Histoires d eaux africaines
401 pages
Français

Histoires d'eaux africaines , livre ebook

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401 pages
Français

Description

Ces histoires qui campent le vécu d'un anthropologue africaniste en matière de pluie et de puits, de barrages et de lacs, ne doivent pas être lues comme une contribution de plus à la dimension culturelle de l'eau - une dimension qui parfois favorise mais souvent freine une saine gestion des ressources hydriques. Elles suggèrent plutôt que l'eau est essentiellement, entièrement et exclusivement un phénomène culturel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 3
EAN13 9782296493063
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HISTOIRES
D’EAUX AFRICAINES
Essais d’anthropologie impliquée
SSingleton/Histoires.indd 1ingleton/Histoires.indd 1 5/05/10 14:24:335/05/10 14:24:33Déjà parus dans la même collection :
Chanson Philippe, La blessure du nom. Une anthropologie d’une
séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane, 2008.
Lazaro Christophe, La liberté logicielle. Une ethnographie des
pratiques d’échange et de coopération au sein de la communauté Debian,
2008.
Olivier de Sardan Jean-Pierre, La rigueur du qualitatif. Les
contraintes empiriques de l’interprétation socio-anthropologique,
2008.
Vuillemenot Anne-Marie, La yourte et la mesure du monde. Avec
les nomades au Kazakhstan, 2009.
Agier Michel, Esquisses d’une anthropologie de la ville. Lieux,
situations, mouvements, 2010.
SSingleton/Histoires.indd 2ingleton/Histoires.indd 2 5/05/10 14:24:345/05/10 14:24:34Mike Singleton
HISTOIRES
D’EAUX AFRICAINES
Essais d’anthropologie impliquée
oANTHROPOLOGIE PROSPECTIVE • N 6
Singleton/Histoires.indd 3Singleton/Histoires.indd 3 5/05/10 14:24:345/05/10 14:24:34Publié avec le concours
de la Fondation Universitaire de Belgique.
Mise en page : CW Design
ISSN : 2030-5702
D/2010/4910/16 ISBN :978-2-87209-976-4
© Bruylant-Academia s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que
ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
Imprimé en Belgique.
www.academia-bruylant.be
SSingleton/Histoires.indd 4ingleton/Histoires.indd 4 5/05/10 14:24:345/05/10 14:24:34prologue…
où il faut se jeter vite à l’eau !
C’est bien connu : une introduction ne s’écrit que quand le
tout est bouclé. Quoi qu’il en soit d’une éventuelle hypothèse de
travail qui aurait présidé à la mise en chantier d’un ouvrage, la
plupart du temps, ce n’est souvent que face au fait accompli qu’on
voit clairement où on voulait en venir. Néanmoins, plusieurs
raisons m’empêchent de camper la conclusion de ces histoires d’eaux
africaines d’entrée de matière. Pour être honnête, dans une
première version de ces essais, j’avais commencé par mettre la
charrue conceptuelle avant le bœuf factuel. Anglais d’origine, j’avais
été programmé au milieu des années 1960 à Oxford, à l’Institut
d’Anthropologie Sociale, pour me lancer tout de suite en eaux
empiriques, voire y rester, même si elles paraissaient peu
profondes aux yeux des théoriciens continentaux. Mais une
cinquantaine d’années sur le Continent, dont beaucoup passées à diriger
des thèses doctorales et autres travaux académiques, m’ont
sérieusement reconditionné. C’est ainsi que j’étais initialement parti
pour une immense préface, campant en long et en large des grilles
de lecture tous azimuts empruntées aux autorités des sciences
humaines. Mes études de cas allaient surgir comme autant de
menus cheveux de cette solide soupe théorique pour, au mieux,
l’illustrer après coup conceptuel. Le tout devant se clôturer
brièvement par quelques recommandations pratiques du genre :
« Main tenant, il n’y a qu’à… ». Mais des critiques, la plupart
paradoxalement continentaux, après avoir pataugé dans le long
préambule philosophique proposé, ont estimé que je ferais mieux
5
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PROLOGUE…d’inviter mes interlocuteurs éventuels à se jeter immédiatement à
1l’eau !
*
* *
Pas mal d’eau a coulé sous le pont depuis que j’ai mis cet
ouvrage en chantier. Ce qui fait que, en plus de mes
interlocuteurs africains, de nombreux collègues ont été invités à plonger
dans ces Histoires d’Eaux Africaines. Sans vouloir les
éclabousser, je pense, en particulier, à Claude Calame, Pol-Pierre Gossiaux,
Antonio Guerci, Mondher Kilani, Serge Latouche, Pierre-Joseph
Laurent et l’équipe du Laboratoire d’Anthropologie Prospective
de l’Université catholique de Louvain, Paul Mathieu, Jean-Pierre
Olivier de Sardan et Georges Thill, sans oublier les deux
rapporteurs dont l’imprimi potest a persuadé la Fondation Universitaire
de soutenir la publication de cet ouvrage. Si en aval elles sont
devenues moins troubles qu’à leur source, c’est grâce à mon épouse
épuratrice, Christiane Sprimont qui, depuis plus de vingt-cinq
ans, s’acharne à me rendre moins illisible pour des francophones
pur sang – sans oublier le dernier coup de balai donné par Cécile
Wéry. S’il subsiste encore quelques tournures idiosyncrasiques,
des anglicismes et autres belgicismes, c’est ma faute et pas la leur !
1. Le manuscrit dépassait d’au moins un tiers la taille prévue par la
présente collection – notamment à cause des annexes d’ordre plutôt
ethnographique qui venaient en complément de chaque histoire et d’une dernière
histoire sur saint Georges et le Dragon qui a fini par prendre le gabarit d’un
livre entier (voir Singleton 2009a pour son résumé anticipateur). Le matériel
pouvant intéresser l’un ou l’autre lecteur, il a été mis sur le site du Laboratoire
d’Anthropologie Prospective (http://uclouvain.be/laap).
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HISTOIRES D’EAUX AFRICAINESi
une première histoire d’eau :
des puits… et puis ?
Notre première histoire d’eau raconte l’échec, cuisant pour moi,
d’un très modeste projet qu’on pourrait pompeusement appeler
« hydraulique », puisqu’il s’agissait de l’aménagement d’un puits
villageois. Le mélodrame s’est déroulé au lieu-dit Mapili, au fin
fond de la brousse tanzanienne, en 1969. Sans doute en partie parce
que, n’ayant pas de femme, j’y étais astreint moi-même, les filles
et jeunes épouses de mon voisinage me paraissaient écrasées par
une pénible corvée, à savoir le puisage quotidien de l’eau pour les
usages domestiques : boire, cuisiner, se laver ou arroser les
quelques plantes culinaires qui se trouvaient à proximité des maisons.
J’ai voulu les aider en accélérant l’accomplissement de cette tâche
ingrate grâce à l’installation sur le puits du quartier d’un treuil
des plus rudimentaires. Mais, comme les vieux notables, avec leur
sagesse sentencieuse, me l’avaient prédit, la gent féminine s’est
montrée incapable de s’en servir correctement. Une initiative que
je croyais émancipatrice n’est pas seulement tombée à l’eau, elle a
carrément tourné en eau de boudin !
En apparence, c’est une histoire des plus banales, digne, tout
au plus, de ces revues de coopération qui ont remplacé les
magazines missionnaires d’antan. C’est pourquoi je lui ai gardé non
seulement son côté anecdotique et personnel, mais son cachet de
militantisme provocateur.
Et pourtant… cette première histoire d’eau en est venue dans
mon esprit à faire figure exemplaire de quelques enjeux
primordiaux qui non seulement hypothèquent toute intervention
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UNE PREMIÈRE HISTOIRE D’EAUculturelle, mais qui compliquent la notion même du culturel en
général et de l’intraculturel en particulier. D’un côté, j’ai fini par
comprendre que « Hors Culture » il n’y avait rien. De l’autre, j’ai
souvent eu l’impression que, en me quittant, je me suis
immédiatement retrouvé dans l’interculturel, même avec mes plus
proches, voire qu’en descendant au-dedans de mon moi j’étais vite
aussi complètement ailleurs !
J’ai eu à raconter cette histoire des dizaines, voire des
centaines de fois, à des étudiants du Nord et du Sud, à des coopérants
qui partaient coopérer ou à des stagiaires non occidentaux qui
venaient se ressourcer en Europe. Elle figurait en particulier dans
un de mes cours intitulé « Le projet dans son contexte culturel ».
Il est tout à fait possible, voire probable, que d’autres acteurs de
terrain aient vécu ailleurs

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