Hypnose et tabac
380 pages
Français

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Description

Comment éradiquer la dépendance au tabac, habitude que certains n'hésitent pas à nommer addiction ? L'hypnose est parmi de nombreuses méthodes celle qui est la moins nocive et la plus naturelle, et qui compte beaucoup de bons résultats. D'où cela vient-il ? En partie de l'état hypnotique lui-même et, pour une bonne partie, grâce à la relation interindividuelle qui s'installe dans la session d'hypnose.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 48
EAN13 9782336352817
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70292-6
Titre
Francine-Hélène Samak







HYPNOSE ET TABAC







L’Harmattan
Citation

« Dans l’océan de la vie et dans la tempête de l’action, je monte et je descends, je vais et je viens ! Naissance et tombe ! Mer éternelle, trame changeante, vie énergique, dont j’ourdis au métier bourdonnant du temps les tissus impérissables, vêtements animés par Dieu ! »

Goethe, Faust, acte I, scène I
(traduction de Gérard de Nerval)

© Francine-Hélène Samak, 2013.
Tous droits réservés.
INTRODUCTION
Si l’activité tabagique constituait jusqu’à aujourd’hui une habitude socialement admise, l’action de l’Organisation mondiale de la santé a contribué à changer l’image du tabac aux yeux des fumeurs. Il va alors être question de protéger les fumeurs de façon surmoïque des dangers du tabac, parfois presque malgré eux, certains protestant contre ce manque de liberté, et par là même de mettre l’accent sur l’aspect mortifère de sa consommation.
Pour se déprendre de l’objet-tabac, certains fumeurs se tournent vers l’hypnose, et c’est en tant que psychologue clinicienne pratiquant l’hypnose que j’ai été amenée à entrer en contact avec les fumeurs. Ma longue pratique se situe, entre autres, dans le champ des addictions, en particulier dans celle de l’objet-tabac, et c’est le résultat de cette expérience que je veux livrer ici.
En France, après la Seconde Guerre mondiale, la redécouverte de l’hypnose passe par l’apport des travaux de M. H. Erickson, de L. Chertok et de F. Roustang. Ces trois auteurs figurent parmi ceux qui ont le plus influencé mon orientation et le sens de mon travail. J’ai utilisé les apports cliniques de M. H. Erickson, notamment dans ce qu’il appelle l’« indirectivité ». L. Chertok a favorisé mon approche psychanalytique de l’hypnose et F. Roustang m’a permis d’élargir ma compréhension de l’interaction du sujet et de l’hypnothérapeute. Ces apports m’ont amenée vers une pratique qui s’inscrit dans un double mouvement : celui de l’utilisation de l’hypnose néo-éricksonienne faite des stratégies d’Erickson, d’indirectivité, mais aussi d’une utilisation formelle de l’hypnose et d’une attitude très en retrait, tentant le plus possible de respecter le patient par une neutralité faite de respect et d’attention. Cette pratique peut être considérée comme une originalité, une pratique inédite, où le thérapeute laisse le champ libre à son inconscient.
Il s’agit de retranscrire aussi fidèlement que possible ce qui se passe en session d’hypnose, de montrer comment la relation hypnotique s’établit, quels en sont les effets sur les deux acteurs en présence, et de faire part de ma série d’observations et d’analyses afin de mettre en relief des modes de fonctionnement, ainsi que des processus généralisables par la suite.
Le traitement des fumeurs en France repose le plus souvent sur une prise en charge médicale où le pharmakon masque ce qui sous-tend en profondeur le recours à l’objet-tabac. Cependant, si quelques-uns arrêtent de fumer par ce moyen, le symptôme, qui n’a pas été traité, demeure présent. Une approche psychologique, susceptible d’atteindre les causes profondes des modalités tabagiques, tentera de conduire à la libération du patient de l’emprise de l’objet sur lui. La compulsion de fumer de façon répétitive est vécue par certains fumeurs comme une manière d’évacuer la souffrance du manque et de la séparation.
Face à cela, je n’interprète pas selon un cadre externe, je vais à travers des images et des scripts suggérés, traduire mon ressenti et la compréhension interne que j’en ai, afin qu’il se rejoue un scénario ancien. C’est pourquoi j’aborderai un champ psychologique peu exploré jusqu’alors, celui du contre-transfert hypnotique.
J’évoquerai dans un premier temps les principales données théoriques et bibliographiques relatives au tabac. Le recours à l’objet-tabac m’a conduite à m’interroger sur l’origine de cet objet et sur son histoire. L’accent portera principalement sur l’origine de ce recours à l’objet-tabac et de ce qui s’est joué, pour faire du sujet un fumeur, et parfois un grand fumeur.
Puis je décrirai ma démarche méthodologique, ainsi que d’une part, les caractéristiques propres aux patients que j’ai traités, et d’autre part le cadre dans lequel se sont déroulées les sessions. Neuf cas cliniques seront présentés afin de mettre en évidence la relation thérapeutique et, plus particulièrement, le contre-transfert hypnotique.
PREMIERE PARTIE : L’OBJET-TABAC
L’usage du tabac remonte à l’aube de l’humanité. Qu’il soit ritualisé ou banalisé dans la vie quotidienne, on le trouve dans le monde entier en fonction des différences socioculturelles. Objet de plaisir et de réassurance, il fait partie de ce que Freud appelle des « satisfactions substitutives ».
« Telle qu’elle est imposée, notre vie est trop lourde, elle nous inflige trop de peines, de déceptions, de tâches insolubles. Pour la supporter, nous ne pouvons nous passer de sédatifs [...]. Ils sont peut-être de trois espèces, d’abord les fortes diversions qui nous permettent de considérer notre misère comme peu de choses puis des satisfactions substitutives qui l’amoindrissent, enfin des stupéfiants qui nous y rendent insensibles. L’un ou l’autre de ces moyens est indispensable. »

Le tabac fait partie de l’une de ces voies, celle qui consiste à rechercher dans le produit une diversion. Dans les cultures dites primitives, et mis sur le même plan que les hallucinogènes, le tabac fut d’abord lié au plaisir qui s’intègre dans une expérience du monde ouvert sur le sacré comme moyen de communication avec les dieux, mais aussi avec le groupe, dont les membres entrent en communion lors d’une extase commune, ritualisée et socialisée. Mais se répandant dans le monde entier et se coupant de cette notion métaphysique, le tabac va devenir un objet de consommation ordinaire et répétitive. Et ce faisant, la notion de dépendance va apparaître. Pour mesurer le chemin parcouru à travers les siècles par le tabac, tournons-nous un instant vers son histoire.
Chapitre 1. L’objet-tabac et son histoire
Des origines du tabac et de ses us et coutumes
On a de tout temps consommé le tabac de multiples façons : en le prisant, en le mâchant, en le chiquant ou en le fumant.
Les origines du tabac sont millénaires : de l’Amérique du Sud à la vallée du Mississippi, l’Amérique connaît le tabac depuis plus de 3 000 ans. Appelé par les indigènes « petum » , le nom du tabac viendrait de l’île Tobago dans l’archipel des petites Antilles où il était cultivé, à moins que ce ne soit le nom que les indigènes donnaient à leurs pipes. Chez les Indiens, fumer est un acte de plaisir. Tout un chacun peut fumer à sa convenance à partir d’un certain niveau social et la consommation de tabac est quotidienne. Des fouilles ont permis de mettre à jour, en Amérique du Sud, des pipes datant de 1 000 ans avant notre ère. La pipe a pour les Aztèques en particulier, un rang supérieur à celui du simple cigare et ils l’utilisent pour des occasions spécifiques, notamment lors des banquets.
Toutefois, le tabac a toujours également été utilisé à des fins rituelles, qu’elles soient magiques ou curatives, lors de cérémonies religieuses, de la naissance à la mort pour les Indiens du Canada, ou comme marque du caractère sacré d’un traité pour les Sioux. Sa fumée soufflée vers le ciel ou vers la partie malade d’une personne faisait partie des rituels de guérison dans les rites chamaniques. Il est également le moyen d’entrer en communication avec les esprits, ceci en faisant des offrandes de feuilles et de fumée. En Amazonie, il permet de chasser les mauvais esprits. Classiquement utilisées dans les techniques chamaniques, les fumigations de tabac et de plantes hallucinogènes permettent aux novices de partir à la rencontre des esprits. Chez les Indiens Warao, le chamane rend visite aux esprits en rêve ou en état de transe tabagique. Ils consomment de très grandes quantités de tabac pour se mettre en état de transe extatique, alors que ce tabac est dépourvu de propriétés hallucinogènes. Ils réalisent cette transe exclusivement en fumant, plutôt que par des infusions de tabac liquide comme le font les chamanes d’autres groupes indiens.
Herbe magique, elle a une signification souvent mystique et religieuse. On lui prête également des vertus curatives, calmant la faim et luttant contre la fatigue. Elle est alors utilisée pure ou m&

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