L Inde qu il ne faut pas voir
175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'Inde qu'il ne faut pas voir , livre ebook

-

175 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

"Les splendeurs et les magnificences que j'ai pu admirer en Inde n'ont pas réussi à me faire oublier les contingents de démunis que mon chemin a croisés. (...) Ce pays n'est-il pas en passe de devenir la troisième puissance économique mondiale ?" Cet ouvrage présente un réquisitoire indigné qui alimente une analyse portant non seulement sur les institutions indiennes, mais aussi sur le rôle de l'Occident, de la colonisation et de la mondialisation dont elles sont étroitement tributaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296484474
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56830-3
EAN : 9782296568303
L’INDE QU’IL NE FAUT PAS VOIR
Points sur l’Asie
Collection dirigée par Philippe Delalande
Dernières parutions
Tierry GUTHMANN, Précis de politique japonaise, 2011.
Yvonne CAPDEVILLE, Dominique LEVESQUE, La Faculté des Sciences d’Orsay et le Vietnam. De la solidarité militante à la coopération universitaire (1967-2010), 2011.
Antoine MALINAS, La lutte des sans-abri au japon , 2011.
Claude Helper, La Dénucléarisation de la Corée du Nord et la Succession de KIM Jong-il, dans le contexte géopolitique et de sécurité en Asie-Pacifique , 2010
Mathieu BARATIER, Les Chinois aujourd’hui , 2010
Carla DI MARTINO, Le Pakistan, islam et modernité. Le projet de Benazir Bhutto , 2010.
Vincent GREBY, Le nouveau Népal. Le pari d’une utopie , 2010.
Raoul Marc JENNAR, Trente ans depuis Pol Pot. Le Cambodge de 1979 à 2009 , 2010.
Thierry GUTHMANN, Shintô et politique dans le Japon contemporain , 2010.
Raphaël GUTMANN, Entre castes et classes. Les communistes indiens face à la politisation des basses castes , 2010.
Changxing ZHAO, L’enseignement non gouvernemental en Chine , 2009.
Lionel BAIXAS, Lucie DEJOUHANET, Pierre-Yves TROUILLET, Conflit et rapports sociaux en Asie du Sud , 2009.
Maja A. NAZARUK, La prostitution en Asie du Sud-Est , 2009.
Anne BUISSON, Alphabétisation et éducation en Inde , 2009.
Jean-Pierre CABESTAN et Tanguy LE PESANT, L’esprit de défense de Taiwan face à la Chine , 2009.
Chloé SZULZINGER, Les Femmes dans l’immigration vietnamienne en France de 1950 à nos jours , 2009.
Marc DELPLANQUE, Le Japon résigné , 2009.
Alain LAMBALLE, L’eau en Asie du Sud : confrontation ou coopération ? , 2009.
Stephen DUSO-BAUDUIN, Sociostratégie de la Chine : dragon , panda ou qilin ? , 2009.
Jean-Michel Auxiètre
L’INDE QU’IL NE FAUT PAS VOIR
essai
L’Harmattan
Du même auteur

De Creuse à Paris à pied (Verso, 1990)
Des marcheurs au bout de leur rêve (Mairie La Riche, 1990)
Jacques Lanzmann ou le sens de la marche
(Thèse de Doctorat en Lettres Modernes, Tours, 1994)
Par monts et par maux (L’Harmattan, 2000)
Tsomo, l’exilée tibétaine (L’Harmattan, 2010)
La Route des copains (Publibook, 2011)
L’aristocrate et le brayaud (Mon Petit Editeur, 2011)
AVANT-PROPOS
Les splendeurs et les magnificences que j’ai pu admirer en Inde – il y en a de fort nombreuses – n’ont pas réussi à me faire oublier les contingents de démunis que mon chemin a croisés. C’est à eux que sont consacrées les quelques pages qui vont suivre. Je sais que l’on me reprochera un tel choix, et j’entends déjà des voix s’élever pour dénoncer une littérature de bas étage et une complaisance à décrire la misère. On ne manquera pas d’ajouter que ces sombres tableaux ne reflètent qu’une image partielle et orientée de l’Inde. Ce pays n’est-il pas en passe de devenir la troisième puissance économique mondiale ? Tout cela est juste et cependant, ces voix me font frémir. Non parce qu’elles rabaissent mes propos à des constats éculés, entachés de parti pris. La misère, c’est vrai, on l’a beaucoup chantée depuis Zola, et rien n’est vraiment nouveau sous le soleil. Non, ce qui me heurte surtout, c’est la façon qu’ont les grands de ce monde d’esquiver les situations et les personnes dérangeantes, de faire comme si elles n’existaient pas. En Inde, bien sûr, il y a aussi le bonheur, les industries florissantes, la richesse, l’opulence. J’en parle d’ailleurs au cours de cet essai, mais à titre comparatif, car je n’ai pas le cœur d’en vanter les mérites. Aux côtés de la prospérité indienne et de ses retombées dorées végètent en effet des milliers de laissés-pour-compte que les tenants du pouvoir et de la haute finance ignorent délibérément. Et c’est pourquoi je m’attache à montrer l’Inde qu’il ne faut pas voir…
Jean-Michel Auxiètre
1. UNE VÉRITÉ AMÈRE
Ce que l’élite indienne découvre aujourd’hui sur les décombres des restaurants de luxe est une vérité amère que des millions d’Indiens normaux sont forcés d’avaler chaque jour. Enfants qui meurent de malnutrition, fermiers qui se suicident, dalits (intouchables) violés et massacrés, tribus chassées de leurs habitats centenaires, paysans dépouillés de leurs terres au profit d’usines automobiles, minorités poussées à la paranoïa. Tous ceux-là, et bien d’autres, savent que quelque chose de grave se passe. Le système ne fonctionne pas, le système est cruel, le système est injuste, le système n’existe que pour servir ceux qui le dirigent. Il est crucial que nous, l’élite, comprenions que la majorité d’entre nous est complice du système. En fait, plus nous possédons "argent et privilèges", plus nous sommes enclins à consolider un état injuste…
Comme toutes les élites, au cours des siècles, qui ont présidé au déclin de leurs sociétés, nous concentrons une trop grande part de notre énergie à posséder et à consommer, et trop peu à réfléchir et à décrypter. Incités par des médias évanescents, nous nous épuisons dans des transports passionnés pour des célébrités et des futilités, trop heureux de ne pas voir ce qui nous dérange. Depuis des années, il est évident que notre société est systématiquement minée par l’inégalité, la corruption, la bigoterie et le manque de justice. Les arguments du discours public sont devenus de plus en plus sources de division, en creusant les lignes de faille des castes, des langues, des religions, des classes sociales, des communautés et des régions. Elite de la société la plus complexe du monde, nous n’avons pas voulu voir que nous sommes pris dans l’engrenage d’une structure interdépendante, maillée de liens causals, où un mot déplacé en appelle un autre, où chaque événement horrible en provoque un autre. Où le malheur d’un homme finit par engendrer celui d’un autre…
La structure de l’Inde est complexe et délicate. Il est crucial pour l’élite de comprendre cette structure et le rôle qu’elle y joue. L’élite tient les leviers du capital, de l’influence et des privilèges. Elle peut réparer la structure. Elle a beaucoup à donner et doit donner avec générosité. Le peuple, qui a les mains vides et rien à donner, par frustration et colère ne peut que tout démolir. Et quand le volcan crache sa lave, riches et pauvres sont brûlés de même.
Que faire, alors ?… La première chose à faire est de regarder la vérité en face. Admettre que nous avons joliment bousillé le projet de la construction de la nation. Cinquante millions d’Indiens prospères ne font pas une grande Inde, surtout quand cinq cents millions peinent à survivre. Soixante ans après l’indépendance, on peut affirmer sans risque que les dirigeants politiques indiens et "l’élite de la nation" ont gravement laissé tomber les miséreux. Si on la regarde de près, l’Inde d’aujourd’hui est un hôtel navrant où les jeunes enfants meurent comme des mouches et où l’égalité des chances est un cruel mirage. Soyons sincères, nous ne sommes pas en crise parce que l’hôtel Taj a été ravagé. Nous sommes en crise parce que, six ans après le massacre de 2000 musulmans au Gujarat, il n’y a toujours pas un seul signe de justice.
C’est le deuxième point que l’élite doit absolument comprendre, après l’obscénité de l’inégalité. Le socle de toute société, depuis le commencement de l’humanité, repose sur la notion de justice. On ne peut pas allumer des bougies uniquement pour ceux de sa classe et de sa foi. Il faut se mobiliser pour tous les citoyens qui ont souffert. Et qu’on ne nous dise pas que nous avons besoin de lois nouvelles ! Nous avons besoin d’hommes pour appliquer celles qui existent. Aujourd’hui, toutes nos institutions et nos règles échouent. Nous les avons compromises dans leurs valeurs, leur vision, leur probité…
Extraits tirés de l’article "Loterie de la mort à Bombay" de Tarun J. Tejpal, écrivain et journaliste d’investigation au magazine indien "Tehelka".
(Traduit de l’anglais par Annick Le Goyat)
2. DELHI : PREMI

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents