Jardiner entre soi
314 pages
Français

Jardiner entre soi , livre ebook

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314 pages
Français

Description

En plein essor depuis une dizaine d'année, les jardins partagés sont considérés comme des lieux où se crée le lien social dans les villes. Cependant, les membres de ces collectifs appartiennent généralement au même groupe social. Il existe donc une forme de sélection pour entrer dans le groupe. Quels sont les effets de ces jardins partagés dans les villes contemporaines ? À quelles fonctions sociales répondent-ils ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 21
EAN13 9782140055102
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Léa Mestdagh
Jardiner entre soi
L O G I Q U E S S O C I A L E S
Jardiner entre soi
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Marjorie LELUBRE,Le prix de l’insertion, Accompagner vers le logement comme solution au sans-abrisme ?,2017. Didier CORNUEL,Marché du logement et aides publiques, 2017. Christophe GUIBERT et Benjamin TAUNAY (dir.), Tourisme et sciences sociales,Postures de recherches, ancrages disciplinaireset épistémologiques,2017. Sandrine GAYMARD et Teodor TIPLICA (dir.),Sécurité routière : états des lieux et initiatives dans le monde, 2017. Dorina COSTE,Une école de management à l’épreuve des cours d’art, 2017. Nicolas BOURGOIN,Surveiller et punir. L’ère de la pénalité prédictive, 2017. Florence DOUGUET et Thierry FILLAUT,Grossesse et alcool. Représentations et appropriations d’une priorité de santé, 2017. Claude GIRAUD,L’ordre social, 2017. Corinne COVEZ,Le cirque, une école du vivre.Pratique artistique : une éducation de la relation à soi, aux autres et au monde,2017.Delphine RIVIER,L'analyse de pratiques professionnelles en institut de formation en soins infirmiers,Expression de la singularité des cadres de santé formateurs,2017. Suzie GUTH,Les gangs de jeunes Italo-Américains, 2017. Aurélie DAMAMME, Helena HIRATA, Pascale MOLINIER,Le travail entre public, privé et intime. Comparaisons et enjeux internationaux du care, 2017. Maxence LAMOUREUX,Les cinéastes animaliers, Enquête dans les coulisses du film animalier en France,2017.
Léa Mestdagh Jardiner entre soi
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-13509-0 EAN : 9782343135090
Remerciements Je tiens à remercier celles et ceux qui, par leur générosité et leur intérêt, m’ont permis de mener à bien la rédaction de cet ouvrage. Pour ses relectures et ses conseils toujours pertinents ainsi que pour son précieux soutien, je remercie chaleureusement Bruno Péquignot. Merci également à Françoise Dubost, Séverine Gojard et Jacques Leenhardt dont les questions et remarques formulées lors de ma soutenance de thèse ont nourri cette publication. Ce travail n’aurait pu être mené sans la collaboration des enquêté.e.s jardinier.e.s. Je les remercie de m’avoir accueillie parmi eux.elles et de m’avoir parlé de leurs pratiques du et au jardin partagé. Merci à mes collègues universitaires qui m’ont accompagnée durant l’élaboration de ce travail, en particulier les membres du Cerlis et l’équipe de l’IUT GEA de l’université de Rennes 1. Merci également aux étudiant.e.s que j’ai eu la chance d’encadrer et dont les questions et réflexions ont nourri mon travail et, je l’espère, contribué à le rendre meilleur. Je remercie vivement mes parents qui m’ont donné il y a longtemps le goût des études et de la lecture et ont effectué chacun.e une relecture attentive de mon manuscrit. Je remercie aussi celles et ceux dont la présence et l’amitié (ainsi que la patience !) m’ont encouragée dans ce travail, en particulier Camille, Ella, Enrico, Florence, Hakim, Laura C, Laura G, Marie E, Marie LG, Matthieu, Mulot et Naomi. Un remerciement spécial relecture à Anne, Cynthia, Emmanuelle, Fred, Hubert, José, Julien, Kevin, Lana, Lucie, Marie F, Marie S, Morgane, Oriane, Rose et Sébastien. Enfin, un remerciement « solaire » à Thomas dont le soutien indéfectible et l’enthousiasme communicatif m’ont portée à tous les moments de cette recherche.
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Introduction
« Parallèlement au groupe à cimenter et à reconstruire sans cesse, la fabrication de l’entre-soi apparaît aussi comme une entreprise de définition de la place des autres, 1 et de qui sont les autres. » Ces propos de Sylvie Tissot mettent en exergue la question de l’altérité, déterminante dans l’élaboration de ce travail de recherche. C’est en effet l’absence d’« autre » au sein des jardins partagés qui conduit l’interrogation au cœur de cet ouvrage. Il y sera question de jardinage urbain collectif, c’est-à-dire du fait d’investir collectivement, sous un régime associatif, un espace vacant du tissu urbain afin de le cultiver et de l’entretenir. Je me suis plus précisément intéressée au jardin partagé, un modèle particulier de cette activité, largement plébiscité pour son rôle dans le renforcement de la cohésion sociale. Le fil conducteur de ce travail est l’analyse du décalage entre les discours présentant les jardins partagés comme des lieux de « création de lien social » et les pratiques révélant des collectifs homogènes et fermés vis-à-vis de l’extérieur. Lors de ma toute première visite dans un jardin partagé, j'ai été frappée par la ressemblance entre ses membres, qui tranchait avec tout ce que j'avais pu lire ou entendre à propos de ces collectifs, synonymes de « création de lien social » et de « cohésion de quartier ». C’est en premier lieu le manque de diversité ethno-raciale de l'équipe qui m’apparut flagrant. Les personnes que je rencontrais lors de cette visite étaient aussi toutes de la même génération et presque toutes des femmes. De plus, ma première
1 TISSOT Sylvie, « Entre soi et les autres »,in., Actes de la recherche en sciences sociales n°204Les espaces de l’entre-soi, Paris, Le Seuil, 2014, p. 8.
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impression me faisait percevoir dans les habitus de ces jardinier.e.s, la marque d'un positionnement élevé dans la hiérarchie sociale alors même que je m'attendais à rencontrer des profils plus proches de la composition du quartier environnant, à savoir une majorité de catégories populaires. Enfin, les propos recueillis lors de cette première visite confirmaient la représentation communément admise de jardins partagés « créateurs de lien social ». Ces constats m’ont incitée à mettre à l'épreuve du terrain le décalage entre les discours relevés et les pratiques observées. Je me demandais en effet si des lieux fréquentés par des personnes apparemment très ressemblantes étaient susceptibles de favoriser l'émergence d'une cohésion sociale caractérisée par la rencontre avec une certaine altérité. De plus, la récurrence du terme et même de l’expression complète « création de lien social » dans les discours municipaux, associatifs et jardiniers semblait révélatrice d'un processus social à analyser. Dès lors, il s'est agi de déterminer si cette impression d'homogénéité du groupe était confirmée par des éléments objectifs, si elle se vérifiait dans d'autres jardins partagés que le premier visité et enfin si des liens pouvaient effectivement être créés au sein de ces associations qui paraissaient constituer des espaces d'entre-soi. Afin d’approfondir ces interrogations, j’ai choisi de combiner plusieurs méthodes d’enquête sociologique :-un questionnaire exploratoire adressé à l’ensemble des jardins urbains collectifs répertoriés – jardins familiaux (anciennement ouvriers) et jardins partagés - rempli par une personne au nom du groupe
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-un second questionnaire, individuel, adressé aux membres des jardins partagés ayant répondu au premier questionnaire -une observation participante, menée sur une durée d’un an et demi au sein d’un corpus de six jardins -une série d’entretiens conduits avec des membres des jardins partagés du corpus Le premier questionnaire a été adressé à tous les jardins familiaux (anciennement ouvriers) et partagés d’Île-de-France que j’ai pu répertorier. Il s’agissait de mettre à l’épreuve la pertinence d’une distinction entre ces deux modèles qui me semblaient partager des caractéristiques comparables : des terrains mis à disposition par le.la propriétaire, un fonctionnement associatif et un jardinage effectué sur le temps de loisir. Cette comparaison avait aussi pour objectif de dégager des pistes d’explication quant à l’homogénéité remarquée des collectifs de jardins partagés, très éloignés de la population des jardins familiaux, traditionnellement populaire. La liste des jardins à contacter a été établie en croisant plusieurs sources : la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs, l’association Graine de Jardins qui anime le réseau des jardins partagés et d’insertion d’Île-de-France et la Ville de Paris. J’ai également tenté de contacter directement plusieurs municipalités mais ai chaque fois été renvoyée vers la Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs pour les jardins familiaux, et vers les associations de jardinier.e.s pour les jardins partagés. J’ai répertorié 150 jardins, dont 106 désignés comme « jardin partagé », 36 comme « jardin familial » et 8 répondant à différentes appellations : « jardin pédagogique », « jardin bio », « réappropriation de friche »… Un premier biais de cette enquête consiste en la difficulté d’établir une liste exhaustive des jardins, induite par la
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