Histoire critique de la modernité
213 pages
Français

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Histoire critique de la modernité , livre ebook

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Description

A partir des recherches historiques et archéologiques les plus récentes, ce livre traite du progrès des idées politiques à travers les siècles et en esquisse une histoire mondiale. Il montre comment, à partir de la Renaissance, la surestimation de l'Antiquité a remis à la mode de vieilles idéologies réactionnaires, qui ont mené à des dictatures, des guerres totales, et plus tard aux totalitarismes. C'est en Europe occidentale qu'est née la modernité, c'est-à-dire la liberté, l'absence de peur, l'Etat de droit et la démocratie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2007
Nombre de lectures 70
EAN13 9782336271507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Gérard POUJADE, Une politique de développement durable. Acteur d’une vie digne, 2007
Noël JOUENNE, Dans l’ombre du Corbusier, 2007.
Jean-Jacques PROMPSY, Traité des corruptions, 2007.
Mohamad K. Salhab, Éducation et évolution des savoirs scientifiques, 2007.
P. LEPRETRE, B. URFER, Le principe de précaution. Une clef pour le futur, 2007.
Ibrahima SARR, La démocratie en débats, 2007.
Cyril LE TALLEC, Sectes pseudo-chrétiennes, 2007.
Julien GUELFI, Non à l’euthanasie, 2007.
Sébastien ROFFAT, Disney et la France, Les vingt ans d’Euro Disneyland, 2007.
Francis JAUREGUYBERRY, Question nationale et mouvements sociaux en pays basque, 2007.
Sébastien BRUNET : Société du risque : quelles réponses politiques, 2007.
Jacques MERAUD, Réinventer la croissance, 2007.
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005, paris
www.tibrairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296035058
EAN : 9782296035058
Histoire critique de la modernité

Claude Fouquet
Sommaire
Questions Contemporaines - Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland Dernières parutions Page de Copyright Page de titre PRINCIPAUX OUVRAGES DE CLAUDE FOUQUET I - L’HÉRITAGE ANTIQUE II - CHRISTIANISME ET LIBERTÉ III - LUMIÈRES ET OMBRES IV - VOUS N’ÊTES PAS RESPONSABLES V - LIBERTÉ TOUJOURS RECOMMENCÉE VI - TERREUR CONTRE MODERNITÉ
PRINCIPAUX OUVRAGES DE CLAUDE FOUQUET
Julien, la mort du monde antique, avec Pierre Grimal, Les Belles Lettres, 1985.
Délires et Défaites, une histoire intellectuelle de l’exception française, Albin Michel, 2000.
Antimanuel de Sociologie, L’Harmattan, 2002.
I
L’HÉRITAGE ANTIQUE
«Enfin le christianisme avait une particularité par laquelle il était unique au monde : cette religion était aussi une Église, une croyance exerçant une autorité sur ceux qui la partageaient, appuyée sur une hiérarchie, un clergé supérieur en nature au laïcat et un cadre géographique. »

Paul Veynes. Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)
Albin Michel, 2007, p.72

CERCLE OU LIGNE DROITE ?
Pour comprendre le présent et orienter l’avenir, nous devons savoir d’où nous venons. C’est l’ambition de l’histoire. Ce livre traite du progrès des idées politiques à travers les siècles et en esquisse une histoire mondiale. L’Egypte ancienne, les Grecs, les Romains, ont construit d’impressionnants monuments. Mais ont-ils inventé la modernité ? Serait-elle née en Chine, en Inde ou au Moyen-Orient ? Quand donc l’histoire a-t-elle pris le tournant décisif de la modernité?
1989 : chute du mur de Berlin et fin du totalitarisme en Europe. 11 septembre 2001 : destruction à New York d’un centre financier, symbole haï de la modernité. Totalitarisme et terrorisme haïssent la modernité ; mais cette haine n’est pas nouvelle. Déjà, Caton le Censeur voulait préserver les antiques valeurs de Rome contre les idées nouvelles venues de Grèce. Montesquieu et Rousseau condamnaient les progrès de leur temps. La modernité bouleverse certitudes et habitudes.
On peut se tromper du tout au tout, en prenant pour modernes des idées vieilles comme le monde. Beaucoup ont confondu la modernité avec des doctrines rétrogrades et funestes, qui ont engendré guerres et génocides. Mais quand donc est née la modernité ? Selon le philosophe britannique Anthony Giddens, conseiller politique de Tony Blair, elle aurait émergé en Europe au 17 e siècle, mais il estime que « les semences du nihilisme étaient là, dans la pensée des Lumières, dès le début. » 1 Je propose de remonter beaucoup plus haut dans le passé, aux origines de la pensée, ne serait-ce que pour déterminer ce qui n’est pas la modernité.
L’histoire a d’abord débuté comme légende, la légende de Gilgamesh, celle de Troie, celle du roi Arthur. La modernité suppose la croyance au progrès, qui n’est pas de tous les temps. Le destin du monde peut, en effet, être perçu soit comme un cercle, soit comme une ligne droite. L’approche circulaire est la plus ancienne. C’est celle des Grecs et des Romains, pour qui l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. L’Âge d’or était derrière nous et nous étions en décadence. Tout se dégradait, le climat comme les mœurs. O Tempera, O Mores ! Dès le temps de la République, les Romains se croyaient en déclin. Cette conception du monde n’a jamais complètement disparu, et elle resurgit périodiquement. Nietzsche a écrit de belles pages sur l’Éternel Retour, et la moderne théorie du big-bang suppose un système circulaire, car, après l’expansion, il y aura la contraction, et un nouveau big-bang.
Le destin du monde comme ligne droite est apparu pour la première fois au Proche-Orient. La ligne droite est la flèche du temps qui est irréversible. Il y a un avant et un après. Avant et après la création du monde. Avant et après l’alliance entre Dieu et le peuple élu. Dans le Nouveau Testament, il y a avant et après le Christ, et le retour du Christ marquera la fin des temps. Quand on demandait à saint Augustin ce qu’il y avait avant la création du monde, il répondait que Dieu avait aussi créé le temps. Le judaïsme a introduit la notion de progrès. Judaïsme et christianisme ont enseigné la noblesse du travail et l’éminente dignité de l’homme. Au contraire, les premières productions de l’esprit humain qui nous soient parvenues sur des briques revêtues de caractères cunéiformes, les épopées mésopotamiennes de Gilgamesh au troisième millénaire, puis de Keret au second, ignorent le travail. Il semble alors que l’homme n’ait le choix que d’être prédateur ou proie. Mieux vaut donc être prédateur, et malheur au vaincu ! Douze tablettes de l’épopée de Gilgamesh ont été retrouvées à Ninive, en Irak, sur la rive gauche du Tigre, en face de Mossoul, dans les ruines du palais du roi assyrien Assourbanipal, mort en 626 av. JC. Roi d’Ourouk au pays de Sumer, au sud de l’Irak, Gilgamesh est un guerrier qui s’impose par la force aux hommes et ne craint pas de défier les dieux, puisqu’il refuse d’épouser Ishtar, déesse de l’amour. Il veut aussi s’égaler aux dieux en cherchant dans une herbe miraculeuse le secret de l’immortalité.
Du second millénaire date l’épopée de Keret, retrouvée sur des tablettes d’argile, sur le site de l’ancienne Ougarit, au nord de l’actuelle Lattaquié, en Syrie. Comme Gilgamesh, Keret est un guerrier. Il a épousé la fille du roi d’Edom, ou Idumée, pays situé entre Mer Morte et Mer Rouge. Le roi David vainquit les Iduméens, et on appelait Kérétiens les soldats de sa garde. Des fouilles ont révélé qu’à l’époque mycénienne résidaient à Ougarit des commerçants grecs, qui ont certainement connu l’histoire de Keret, où il est question d’une belle jeune femme secourue dans une ville assiégée, comme dans l’Iliade. Homère a-t-il existé ? Personne ne le sait, mais il est probable que l’épopée homérique est l’aboutissement d’une longue tradition orale. Pour déclamer les seize mille vers de l’Iliade, il faut environ six veillées. Des aèdes, dont c’était la raison d’être, ont pu consacrer leur vie à mémoriser des chants anciens qui furent ensuite écrits. Ces poèmes épiques ont servi de base à l’éducation des jeunes Grecs, puis des Romains jusqu’à la chute de l’empire. Ils ne sont pourtant guère édifiants. Ils glorifient des héros qui vivent de guerres et de rapines, tuent des hommes, insultent leurs cadavres, et réduisent femmes et enfants en esclavage. Ajax viole Cassandre sur l’autel d’Athéna. Achille tue des enfants, et Ulysse jette le bébé d’Andromaque du haut des murs de Troie. Le lecteur cherche en vain à savoir comment vivaient alors ceux qui créaient les richesses : cultivateurs, artisans et commerçants. La morale de ces épopées est que l’énergie humaine n’est utilisée glorieusement que dans la guerre, et non dans la production de richesses.
L’Enéide de Virgile est une suite donnée à l’Odyssée, à l’époque d’Auguste et à son initiative. Comme l’Odyssée, l’épopée débute par une av

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