Du souci des autres à l autre comme souci
163 pages
Français

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Du souci des autres à l'autre comme souci , livre ebook

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Description

Cet essai se propose d'analyser les mécanismes de cette évolution dans ce milieu, depuis les modes de financement jusqu'aux formations professionnelles, et de saisir les logiques d'action de la pensée néolibérale : une nouvelle conception de l'homme et des rapports sociaux est en train de s'imposer, balayant les idéaux de solidarité et de démocratie au profit de celui de la réussite individuelle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 55
EAN13 9782336270081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Philippe POITOU, L’Athéisme, la spiritualité de la raison, 2008.
Gilbert BEREZIAT, Quand l’université se réveille , 2008.
Marlène PARIZE, La part de l’autre , 2008.
Christophe de BROUWER, Le problème de la santé au travail. Prolection des travailleurs ou nouvel eugénisme ? 2008.
FAURE Alain et GR1FFITHS Robert (sous la dir. de), La Société canadienne en débats. What holds Canada together, 2008.
LAGAUZÈRE Damien, Robot: de l’homme artificiel à l ’ homme synchronique  ?, 2008.
RULLAC Stéphane, Le péril SDF . Assister et punir, 2008.
QUEME Philippe, Vertus et perversions françaises du discours politique... Plaidoyer pour un discours « vrai », 2008.
BOFFO Stefano, DUBOIS Pierre, MOSCA TI Roberto, Gouverner les universités en France et en Italie, 2008.
BERTRAND Christine (dir.), L’immigration dans l ’ Union européenne, 2008.
D’ARGENSON Pierre-Henri, Réformer l’ENA, réformer l’élite, 2008.
STEIWER lacques, De la démocratie en Europe, 2008.
GARDERE Elisabeth et Jean-Philippe, Démocratie participative et communication territoriale. Vers la microreprésentativité, 2008.
PARANQUE Bernard, Construire l ’ Euro - Méditerranée , 2008.
Du souci des autres à l'autre comme souci

Michel Perrier
Sommaire
Questions Contemporaines Dernières parutions Page de titre Page de Copyright Dedicace INTRODUCTION PREMIERE PARTIE - ETAT DES LIEUX
La contre-réforme néolibérale. Les CPOM, ou la logique des moyens. La requalification des diplômes, ou la fuite des cerveaux. L’évaluation, ou le taylorisme social. Pour une clinique des troubles, ou les nouvelles règles du Je.
DEUXIEME PARTIE - LE POURQUOI DU COMMENT
L’individualisation des rapports sociaux. La technicisation des pratiques. L’euphémisation des discours. Une société utilitaire
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechniqne ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296064645
EAN : 9782296064645
à Clément et Raphaëlle à mes parents
INTRODUCTION
La loi de janvier 2002, une des grandes lois cadre de notre secteur, rappelle dans son article 2 les principes fondamentaux de l’action sociale et médico-sociale : « [celle-ci] tend à promouvoir l’autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale, l’exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et à en corriger les effets (...) Elle est mise en oeuvre par l’Etat, les collectivités territoriales et leurs étabdissements publics, les organismes de sécurité sociale, les associations ainsi que par les institutions sociales et médico-sociales ». L’article 3 précise que cette action « est conduite dans le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains, avec l’objectif de répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d’entre eux et en leur garantissant un accès équitable sur l’ensemble du territoire ».
L’action sociale est l’héritière du processus historique qui a marqué, vers la fin du XIXème siècle, la rupture avec les pratiques issues de la bienfaisance privée au bénéfice de l’étatisation progressive des risques liés au travail. L’action sociale s’est construite sur la base d’une pensée, le solidarisme, avec pour objectif initial de corriger les excès les plus visibles de la gestion capitaliste, en contrôlant la redistribution des surplus de la croissance en faveur des plus démunis. Elle marque la rupture avec les pratiques issues de la bienfaisance privée par la juridicisation des risques et la mise en place de la fonction redistributrice de l’Etat ; un des moteurs idéologique de cette vision du monde est la croyance dans les « vertus réparatrices de la société », comme l’a écrit l’historien Henri Hatzfeld 1 .
L’action sociale n’a donc jamais eu pour but de changer la société, mais seulement de la rendre supportable au plus grand nombre - d’où cette position de « neutralité bienveillante » qu’ont toujours revendiquée les travailleurs sociaux, cultivant la certitude de n’être au service d’aucun parti ni d’aucune obédience, mais de « planer » au-dessus des contingences et des conflits, certitude d’autant plus forte que l’origine confessionnelle des métiers du social en confirmait le caractère désintéressé. Ce système s’est stabilisé il y a environ cinquante ans, en s’appuyant sur des ressources socialisées au niveau national, gérées par la Sécurité sociale et les organismes mutualistes. A partir du début des années 70, et avec l’extension de l’économie de marché, ce système présent dans la plupart des pays développés a subi des attaques en règle et de profondes transformations.
Depuis le début des années 90, nous assistons à la mise en place de politiques visant à réduire la plupart des activités humaines à leur expression marchande. Les interventions en travail social sont aux prises avec ce que certains auteurs ont nommé la « marchandisation du social », processus qui vise l’introduction de la logique marchande dans des secteurs d’activité qui jusque là y échappaient presque complètement, c’est-à-dire l’éducation, la santé et l’action sociaie ; selon Pierre Bourdieu, ce processus opère par la mise en question et la transformation de toutes les mesures politiques capables de faire obstacle à la logique du marché pur. Cette volonté politique ne fait que suivre la tendance dominante de notre société, et se trouve en conformité avec les politiques sociales des autres pays européens : l’Etat se trouve peu à peu réduit au rôle de garant des libertés publiques (police, justice, armée), et devient une « béquille », un segment de solvabilisation du marché de la pauvreté face à une concurrence voulue « libre et sans entrave ».
Comme l’ensemble du secteur de la santé, le secteur médico-social est soumis lui aussi à cette logique de marchandisation. Cela s’est d’abord manifesté par une réduction progressive des budgets de fonctionnement - les «enveloppes limitatives régionales » - devenu un leitmotiv des campagnes budgétaires, puis par de multiples transformations touchant à la législation, aux pratiques ou aux références cliniques.
La circulaire Rocard du 23 février 1989 incitait les services publics à importer des méthodes issues du management privé afin d’augmenter leur productivité ; insensiblement, les acteurs de l’intervention sociale ont été amenés à appliquer dans leurs institutions les principes de rationalisation des procédures administratives, de gestion des ressources humaines, de mobilité et d’optimisation des coûts.
Cette évolution du langage et des pratiques, jusque là extérieurs au travail social, accompagne le glissement progressif du souci de la clinique vers des préoccupations principalement gestionnaires ; laissé à des personnels de plus en plus sollicités, le souci des soins et du bien-être des personnes accueillies déserte peu à peu le discours des dirigeants pour faire place nette aux nouveaux dispositifs censés résoudre les problèmes du médico-social : CPOM, PRIAC, groupements de coopération, procédures d’évaluation et démarches qualité. Dans le même temps où il a été mis au « centre du dispositif », l’usager a disparu des systèmes de financement ; nous sommes passés d’une logique des besoins à une logique des moyens.
Comment s’est opéré un tel glissement, et comment se manifeste-t-il au travers des dispositifs mis en place ? Nous sentons confusément que toutes les transformations qui affectent le médico-social vont dans le même sens, que des débats apparemment distincts s’inscrivent dans une logique d’ensemble, que tout, dans l’évolution du secteur, semble concourir à sa transformation pro

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