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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 07 novembre 2019 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782336885445 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
4e de couverture
Copyright
© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-88544-5
Anthropologie critique
« Anthropologie critique »
Collection dirigée par Monique Selim
Cette collection a quatre objectifs principaux :
— Renouer avec une anthropologie sociale détentrice d’ambitions politiques et d’une capacité de réflexion générale sur la période présente ;
— Saisir les articulations en jeu entre les systèmes économiques devenus planétaires et les logiques mises en œuvre par les acteurs ;
— Étendre et repenser les méthodes anthropologiques dans les entreprises, les espaces urbains, les institutions publiques et privées, les ONG, etc.
— Étudier les processus globalisés de numérisation et analyser leurs modes différentiels de subjectivation.
Derniers ouvrages parus
Monique S ELIM
Anthropologie globale du présent , 2019.
Margitta Z IMMERMANN
Au bord du silence. Souffrance psychique, corps et handicap en France, 2018.
Paolo G RASSI
Terreur à Gauatemala-ville , conflits territoriaux, violence et gangs , 2018.
Barbara M OROVICH
Miroirs anthropologiques et changement urbain. Qui participe à la transformation des quartiers populaires ? 2017.
Wenjing G UO , Monique S ELIM
Des sexualités globalisées à l’avant-garde , 2017.
Julie L OURAU
Fêtes populaires et carnaval. Le commerce de rue en temps de fêtes à Salvador de Bahia , 2016.
Marie-Dominique G ARNIER
Alphagenre , 2016.
Wenjing G UO
Internet entre État-parti et société civile en Chine , 2016.
Anne Q UERRIEN , Monique S ELIM
La libération des femmes, une plus-value mondiale , 2015.
Titre
Pascale ABSI
Françoise BOURDARIAS
Isabelle GUÉRIN
FIGURES ANTHROPOLIQUES DE LA DOMINATION
Cet ouvrage a reçu le soutien du CESSMA (IRD/Inalco/Université de Paris Diderot), de la Fédération Sciences Sociales Suds et de l’Agence Universitaire de la Francophonie.
Il a été mis en page et relu par Nicole Beaurain.
SOMMAIRE
Couverture
4 e de couverture
Copyright
Anthropologie critique
Monique S ELIM P ROLOGUE Valences politiques et moralisations de la domination
Monique S ELIM De l’accusation à la soumission conceptuelles De la domination aux ritournelles des discriminations
Antoine H EEMERYCK Domination, altérité et niveaux de pertinence Réflexion à partir de deux quartiers de Bucarest
Kaveri T HARA Between emancipation and subordination Women’s struggles in a fish market in south india
Naffet K EITA Nouvelles relations de dépendance dans le mali contemporain
Alix P HILIPPON La relation maître/disciple du soufisme comme rapport de domination Charisme, clientélisme et politique électorale au Pakistan
David P ICHERIT Violences politiques et démocratie en Inde du Sud Une ethnographie des hommes de main dalits de politiciens mafieux
Leo M AGNIN , Marine F AUCHÉ , Hugo S EMILLY , Romain P IKETTY , Laurine T HIZY L’audience en chambre correctionnelle Domination structurelle, performance et quiproquo
Anthropologie aux éditions L’Harmattan
Adresse
PROLOGUE VALENCES POLITIQUES ET MORALISATIONS DE LA DOMINATION
Monique S ELIM
Dans la dernière décennie, on observe que le concept d’émancipation a nourri beaucoup plus de réflexions parmi les chercheurs en sciences sociales que celui de domination sur lequel cet ouvrage se concentre, avec un regard innovant sur les modes de nomination et de catégorisation. Émancipation (Cukier, Delmotte, Lavergne 2013 ; Garnier 2018) et domination forment un des multiples binômes notionnels dans lesquels s’exprime la complexité de phénomènes sociaux qu’on a voulu longtemps opposer mais qui sont de plus en plus pensés dans leurs interrelations et leur concomitance. La domination apparaît en outre aujourd’hui de façon croissante rabattue sur le champ des sexualités : violences et harcèlements sexuels en constituent la quintessence spectaculaire tandis que les rapports de domination sociale et économique sont tendanciellement laissés dans l’ombre. Corollairement l’émancipation des femmes occupe une large partie de l’attention (Grandchamps, Pffeferkorn 2017).
Ce nouveau paysage idéologique s’éclaire à la lumière des logiques antithétiques qui traversent les appartenances de sexe et les sexualités, véritables machines ventriloques sur les dynamiques sociales ; alors que la domination masculine est de plus en plus traquée dans la quotidienneté, les figures de la domination font l’objet de processus de neutralisation et/ou de réhabilitation symboliques à travers par exemple la banalisation des pratiques BDSM, objets d’études anthropologiques désormais nombreuses. Que nous disent ces contradictions sur les sociétés présentes que la globalisation capitalistique imprègne selon leurs singularités en jeu ? D’une manière générale, elles désignent les déplacements d’enjeux, de focus macro-sociaux et macro-économiques, pesant de toutes leurs déterminations structurelles, vers des relations interpersonnelles surplombées par l’hypothèse d’un consentement insaisissable ; les premiers se voyant coupés des secondes comme s’il s’agissait de deux ordres séparés et exclusifs. Ces relations interpersonnelles – que l’on voudrait contractualiser et sanctionner sur un mode juridique – sont appréhendées comme relevant de la morale tandis que les rapports sociaux de domination s’inscrivaient, dans l’esprit de ceux qui pointaient leur existence, dans le politique auquel l’économique était subordonné.
Sous l’influence des importations étatsuniennes, une rupture épistémologique est intervenue que le genre et l’intersectionnalité ont cristallisée : elle consacre une perspective interactionniste qui n’a même plus besoin de s’afficher comme telle tant elle relève de l’évidence partagée. À un autre niveau, il en découle qu’il est devenu tentant de considérer qu’estimer la domination subie par un individu pouvait outrepasser le devoir d’analyse du chercheur et ce, de façon immorale et injuste, car seul l’individu lui-même serait en droit d’émettre un tel jugement sur sa situation, faisant ordre de vérité. Autrement dit la parole du sujet se suffit à elle-même, car il n’y a rien à interpréter derrière le discours recueilli qui place le chercheur en position de commentateur, ce que restitue bien le succès des narratives et l’apologie des native people. Moralité, vérité, individualité théoriquement et pratiquement souveraine, interaction et discursivité autoréférentielle, telles sont quelques unes des pierres angulaires sur lesquelles s’appuient implicitement nombre de recherches actuelles qui oscillent entre fossiliser la domination dans des catégorisations a priori (dont classe, genre, race sont le meilleur échantillon), soit louanger l’autonomie autoproclamée des individus.
Cet ouvrage entend, à contre-courant, tenter de construire l’intelligibilité du social tel qu’il se donne à observer dans sa facture globale, tout en prenant en compte l’idée que les acteurs ont tout à la fois – doit-on souligner – des rapports sociaux et des relations intersubjectives qu’ils vivent et perpétuent. C’est là sans aucun doute son originalité et son apport majeurs dans le contexte actuel ; l’ensemble des contributions qui s’inscrivent dans des configurations sociétales extrêmement variées – Inde, Pakistan, Roumanie, Mali, France – mettent en scène cet effort de creuser les représentations et les émotions des acteurs tout en les replaçant dans leur cadre social, politique et économique d’émergence et de production. Chaque auteur relit en outre à sa manière la généalogie du concept de domination pour mieux montrer comment la réalité scrutée va au-delà de ce qui a été écrit en la matière et enrichit les leçons antérieures. L’esquisse comparative qui s’en dégage se situe moins au niveau des faits sociaux et des espaces étudiés hétérogènes que d’une démarche herméneutique partagée qui s’attache à reconstruire la cohérence du réel, pensé comme totalité, incluant le chercheur, protagoniste de la relation nouée avec l’acteur. De la croyance religieuse au travail, en passant par des espaces résidentiels, le lecteur est ainsi amené à traverser des champs sociaux contrastés dont les sujets se révèlent des acteurs au sens fort du terme, édifiant leur version du réel face au tiers que constitue le chercheur, la modifiant selon les évènements.
De cette traversée, le politique ressort comme un élément