Des sciences à la psychanalyse
192 pages
Français

Des sciences à la psychanalyse , livre ebook

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192 pages
Français

Description

Ce début de XXIeme siècle, marqué par la prévalence de la science et par les effets d'uniformisation de la jouissance déterminée par les lois du marché, interroge le devenir du sujet. Le retour à Buffon, trois cent ans après sa naissance, révèle des enjeux d'une étonnante actualité, concernant la place du sujet dans ses rapports à la science.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296181359
Langue Français

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Extrait

DES SCIECES À LA PSYCHAALYSE
BUFFON L’HOMME ET L’OBJET
© L'HARMATTA, 2007 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-04031-1 EAN : 9782296040311
Anita IZCOVICH
DES SCIECES À LA PSYCHAALYSE
BUFFON L’HOMME ET L’OBJET
L’Harmattan
Psychanalyse et Civilisations Collection dirigée par Jean +adal
L'histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d'inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation. Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théo-rie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l'enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.
Déjà parus
Alain LEFEVRE, La blessure mélancolique kanak. Une psychanalyse de l’ombre mélancolique en Nouvelle-calédonie, 2007. Fabienne FRÉMEAUX, Comment se faire arnaquer par son psy, 2007. Pascal HACHET, Les toxicomanes et leurs secrets, 2007. Telma Corrêa da Nóbrega Queiroz, Du sevrage au sujet, 2007. Thierry DUBOIS, Effondrements psychiques et cognition onirique, 2007. Jean Pierre RUMEN, Psisyphe, 2007. Pascal HACHET, Un livre blanc pour la psychanalyse, 2006. Djohar SI AHMED, Comment penser le paranormal. Psychanalyse des champs limites de la psyché, 2006. Jean-Michel PORRET, Auto-érotismes, narcissismes et pulsions du moi, 2006. Edith LECOURT, Le sonore et la figurabilité, 2006. Charlotte HERFRAY, La psychanalyse hors les murs, 2006 (réédition). Guy AMSELLEM, L’imaginaire polonais, 2006. Yves BOCHER, Psychanalyse et promenade, 2006. Jacques ATLAN, Essais sur les principes de la psychanalyse, 2006. André BARBIER et Jean-Michel PORTE (sous la dir.), L’Amour de soi, 2006. Claude NACHIN (sous la direction de), Psychanalyse, histoire, rêve et poésie, 2006.
Introduction
Trois cents ans après la naissance de Buffon, le débat qu’il a introduit est toujours d’actualité. Nous sommes à une époque où les sciences sont prévalentes dans notre civilisa-tion. Pensons aux nouvelles technologies : elles changent le rapport que le sujet entretient au temps. La substance du sujet a tendance à disparaître derrière les objets de la science. L’homme contemporain devient en quelque sorte, lui aussi une machine prise dans l’instantanéité, la rapidité du temps. On peut percevoir une différence avec les années 1970-1980, où l’homme avait davantage une pente à la réflexion sur la philosophie de la vie, les idéaux politiques justes ou injustes. L’homme actuel n’est plus celui qui jouit de ses idées, de sa vie, dans sa substance de sujet. Il est au contraire l’objet qui fait tourner la société, en étant soumis à une urgence imposée par la politique et l’économie basée sur la mondialisation, à un impératif de jouissance lié à la loi du marché.Ce n’est plus l’homme à la poursuite d’une expérience singulière de la vie et de la jouissance qui est recherché, mais l’homme pris dans une ivresse du pouvoir de la production et de l’argent, dans un essoufflement du moi fort imposé par le discours social. Il s’agit d’une urgence du temps subjectif qui nourrit la passion de la complétude de l’Autre et des identifications dans leur dimension symptomatique. Le désir est pris dans un auto-
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matisme, au service du bon objet qu’on est soi-même, afin que la vie se déroule au mieuxpour la production. Il n’ya donc plus de place pour les rêveries qui concernent l’être ou le désir. Il n’ya pas davantage de manque concernant la jouissance qui est toujours présentée comme à portée de main ou dévoilée, crue ou encore en excès. Par ailleurs, concernant les nouvelles techniques appli-quées à la médecine, comme les procréations médicalement assistées par exemple, on réalise que ce qui est en jeu, c’est comment l’individu se les approprie et s’yinscrit comme sujet, dans le cadre de son fantasme. C’est pourquoi il me semble important de retourner aux fondements de la subjectivité. Il s’agit de passer de l’urgence de l’homme de la civilisation à celle du sujet dans le rapport à son inconscient. Chez l’homme de la société actuelle, il y a un court-circuit de l’inconscient par le conscient. Dans la psychanalyse, il s’agit de rétablir le temps nécessaire pour que l’histoire soit subjectivée et que l’inconscient se dise. D’où l’importance de retourner à l’œuvre deBuffon, à sa manière d’interroger, dans les sciences naturelles, la ques-tion de l’homme de la civilisation. Même si l’objet de la science de Buffon est que l’homme fasse Un avec l’universel de la nature, on saisit la question du fonctionnement du sujet.Alors qu’actuellement, c’est plutôt la disparition de la subjectivité que l’on repère derrière l’objet de la science. Ce ne sera pas l’usage que je ferai de l’œuvre deBuffon. Au contraire, je saisirai sa description phénoménologique de l’homme, sa philosophie éthique du nœud du désir et de la loi, sa conception de l’homme-machine, l’homme de la jouissance, du plaisir et de la réalité, pour y opposer, point par point, le sujet de la psychanalyse et l’éthique du désir du psychanalyste. Par ailleurs, on remarquera qu’actuelle-ment, la psychanalyse peut elle-même parfois perdre une
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certaine rigueur concernant sa pratique. Quand certains se réclament de la psychanalyse, par exemple dans les structures soignantes, en prônant la verbalisation à tout prixdu traumatisme, le savoir expliqué par le soignant et non retrouvé par le patient dans l’élaboration de son histoire. Là encore, on est face à une machine qui pousse à la pro-duction de la parole coûte que coûte, et on oublie que c’est au contraire le sujet qui doit élaborer son fantasme dans sa propre temporalité, ainsi que dans les tours et les détours de son inconscient. Le retour àBuffon et l’articulation dialectique entre les sciences et la psychanalyse a, pour nous, le but de resituer celle-ci dans l’origine de ses fondements freudiens et laca-niens, afin de mieux orienter la pratique de la psychanalyse et donner une chance au désir singulier du sujet. Il est frappant que la question de savoir si la psychanalyse est une science a été longuement développée au siècle dernier. Freud et Lacan y font particulièrement référence, tout au long de leurs élaborations. Freud s’est au départ proposé de faire une psychologie scientifique basée sur les sciences naturelles : « Dans cette Esquisse, nous avons cherché à faire entrer la psychologie dans le cadre des sciences naturelles (…) ». Et l’on verra que par la suite, il se réfère souvent à la biologie, tout en marquant toujours la différence avec la psychanalyse. Selon Freud, la psychanalyse a une rigueur qui la rapproche de la science, mais son objet est différent puisqu’il a rapport à l’inconscient, à quelque chose qui ne peut pas se dire dans un rapport à une vérité. Freud établit même une différence entre le médecin et le psychanalyste dans l’acte de guérison. Quant à Lacan, il a, comme Freud, tout au long de son enseignement, tenté de situer la psychanalyse par rapport à la science. Il a travaillé longuement la question des mathé-matiques, des calculs de probabilités, la physique, l’énergé-
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tique, la cosmologie, différents champs qui ont occupé Buffon, afin de définir l’objet de la science et sa différence avec celui de la psychanalyse. Lacan s’est aussi précisé-ment référé à Buffon, notamment quand il cite la formule bien connue de ce dernier « le style est l’homme même » en ajoutant « l’homme à qui l’on s’adresse », alors que pour la psychanalyse le style c’est l’objet ou la chute de l’objet. Cette formule qui caractérise la psychanalyse mérite qu’on l’interroge et qu’on la démontre. Elle orientera déjà notre première partie, dans laquelle on pose la question, avec l’éclairage de la psychanalyse, de ce qu’est la science pour Buffon, la réponse étant que la recherche de son objet appelle du même coup la définition de l’homme. On remarquera que Buffon s’est progressivement détaché des mathéma-tiques, de l’astronomie, de la physique, pour précisément approfondir sa théorie de l’homme. Il aura donc à se situer dans le contexte de son époque, notamment lorsqu’il a été remis en question par les religieux, ce qui nous permettra de situer la différence entre la religion et la science. C’est ce qui nous amènera à saisir, dans la deuxième partie, quelle est la différence entre l’homme deBuffon et le sujet de la psychanalyse, ou encore entre l’objet de la science et l’objet de la psychanalyse.Alors que la science cherche la vérité, la psychanalyse opère avec ce qui excède le langage, ce qui échappe à la signification. SiBuffon cherche à définir l’homme dans sa science, jusqu’à l’homme maître de lui-même, la psychanalyse s’intéresse au contraire au sujet dans la cure analytique et à l’élaboration de son savoir inconscient.C’est sur ce point que Freud a buté dans sa théorie, et que Lacan est allé au-delà de la logique phal-lique. C’est ce qui a permis à ce dernier de formaliser le parcours de l’analysant, l’acte de l’analyste, jusqu’à la fin de l’analyse, un développement qui peut se résumer à une formule qui n’est plus du côté de l’homme mais du sujet
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