvent être abordées exclusivement du point de vue des neurosciences.
Si l’on s’en tient du moins à L’inconscient contemporain , le modèle qu’elles proposent ne tient compte ni des rapports avec le système des affects, ni des mécanismes de la mémoire, ni des différents supports qui permettent au contenu des représentations mentales de se fixer et de fonctionner. Les expériences mises en avant par Naccache portent le plus souvent sur des processus de perception et peuvent être alors efficaces, mais elles sont, par contre, beaucoup moins convaincantes quand il s’agit d’aborder les problèmes que posent la nature, le contenu et le fonctionnement des représentations mentales. En passant du premier objet scientifique, à savoir l’étude des mécanismes physiques et physiologiques de la perception, au second qui doit prendre en compte, également , les paramètres psychiques mettant en jeu, entre autres composantes, les expériences individuelles et sociales ainsi que le travail de la mémoire, nous passons du domaine des sciences de la nature à celui des sciences humaines et sociales. Dans le premier cas, le cobaye est déconnecté de tout ancrage social et plus largement historique ; il n’est jamais sujet d’énonciation mais il est toujours, tout au contraire, l’objet d’une expérimentation. On se trouve confronté, dans le second cas, au vieux problème de la réflexivité du sujet, qui est à la fois sujet et objet. C’est une conscience qui s’interroge sur ce qu’elle est et qui, dans son auto-contemplation, n’a d’autre recours que celui de la réflexivité du langage symbolique, c’est-à-dire de la capacité qu’a celui-ci de se prendre lui-même comme objet de son propre discours. Nous devons ainsi prendre en compte deux paramètres incontournables : le premier est celui de la langue et de la parole, le second porte sur ce qu’on entend par sujet. La problématique de la conscience ne peut donc être abordée dans le seul contexte de la biologie du comportement car elle dépasse le champ de l’appareil organique.
L’autre interrogation porte, précisément, sur ce que nous entendons par conscience. La conscience ne constitue pas une réalité préexistante, immanente et je ne sais personnellement pas ce qu’elle est en dehors de la façon dont elle se manifeste. Je renvoie sur ce point à ce qu’écrit Mikhail Bakhtine dans Le Marxisme et la philosophie du langage :

« En dehors de son objectivation, de sa réalisation dans un matériau dé terminé (le geste, la parole, le cri), la conscience est une fiction. Ce n’est qu’une construction idéologique incorrecte, créée sans tenir compte des données concrètes de l’expression sociale. Mais en tant qu’expression matérielle structurée (à l’aide du mot, du signe, du croquis, de la peinture, du son musical, etc.) la conscience constitue un fait objectif et une force sociale immense. Il faut noter que cette conscience ne se situe pas au-dessus de l’être et ne peut en déterminer la constitution, puisqu’elle est elle-même une partie de l’être. » (Bakhtine : 1977, 129, souligné dans le texte)

La conscience se confond donc avec l’ensemble des marques sémiotiques qui la configurent et la font exister. Dans le même passage, Bakhtine fait, en quelques lignes, des suggestions extrêmement éclairantes sur le fonctionnement de la pensée. C’est ainsi qu’il évoque les différentes étapes de cette « objectivation sociale » depuis le moment initial où cette conscience est encore « enfermée dans la tête de l’être conscient, avec un embryon d’expression, sous forme de discours intérieur […] sous la forme originelle confuse de la pensée qui vient de naître » jusqu’à ce qu’elle se matérialise dans ce qu’il appelle l’idéologie du quotidien (« domaine de la parole intérieure et extérieure désordonnée et non fixée par un système ») ou dans les systèmes idéologiques constitués tels que la science, l’art, la morale ou le

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