Folies contemporaines
246 pages
Français

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Folies contemporaines , livre ebook

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Description

A la croisée d'un contexte social historique réel, et de cryptes collectives transmises d'une génération à l'autre, les folies contemporaines mettent à jour les investissements inconscients du champ social. Elles révèlent par-delà l'Oedipe ou les mythiques figures parentales, les contenus sociaux, économiques, politiques de l'inconscient. Une recherche sur les articulations entre psychanalyse, phénoménologie et politique.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 224
EAN13 9782336277547
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’œuvre et la psyché
Collection dirigée par Alain Brun
L’œuvre et la psyché accueille la recherche d’un spécialiste (psychanalyste, philosophe, sémiologue...) qui jette sur l’art et l’œuvre un regard oblique. Il y révèle ainsi la place active de la Psyché.
X. POMMEREAU, M. BRUN, J.-P. MOUTTE, L’adolescence scarifiée, 2009.
Michel MAURILLE , Freud et le Moïse de Michel-Ange, 2008.
Jean-Pierre BRUNEAU, L’artiste et ses rencontres. Une lecture lacanienne, 2008.
Mariane PERRUCHE, J.-B. PONTALIS. Une œuvre, trois rencontres: Sartre, Lacan, Perec, 2008.
C. DESPRATS-PEQUIGNOT et C. MASSON (Sous la dir.), Métamorphoses contemporaines : enjeux psychiques de la création, 2008.
Philippe WILLEMART, Critique génétique: pratiques et théories, 2007.
Roseline HURION, Petites histoires de la pensée, 2006.
Michel DAVID, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane, 2006.
Jean LE GUENNEC, La grande affaire du Petit Chose, 2006.
Manuel DOS SANTOS JORGE, Fernando PESSOA, être pluriel. Les hétéronymes, 2005.
Luc-Christophe GUILLERM, Jules Verne et la Psyché , 2005
Michel DAVID, Le ravissement de Marguerite Duras, 2005.
Orlando CRUXÊN, Léonard de Vinci avec le Caravage. Hommage à la sublimation et à la création, 2005.
Monique SASSIER, Ordres et désordres des sens. Entre langue et discours, 2004.
Maïté MONCHAL, Homotextualité : Création et sexualité chez Jean Cocteau, 2004.
Kostas NASSIKAS (sous la dir.), Le trauma entre création et destruction , 2004.
Soraya TLATLI, La folie lyrique : Essai sur le surréalisme et la psychiatrie , 2004.
Candice VETROFF-MULLER, Robert Schumann : l’homme (étude psychanalytique), 2003
Folies contemporaines

Thamy Ayouch
Daniel Beaune
© L’HARMATTAN, 2009 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296086357
EAN : 9782296086357
Sommaire
L’œuvre et la psyché - Collection dirigée par Alain Brun Page de titre Page de Copyright Introduction I. Des souffrances, une Histoire
1. Le mal de vivre 2. Le capital: ni sainte famille ni manifeste 3. L’abîme humanitaire: la Shoah 4. Mai 68. Les aventures de l’individu
II. Psychopathologie sociale
1. La douleur d’exister : portraits cliniques 2. Etats-limites : les limites d’une nosographie 3. Des affects contemporains
III. Science et symptôme
1. Epistémologie et idéologie 2. Psyché, polis, praxis : vieilleries métaphysiques et thérapies de l’action 3. Les formations discursives : de la science évidée au langage sans teneur
IV. Psychothérapie : l’autre et les autres
1. Désir de Polis, besoin des psychés 2. Une thérapeutique du lien
Conclusion
Introduction

A la folie
« Elle a vraiment pété les plombs, elle ne sort plus de chez elle ! »
« Oh, lui, il est chroniquement dépressif »
« Marie a quitté son boulot, elle a fait un burn out »
« Il est plutôt sympa, mais il faut voir comment il devient parfois complètement dingue »...
Rien de bien original dans ce type de propos, que l’on entend au moins une fois par jour. Si le terme « fou » est employé sans la moindre référence psychopathologique, et désigne autant l’excentrique que l’insensé, le mot connaît donc une banalisation - les soirées, les dépenses comme les envies peuvent être folles - la chose une bien plus grande diffusion. C’est dans la rue, dans les bureaux, à la queue du supermarché, sous un abri de carton ou dans les halls d’immeubles de cités qu’on retrouve aujourd’hui les «folies contemporaines ». A l’ère de Wall Street ou de American Psycho, ces manifestations de la folie semblent singulièrement liées à un contexte d’inclusion ou d’exclusion sociale, professionnelle, économique
Pourquoi continuer alors à les désigner du nom de folie ? Etrangeté absolue ou visage familier, aperçu de la mort ou absurdité de la vie, animalité du désir ou emballement du système, la folie se retrouve, depuis des siècles, confrontée à l’entreprise d’une raison qui ne peut complètement en avoir raison.
Le terme de folie est cependant tombé en désuétude au XIXè siècle, et n’a jamais eu véritablement cours dans le langage scientifique médical ou psychopathologique. La tradition des aliénistes et la psychiatrie qui en est née l’ont remplacé par un ensemble de nosographies précises, détaillées et diversifiées, animées par le projet d’isoler, classifier, contenir et maîtriser les différentes manifestations de la folie. Dans son Histoire de la folie à l’âge classique, Michel Foucault inscrit cette perspective scientifique et thérapeutique dans l’entreprise de «grand enfermement » qu’il voit à l’œuvre depuis le XVIIè siècle. L’approche médicale, psychiatrique, dont les apports sont considérables dans l’analyse, la compréhension et le traitement des pathologies mentales, reprend toutefois des fonctions autrefois livrées à la discrétion arbitraire des pouvoirs et de la police : elle tente de déterminer la responsabilité de l’individu et de déclencher le décret d’internement. Elle perpétue ainsi le rite d’exclusion sociale de la folie commençant avec l’âge classique.
Cet enfermement, s’il n’est pas littéral et physique aujourd’hui, garde toutefois les caractéristiques d’une procédure visant à contenir, contrôler, voire supprimer les manifestations de la folie, et la perturbation de l’ordre social qu’elles ne manquent pas d’introduire.
Selon Foucault, chaque figure historique de la folie implique la simultanéité de quatre formes de conscience irréductibles mais solidaires les unes des autres. La conscience critique de la folie la reconnaît et la désigne sur fond de raison, sûre d’ elle-même, et qui s’y oppose. La conscience pratique la dégage comme réalité concrète, définie par les normes d’un groupe porteur des lois de la raison, et la conjure par exclusion. La conscience énonciative en fait un constat, dans une appréhension perceptive, la reconnaît, la figure dans la littérature ou l’art. Enfin, la conscience analytique cherche à développer une connaissance de ses formes, phénomènes et modes d’apparition, pour en produire un savoir objectif.
A l’ âge classique, ces quatre consciences s’opposent deux à deux, sans nul dialogue entre les deux domaines qu’elles définissent. D’un côté, les consciences critique et pratique excluent la folie, dans une double relégation. L’éviction est d’abord épistémologique : le geste cartésien extrade la folie du territoire de la raison - le fou ne peut penser et la pensée ne peut être folle. Mais l’exclusion est également sociale : l’internement, les maisons de correction, les workhouses suppriment autant la folie que la misère, et réduisent la « contre-nature » au silence.
De l’autre, les consciences énonciative et analytique reconnaissent la folie, tentent de déchiffrer les vérités de sa nature, de faire qu’elle se dise, mais en l’objectivant entièrement.
C’est donc dans ce double horizon que Foucault situe l’abord de la folie par la psychiatrie et c’est ce double horizon qui semble, à notre sens, encore valoir aujourd’hui. Cette approche est certes nuancée par d’autres perspectives théoriques. Gladys Swain, par exemple, dans son Dialogue avec l’insensé, prend le contre-pied de Foucault et souligne la manière dont la tradition psychiatrique n’effectue pas une éviction de la folie mais l’intègre peu à peu au sujet en introduisant la dimension conflictuelle de la psyché. En ce sens, Esquirol, appréhendant la folie dans le cadre d’une rupture de l’unité psychique, ne l’exclut pas hors du sens, et serait précurseur de l’approche de la psychanalyse : la folie n’est pas aliénation totale, extrême étrangeté de l’homme à ses actes, bestialité inhumaine ; elle apparaît au cœur de l’humain, comme mise en cause de l’unité subjective. Les traditions humanistes de la psychiatrie, depuis la phénoménologie jusqu’à l’anti-psychiatrie, ne procèdent alors qu’à une levée de cette exclusion de la folie.
C’est toutefois le paradigme foucaldien de l’enfermement que nous souhaitons reprendre ici, dans sa dimension sociale et pol

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