L adolescence scarifiée
130 pages
Français

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Description

Souvent improprement assimilées à des automutilations, les scarifications consistent en des incisions et des lésions cutanées délibérément infligées qui laissent des cicatrices plus ou moins durables. Longtemps considérées comme des conduites marginales, ces lésions cutanées dont la fréquence est en augmentation constante au sein de la population adolescente constituent, au même titre que la fugue ou l'alcoolisation massive, des conduites de rupture associées au risque suicidaire accru qu'il convient d'appréhender au mieux.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 148
EAN13 9782336251080
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
L’œuvre et la psyché Page de titre Page de Copyright Dedicace Remerciements Avant-propos Introduction Chapitre I - Coupures à l’adolescence Chapitre II - Les lésions cutanées auto-infligées Chapitre III - Un langage de l’indicible Chapitre IV - Approches thérapeutiques Conclusion BIBLIOGRAPHIE
L’œuvre et la psyché
Collection dirigée par Alain Brun

L’œuvre et la psyché accueille la recherche d’un spécialiste (psychanalyste, philosophe, sémiologue...) qui jette sur l’art et l’œuvre un regard oblique. Il y révèle ainsi la place active de la Psyché.
Michel MAURILLE, Freud et le Moïse de Michel-Ange , 2008. Jean-Pierre BRUNEAU, L’artiste et ses rencontres. Une lecture lacanienne, 2008.
Mariane PERRUCHE, J.-B. PONTALIS. Une œuvre , trois rencontres : Sartre, Lacan, Perec , 2008.
C. DESPRATS-PEQUIGNOT et C. MASSON (Sous la dir.), Métamorphoses contemporaines : enjeux psychiques de la création , 2008.
Philippe WILLEMART, Critique génétique : pratiques et théories, 2007.
Roseline HURION, Petites histoires de la pensée, 2006. Michel DAVID, Amélie Nothomb, le symptôme graphomane, 2006.
Jean LE GUENNEC, La grande affaire du Petit Chose, 2006. Manuel DOS SANTOS JORGE, Fernando PESSOA, être pluriel. Les hétéronymes, 2005.
Luc-Christophe GUILLERM, Jules Verne et la Psyché , 2005 Michel DAVID, Le ravissement de Marguerite Duras, 2005. Orlando CRUXÊN, Léonard de Vinci avec le Caravage. Hommage à la sublimation et à la création, 2005.
Monique SASSIER, Ordres et désordres des sens. Entre langue et discours, 2004.
Maïté MONCHAL, Homotextualité : Création et sexualité chez Jean Coteau, 2004.
Kostas NASSIKAS (sous la dir.), Le trauma entre création et destruction, 2004.
Soraya TLATLI, La folie lyrique : Essai sur le surréalisme et la psychiatrie, 2004.
Candice VETROFF-MULLER, Robert Schumann : l’homme (étude psychanalytique) , 2003
CRESPO Luis Fernando, Identification projective dans les psychoses, 2003.
L'adolescence scarifiée

Mickaël Brun
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan l@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296075313
EAN : 9782296075313
à Françoise, Elaine, Laetitia
Nous tenons à remercier l’ensemble de l’équipe de l’Unité Médico-Psychologique de l’Adolescent et du Jeune Adulte du Centre Jean Abadie, ainsi que les patients qui ont participé à l’élaboration de ce travail. Michaël Brun tient à remercier son père de nous avoir aidé à faire aboutir ce projet.
Avant-propos
Au cours de la dernière décennie, deux troubles des conduites apparaissent étrangement fréquents chez les adolescents des pays occidentaux, en particulier les jeunes filles âgées de 13 à 17 ans : les scarifications (le plus souvent effectuées au poignet ou à l’avant-bras) et les crises de boulimie suivies de vomissements provoqués. Nouvelles expressions déchirantes du malaise des jeunes dans notre société, ces troubles peuvent bien sûr être appréhendés avec les outils de lecture psychopathologique hérités de Freud et de ses successeurs. Une telle approche demeure évidemment pertinente. Elle serait toutefois incomplète si elle ne prenait pas appui sur une observation clinique approfondie de ces troubles, tant il est vrai que toute production symptomatique livre à travers sa forme une partie de son contenu — et donc de sa finalité et de sa fonction. Il est à cet égard étonnant de constater que l’abondance de la littérature psychiatrique anglo-saxonne à propos de ce que nos confrères étrangers nomment self-harm ou self-cutting s’en tient pour l’essentiel à l’épidémiologie de ces conduites, sans entreprendre une tentative de compréhension de leur sens. L’approche clinique est également peu développée dans les publications de langue française, même lorsque le point de vue psychodynamique y est riche et fourni, beaucoup d’auteurs interprétant avant tout les attaques du corps comme des actes anti-pensée.

Se scarifier, c’est au sens clinique se couper intentionnellement, c’est-à-dire étymologiquement « se porter un (mauvais) coup » - en l’occurrence se blesser en s’entamant la peau. Mais à l’instar de ses déclinaisons ethnographiques, la scarification est aussi une évacuation, un soulagement recherché en même temps qu’une inscription sur soi où l’incision marque une interruption, une césure, une séparation dont le sujet veut garder la trace, et parfois même exposer le stigmate d’une torture mêlant en une même peau le bourreau et sa victime.

Dans quels contextes ces conduites d’attaques corporelles s’expriment-elles et quelles en sont les modalités détaillées ? Qu’en disent ceux et celles qui se les infligent ? Quels rapports ont-elles avec d’autres formes de rupture, à commencer par ces conduites amenant les adolescents boulimiques à se rendre malades en se gavant de nourriture avant de se faire vomir ? Que signifient ces attaques de la peau (scarifications, brûlures, abrasions) présentées par ceux qui se les infligent comme incoercibles ou, au contraire, revendiquées comme d’efficaces modes de soulagement ? Comment les prévenir et amener leurs jeunes « acteurs » à s’exprimer et à s’apaiser autrement ? Quel type de prise en charge doit-on leur proposer ? Ce sont ces différentes questions que nous avons voulu étudier à partir de notre expérience de cliniciens du Centre Jean Abadie (CHU de Bordeaux).
Introduction
Paradoxe d’une société qui veut surprotéger les individus qui la composent - et tout spécialement les plus jeunes -, il est singulier de constater que les deux premières causes de mortalité chez les adolescents sont des morts violentes qualifiées d’« évitables » par les responsables de Santé publique : les accidents de la route et les suicides. En France, chez les 15-24 ans, la sinistre moyenne nationale est, en l’occurrence, d’une trentaine de morts par semaine sur la route, et de deux voire trois suicides par jour. Et si les accidents de la circulation ne relèvent évidemment pas tous de prises de risque délibérées, les suicides engagent eux, par définition, l’intentionnalité, du moins dans l’idée de recherche d’un but, de leurs auteurs. On modérera l’aspect catastrophique d’un tel constat en précisant que si ces causes de décès figurent en tête des statistiques, c’est aussi parce que les progrès de la médecine et de l’hygiène ont considérablement réduit la mortalité infanto-juvénile liée aux maladies. Mais il n’en demeure pas moins que le phénomène mérite d’être souligné, car dans la même tranche d’âge les troubles des conduites se manifestant par des violences auto-infligées concernent environ un adolescent sur sept.
Force est ainsi d’admettre que notre société pacifiée — qui prétend éradiquer toutes les formes de violence — voit paradoxalement croître le nombre d’adolescents qui la retournent contre eux-mêmes, notamment à travers les tentatives de suicide (quarante mille tentatives de suicide par an, en France, chez les moins de 25 ans) et les blessures auto-infligées non reconnues par leurs auteurs comme suicidaires. Ces dernières sont en constante augmentation depuis une dizaine d’années, notamment sous la forme de ce que l’on appelle abusivement des automutilations et qui sont le plus souvent des scarifications. Étrange et inquiétant phénomène de « rupture cutanée » qui fait écho à d’autres formes de déchirure, elles aussi en augmentation, celles en particulier liées à la prise rapide et massive d’alcool ( binge-drinking ), de cannabis ou d’autres substances psychoactives.
Comment comprendre une telle évolution ? Les symptômes évoluent avec les mentalités et les modes de vie qui sont eux-mêmes étroitement liés aux progrès des sciences et des techniques. L’histoire de l’évolution du trouble hystérique depuis la fin du XIXe siècle en est une illustration connue, de même que celle du délire psychotique avec l’avènement des neuroleptiques. Cette forme qui change laisse croire à l’émergence de nouvelles pathologies, alors qu’il s’agit le plus souvent de nouvelles modalités d’expression de la souffrance liées à la transformation des supports identificatoires dans le champ social. Chez les adolescents, on observe ainsi que les vomissements délib

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