Gouvernance culturelle (La)

Mamadou (Mauritanie) Diop

Description

Longtemps confinée dans le réduit des élites intellectuelles, la culture a fini par occuper une position dominante dans la vie des Etats, des nations et des peuples. Elle se caractérise aujourd'hui par la complexité de son organisation et l'extrême diversité des institutions et organismes qui la composent. Son usage, qui s'est ainsi infiltré dans tous les secteurs de l'activité humaine, se trouve ébranlé par des inquiétudes et des doutes persistants posant le problème de son rôle et de ses véritables enjeux.


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Sujets

• Arts
• Esthétique
• Afrique subsaharienne
• Sénégal

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2017
• Nombre de lectures: 15
• EAN13: 9782140031397
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Ce livre a été édité grâce au Fonds d’aide à l’édition du ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal / Direction du Livre et de la Lecture

Maître Mamadou DIOP

LA GOUVERNANCE CULTURELLE

Promouvoir la culture pour construire le développement durable de la nation sénégalaise

L A G OUV E R NA NC E C UL T UR E L L E Promouvoir la culture pour construire le développement durable de la nation sénégalaise

Maître Mamadou DIOP Docteur d’É tat en droit, Docteur en philosophie L A G OUV E R NA NC E C UL T UR E L L E Promouvoir la culture pour construire le développement durable de la nation sénégalaise

© L’H A R MAT TA N -S É NÉ GA L , 2017 10 V DN, Sicap A mitié3, L otissement CitéPolice, DA K A R http://www.harmattansenegal.com [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-11280-0 EA N : 9782343112800

P R É F A C E

« Pour ceux qui croient, aucune preuve n’est nécessaire ; pour ceux qui ne croient pas, aucune preuve n’est suffisante » J ohn Stuart C hase A prè s l’analyse de « la gouvernance fonciè re et domaniale » et de « la gouvernance urbaine », voici la réflexion sur « la gouvernance culturelle ». A u caractè re général de son titre (La gouvernance culturelle), l e livre ajoute un sous-titre qui constitue déjà tout un programme et qui délimite les enjeux du débat et l’orientation du propos (Promouvoir la culture pour construire le développement durable de la nation sénégalaise). L ’auteur ne parl e ni pour les L ébu, ni pour les militaires, encore moins pour les administrateurs civils, les professeurs du supérieur ou les politiques : il prend la parole au nom de la nation. Cette option confè re beaucoup de solennité au propos qui prend, du début à la fin du texte, les allures d’une « défense et illustration » de la culture sénégalaise. S’opposant à la nature qui s’appuie surtout sur l’i nné, la culture insiste plutôt sur l’acquis et le transmis que partagent des personnes dont le groupe est soudé par les éléments que sont les valeurs, les normes, les insti tutions et les artefacts. L e groupe qui partage une mê me culture structure un dedans et un dehors qui sont séparés par une trè s nette ligne de partage entre le permis et l’interdit. Une institution internationale comme l’UNESCO la défini t en insistant sur ce qui est appris, transmis, produit et créé: « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui ê tre considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui

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caractérisent une sociétéou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systè mes de valeurs, les traditions et les 1 croyances » . 2 En ce qui concerne la culture , l’écrivain est un convaincu. L a passion s’empare de lui quand il en parle parce qu’elle constitue un enjeu politique de premier plan.

1  Déclaration de Mexico sur les politiques culturel les. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet -6 août 1982. 2  On lira avec beaucoup de profits M. d’A ngelo-I. G oubie, Diversité culturelle et dialogue des civilisations, l’évoluti on des concepts de 1990 à 2001, Paris, Idée Europe, 2002 ; M. d’A ngelo- P. V espérini, Les politiques culturelles en E urope, Strasbourg, Edition du Conseil de l’E urope, 1998-2001 (4 volumes) ; Cicéron, Tuscul anes, II, 13 ; J . Clément, La Culture expliquée à ma fille, Paris, Pl on, 2000 ; D. Cuche, La Notion de culture dans les sciences sociales, Paris, L a Découverte, 2004 ; J . Demorgon, L’histoire culturel le en Europe des sociétés. Pour une information monde, Paris, Economica, 2002 ; Critique de l’interculturel. L’horizon de la sociol ogie. Paris, Economica, 2005 ; Complexité des cultures et de l’i nterculturel. Contre les pensées uniques, Paris, Economica, 2010 ; R. Debay, Transmettre, Paris, Odile J acob 1997 ; J . Dubuffet, Asphyxiante culture, Paris, Editions de Minuit, 1968 ; D. E hrhardt-S. Nour Sckell (éd.), Inter-culturalité et transfert, Berlin, Duncker & Humblot, 2012 ; B. L ahire, La culture des individus. Dissonances culturelles et distinction de soi, Paris, L a Découverte, 2004 ; L . Martin-Ph. Poirrier (dir.), Démocratiser la culture ! Une histoire comparée des politiques culturelles, Dijon, T erritoires contemporains, 2013 ; Ph. Poirrier, les politiques culturelles en F rance, Pari s, L a Documentation française, 2002 ; L’Etat et la culture en F rance au XXe siè cle, Paris, L e L ivre de poche, 2006 ; A rt et pouvoir de 1848 à nos jours, Paris, Cndp, 2006 ; Ph. Poirrier (éd.), P olitique culturelle et patrimoines, Culture & musées, n°9, janvier-juin 2007 ; S. Regourd, L’Exception culturelle, Paris, PUF, 2002 ; P. Sloterdijk, La Domestication de l’ê tre, Paris, Editions Mille et une nuits, 2000 ; V . Staraselski (éd.), Culture pour tous, Paris, E dition Bérénice, et J .-M. T obelem-P. Ory, L’Arme de la culture. Les stratégies de la diplomatie culturelle non gouvernementale, Paris, L ’Harmattan, 2007.

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Par exemple, créé en France en 1959, le ministè re de la Culture est occupé par A ndré Malraux qui l’a marqué de son empreinte indélébile et qui lui a donné sa caution intellectuelle en montrant, comme le fait d’ailleurs Maître Mamadou Diop, qu’une politique culturelle est bien possible. L ’action de Malraux, il faut le reconnaître, est à la fois positive et négative ; en mê me temps, il a immortalisé et « tué» cette fonction. En effet, on remplace di fficilement l’autodidacte Malraux.

Mais la culture est un domaine en crise ; c’est ce que 3 montrent entre autres penseurs, H. A rendt , P. Bourdieu et 4 5 6 J .-Cl. Passeron , A . Finkelkraut , A . Bloom et 7 M. Fumaroli . C’est ce que montre aussi au Sénégal l’insta- bilité des ministres nommés pour gérer ce département pourtant stratégique. L es innombrables changements notés dans le ministè re de la Culture manifestent une trè s nette hésitation des décideurs politiques sénégalais. Mal gré le nombre et la variété des inventions de la modernité dont elle aurait dû tirer profit, la culture, qui est au cœ ur de ce qu’Hannah A rendt a appelé « la crise de l’éducation », est donc en trè s net déclin. A ccentué par l’effacement des repè res, l’accélération des mutations scientifiques, l’éclate- ment des savoirs et la victoire du relativisme, ce déclin a de trè s fâcheuses conséquences. Car c’est parce que les repè res communs s’affaiblissent que l’obscurantisme et l’intolé- rance prospè rent. Sans culture générale, l’ê tre humain est incapable de parvenir à une compréhension fine des

3  La crise de la culture. Huit exercices de la pensée politique, traduction française, Paris, Gallimard, 1989. 4  Les héritiers, les étudiants et la culture, Paris, Editions de Minuit, 1964. 5  La défaite de la pensée, Paris, Gallimard, 1987. 6  L’âme désarmée. E ssai sur le déclin de la culture générale, traduction française, Paris, J uillard, 1987. 7  L’Etat culturel. E ssai sur la religion moderne, Paris, Editions de Fallois, 1991.

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