Inventer un nouvel espace public en Afrique
142 pages
Français

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Inventer un nouvel espace public en Afrique , livre ebook

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Description

Depuis la fin des années 1960, l'idée de nation a évolué : elle n'est plus fusionniste ni ethnique. On assiste aujourd'hui aux revendications ouvertes pour la reconnaissance des identités. La résurgence récente des tensions intercommunautaires dans le monde appelle à une réflexion sur la question de la diversité ethnique, la pluralité culturelle et l'impératif de convivialité. Comment combiner l'exigence de vie en commun dans un seul cadre étatique avec la diversité ethnique qui s'impose ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296466807
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Inventer un nouvel espace public en Afrique
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
Yaya KONE, Anthropologie de l’athlétisme en Afrique de l’Ouest , La condition de l’athlète , 2011.
Anna M. DIAGNE, Sascha KESSELER, Christian MEYER (éd.), Communication Wolof et société sénégalaise. Héritage et création , 2011.
Fabrice AGYUNE NDONE, Changement social chez les Makin a du Gabon, 2011.
B. H. MOUSSAVOU, Prisons africaines. Le cas du Gabon , 2011.
MOTAZE AKAM , La sociologie de Jean-Marc Ela , 2011.
Léon Modeste NNANG NDONG, L’effort de guerre de l’Afrique . Le Gabon dans la Deuxième Guerre mondiale (1939-1947) , 2011.
Joseph MBOUOMBOUO NDAM (sous la dir.), La microfinance à la croisée des chemins , 2011.
Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA, De la postcolonie à l a mondialisation néolibérale Radioscopie éthique de la crise négro - africaine contemporaine , 2011.
Anne COUSIN, Retour tragique des troupes coloniales, Morlaix - Dakar, 1944 , 2011.
Hopiel EBIATSA, Fondements de l’identité et de l’unité teke , 2011.
Patrice MOUNDOUNGA MOUITY, Transition politique et enjeu x post-électoraux au Gabon , 2011.
Baoua MAHAMAN, La nouvelle génération d’Africains. Quan d les idéalistes d’hier plient face au système , 2011.
Ghislaine SATHOUD, Rendez aux Africaines leur dignité , 2011.
Théodore Nicoué GAYIBOR, Sources orales et histoire africaine , 2011.
Jean-Christophe BOUNGOU BAZIKA, Entrepreneuriat e t innovation au Congo-Brazzaville , 2011.
Emmanuel Yenshu Vubo
Inventer un nouvel espace public en Afrique
Le défi de la diversité ethnique
L’Harmattan
Du même auteur
Itinerant Craftsmen, Highland Farmers and Royal Herdsmen (Design House, Limbe, Cameroun)
Civil Society and the Search for Development Alternatives in Cameroon (CODESRIA, Dakar, Sénégal)

© L’Harmattan, 2011 5-7,
rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55431-3
EAN : 9782296554313
Ce travail est l’aboutissement des réflexions sur certaines expériences vécues pendant deux décennies (1990-2010). Tandis que les travaux empiriques sont publiés sur divers supports (livres, articles scientifiques, contributions aux ouvrages), l’essentiel des réflexions contenues dans ce document est une synthèse de ces contributions dans le cadre d’une HDR de sociologie (soutenue à l’Université de Franche-Comté en 2009). Cette synthèse est complétée par des communications que nous avons présentées au cours de différentes rencontres, à savoir : le Symposium sur le thème Dialogue de Cultures et La Paix, Le Modèle camerounais organisé en marge du Festival national des Arts et de la Culture à Buea, au Cameroun, du 17 au 23 décembre 2000 ; le séminaire du groupe de recherche Langues, Cultures et Sociétés (LACUSO) de l’Université de Buea du 18 février 2006 sur le thème Enseigner l’Afrique ; le colloque international Configurations discursives et identités africaines du 29-31 mars 2007 à Besançon, en France, et la 12 e Assemblée générale du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique sur le thème Administrer l’espace public africain , Yaoundé, 7-11 décembre 2008. Les points de vue exprimés ici ont largement bénéficié des discussions en atelier lors des rencontres citées plus haut.
J’exprime mes sincères remerciements à mon « tuteur » HDR, Gilles Ferréol, pour ses conseils qui ont été d’un grand apport dans l’orientation du débat qui est ici esquissé. Je tiens aussi à remercier le Professeur Jean-Pierre Warnier, M. Blaise Tsoualla du Département de Français de l’Université de Buea, M. Alain Voule-mo de l’Alliance Francocamerounaise de Buea et M. Fogang Francis, traducteur principal, pour avoir relu la version finale de ce travail.
Introduction
La résurgence récente des tensions intercommunautaires au sein des États multi-identitaires à travers le monde et plus particulièrement en Afrique appelle à une réflexion sur la diversité ethnique, la pluralité culturelle et l’impératif de convivialité. Ceci devient d’autant plus important que l’immense majorité des États modernes sont obligatoirement pluralistes. Il n’y a qu’à voir les appels incessants pour lerespect de la diversité au sein des États pour se rendre à l’évidence 1 . Dans le cadre de cette réflexion, l’État-nation est cette formation qui naquit jadis en Europe à l’aube de l’ère moderne mais qui s’est répandue par la conquête et la mode à travers le monde du XVI e au XX e siècle 2 .
Il faut faire un rappel historique des phénomènes qui ont attiré notre attention. Selon Michel Wievorka, deux tendances se dessinent dans des revendications culturelles partout dans le monde depuis la fin des années 1960 3 . L’une de ces tendances, celle qui nous intéresse, est l’émergence ou la résurgence des mouvements ethniques, régionalistes, voire nationalistes ; en fait, « un renouveau des identités basées sur la culture » 4 . L’on peut se demander pourquoi la fin des années 1960 ? La réponse se trouve dans le mouvement de mai 1968 qui ébranla les concepts de nation, de société et d’État tels qu’élaborés par l’Occident et qui servaient de modèles dominants d’organisation sociétale. Le modèle paradigmatique sur lequel des sociétés européennes modernes étaient fondées s’est lentement élaboré à partir d’un système étatique où l’ordre politique occupa une place centrale subordonnant l’ordre social et culturel. Cet ordre politique était organisé autour de l’entité nationale, une « communauté imaginée » selon (la fameuse formule d’Anderson), qui se construisit par un travail « d’homogénéisation et de rationalisation » 5 de la vie sociale.
L’ordre social fut considéré comme le lieu de la rationalité […], tandis que l’individu et les communautés auxquelles il appartient, la famille, le village, la paroisse, la région ou même la nation au sens ancien, ethnique, de ce terme sont dominés par une reproduction dont les exigences sont opposées à celle de la production rationnelle du changement. Cette pensée classique subordonne la société civile, économique et culturelle à la société politique, domaine de la volonté rationnelle et de la mise en ordre des échanges sociaux par la loi 6 .
Presque partout en Occident, des politiques d’assimilation de divers peuples dans des cultures dominantes, considérées comme légitimes parce qu’empreintes de rationalité et d’universalité, furent appliquées. Le choix historique pour les « minorités » consistait donc entre, d’un côté, à l’abandon volontaire « des cultures traditionnelles pour adopter un individualisme reposant sur de principes universels » et, de l’autre, à « l’infériorisation de toutes les catégories ne pouvant pas être identifiées au triomphe de la raison » 7 dont des cultures locales que la répression n’a pas réussi à exterminer. Pendant la longue période qu’a dominé ce modèle, au point de s’idéaliser ou de se déifier (comme le souligne Josep Llobera, dans son ouvrage intitulé The God of Modernity …), les luttes sociales étaient focalisées, selon Immanuel Wallerstein, soit sur des revendications nationalistes pour la souveraineté sur le plan international, soit sur le mouvement ouvrier à l’intérieur des sociétés 8 . Les deux formes de lutte sociales réussirent en même temps à subordonner les autres formes de revendication provenant des catégories victimes de l’ordre social, politique et économique établi (comprenant la classe des exclus, des marginalisés, les femmes, et les nouvelles catégories sociales réclamant la reconnaissance, etc.).
Mai 1968 mit fin à cet état de choses et permit à ces autres catégories de s’exprimer. L’une des conséquences fut une remise en cause du modèle de l’État-national : on assiste désormais aux revendications ouvertes pour la reconnaissance des identités jadis sans droit de cité. « L’État est séparé de l’ancienne conception de la nation et celle-ci est redéfinie comme multiethnique ou une cité multiculturelle » 9 et « la nouvelle constitution de la société est plurielle et non plus nationale » 10 .C’est comme, dirait Alain

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