Et si c était à refaire...?
280 pages
Français

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Et si c'était à refaire...? , livre ebook

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Description

Ce livre présente les témoignages de femmes françaises qui ont quitté la France pour les Pays-Bas. Même dans les conditions socioculturelles privilégiées, s'intégrer n'est pas un processus anodin. La trace du chemin qui les a menées de France aux Pays-Bas est le moteur de ce travail. Comment était leur arrivée ? Que savaient-elles de leur pays d'adoption ? Quel regard portent-elles sur leur propre société à travers le prisme de la distance ? Comment se construit une relation avec un homme d'une autre culture ? Etre mère d'enfants d'une autre culture est-il simple ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 250
EAN13 9782336278636
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296081628
EAN : 9782296081628
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur: Dedicace Introduction Chapitre I - Vie professionnelle Chapitre II - Vie sociale Chapitre III - Sphère privée Chapitre IV - Émigration/ Immigration Conclusion Annexes - Quelques données statistiques Les régions et l’âge Bibliographie Questions Contemporaines - Collection dirigée par J P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland
Et si c'était à refaire...?

Anne-Marie Gans-Guinoune
Du même auteur:
Driss Chraïbi, de l’impuissance de l’enfance à la revanche par l’écriture, L’Harmattan, 2005
A Martin Samuel Selma
Ce que demande d’abord et avant tout un étranger, c’est d’être reconnu dans son étrangeté et dans sa différence comme être singulier.
(Francesco Sinatra)
Introduction
En 1979, installée dans ma vie professionnelle depuis trois ans, le chemin me semblait tout tracé. Après mes études dans le Sud de la France, j’étais montée 1 à Paris pour échapper à ce qui me semblait alors l’étroitesse provinciale. Dans la branche sociale, trouver du travail fut très facile et à 21 ans je me retrouvai assise derrière un bureau à écouter les pires misères de mes concitoyens, sans autre expérience de vie que celle de mes années d’études. Quelques années plus tard il devint vital d’aller visiter le monde, c’est ainsi que mon aventure hollandaise a démarré par la rencontre avec celui qui est à l’origine de ce livre. Quelle est la part de hasard dans le fait de tomber amoureuse d’un étranger qui bouleverse votre vie au point de vous amener à quitter famille, amis et pays ? Cette question ne m’a pas quittée depuis. Pourquoi accepte-t-on une séparation, qui, au départ, est une preuve d’amour mais qui peut se transformer en un sacrifice ? N’y a-t-il pas dans l’histoire de celui ou celle qui choisit un pays pour un homme ou une femme, un autre récit inscrit en filigrane dans le passé à l’origine de cette aventure ? En ce qui me concerne, très vite, j’ai compris que cet homme était celui avec lequel je désirais ardemment construire une vie, mais aussi que déménager à 1200 kilomètres de ma famille m’apportait une distance propre à mon épanouissement. Des années durant en tant que responsable des cours au CCF 2 de Groningue, j’ai été amenée à rencontrer énormément de femmes françaises. Cette majorité féminine s’explique tout simplement par le fait que ce sont majoritairement des femmes qui s’installent à l’étranger par amour. Ces personnes à la recherche d’un emploi, d’informations concernant la vie à l’étranger ou le besoin de contacts, viennent souvent au CCF. La fonction de ce type de structure est d’assurer des cours de langue française et de diffuser la culture française. Mais les CCF attirent aussi les Françaises qui, en l’absence de structure adéquate, surtout en dehors des grandes villes, n’ont que cette alternative comme îlot français. Ce cadre m’a offert la chance de rencontrer beaucoup de femmes émigrées et de les écouter. Chaque histoire est bien sûr différente et pourtant derrière chaque émigration, il me semblait reconnaître une blessure commune ; j’ai été aussi très souvent admirative devant la pugnacité et la combativité de ces femmes. Pendant toutes ces années j’ai pensé qu’il était dommage que tous ces morceaux d’histoires disparaissent.
Une partie de ma vie a passé. La maternité, ma relation de couple, la vie professionnelle, une certaine reconnaissance sociale m’ont donné la confiance nécessaire pour entamer cette enquête sur l’émigration et l’intégration des femmes françaises aux Pays-Bas. L’université m’en a facilité la mise en place en m’accordant une bourse de postdoctorat. L’aventure pouvait démarrer. Mais par quel bout ? Je connaissais suffisamment de Françaises pour faire un travail sur le Nord du pays, cela était à mes yeux insuffisant. Toutes les questions que je me posais concernant l’émigration ne pouvaient trouver une réponse que dans le champ élargi des Pays-Bas. J’étais persuadée que dans les autres provinces vivaient des femmes pouvant apporter des témoignages passionnants sur elles-mêmes mais aussi sur leur environnement géographique, social, familial, politique.
Des entretiens dirigés avec 85 femmes, toutes migrantes, constituent la pierre angulaire de ce travail. Elles racontent chacune à sa manière l’émigration et l’intégration, son parcours personnel. Elles tracent aussi une photo des Pays-Bas vus de l’intérieur à des époques différentes. Mon projet a pris forme avec les premières interviews en janvier 2004 pour s’achever en décembre 2004. Je me suis appuyée sur un questionnaire grâce auquel je pouvais structurer les entretiens ; il me servait aussi de protection contre une projection de ma part et évitait le problème classique dans ce genre de travail à savoir que la perspective personnelle de l’enquêteur peut se modifier au cours des entretiens. Cela a partiellement fonctionné. Le questionnaire a servi de charpente à ce livre, le plus gros du travail a été de transcrire les interviews enregistrées et de sélectionner les paroles les plus représentatives, de façon à donner la parole à toutes mais à des occasions différentes. Il a fallu éliminer, organiser une masse importante de matériaux pour en faire un texte cohérent et lisible ; à cela s’ajoute la difficulté de la transcription d’un discours oral. J’ai volontairement choisi de leur laisser la parole au maximum même si parfois la langue est familière et peut-être pas tout à fait correcte, c’est l’authenticité de la langue parlée qui importe. J’espère n’avoir lésé personne dans ce processus et que chacune y retrouvera un peu d’elle-même. Pour le choix des personnes, il m’a semblé important de présenter un échantillon représentatif en ce qui concerne la répartition par région, par milieu social, par classe d’âge, ce dernier point a été le plus difficile du fait du mode de sélection des interviewées. Cependant l’ensemble peut offrir une impression générale de la population émigrée assez intéressante. Je me suis imposé un certain nombre de contraintes. La première était la limite de mon enquête aux femmes, qui se justifie par le fait qu’elles sont plus nombreuses que les hommes à vivre en couple aux Pays-Bas, mais également et même si je ne me suis pas interviewée, du fait que mes propres interrogations en tant que femme immigrée sont à l’origine de l’élaboration du questionnaire. La seconde contrainte était que mon « sujet » devait être mariée ou avoir (ou avoir eu) une relation amoureuse avec un(e) Néerlandais(e) 3 , relation à l’origine de l’émigration. Je me suis limitée à cette catégorie pour éviter l’éparpillement ; étudier la situation des femmes expatriées qui ont suivi leur mari français pourrait certainement faire l’objet d’une étude intéressante peut-être dans un contexte plus international, mais je ne pouvais pas coupler les deux recherches : les histoires, les parcours, les motivations sont trop éloignés. Mon champ d’investigations délimité répondait au but que je m’étais fixé qui est de conserver la trace de ces tranches de vie pour ceux que l’émigration intéresse, mais aussi pour que nos hôtes aient l’occasion de lire ce que ces Françaises ont vécu et vivent en s’installant dans leur pays par amour pour un des leurs.
La première étape fut de trouver des adresses de personnes susceptibles de bien vouloir me recevoir et répondre à mon questionnaire. Tout a commencé grâce à la gentillesse de la secrétaire du consulat 4 qui a accepté de mettre une annonce dans les locaux du consulat, lieu de passage par excellence des Françaises. Le bouche-à-oreille a fait le reste et je m’étais fixé comme règle de toujours finir une interview avec les coordonnées d’une nouvelle personne à contacter. Celles qui acceptaient de participer à l’enquête recevaient au préalable le questionnaire de manière à pouvoir se préparer. Sur le terrain j’ai relevé quelques particularités. La première fut la facilité que j’ai eue à pénétrer Rotterdam grâce à l’association des Françaises y résidant et grâce aussi à l’une d’entre elles (j’espère qu’elle se reconnaîtra) qui a eu l’amabilité de me grouper les interviews. Dans le Sud, il y a eu des résistances, ce qui a pour conséquence que la plupart des personnes très aimables qui m’ont reçue appartiennent à la même classe d’âge (au-dessus de 50 ans) 5 . Il n’est pas aisé d’expliquer le refus des f

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