Jean-Benjamin de Laborde ou le bonheur d être fermier-général
410 pages
Français

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Jean-Benjamin de Laborde ou le bonheur d'être fermier-général , livre ebook

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Description

Entre la fin morose du règne de Louis XIV et les tumultes véhéments de la Révolution, la France traversa une longue période de calme intérieur qui paraît un moment heureux de son histoire, même si le bonheur ne fut pas également attribué à chacun. Parmi ceux qui profitèrent le plus des bonheurs de la vie, les Fermiers généraux sont devenus un mythe de cette époque. Un mythe, car ils demeurent peu connus. Mathieu Couty retrace ici le destin particulier de l'un d'entre eux, Jean-Benjamin de Laborde. Premier valet de chambre du roi avant d'être fermier, il se piqua d'être un amateur selon les goûts de son milieu, voyageant, composant chansons, divertissements, opéras, animant un théâtre privé plutôt polisson, fabriquant de la porcelaine, éditant des guides illustrés, un traité de musique, des romans historiques. Son train, ses entreprises, sa passion du jeu dépassaient largement ses revenus, aussi vécut-il toujours d'expédients. Il cousinait avec la Pompadour, fut le beau-frère du comte d'Angiviller, directeur des bâtiments du roi, et l'amant en titre de la Guimard, célèbre danseuse de l'Opéra. Son chemin croisa ceux de Rameau, Louis XV, Louis XVI, la du Barry, Soubise, Voltaire, Beaumarchais, Denon, Cagliostro, Talleyrand, et de beaucoup d'autres encore, et aussi hélas celui du procureur Fouquier. Cruelle fin pour un homme heureux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 61
EAN13 9782876234925
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0121€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JEAN-BENJAMIN DELABORDE ou le bonheur d’être fermier-général
Mathieu Couty
JEAN-BENJAMIN DE LABORDE OU LE BONHEUR DÊTRE FERMIER-GÉNÉRAL
MICHEL DEMAULE
LDES MONDESE TEMPS collection dirigée par Yves Lemoine
DU MÊME AUTEUR
La Vie aux Tuileries pendant la Révolution, Tallandier, 1988. Dans le catalogue de l’exposition : e Les Tuileries auXVIIIsiècle: « Le Château de 1789 à 1799 », Délégation à l’Action artistique de la Ville de Paris, 1990. Le Château de Chaumot au temps de Xavier de Saxe, Amis du Vieux-Villeneuve, 1996. Vivant Denon, Voyage au royaume de Naples, Introduction, mise au point du texte et notes, Perrin, 1997.
Illustration de couverture : Le déjeuné de FerneyDenonde Vivant , dessin d’après nature à Ferney le 4 juillet 1775, gravé par Née (collection particulière) Conception graphique : LES3TSTUDIO
© ÉditionsTUM2001/Michel de Maule,
À Renée, à Marianne, à Hugues
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INTRODUCTION
Entre la fin morose du règne de Louis XIV et les tumultes e véhéments de la Révolution, la France traversa auXVIIIsiècle une longue période calme qui donne l’impression d’avoir été un moment heureux de son histoire, même si le bonheur n’y fut pas également réparti entre tous (la suite allait bien le montrer). Parmi ceux qui profitèrent le plus des bonheurs de la vie, les Fermiers généraux sont devenus un mythe de cette époque. Un mythe, car ils demeurent assez peu connus. Leurs noms parsèment les correspondances, les souvenirs et les nouvelles à la main ; l’on cite fréquemment des traits de celui-ci ou celui-là, les agapes de Grimod de La Reynière, le laboratoire de Lavoisier, les concerts de La Pouplinière (et la plaque d’âtre pivotante du boudoir de sa femme…), mais la personnalité de la plupart des Fermiers généraux demeure ignorée, leurs biographies sont rares. Tous ne furent pas fastueux ou extravagants, tous ne mou-rurent pas dans la splendeur ou la misère, comme on l’ima-gine volontiers ; la plupart se retirèrent avec une certaine fortune, pour profiter tranquillement de la vie, cédant leur
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charge à un fils ou à un neveu ; les derniers d’entre eux connurent une fin tragique. C’est le destin particulier d’un Fermier général que cette étude a recherché, d’un person-nage qui affirmait lui-même dans ses ultimes années : « Je suis un des plus heureux hommes qui aient existé. » Il s’ap-1 pelait Jean-Benjamin de Laborde .
En arrivant de sa province vers la fin du règne de Louis XIV, Jean-François de Laborde (le père de Jean-Benjamin) n’ignorait pas qu’il devait s’agréger à une famille pour réus-sir ; les charges de la Cour, de l’État, de l’armée, même celles de l’Église se transmettaient selon les alliances et les suc-cessions. Il épousa donc une veuve déjà mère de trois enfants, mais proche d’un directeur de la Ferme générale, et devint Fermier en 1739. Cinquante ans plus tard Jean-Benjamin, beau-frère de Fermiers et Fermier lui-même après bien des vicissitudes, obtiendra du roi l’assurance écri-te que son fils le sera à sa suite. La carrière des Laborde dans la finance offre ainsi un beau modèle de continuité et de réussite familiale.
Jean-François de Laborde avait eu une vie discrète ; il avait économisé, placé de l’argent, sans que les mémoires et les correspondances mentionnent son nom. Jean-Benjamin tra-versa la seconde moitié du siècle avec beaucoup plus d’os-tentation. Les deux existences qu’il mena successivement, l’une dissipée, l’autre en apparence rangée, font de lui un spécimen exemplaire de cette époque à la fois légère et moralisatrice. Sesétatsofficiels illustrent le véritable négoce des fonctions publiques qui se pratiquait alors, ses activités privées reflètent les modes tantôt frivoles et tantôt sérieuses d’une société adonnée aux plaisirs, aux arts, aux lettres, aux sciences et aux techniques. Sa façon de subsister dévoile l’envers de ce monde agréable ; elle montre presqu’au jour
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le jour comment tant de prodigues obtenaient charges, ser-vices ouespèces sonnantesen échange de rentes et d’obli-gations, dont le cumul dévorait leur revenu, puis leur patri-moine et les conduisait souvent à la banqueroute. Son carac-tère enfin réunit de nombreux traits de son milieu : Jean-Benjamin fut un personnage cultivé, artiste, gourmand, jouis-seur ; cordial et serviable, jovial et bavard ; d’abord amuseur, puis studieux et désormais professoral ; important, très glo-rieux, très sûr de lui, volontiers querelleur ; entreprenant, enthousiaste, trop pressé, mêlant innovation et conformis-me, calcul et négligence, candeur et filouterie, sensibilité et indifférence ; au total un excellent homme pétri de contra-dictions, esclave hélas d’un vice destructeur : le jeu.
Comme beaucoup d’autres, il n’aurait pas subsisté long-temps sans lesbontésdu roi. Elles renforçaient son insou-ciance, sa confiance en l’avenir, où l’on reconnaît l’optimis-me du temps des Lumières, quand la raison et le progrès allaient répandre le bonheur. Cette utopie permettait beau-coup d’égoïsmes ; la Révolution emportera Jean-Benjamin, sa société et le régime qui la nourrissait.
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