Femmes en résistance
244 pages
Français

Femmes en résistance , livre ebook

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244 pages
Français

Description

Interrogeant la notion de résistance, les contributions de ce livre mettent en valeur des femmes ayant transformé leur vie en un engagement. Se saisissant d'armes politiques et idéologiques, elles ont combattu, au détriment de la facilité, des adversaires usant et abusant de la force et du pouvoir. L'analyse s'intéresse aux situations contemporaines, tout en s'efforçant d'examiner ce qu'il en est de la diversité géographique et historique des exemples convoqués. Elle témoigne de parcours tragiquement exemplaires qui valent d'être réhabilités ou sortis de l'ombre.

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Informations

Publié par
Date de parution 04 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140137112
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Sylvie Camet et Isabelle Mons
Femmes en résistance Paroles et actes politiques
Femmes en résistance Paroles et actes politiques
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18223-0 EAN : 9782343182230
Sous la direction de Sylvie Camet etIsabelle Mons Femmes en résistance Paroles et actes politiques
Introduction Figures de femmes contre l’oppression Sylvie Camet Université de Lorraine Une permanence dans l’histoire L'idée de la résistance par les femmes, dans l'historiographie française notamment, est assortie d'un présupposé, celui qui conduirait vers des actrices de la Deuxième Guerre mondiale ayant choisi de combattre le nazisme par des voies plus ou moins difficiles, secrètes ou spectaculaires. Or, si la tentation est vive de repenser les grandes figures 1 féminines de cette période , le risque est de reprendre un sujet aux contours explorés par une bibliographie déjà longue : qu'il s'agisse d'études telles que celles dePaula Schwartz,Résistance et différence des sexes(1995), de2 Claire Andrieu,Les résistantes(1997), d'Antoine Porcu,Héroïques, Femmes en 3 Résistance (2007), qu’il s’agisse de relations d'expérience comme celle de 4Germaine Tillion,Ravensbrückou deCharlotte Delbo,Le convoi du 24 1 Entre autres références bibliographiques classées chronologiquement : -Ania Francos,Il était des femmes dans la Résistance, Paris, Stock, 1978 -Marie-Louise Coudert,Elles la résistance, Paris, Messidor, 1983 -Hélène Eck,Les Françaises sous Vichy, in Georges Duby et Michelle Perrot,des Histoire e femmessiècle (sous la direction de Françoise Thébaud), Plon, 1992, t. 5, Le xx -Margaret Collins Weitz,Sisters in the Resistance : How Women Fought to Free France, 1940-1945,San Francisco, Jossey Bass Publishers, 1995 -Mechtild Gilzmer, Christine Levisse-Touzé et Stefan Martens [dir.],Les femmes dans la Résistance en France, Paris, Tallandier, 2003 -Christiane Audibert-Boulloche, Françoise de Boissieu, Françoise Dupont et al.Femmes dans la guerre 1940-1945, Paris, le Félin, 2004 -Christiane Goldenstedt, « Les femmes dans la Résistance », in : Annette Kuhn, Valentine Rothe (Hrsg.),Frauen in Geschichte und Gesellschaft, Band 43, Herbolzheim 2006 -Michel Slitinsky et Louis Genevois,Les Femmes dans la Résistance, Publication Collective Liarcou Christian, 2014 2 Andrieu Claire, « Les résistantes, perspectives de recherche », in Antoine Prost (dir.),La Résistance, une histoire sociale, Paris, 1997, Éditions de l’Atelier 3 Antoine Porcu,« Héroïques », Femmes résistantesTome I et II. Préface Pierre. Outteryck. Éditions Geai Bleu, Lille, 2007 4 Germaine Tillion,Ravensbrück, Points Seuil, Paris, 2015
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1 janvier, qu’il s’agisse, outre les livres, des débats relatifs à lapanthéonisation, la référence à 1939-1945 a fait l’objet d’une large exploration…Notre idée consiste donc plutôt à proposer une interprétation évolutive de la notion, dans le temps comme dans l'espace, permettant de convoquer des situations ayant pris place sur une diversité de continents, à l'époque moderne et contemporaine. e Au XX siècle, durant le premier conflit mondial, le terme de résistante s'applique déjà, comme le prouve l’article portant sur Louise de Bettignies (Nicolas Charles), obligeant à explorer la profondeur temporelle de cette appellation. C’est donc plus tard qu’un resserrement se produit, qui tend à mettre en équivalence, résistance, qui devient d’ailleurs La Résistance (l’article défini figeant le cadre) et les différentes cellules ayant lutté contre l’occupant nazi. La seule extensivité qu'on tendra spontanément à donner au mouvement résultera de ce qu'il englobe divers pays européens sous domination allemande, se soudant autour d’une causalité commune. Cette mobilisation contre un ennemi, que la défaite va désigner comme une cible quasi générale, confère au mot une connotation positive. Ce mérite ne se dément pas, tandis que d’autres attitudes collectives apparaissent largement dépréciées ou discréditées, ainsi en va-t-il de la rébellion, de l’émeute, de la contestation, de l’insurrection, de la révolution, qui s’entendent souvent dans l’opinion commune comme hantise du désordre et de la fin et n’occupent pas de ce fait une situation si enviable. Une partition des valeurs s’opère même qui sanctionnea posterioricelles et ceux qui n’ont pas étédansla Résistance sous l’accusation de collusion politique avec les totalitarismes et les renvoie du mauvais côté de l’histoire. Résister est donc devenu un terme générique largement utilisé à travers le monde par les groupes de pression affirmant lutter contre un régime illégitime, par exempledictatorialou découlant d’une occupation étrangère, le bien-fondé d’une telle défense des intérêts sociaux entraîne l’adhésion à distance, considérant par principe que la spoliation des droits fondamentaux doit faire constamment l’objet d’une préservation sans faille. L’intérêt dans ce volume à témoigner de la diversité des combats à travers le monde facilite une perspective comparatiste, permettant que jaillissent de ces confrontations un enseignement, des rapprochements inédits et par là instructifs. Il semble judicieux que soient convoquées dans un même mouvement la scène européenne, puis la situation turque, avec Asli Erdoğan (François-Jean Authier) : que l’on considère la relation avec
1 Charlotte Delbo,Le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, Paris, 1966
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le peuple kurde, l'attitude à adopter à l'égard du génocide arménien, que l’on se laisse entraîner du côté des dictatures latino-américaines… Ce rapide parcours géographique favorise la prise de conscience d’une communauté de l’oppression derrière la diversité et les particularismes. Une histoire de droit et de renversement du droit Parler de résistance en termes mélioratifs ne relève pas du hasard, puisqu’à l’inverse des autres méthodes séditieuses, celle-ci a été pensée dès les origines comme le trait indispensable contrebalançant l’imposition autoritaire. Ainsi une expression aux allures antithétiques, celle dedevoir de résistance, est-elle communément employée, suscitant l’interrogation quant au rapprochement inattendu entre la notion de devoir, infléchie habituellement du côté de l’obéissance, et celle de rupture, que l’on jugerait a priori incompatible avec l’exercice citoyen du droit. Locke dans le Deuxième traité du gouvernement civil, paru en 1690, affirmequ'on a le droit de résister à toute personne investie d'une autorité qui excède le pouvoir que la loi lui donne.Il écrit au paragraphe 203 : « Quoi, dira-t-on, on peut donc s'opposer aux commandements et aux ordres d'un Prince ? On peut lui résister toutes les fois qu'on se croira maltraité, et qu'on s'imaginera qu'il n'a pas droit de faire ce qu'il fait ? » Parant aux objections portant sur le risque d'anarchie découlant d'une situation constamment insurrectionnelle, il répond à la section 204 « qu'on ne doit opposer la force qu'à la force injuste et illégitime, et à la violence ».Dans cette approche, qui fut à l'origine de laDéclaration d'indépendancedes États-Unis, la résistance s'entend comme l'expression d'une faille dans le rapport qui unit les gouvernants et les gouvernés, et, lorsque ces derniers ne sont plus protégés par le pacte constitutionnel, par le système des lois, il en va de leur dignité de se révolter. Le pas est donc franchi entre la réflexion philosophique et sa mise en œuvre institutionnelle, qui va déboucher en outre sur la rédaction de l'article 2 de laDéclaration de l'Homme et du citoyende 1789. Le « droit de résistance à l'oppression » est proclamé comme un principe, réitéré en 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » (art. 35). On notera d’ailleurs un glissement sémantique, puisque ce qui pouvait s’entendre encore comme défense passive face à la force, dans la première législation, est devenu plus incisif dans la seconde, la dimension insurrectionnelle ne jetant aucun voile pudique sur le recours à une action
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