Guadeloupe : le développement en question(s)
220 pages
Français

Guadeloupe : le développement en question(s) , livre ebook

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220 pages
Français

Description

Ce numéro spécial d'Etudes Guadeloupéennes a pris le parti d'une approche transversale avec un ensemble de contributions qui mettent en question le développement dans ses multiples dimensions. Elles font des propositions novatrices qui pourraient nourrir le débat nécessaire et inévitable sur le devenir de la Guadeloupe. Comment la situer au regard des critères conventionnels du développement ? Si elle n'est pas un pays développé, à quelles conditions peut-elle l'être?

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Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2019
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140113772
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Georges COMBÉ
GUADELOUPE :LE DÉVELOPPEMENT EN QUESTIONS
Guadeloupe : le développement en question(s)
Sous la direction de Georges COMBEGUADELOUPE:LE DEVELOPPEMENTEN QUESTION(S)
Comité de rédaction
Georges COMBÉ Léon R. DANQUIN Alain DORVILLE Emile ERNATUS Cyril SERVA (1950-2001) Directeur de la publication : Georges COMBÉ Pour toute correspondance, s’adresser à Association Guadeloupéenne de Recherches et d’Etudes (A.G.R.E.) BP 132 – 97181 ABYMES Cedex (GUADELOUPE) Email :etudesguadeloupeennes@gmail.com© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16121-1 EAN : 9782343161211
SOMMAIREAvant-propos................................................................................................................. 7 GEORGESCOMBÉ
La Guadeloupe face au défi des réformes institutionnelles : impératifs et nouveaux leviers pour fonder et relancer la croissance économique et le développement sociétal .............................................................................................. 11 ALAINMAURIN
Le développement de la Guadeloupe : entre échecs et espoirs ........................... 35 EMILEERNATUS
« Spécificités » ? Vous avez dit « spécificités » ? Quel cadre théorique pour débattre du développement économique de la Guadeloupe ? ............................ 65 JOSEPHODY
Les chemins de la souveraineté alimentaire en Guadeloupe : un projet collectif ....................................................................................................... 77 HARRYARCHIMEDE
Pour un modèle de management endogène à la Guadeloupe ............................ 89 PATRICIABRAFLAN-TROBO
Mettre l’école et l’éducation au cœur du développement .................................... 99 GEORGESCOMBÉ
Un nouveau cycle économique pour la Guadeloupe ......................................... 123 ROSELEERAQUI
Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou le droit de disposer des peuples ? Éléments pour une Guadeloupe Souveraine, condition de son développement .......................................................................................................... 133 CYRHENRICHELIM
Parlez-moi de Développement ! Parlez m’en !... ................................................ 145 FRANTZSUCCAB
Le cinéma caribéen et amazonien d’identité francophone et créole : nouvelle économie en développement et révolution numérique ..................... 157 PAULROSELECHIM
Développement et compétitivité des entreprises par l’usage des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication : le cas des très petites entreprises (TPE) en Guyane française ........................... 175 MAMADOUDIALLOETPAULROSELECHIMHDR
L’écotourisme au Suriname : une approche benchmarking de l’offre ............ 199 AMENDABRONETPAULROSELECHIM
Avant-propos
Guadeloupe : le développement en question(s)
GEORGESCOMBÉ
La problématique du développement s’est installée au cœur du débat public dans les quatre « vieilles colonies » françaises depuis que celles-ci ont été transformées, sous l’impulsion de la loi d’assimilation du 19 mars 1946, en départements français d’outre-mer. Devenus des entités administratives de la République française, ces territoires si « lointains » soient-ils, ne pouvaient demeurer au même niveau que les pays dits du Tiers-Monde. Il allait du prestige et de la renommée de la France qu’ils en soient la « vitrine » dans les Amériques et dans l’Océan indien. S’agissant de la Guadeloupe en particulier, les premières années qui ont suivi la départementalisation ont nourri l’espoir de vivre dans une société un tant soit peu comparable à celle de la France hexagonale, pourvue en logements, écoles, hôpitaux, routes, disposant de l’eau courante, de l’électricité, bref de sortir de la nuit coloniale afin d’accéder à une condition humaine digne de ce nom. Au fur et à mesure, des infrastructures modernes furent mises en place, le réseau routier transformé, des programmes de construction de logements et de rénovation urbaine entrepris. On peut considérer qu’il s’agit là du côté pile -lumière- des effets de la nouvelle politique. Mais côté face, la situation économique s’est très rapidement dégradée et le paysage social s’est assombri : l’économie agricole s’est effondrée avec la fermeture en cascade de très nombreuses sucreries et distilleries, le chômage a pris un caractère de masse. Dans les années 1960, l’État français s’est retrouvé face à un contexte économique et social explosif, et à une situation politique qui l’était tout autant, marquée par des revendications autonomistes et indépendantistes inspirées par les luttes de libération nationale du Tiers-Monde. La réponse des gouvernements de l’époque se situa à plusieurs niveaux : - Politique : mise en place de réseaux locaux à la solde du pouvoir au moyen d’un usage massif de la fraude électorale. Répression judiciaire et armée contre les mouvements autonomistes et indépendantistes. - Social : afin d’empêcher que la jeunesse ne prenne le chemin de la révolte, on organisa une émigration massive vers la France par le canal du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) - Propagande : relance de la départementalisation qui était contestée par ceux-là même qui l’avaient portée sur les fonds baptismaux (Aimé Césaire et les partis
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communistes). On parle alors de départementalisation « adaptée », une façon de dire que les DOM ne seront pas des départements comme les autres. En clair, les gouvernants français n’entendent nullement remettre en cause le système hérité de la colonie, celui du pouvoir des lobbies économiques et financiers notamment békés qui règnent en maîtres sur le territoire. Ceux-ci, avec le soutien de l’État français vont transformer la Guadeloupe en une vaste plateforme de distribution et de consommation de produits importés. Une politique massive de transferts financiers, de dispositifs comme la défiscalisation, d’aides sociales va servir leurs desseins. La Guadeloupe s’affiche alors avec une classe moyenne aisée, des hôtels de tourisme de standing, des villas, des berlines de luxe, des centres commerciaux et prend ainsi l’apparence d’un pays développé. Aux yeux de certains voisins caribéens, la Guadeloupe se donne à voir comme un pays qui ne rappelle en rien leur situation de pauvreté, de sous-développement économique. Mais tous les observateurs, comme les politiques de tous bords s’accordent à dire que c’est un pays malade (économie atone, taux de chômage de près de 30 % incompressible, violences, fuite des cerveaux, etc.) qui vit sous perfusion. Alors de quel développement parle-t-on ? Si l’on répète à l’envi ce mot, n’est-ce pas parce qu’il a bien du mal à prendre forme et à exister ? Le présent ouvrage vise donc, au-delà des mots et des discours, à s’en faire une idée claire, à proposer à un lectorat large, des contributions relevant de différents domaines des sciences humaines et sociales lui permettant d’avoir un jugement aussi avisé que possible sur la réalité guadeloupéenne. Il est question du développement face au cadre institutionnel. Comment tenir compte des contraintes, comment aborder la question des spécificités ? Quelques conditions du développement ont été envisagées ainsi que des perspectives. La dimension culturelle ainsi que l’imaginaire ont fait l’objet de contributions auxquelles il faut ajouter en dernier lieu des éclairages extérieurs sur la Guyane et le Suriname
Le développement face au cadre institutionnel : contraintes et spécificités
Alain MAURIN professeur des universités de sciences économiques s’interroge sur ce que peut être le développement économique de la Guadeloupe dans les années à venir dans un contexte de mise en retrait de l’État providence et de raréfaction de l’argent public. Quel peut être alors le sens d’un développement endogène ? Après avoir dressé l’état des lieux du concept de développement, Emile ERNATUS, professeur retraité de sciences économiques et sociales, s’attache à comprendre sa signification au regard de la réalité guadeloupéenne. Il s’interroge sur le critère onusien d’IDH (Indice de Développement Humain) qui permet de classer la Guadeloupe parmi les territoires les plus développés du monde. Il suffit, nous dit-il, « d’analyser un peu plus en profondeur sa situation économique après des décennies de croissance pour relever les insuffisances d’un tel classement. »
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La Guadeloupe apparaît donc bien comme un territoire spécifique. « Spécificités ? » Qu’est-ce à dire ? se demande l’économiste Joseph ODY. La Guadeloupe c’est quoi au plan économique : une région de France « en retard » avec quelques singularités ou une entité complètement différente aux plans économique, sociologique et sociétal ? Dans une deuxième partie sont abordées les conditions de développement de ce territoire et les perspectives qui peuvent lui être ouvertes.
Les conditions du développement, les perspectives
Docteur en sciences agronomiques et directeur de recherche à l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), Harry ARCHIMEDE prône une souveraineté alimentaire. La Guadeloupe a de quoi nourrir sa population et il faut lui en donner les moyens. C’est un droit reconnu au niveau international dont elle devrait bénéficier et il serait même de son devoir de l’exiger afin de respecter son environnement. Il faut rapprocher les centres de production des centres de consommation. Raisonner en ces termes c’est faire le choix d’un développement endogène, lequel ne peut manquer de convoquer selon la sociologue Patricia BRAFLAN-TROBO l’idée d’un management endogène. Forte de son expérience dans les ressources humaines, elle met en lumière cette idée qui s’efforce de tenir compte de l’histoire, de la culture, de la sociologie du territoire guadeloupéen. C’est dire que l’être humain doit être mis au centre du développement. Celui-ci suppose des hommes et des femmes formés. Or, l’institution à laquelle est dévolu principalement ce rôle c’est l’école. L’école contribue-t-elle au développement du territoire se demande Georges COMBÉ, agrégé de philosophie, ancien professeur à l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres) et à l’ESPE (École Supérieure du Professorat et de l’Éducation) de Guadeloupe ? La réponse est négative au vu de la plupart des indicateurs qui sont au rouge (retards scolaires, décrochage, échecs et inégalités scolaires). Mais il ne faut pas baisser les bras : des pistes pour le changement existent qui méritent d’être explorées, des leviers innovants pourraient être utilisés afin d’amorcer une véritable métamorphose de l’école. En termes de perspective, s’il s’agit de se donner une vision du développement radicalement différente de ce qui est observé actuellement, la question du changement des paradigmes économique et politique se pose. Tel est le sens des deux dernières contributions de cette partie. Rose Lee RAQUI, docteure en relations internationales, estime que les différentes analyses économiques proposées jusque-là ne conviennent pas à la Guadeloupe qui est une région spécifique. Pour elle, il faudrait mettre en place un nouveau cycle économique s’inspirant de la pensée du développement durable. À n’en pas douter, le développement suppose des conditions, mais la condition des conditions, le levier fondamental permettant d’amorcer des changements décisifs n’est-ce pas le pouvoir politique ? Voilà la thèse que veut démontrer le
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