Envol en voile
41 pages
Français

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Description

Ce livre témoignage est le fruit d'une longue réflexion menée grâce aux diverses questions posées à l'auteur sur son engagement religieux. De l'enfance à la décision de porter le voile, Sandrine Lefebvre-Reghay y explique donc son cheminement intérieur qui lui a permis de prendre son envol en voile...

Informations

Publié par
Date de parution 29 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312010779
Langue Français

Extrait

Envol en voile
Sandrine Lefebvre-Reghay
Envol en voile
Témoignage












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01077-9
Avant-Propos
La grandeur de la démocratie, c’est de ne rien nier et de ne rien renier de l’humanité. Près du droit de l’Homme, au moins à côté, il y a le droit de l’Âme.
Victor Hugo

Depuis trop longtemps, je n’ai de cesse de justifier ce que je suis. Toujours cette même question qui me donne la migraine : Pourquoi ? Pourquoi l’Islam ? Pourquoi le voile ? Et me voilà repartie dans de sempiternelles explications qui dureront des heures, devant un tribunal de bonnes consciences laïques, progressistes, républicaines, libérales, féminines - que sais-je encore ? - n’arrivant pas à dépasser le stade superficiel de l’apparence pour élever le débat vers des idées plus nobles.

Parfois, au sortir de ces échanges, je me sens vidée, à bout de force, comme après un match de boxe où on a tout donné sur le ring : non pas d’avoir voulu convertir mais simplement d’avoir fait entendre une autre voix qui affirme non seulement l’Existence de Dieu mais également affiche son appartenance à une communauté de pensée, en adoptant l’un des principes de cette appartenance : le voile.

Avec cet ouvrage, je veux livrer une fois pour toute mon raisonnement qui choquera peut-être, je m’en excuse par avance. Mais puisqu’il faut tout dévoiler de ce qui m’anime vraiment pour ne plus avoir à y revenir, j’ai pris le parti de ne rien éluder dans cet ouvrage qui n’a pour le soutenir que la sincérité.

Je l’ai également écrit pour toutes les femmes musulmanes voilées qui, comme moi, font face au quotidien à la haine nourrie par l’ignorance et la peur. Je ne leur crierai pas : « Courage, fuyons ! », mais bien « Courage pour lever le voile sur notre savoir vivre ensemble ».

Ce livre est aussi dédié à toutes les femmes qui n’osent s’avouer musulmanes ou n’osent se voiler de peur d’être mises au banc de la société, de peur de voir leur mari les quitter, de peur de voir leurs enfants les renier, … Car cela est une réalité dont personne ne parle, que tout le monde cache, pour éviter de mettre en évidence qu’une pensée unique est en passe de devenir la règle en Occident mais également dans certains pays musulmans, dont le Maroc que je chéris passionnément.

Aujourd’hui, être une femme musulmane voilée n’est plus l’affaire d’une simple croyance assortie d’un charmant bout de tissu qui ne dérangeait personne avant le 11 septembre 2001. Aujourd’hui, être une femme musulmane et voilée est un combat, mon combat et celui de tant d’autres, que j’affronte chaque jour que Dieu fait. Puisse-t-Il me donner le courage de le mener jusqu’au bout.

Mais, après cela, que tous ceux que je dérange passent leur chemin! Leur petitesse d’esprit n’a pas droit de cité dans mon univers empli d’un Miséricordieux qui rythme ma vie depuis son commencement.
Une foi innée
D E LA FOI
« Dirige ton visage vers la Religion exclusivement. Telle est la nature qu’Allah a originellement donné aux hommes – pas de changement à la Création d’Allah : voilà la religion de droiture. » (30 : 30)
Plus j’avance dans la vie, plus j’essaie de remonter dans mes tous premiers souvenirs d’enfant. Comme avec une pelote de laine, je prends le fil de mon existence et j’essaie d’en retrouver l’origine avec plus ou moins de succès. De ces recherches dans ma mémoire, de ces plongées dans un temps où les images se superposent, je garde ce sentiment d’avoir toujours pressenti une force puissante et bienveillante à mes côtés. Si je suis incapable de déterminer avec exactitude le moment de ma conscience de ce quelque chose d’indéfinissable, ce que je puis dire, sans me tromper, c’est que je l’ai toujours senti, non pas de manière physique, mais par constats successifs de choses : réalisation de pensées secrètes, résolution soudaine et inespérée de situations insolubles, intuitivité développée notamment au contact des gens – d’ailleurs, aujourd’hui encore, je sais très rapidement si une personne me veut du bien ou du mal. Si je ne m’en explique pas immédiatement la cause de manière rationnelle, tout comme lorsque j’étais enfant, le temps me la dévoile.
Enfant, je sentais fortement cette force invisible qui me portait et développait en moi une certaine résilience à l’épreuve : une force que ni mon environnement proche exclusivement athée - si ce n’est ma mère, paix à son âme, qui se souvenait de Dieu à la manière de ceux qui font défiler leurs contacts sur l’écran de leur portable pour trouver un numéro et qui se disent en voyant un nom « ah, oui, c’est vrai celui-là, ça fait longtemps… il faut que l’appelle un jour… » -, ni l’école laïque ne me permettait de nommer… Je savais qu’il y avait quelque chose de bien plus grand que tout ce que je pouvais imaginer, invisible à l’œil nu, mais qui pourtant se manifestait dans ce que je reconnaitrai plus tard comme des signes, et que pour l’heure j’appelais chance.
L’innéité de cette connaissance de Dieu n’est pas un phénomène qui m’est propre. Lorsque l’on regarde l’Histoire de l’Homme, on s’aperçoit qu’il porte en lui l’existence de Dieu, sans qu’aucune preuve ne lui ait été apportée. Toutes les civilisations, avant même l’avènement du monothéisme, ont toujours cru en l’existence de Dieu qui nous a informé que tout enfant naît en étant croyant. Il est rapporté dans un hadith authentique que le Prophète (sws) a dit : « Tout nouveau-né naît sur l’innéité : ses parents font de lui un juif, un chrétien ou un Zoroastre ».
Je ne sais pourquoi Dieu, Ta’Allah {1} , m’a permis, dans sa grande mansuétude, de nourrir et de faire grandir cette foi, sans que rien ne puisse l’altérer : ni les moqueries, ni les humiliations, ni les coups, ni la pauvreté, ni les grandes épreuves de la vie. Une fois, en me parlant à haute voix sur cette question qui me taraude – ce fameux Pourquoi ? – un proche m’a répondu « parce qu’Il savait que tu croirais en Lui, que tu ne Le renierais pas. » Mais comment être sûre que je serai toujours croyante, que je ne renierai pas un jour ? Allah ou Alem {2} . Cette question m’épouvante. Car oui, personne ne peut prétendre qu’il n’existe pas une possibilité pour qu’un croyant devienne mécréant. Et cela me glace le sang car je sais quelles sont les conséquences d’un tel chemin. Mais pour l’heure, Hamdoulillah {3} , la question ne se pose pas : je sais avec certitude qu’Il existe.
N’a-t-Il pas toujours été à mes côtés ? N’a-t-Il pas guidé fermement mes petits pas bringuebalés par la vie ? Ne m’a-t-il pas protégée des tumultes ? D’aussi loin que je me souvienne, sa lumière tranquille et chaleureuse a toujours fait rempart entre moi et le reste du monde, si bien qu’au fil du temps, j’ai noué avec Lui un lien si fort, qu’Il s’est imposé, notamment dans l’épreuve où tout le monde vous quitte, comme mon meilleur ami, mon confident, mon réconfort, mon meilleur allié et la source de toutes mes inspirations. Voilà pourquoi, personne n’a jamais pu me faire renier. Puisse Dieu faire en sorte que cette vie commune harmonieuse - emplie d’amour, de respect, d’admiration, de gratitude, de crainte aussi -, et préservée de toute souillure, perdure en tout temps et en tout lieu.

Aujourd’hui, c’est à Lui seul que je dois mon existence comblée. Hamdoulillah , Il m’a tout donné. Il n’a rien oublié : du plus banal des vœux au plus important. « Certes, la difficulté est accompagnée d’aisance, la difficulté est certes accompagnée d’aisance » (94 : 5-6). Grâce à Lui, je n’ai plus peur. Si je sens le froid des regards qui glissent sur moi, ce dernier ne me fait plus frissonner de crainte. Si j’entends bien la haine des langues qui me dénigrent, elle ne m’attriste plus. J’ai plus pitié pour ces insouciantes qui n’imaginent pas le sort qui le sera réservé dans l’au-delà. « Et ils ne vous nuiront jamais que par la calomnie » (3 : 111). Je ne prête plus attention aux gestes odieux qui me salissent. « Il ne vous arrivera que ce qu’Allah vou

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