L évaluation des pratiques dans le champ de la protection de l enfance
149 pages
Français

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L'évaluation des pratiques dans le champ de la protection de l'enfance , livre ebook

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Description

La question de l'évaluation dans les pratiques professionnelles du secteur social et médico-social est devenue incontournable avec la promulgation de la loi de janvier 2002 sur les institutions sociales et médico-sociales. Ce livre rassemble diverses contributions qui ont toutes en commun de s'efforcer de proposer une approche ouverte des questions que pose l'évaluation dans le secteur de la protection de l'enfance.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 143
EAN13 9782336267548
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Savoir et formation
Collection dirigée par Jacky Beillerot (1939-2004) Michel Gault et Dominique Fablet
Protection de l’enfance
Série dirigée par Paul Durning

Politique publique en direction des enfants en danger, maltraités ou susceptibles de l’être, la protection de l’enfance constitue un ensemble de textes législatifs, de dispositifs et de pratiques en direction des enfants en difficultés et de leurs familles.
Cette série regroupe les travaux, de plus en plus nombreux, qui contribuent au renouvellement de ce domaine. Elle accueille des analyses historiques et politiques mais aussi des travaux centrés sur les actions conduites en direction des enfants ou des parents, du soutien à la parentalité à la suppléance familiale . Dans un champ en évolutions fortes et pour parties contradictoires, cette série veut faire connaître les approches innovantes, les analyses critiques et les enjeux politiques majeurs inhérents à la volonté de protéger les enfants et adolescents, sinon de se protéger d’eux.
Déjà parus
Gérald BOUTIN, Paul DURNING, Enfants maltraités ou en danger. L’apport des pratiques socio-éducatives, 2008.
L'évaluation des pratiques dans le champ de la protection de l'enfance

Michel Boutanquoi
Des mêmes auteurs
Boutanquoi M. (2001), Travail social et pratiques de la relation d’aide, Paris, L’Harmattan.
Minary. J.-P., (1992), Modèles systémiques et psychologie , Bruxelles, Mardaga.
Minary J.-P. (dir.) (1998), Travail social et dimension inter-culturelle. L’accueil de Yacine, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté.
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
9782296057135
EAN : 9782296057135
Sommaire
Page de titre Des mêmes auteurs Page de Copyright Introduction 1 - Pratiques professionnelles en protection de l’enfance et problématique de l’évaluation 2 - Repères pour l’évaluation des pratiques professionnelles 3 - La question épineuse de l’évaluation des programmes d’éducation parentale : vers un modèle intégré 4 - L’objet de l’entretien d’évaluation dans le cadre de l’Action éducative d’aide à domicile (Aead) 5 - La participation des acteurs à l’évaluation de leurs pratiques 6 - L’évaluation au cœur des pratiques : l’expérience de l’IOE 7 - Professionnalisation des personnels éducatifs et démarche d’évaluation : l’exemple de l’entretien « ELP » 8 - Les logiques d’évaluation d’un dispositif de soins pour mineurs auteurs d’agressions sexuelles Références bibliographiques
Introduction
La question de l’évaluation dans les pratiques professionnelles du secteur social et médico-social est devenue incontournable avec la promulgation de la loi de janvier 2002 sur les institutions sociales et médico-sociales. Presque toutes les contributions ici réunies ne manquent pas d’y faire référence. Pourtant, se focaliser excessivement sur la nouvelle législation risquerait de masquer qu’il ne s’agit pas d’une question nouvelle. Nombreux sont d’ailleurs ceux à avoir récemment rappelé une telle évidence ; parmi eux, par exemple Bouquet, Jaeger et Sainsaulieu (2006) et Chauvière (2007).
Sans prétendre à l’exhaustivité, ni chercher à remonter dans les profondeurs du passé, on peut citer quelques textes permettant de montrer que les interrogations sur la pertinence d’une évaluation des pratiques du travail social ne sont pas nées avec le présent siècle.
Ainsi, en 1992, un rapport du Conseil supérieur du travail social 1 (CSTS) rappelait que « depuis quelques années, dans le secteur social, on parle beaucoup d’évaluation, comme s’il s’agissait d’une notion récente ». Les auteurs ne manquaient pas déjà de différencier l’évaluation et le contrôle en insistant sur le caractère dynamique de la première : « Dans l’évaluation, écrivaient-ils, les informations obtenues servent aux acteurs à préparer des actions nouvelles ou renouvelées, après avoir pris conscience des difficultés, des contradictions, des imperfections de l’action et en avoir débattu après les avoir analysées ».
En 1994, Boutin et Durning soulignaient pour leur part la nécessité de l’évaluation des effets des prises en charge en s’appuyant sur le travail de Mc Cord ; cet auteur avait montré comment une intervention menée auprès de jeunes d’un quartier défavorisé de Boston avait eu paradoxalement des effets négatifs, les bénéficiaires du programme s’en sortant moins bien que les autres. D’où cette remarque de Boutin et Durning selon laquelle « les travailleurs sociaux, s’ils ne doutent pas qu’une intervention puisse être sans effet à moyen terme, imaginent rarement qu’elle puisse nuire à ceux que l’on a voulu aider » (p. 151).
L’évaluation ne va pas sans poser des difficultés. À ce propos, l’analyse que proposent en 1996 Gaulejac, Bonetti et Fraisse (reprise d’une première édition datée de 1989) garde aujourd’hui encore la même pertinence : « Les résultats d’une action, écrivaient-ils, sont rarement transparents, leur signification est souvent multiple, voire contradictoire... La signification des résultats de l’action dépend du point de vue que l’on adopte, elle implique une interprétation qui est fonction des modèles de référence que l’on utilise » (p. 151).
S’il n’est guère utile de multiplier les exemples, il importe de souligner que les lois de 2002 ont, d’une certaine manière, transformé ce qui était déjà une nécessité en une obligation.
D’aucuns ont vu, dans cette option nouvelle d’une évaluation contrainte, la conséquence des résistances des professionnels à évaluer leurs activités et leur travail. Pourtant, s’il est vrai que la culture de l’évaluation fait largement encore défaut dans notre pays, il convient aussi de rappeler que, dans nombre de cas, l’attitude de réticence ou d’opposition des professionnels face à l’évaluation tient en grande partie à autre chose. Les enjeux de telles pratiques évaluatives restent à leurs yeux trop peu lisibles ; leur réticence ou leur opposition s’expliquent davantage par leurs craintes, par leur vigilance critique, quant à leurs conséquences et enjeux à moyen terme que par un positionnement de refus radical.
D’autres voient dans ces mêmes lois le reflet du processus de marchandisation du secteur social, ou plus précisément, pour reprendre l’expression de Chauvière, de « chalandisation » : la relation d’aide tend de plus en plus à se transformer insidieusement en relation (voire en prestation) de service, soumise aux règles du marché et à ses exigences, avec maîtres mots, ceux d’efficacité, de performance et de rentabilité.
En ce sens, on peut aussi percevoir dans cette pression évaluative le triomphe de l’imaginaire du management et de sa référence à la techno-science-économie. Comme l’énonce Legendre, elle met « met fin aux savoirs sauvages, elle abolit les mythes, elle promeut la gestion. Elle accomplit l’incroyable, la grande idée de la Raison rationnelle et omnipotente » (2007 p. 29).
Avec la profusion de référentiels, avec la promotion des démarches qualités, avec la figure de l’usager tout à la fois installé dans ses droits et promu au rang d’étalon de la satisfaction, tout à la fois consommateur et prétexte, l’évaluation tend à se réduire à une simple mesure des écarts entre des activités ou des dispositifs et des normes de références : normes d’accueil, normes de fonctionnement des établissements et services, normes des besoins, normes des manières de faire, normes des résultats attendus, etc. Dans une telle perspective, sous prétexte de se préserver du flou et de dépasser l’indicible, on prend le risque de se débarrasser de la complexité des situations et des personnes. On prétend mesurer l’adéquation des réponses à un cahier des charges, et non plus d’apprécier et d’évaluer la portée, le sens et les enjeux de telle ou telle pratique, de tel ou tel dispositif de travail. Ainsi se trouve évacuée la complexité de ce qui justement résiste à une appréhension immédiate et illusoire de la transparence des relations humaines, de la subjectivité humaine, celle qui se d

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