Éloge de nos angoisses

Claude Lorin

Description

Stress, angoisses, tourments, peuvent-ils être nos alliés ? Oui, répond l'auteur. Toutes sortes d'angoisses nous tenaillent et l'on a oublié qu'elles étaient bénéfiques quant à notre adaptation au monde. D'autres font partie de ce que l'on nomme « les épreuves de la vie ». Pour les surmonter et en faire bon usage, il faut libérer en nous ce que l'auteur nomme « la pulsion de création ». Tracas et tourments s'infléchissent alors sous la poussée intérieure de cette force qui conduit à la création et donne sens à nos vies.

Sujets

• Psychologie
• Psychanalyse
• Psychiatrie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2015
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782336395234
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre


Claude L ORIN






Éloge de nos angoisses

Essai
Copyright


DU MÊME AUTEUR
Essais
Le jeune Ferenczi , Aubier-Montaigne, 1983.
L’inachevé , Grasset, 1984.
A l’écoute de votre enfant , Hachette, 1985.
Pour Saint Augustin , Grasset, 1988. Traduit en italien. Editions Borla, Rome, 1991.
Traité de psychodrame d’enfants , Privat, 1990. Traduit en italien, Editions Magi, Rome, 1992.
Ferenczi : De la médecine à la psychanalyse , P.U.F., 1993.
Le plaisir de penser , La Bruyère, 1999.
Journal d’un psychanalyste , L’Harmattan, 2000. Traduit en italien, Édition Magi, Rome, 2002.
Pourquoi devient-on malade ?, L’Harmattan, 2003.
Un nouveau regard sur l’anorexie. L’Harmattan, 2007. Traduit en italien, Editions Magi, Rome, 2009.
Journal d’un psy rebelle , L’Harmattan, 2009.
Guérir par le théâtre thérapeutique, essai de psychodrame existentiel , L’Harmattan, 2010. Traduit en russe, Moscou 2014
Folies et traitements insolites de par le monde , L’Harmattan, 2012.
Clancier : les mystères d’un poète centenaire, L’Harmattan, 2013.
Le Dur métier de psychologue, L’Harmattan, 2014
Théâtre
Le fou d’Araucanie , 1995.
Gal Potha, 2002.
Europe , 2006, L’Harmattan, 2007 (texte + DVD). Traduit en grec, 2008.
Récits
Le fou d’Araucanie , Lierre et Coudrier, 1990.
Paroles de père , Lierre et Coudrier, 1991.
La fête des pères , Vinci, 1995.
Contes
Histoires du feu , Grasset, 1992.
Quatre contes pour Clarisse , Vinci, 1995.
Contes et rêveries d’un psychanalyste , SDE, 2004.
Vous pouvez consulter le site de l’auteur à l’adresse suivante :
www.claudelorin.com
© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail]
ISBN : 978-2-343-07262-3
Citations







Our life is but a long disease, made up of real pain and seeming ease. You stars ! Who these entangled fortunes give, O ! Tell me why it’s so hard to dy yet such a task to live ?
Katherine Philips (1632-1664)

Dans la vie rien n’est à craindre, tout est à comprendre
Marie Curie (1867-1934)

Angst und Hohn der Liebe Lohn
« Nimm der Liebe Qual und Pein
Liebe wird nicht Liebe sein. »
Czepko von Reigersfeld (1605-1660)
Sommaire
Couverture
4 ème de couverture
Titre
Copyright
Citations
Sommaire
Avant-propos
Chapitre I
Tout est stress !
Qui faut-il croire ?
Richesses de la langue française
Quels sacrés mélanges !
Des souris et des hommes
Les angoissés de 14-18
Angoisse fractale et stress de guerre
Les marchés de l’anti-stress
Les marchés du zen et du yoga
Grand Huit, Halloween et trains fantômes
Notes sur les films d’horreur
Le stress est-il néfaste ?
Les femmes sont-elles plus « éprouvées » ?
L’indispensable Eu-stress
Vite un psy !
Les psys n’ont pas de problèmes !
Une bien discrète hécatombe…
Chapitre II
Satisfactions et détresse du nourrisson
L’angoisse selon les psychologues
L’angoisse du huitième mois
L’angoisse de morcellement
L’angoisse de castration
L’angoisse d’abandon
Les angoisses psychotiques
Les angoisses phobiques
L’angoisse du Bien : faut-il bannir la frustration ?
Chapitre III
Les cafés « Liphi » : bye bye l’angoisse !
Angoisse et création chez Antonin Artaud
Angoisses et craintes chez les Grecs
Héraclite (-544.-480) : L’ascèse d’un guerrier dans l’âme
Antisthène (-444.-365) : L’anarchiste de l’Antiquité
Zénon (-335.-263) : un assoiffé de vertu
Empédocle (-490.-430) : un chantre des métamorphoses
Epicure (-341.-270) : pour une sédation de l’angoisse
Xénophane (-570.-470) : le père du concept de « projection »
Anaxagore (-500.-428) : dialecticien de la neige noire
Parménide (-540.-450) : le conquérant de l’immuable
Angoisses et sexualités chez les Latins
L’angoisse et le monde animal
L’angoisse existentielle
L’angoisse, c’est le propre de l’homme
Angoisses, épreuves et catastrophes
Chapitre IV
Drôles de patients
Rencontre avec Monsieur F.
Rencontre avec Monsieur V.
Rencontre avec Monsieur S.
Rencontre avec Madame D.
Rencontre avec Monsieur B.
Rencontre avec Monsieur A.
Rencontre avec Madame R.
Rencontre avec Madame C.
Bilan après lecture
Des expériences de pensée
Les herses de la vie
Fin du suspens
Les diagnostics ne sont pas des pronostics
Les mères anxieuses sont prévenantes
Tous ne s’en sortent pas !
Qu’est-ce que la pulsion de création ?
La créativité n’est pas la résilience
La pulsion de création chez Monsieur L.
La pulsion de création chez Monsieur H.
La pulsion de création chez Monsieur N.
La pulsion de création chez Monsieur I.
Les tourments d’Einstein et de quelques autres
La pulsion de création chez d’autres scientifiques
Notes sur l’arrogance épistémique
Angoisses, déterminismes et créations
Conclusion
Adresse
Avant-propos
Ce livre est dédié à mes étudiants, anciens, actuels et à venir. J’ai insufflé ici pour eux des idées qui me tiennent à cœur, dont certaines sont des paradoxes liés à l’extrême complexité de l’esprit humain. Sans doute est-ce un peu cette complexité qu’exprime, à sa manière, la toile du peintre dadaïste Kurt Schwitters que j’ai choisie pour la couverture de ce livre. En outre, la courte fable suivante éclairera peut-être mon plaidoyer pour l’indéterminisme causal en psychologie clinique dont il sera question en fin d’ouvrage. L’écrivain grec Esope raconte qu’une créature des bois s’étonne de voir un paysan souffler à la fois sur ses mains froides et sur sa soupe chaude. Le paysan répond qu’il souffle sur ses mains pour les réchauffer et sur sa soupe pour la refroidir. La créature sylvestre s’enfuit en critiquant l’incohérence des hommes. Actuellement encore, beaucoup de gens ne comprennent pas qu’une même cause puisse produire sur l’âme humaine des effets différents et souvent paradoxaux. Ainsi en va-t-il du souffle comme de nos angoisses. D’où le titre de ce livre plus audacieux que provocateur. Car après tout, il en est des théories comme de la pêche : seul celui qui lance prend le risque d’attraper quelque chose. Mais malgré tout, je pense fondamentalement que les livres ne sont pas faits pour persuader mais pour être mis à l’épreuve. Je dédie aussi ce livre à Julie Kha qui m’a fait la grâce d’entrer dans ma vie.
Claude Lorin, Hospital psiquiatrico Herrera, Lima, Pérou, mars 2015
Chapitre I
Tout est stress !
Stress ! Le mot est lâché ! Simple, unique, répétitif, universel. Depuis plus de trente ans, à l’université où j’exerce notamment, nos jeunes cerveaux, dès leur inscription, clament : « Je stresse ! » L’emploi du temps ! C’est le stress ! Les salles, les amphis, la constitution des groupes de TD ? L’assiduité obligatoire aux travaux dirigés ? Le stress ! Bientôt l’oral, le stress ! Après l’oral, les écrits, l’affichage des notes ? Le stress ! A les entendre, la solitude c’est stressant, la foule c’est stressant, la nouveauté c’est stressant, l’attente, c’est stressant, foncer sans arrêt aussi. Une circonstance inattendue, des transports irréguliers, des profs exigeants, des parents au chômage ou submergés de travail, une sœur pubère irritable, la ménopause de la mère, la R5 en panne, la neige imprévue, la canicule qui surprend, un mariage imminent, une grossesse inopinée, des concours à préparer, un stage obligatoire, tout cela est décrit avec innocence et désordre comme étant « stressant ».Si tout et son contraire est source d’angoisse, grands dieux, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Lors d’une consultation de copies, une étudiante très à cran, ayant sans doute abusé d’une substance quelconque, déclara : « Je stressais grave Monsieur Lorin. Si j’avais eu une olive dans le cul, j’aurais fait