Histoire de l art - Tome II : L Art médiéval
186 pages
Français

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Histoire de l'art - Tome II : L'Art médiéval , livre ebook

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Description

Médecin érudit, Élie Faure compose en une vingtaine d'années (1909-1927) une monumentale Histoire de l'art, de la préhistoire au début du XXe siècle. Issu de conférences données à l'université populaire du 3e arrondissement de Paris, ce travail, sans cesse remanié, n'est pas l'oeuvre d'un universitaire mais celle d'un passionné guidé par ses émotions, qui souhaite partager son enthousiasme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 140
EAN13 9782820609021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoire de l'art - Tome II : L'Art m di val
lie Faure
Collection « Les classiques YouScribe »
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Suivez-noussur :

ISBN 978-2-8206-0902-1
Élie Faure
HISTOIRE DE L’ART TOME II : L’ART MÉDIÉVAL
1912


… les voix semblaient former
toutes le même chant,
si parfait était leur accord.
DANTE ALIGHIERI


À mes amis de l’U. P. « La Fraternelle ».
1905-1909.
Introduction à la première édition (1912)
Tandis que la lointaine civilisation chinoise retarde l’heure de sa mort en se tournant vers son propre passé, tandis que l’Inde répand, pour soulager sa fièvre, une religion sur l’Asie, l’ombre noie peu à peu les rivages où s’est écoulée l’éclatante et virile jeunesse du monde occidental. Les flux et les reflux, depuis le début de l’histoire, balancent l’océan des peuples du plateau de l’Iran aux terres fraîches et salubres qui regardent l’Atlantique. Des invasions silencieuses ont accumulé dans les plaines du nord de l’Europe les réserves d’hommes qui renouvelleront l’innocence des peuples méridionaux quand un contact trop énervant avec l’Asie affaiblira leur foi dans leur propre intelligence. On a vu les Phéniciens apporter à la Grèce et à l’Italie, avec la science et l’idéal de la Chaldée et de l’Égypte, l’écho indien des ivresses mystiques par qui le saint frisson de la vie universelle est entré dans l’ordre occidental. On a vu la Grèce, entraînée par Alexandre, déposer dans l’âme trouble et lasse de l’Inde, l’étincelle inspiratrice. Rome doit subir à son tour le sensualisme de l’Asie quand elle lui porte la paix… Le mouvement épuisait peu à peu son rythme. Il était nécessaire qu’un grand repos succédât à la dépense d’énergie d’où sortit l’avenir du monde, et que la nature de l’homme se repliât sur elle-même pour imposer à son esprit trop tendu, à ses sens pervertis, l’oubli de leurs conquêtes et le désir de remonter à leurs sources naturelles.
Du jour où l’unité de l’âme grecque commence à se dissocier, où deux courants se dessinent dans la pensée des philosophes et la sensibilité des artistes, où Platon et Praxitèle opposent la vie spirituelle au matérialisme de Lysippe et d’Aristote, de ce jour la jeunesse des hommes a cessé d’enchanter le monde. Leurs tendances antagonistes, le rationalisme qui brise l’élan de l’instinct, le sensualisme qui détraque la volonté conduisent l’une et l’autre à la négation de l’effort. Et le sceptique et le mystique ouvrent le chemin aux apôtres qui viennent semer dans le cœur inquiet des multitudes, avec le remords d’avoir vécu trop pleinement, la soif de racheter l’impureté du corps par une telle exaltation de l’âme, que mille ans seront nécessaires aux peuples occidentaux pour qu’ils retrouvent, dans un nouvel équilibre, leur dignité.
C’est par la fusion dans le courant spiritualiste de la métaphysique et de la morale, par la projection hors de nous-mêmes, qui sommes mauvais et corrompus, d’un absolu vis-à-vis duquel nous avons le devoir de nous repentir d’être nés, que le monothéisme se formula pour la première fois avec intransigeance dans la doctrine des prophètes hébreux. Dieu, désormais, était sorti du monde, l’homme ne pouvait plus l’atteindre qu’au-delà de sa propre vie. Cette prétendue unité divine des théologiens installait dans notre nature ce terrible dualisme qui fut à nous tous, sans doute, et qui reste à chacun de nous une épreuve indispensable. C’est lui qui nous a fait errer de longs siècles à la recherche de nous-mêmes. C’est lui qui a maintenu mille ans au fond de nous ce débat douloureux entre les sollicitations des sens et la hantise du salut. Mais c’est peut-être grâce à lui que nous savons que notre force, c’est l’accord poursuivi dans la souffrance et réalisé dans la joie de notre animalité sainte et de notre sainte raison.
L’art, qui est précisément la manifestation la plus expressive et la plus haute de cet accord et la forme vivante qui jaillit des amours profondes de la matière et de l’intelligence pour affirmer leur unité, l’art devait mourir en même temps que les croyances naturistes quand les religions éthiques apparurent pour nier l’utilité de son action et précipiter l’humanité sur des voies opposées à celles qu’elle suivait jusqu’alors. Les Juifs, déjà, qui firent entrer dans la pensée occidentale l’esprit imposant et stérile des solitudes, haïssaient et condamnaient la forme. Les Arabes, nés du même rameau, allaient manifester leur dédain pour elle. Il fallut le contact du sol européen, de ses golfes, de ses montagnes, de ses plaines fertiles, de son air vivifiant, de sa variété d’apparences et des problèmes dont il propose à l’esprit la solution, pour arracher les peuples qui l’habitent, après dix siècles de luttes douloureuses, d’efforts sans cesse brisés et repris, à l’étreinte puissante de l’idée sémitique. Il fallut que l’Inde sentît dans la substance même de l’idée bouddhique, y tressaillant, et faisant sa force et son entraînante beauté, l’incessant mouvement de fécondité et de mort qui fait bouger ses forêts et ses fleuves, pour qu’elle repeuplât les temples de ses cent mille dieux vivants.
Au fond des grandes religions morales qui commencèrent à prétendre à la domination du monde quand le panthéisme de l’Inde védique et le polythéisme de la Grèce eschylienne eurent atteint leur plus haute expression et que le déclin commença pour elles, se faisait jour le même sentiment désespéré de l’inutilité finale de l’action. L’homme était partout fatigué de vivre, de penser, et il divinisait sa fatigue comme il avait, quand il aimait agir, divinisé sa vaillance. La résignation du chrétien, le nirvânisme du bouddhiste, le fatalisme de l’Arabe, le traditionalisme du Chinois sont nés du même besoin pessimiste d’éviter l’effort. Les Arabes n’ont échappé pendant quelques siècles aux conséquences de cette idée décourageante, que parce que le seul effort exigé d’eux par le prophète était un effort extérieur, répondant à leurs besoins essentiels de vie nomade et conquérante, et que le repos leur était promis dans la mort même où ils se précipitaient au galop de charge, laissant aux peuples vaincus le soin de travailler pour eux. Les Chinois n’y échappent encore que par leur absence d’idéalisme et leur esprit positif dont l’énergie s’emploie précisément à entraver et ralentir l’action. Mais les peuples généralisateurs de l’Occident, les peuples sensuels de l’Inde ne pouvaient en sortir qu’à la condition de profiter du repos même que leur imposaient ces doctrines pour replonger dans leurs sols les racines de leur instinct et réagir alors de toute leur puissance rajeunie contre l’esprit de renoncement où les disciples de Çakia-mouni et de Jésus avaient entraîné les foules intéressées à les entendre, en leur cachant le vrai visage des deux hommes qui furent tout amour et par suite toute action.
Maintenant que les religions éthiques appartiennent à l’histoire, maintenant que nous avons appris que le besoin moral perd sa puissance quand il prétend annihiler ou diminuer le besoin esthétique dont il n’est qu’un aspect, nous sommes assez forts pour reconnaître que le christianisme et le bouddhisme introduisirent dans le monde un admirable élément de passion. Aux Indes, à vrai dire, le bouddhisme n’avait jamais pris, vis-à-vis du brahmanisme, le caractère de radicale opposition que le christianisme adopta vis-à-vis des religions païennes. Il n’était pas l’esprit d’un sol et d’une race allant au-devant de l’esprit d’un autre sol et d’une autre race pour lui offrir le combat. Il était né du courant même qui poussait les peuples de l’Inde à mêler leur âme aux voix universelles, à demander aux voix universelles de pénétrer incessamment leur âme, il était une extension dans le monde moral du formidable sensualisme qui ne pouvait se refuser d’entendre l’appel des hommes quand il confondait leur esprit avec l’esprit des fauves, des f

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