Famille et parentalité en Afrique à l heure des mutations sociétales
278 pages
Français

Famille et parentalité en Afrique à l'heure des mutations sociétales , livre ebook

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Description

Dans la plupart des cultures africaines, la famille constitue le socle sur lequel se fondent tout le vécu et toute l'existence de l'homme africain. Mais la famille et la parentalité en Afrique vivent aujourd'hui un glissement vers un autre type de famille qu'on pourrait appeler "famille nucléaire stricte". L'auteur analyse et approfondit les véritables raisons qui causent ces bouleversements socio-culturels et politico-économiques.

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Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 74
EAN13 9782336358277
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Koffi Martin YAO
Famille et parentalité en Afrique à l’heure des mutations sociétales
Famille et parentalité en Afrique à l’heure des mutations sociétales
Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Titus MWAMBA KALEMBA,La qualité de l’éducation dans les écoles secondaires et centres professionnels salésiens de Lubumbashi. Résultats d’une enquête, 2014. Théophile ZOGNOU,Protection de l’environnement marin et côtier dans la région du golfe de Guinée,2014. Lambert MOSSOA,Où en est l’urbanisation en Centrafrique ?, 2014. Marc-Laurent HAZOUMÊ,Réinventer l’Université. Approches de solutions pour l’emploi des jeunes au Bénin, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit des sûretés dans l’espace OHADA, 2014. Bernard-Gustave TABEZI PENE-MAGU,La lutte d’un pouvoir dictatorial contre le courant de la démocratisation au Congo-Kinshasa, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit du développement et de l’intégration économique dans l’espace OHADA, 2014. Hygin Didace AMBOULOU,Le droit des sûretés dans l’espace OHADA, 2014. Khalid TINASTI,Le Gabon, entre démocratie et régime autoritaire, 2014. Comlan Atsu Luc AGBOBLI,Et demain l’agriculture togolaise…, 2014. Vincent MBAVU MUHINDO,De l’AFDL au M23 en République démocratique du Congo, 2014. Seign-Goura YORBANA,Les investissements directs chinois en Afrique.La China National Petroleum Corporation International Chad (CNPCIC),2014. Léon KOUNGOU,Boko Haram. Le Cameroun à l’épreuve des menaces, 2014. Daniel S. LARANGE,De l’écriture africaine à la présence afropéenne, 2014. DJARANGAR DJITA ISSA,Dictionnaire pratique du français du Tchad, 2014. Roger KAFFO FOKOU,Médias et civilisations,2014. Togba ZOGBELEMOU,Droit des organisations d’intégration économique en Afrique, 2014. Gaston SAMBA,Le Congo-Brazzaville, Climat et environnement, 2014. Déo NAMUJIMBO,Je reviens de l’enfer, Reportage de guerre à l’est de la RD Congo (août-septembre 1998), 2014. Nuah M. MAKUNGU MASUDI,Economie mondialisée, coopératives délaissées, 2014. Patrice MUKATA BAYONGWA,Remédier à l'échec scolaire dans les écoles catholiques de Bukavu (R. D. Congo),Volume 1 et 2,2014. Olivier NKULU KABAMBA,Les médecins en Afrique et la sorcellerie, 2014. Alexis TOBANGUI,Défense deuxième chance et la socialisation des jeunes en difficulté, 2014.
Koffi Martin YAO Famille et parentalité en Afrique à l’heure des mutations sociétales
Du même auteurDes pistes pour un Christianisme Africain(mémoire de baccalauréat en Théologie) dans Forêt et Savane,Anyama, 1990 La Famille Africaine en voie d’occidentalisation(doctorat en Théologie), Romae, 2002© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01475-3 EAN : 9782343014753
AVANT-PROPOS Constatant certains faits et événements de la société moderne contemporaine auxquels, de nos jours, la famille est confrontée tels que les procédés antinatalistes (distribution de préservatifs, pratique de la stérilisation, etc.), la légalisation de l’avortement, le développement de l’homosexualité ainsi que l’augmentation des unions libres, il est clair d’affirmer que la famille traverse un moment délicat de son histoire. Paradoxalement, mon constat est parti de l’état des lieux concernant le comportement déclinatoire de la famille occidentale contemporaine face aux grands défis et enjeux causés et structurés par certains facteurs du processus de modernisation et d’industrialisation de la société. Le continent Africain, dans son élan de métissage avec le monde européen m’incite à faire quelques observations et à me poser les questions suivantes : la famille africaine, dans ses rapports avec certaines cultures occidentales n’est-elle pas en train d’épouser ou mieux, d’adopter, à tort ou à raison, certaines manières de faire et d’être qui sont loin de ses codes existentiels habituels ? Comment, dans ce bouleversement des cultures, l’homme Africain d’aujourd’hui saisit-il et interprète-t-il sa propre existence ? Comment l’homme Occidental ou quiconque foulant pour la première fois le sol africain aux couleurs culturelles variées, peut-il comprendre le vécu réel de l’homme Africain en ce qu’il a d’existentiel comme particularité ? L’Afrique est-elle encore perceptible et lisible de nos jours comme étant le berceau de l’humanité, avec ce que renferme réellement le terme « humanité ? » A travers ce livre, je tente de donner quelques clefs de compréhension de certains éléments culturels à ceux qui souhaitent mieux connaître et apprécier le patrimoine culturel de ce vieux continent qu’est l’Afrique. Une Afrique ballottée entre la nostalgie du passé et les envies du monde présent, avec un regard fixé sur l’avenir. En effet, dans l’Afrique d’aujourd’hui, force est de constater qu’avec la disparition progressive de certaines valeurs jugées fondamentales, telles que la vie, la famille, la joie de l’enfant à naître ou la vie naissante, la solidarité, le respect des Anciens, du bien commun, etc. les critères et normes de la vie en société tendent à s’affadir. Sur ce point, les avis sont partagés : certains pensent que cela est provoqué par la rencontre des cultures, d’autres en revanche pensent que c’est l’homme qui ne croit plus, ni en lui-même ni à la beauté de la vie. Pour être encore plus explicite, les valeurs citées ci-dessus qui justifient la raison d’être de la notion de lagrande familleen Afrique pour la majeure partie des gens constituent les éléments de transformation, non seulement de la famille africaine, mais de la société africaine dans son ensemble. Pour ma part, je pense qu’il est important de savoir comment de nos jours, dans le contexte socioculturel et politique actuel, les Africains eux-mêmes perçoivent la famille dans toutes ses articulations. Qu’est-ce qu’elle contient d’essentiel et d’authentique, aussi bien dans sa structure fondamentale que dans son fonctionnement ? J’ai choisi de réfléchir sur ces questions qui constituent une préoccupation majeure, parce qu’il me semble évident que perdre la famille serait un handicap et un préjudice majeurs au développement du continent. La famille est, et restera l’unique bastion véritable à tout développement fondé sur des valeurs humaines sans lesquelles il
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serait impossible d’entamer un quelconque processus de modernisation et d’industrialisation. Voici ma première motivation. Par ailleurs, dans une conversation avec une femme Africaine d’origine ivoirienne qui, après le décès de son mari, a connu de nombreux ennuis avec sa belle-famille, j’ai obtenu d’elle cette confidence étonnante que j’essaie de retranscrire ici. A ma question, « comment es-tu arrivée en Europe, et quelles en sont les raisons ? », elle me répond ceci : « Martin, je suis ici en Europe parce que ma famille l’a voulu ainsi. Mon mari était « tout pour moi », après son décès accidentel, j’étais vraiment troublée. En plus de cela, ma belle-famille m’en voulait terriblement à cause des biens acquis avec leur fils. Le comble, elle veut ma fille que j’ai eue avec lui. Je suis donc venue en Europe dans le but de me ressaisir et de me refaire une santé physique et morale... Je viens d’avoir un coup de fil de la part de ma mère me disant que ma belle-famille est de nouveau revenue sur les mêmes affaires. Que faire ? ». J’essaie par bien des manières de faire comprendre à mon interlocutrice que sa mère et les autres membres de la grande famille trouveront des réponses à ses préoccupations, et qu’il est important pour elle de chercher à retrouver moralement et physiquement la santé, profitant au maximum de cette opportunité que ses parents lui accordent en lui offrant un nouveau contexte social. Cependant, ma surprise fut de l’entendre dire avec beaucoup d’insistance : « Je n’ai pas de grande famille! J’ai seulement ma mère, ma fille et moi ! » La phrase, « je n’ai pas de grande famille, j’ai seulement ma mère, ma fille et moi » est une réflexion qui va donner raison à ma curiosité au point de susciter ma seconde motivation. Ce jour-là, j’ai compris que ça bougeait en Afrique. Les tabous étaient enfin, en train de de tomber et que les choses changeaient ! La question qui émerge maintenant est de savoir si ces changements sont un bien ou un mal pour l’Afrique. A qui, concrètement cela profite-t-il ? Avouons-le, je n’en sais pas grande chose. Je ne saurais donc donner une réponse cartésienne toute faite. Néanmoins, une chose est certaine, rien n’est plus comme avant, et sûrement, rien ne sera plus comme par le passé. Dans le même temps, j’ai hâte de comprendre les significations et tournures nouvelles que prend la famille dans la nouvelle Afrique, car une nouvelle histoire est en train de s’écrire. Je fais ma recherche en m’appuyant sur les quelques cas de transformations notées ici et là, en Côte d’Ivoire, pays en pleine phase de modernisation. Bien évidemment, je n’oublie pas les autres pays du continent qui connaissent la même situation. Ce sont là, les deux motivations qui m’animent pour ce travail. Je remercie madame Adjoua. qui m’a fait cette confidence en toute confiance. Son indignation m’interpelle et m’ouvre l’esprit et les yeux pour voir et comprendre que le monde bouge. L’Afrique aussi. Je me dois d’être attentif aux différentes mutations des sociétés. A travers sa douloureuse situation, madame Adjoua. me fait prendre davantage conscience des tournures nouvelles que prend la famille africaine, aujourd’hui piégée d’une part par le progrès que lui offre le processus de modernisation et d’autre part, par le développement que ce continent entend assurer à tout prix, sans aucune planification, ni méthodologie, ni balise.
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J’entends construire ma réflexion dans le contexte socioculturel de la Côte d’Ivoire où la famille a du mal à gérer les deux réalités qui sont : la tradition et la modernité. Voici avant tout, une brève présentation de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire Du point de vue de la population, d’après les caractères physico-géographiques et les mœurs des habitants, la Côte d’Ivoire peut être divisée en deux grandes zones : 1) la zone soudanaise aux populations tantôt animistes, tantôt islamisées, mais toujours vêtues de boubous et régies par le système de famille patriarcal ; c’est la zone qui englobe les cercles situés au nord de Bouaké ; 2) la zone forestière composée d’une population moitié animiste et moitié chrétienne et se divisant quant à elle, en deux groupes ethniques distincts : a)les populations de l’est du Bandama d’origine ou de culture Ashanti, soumises au système de famille matriarcal ; b)les populations de l’ouest du Bandama d’origine ou d’influence Gouro, Bété ou Krou, régies par le système de famille patriarcal. Du point de vue social, il est à noter qu’avant l’arrivée des colons français, (la Côte d’Ivoire étant une ancienne colonie française), le pays était pourvu à l’est et au nord d’une organisation monarchique admirable, tandis qu’à l’ouest il y avait un état semi-démocratique, semi-anarchique. La Côte d’Ivoire compte de nos jours, plus de 20 millions d’habitants répartis sur une superficie de 322.464 kms. La motivation globale de ce travail consiste avant tout à comprendre les mutations socioculturelles et politico-économiques de la famille advenues après 1 l’accession de ce pays à l’indépendance . Un regard et une compréhension de la famille par les Africains eux-mêmes me semblent plus qu’importants. Je partirai donc du patrimoine culturel du passé pour mieux apprécier le présent. C’est le moyen pour bâtir et assurer un avenir meilleur à la famille. C’est ici que se joue tout l’intérêt de ma réflexion. Car, quoi qu’on dise, la famille est, et reste la base et le fondement même de tout peuple, de toute nation et de toute civilisation. Si elle est malade, c’est la société 2 tout entière qui en souffrira . Cependant, au-delà de cette préoccupation, il y a un intérêt qui me tient particulièrement à cœur, c’est celui de donner une clef de compréhension à toute personne désireuse de savoir ce qu’est la famille africaine traditionnelle. Comment évolue-t-elle dans le contexte géopolitique et socioculturel du monde d’aujourd’hui ? Enfin, y a-t-il une alternative fiable et crédible, voire incontournable pour un développement organisé, soutenu et harmonieux en Afrique ? Dans ce cas,
1 L’indépendance de la Côte d’Ivoire a été proclamée le 7 août 1960 par feu Félix Houphouët Boigny, premier Président, en présence des Autorités françaises conduites par feu général De Gaulle, alors Président de la France. 2 Donner des soins à la famille malade doit être vu et considéré de nos jours comme une urgence, si on veut préserver et défendre l’humanité contre toute dégradation catastrophique : « Il faut « thérapier» la famille, cellule de base de l’humanité » affirmait Jean-François Chaumont, Président de l’Association des Familles de la France, le 15 mai 2001, lors des célébrations de la Journée mondiale des Familles. Cf. Journal Radio Vatican du 15/5/01.
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