La dette à l'origine du symptôme

Riadh Ben Rejeb

Description

Cet ouvrage regroupe des réflexions théoriques et cliniques tournant autour de la thématique de "la dette" sous les deux angles de la clinique psychanalytique et du fait social et religieux. La dette fonde les liens sociaux : donner, recevoir, rendre. Par son caractère permanent et circulaire, la dette serait la gardienne de la société humaine. C'est certainement pour cette raison que les religions en sont fortement marquées, la psychanalyse également.

Sujets

• Religion
• Psychanalyse
• Psychologie
• Psychiatrie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2007
• Nombre de lectures: 920
• EAN13: 9782336276328
• Langue: Français

Extrait

ⓒ L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] harmattan [e-mail]
9782296040038
EAN : 9782296040038
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur : Avant - propos La dette, un phénomène social
De la transmission à la dette. Que fut la dette ? Regard du philosophe Le sens de la dette La dette dans la tradition arabo-musulmane - Abderrazak AMMAR
Théorie et clinique de la dette
Au commencement était la dette Mythes et dettes La dette et « L’Homme aux rats» La dette, héritage et symptôme On doit un enfant... Un enfant est dû Le père et la dette de sépulture La dette en pédopsychiatrie Une valse à quatre temps La dette en psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent Le Livre de la dette De la dette à la traduction
Psychanalyse et Civilisations
La dette à l'origine du symptôme

Riadh Ben Rejeb
Du même auteur :
Migration, psychopathologie et psycholinguistique Tunis, Alif et la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, 1995.
Intelligence, test et culture. Le contexte tunisien Paris, L’Harmattan, 2001.
Les Echelles Différentielles d’Efficiences Intellectuelles ; version tunisienne adaptée (EDEI - A.). Préface de Roger Perron Tunis, Cogerh Sélection, 2003.
Psychopathologie transculturelle de l’enfant et de l’adolescent. Cliniques maghrébines Préface de Daniel Widlöcher Paris, In Press Editions, 2003
L’éthique en psychologie (sous la direction de) Tunis, Unité de recherche en Psychopathologie Clinique et la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, 2003.
Le destin en psychanalyse (sous la direction de) Paris, In Press Editions, 2005
Destin, discours et société (sous la direction de) Tunis, Centre des Publications Universitaires, 2006
Les pensées exprimées dans cet ouvrage n’engagent que leurs auteurs respectifs.
Avant - propos
Riadh BEN REJEB 1

Cet ouvrage regroupe des contributions au 3ème colloque international organisé par l’Unité de Recherche en Psychopathologie Clinique sur le thème « la dette».

La dette donne sens à la vie. Elle est la base de l’éthique et peut expliquer la logique - qui semble illogique parfois - du destin . Voilà un fil conducteur avec nos deux précédents colloques.

Pourquoi ce thème proposé par une Unité de Recherche en psychopathologie clinique ? Parce que des dettes, nous en avons tous. Par dette, nous n’entendons pas forcément, « dette économique ». L’humanité vit par rapport à des dettes de tous genres : historiques, linguistiques, morales, etc. Il nous suffit de parcourir les différentes régions de n’importe quel pays pour nous rendre compte du poids (héritage) linguistique de certains mots, des coutumes ancestrales : autant de preuves de l’existence de contacts, d’échanges et de continuités entre les cultures et les civilisations.

Sur le plan social et individuel, nous avons des dettes envers nos parents 2 , grands - parents, maîtres, professeurs, etc. Cette forme de dette n’est pas exclusivement dans le sens horizontal. On doit aussi à nos paires, à nos frères, à nos amis (mais aussi à nos ennemis), à nos collègues, etc.

Dans le langage courant, les expressions courantes : « payer la facture », « payer les pots cassés », « payer les frais », « il faut payer », « trouver son compte », « règlement de comptes », « rendre hommage », etc. véhiculent d’une part, l’idée de l’existence - reconnue ou pas - d’une dette, et d’autre part, de la nécessité de la payer d’une façon ou d’une autre. C’est d’ailleurs dans ce sens que traditionnellement, des actes sont interprétés en tant que faits propitiatoires. 3 Ce sont des événements qui doivent être considérés comme étant « mineurs » par rapport à ce qui était programme initialement.

Plusieurs questions nous intéressent à ce niveau : quelle est, historiquement, économiquement, mais aussi psychologiquement, la signification du prélèvement d’ une taxe , transformé en une obligation de payer les impôts ( T.Y.A.  : « taxe à la valeur ajoutée », vignette , timbre fiscal compris) ? N’est-ce pas la contribution imposée par l’Etat à ses citoyens pour leur faire payer ce qu’il leur rend en services publics, ce qui signe un état de dépendance continu ? Ces impôts, directs ou indirects, constituent un tribut à régler. 4 Dans le mot dette, il y a, étymologiquement, le sens du devoir. On y trouve également le mot débit (le Robert, 1973).

Il est également curieux de signaler qu’en langue française, un rapprochement phonétique au niveau de la lettre « D » regroupe les mots Don, Dot, Dette, Denier, Dîme, Débit, Dieu, Diable, Démon. Dette et divinité seraient associées. Mais l’on peut trouver également un rapprochement phonétique autour de la lettre « C » notamment autour des mots Credo, Croyance et Crédit. Dans tous les cas, il y a un mouvement autour des actions de donner et de prendre. C’est ce qui rajoute à la dette son sens spirituel et religieux. Dans le mot « religion », il y a bien l’action de « lier » et de « relier ».

D’un point de vue psychodynamique, il est intéressant de signaler qu’en élaborant son point de vue dit « économique », S. Freud n’ait pas utilisé une seule fois le mot « dette ». Il usait, cependant, de métaphores renvoyant à l’argent. Il nous suffit à ce niveau de nous référer à son point de vue dit économique : investissement, désinvestissement, contre-investissement, surinvestissement, etc. Son point de vue dit dynamique propose de parler notamment de mouvement de « transfert ».

Le mot « dette » est classiquement associé, dans l’œuvre de Freud, à sa célèbre analyse du cas de L’Homme aux rats , pas en tant que concept, mais en tant que symptôme chez ce malade écrasé sous le poids d’une dette plus imaginaire que réelle (Freud, 1909). Nous allons voir en fait, notamment à travers le texte intitulé Au commencement était la delle 5 , que bien avant ce cas célèbre, Freud vivait et raisonnait déjà par rapport au couple don/dette.

Sur le plan clinique, la dette prend plusieurs formes. Les plus célèbres étant la forme obsessionnelle telle qu’elle a été bien illustrée par Freud à travers le cas de L’Homme aux rats (1909). On peut également isoler une forme perverse illustrée notamment à travers les conduites de Sade (Mellor-Picaut, 1981 ; Ost, 2005), de Don Juan (Rank, 1932 ; Kofman et Masson, 1991 ; Dumoulié, 1993) et de Casanova (Maier, 2002). Sinon, la dette serait présente dans toutes les organisations de la personnalité, aussi bien normales que pathologiques.

D’un point de vue psychologique donc, nous avons tous, « un compte courant » sur lequel s’inscrivent nos différentes transactions composées de dons sous forme de service rendu. 6 Et de même que pour notre compte en banque, nous pouvons être à ce niveau aussi, soit créditeur soit débiteur. Ces axes seront repris pour être analysés dans les textes qui vont suivre. Il sera question de l’approche de la dette par rapport à différentes grilles de lecture et d’analyse : la philosophie, l’anthropologie, la culture arabo-musulmane, mais aussi et surtout par rapport à la théorie et à la clinique psychanalytique.

Bibliographie
Ben Rejeb R. (sous la direction de), L’éthique en psychologie , Tunis, Unité de recherche en Psychopathologie Clinique et la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, 2003.
Ben Rejeb R. (sous la direction de) Le destin en psychanalyse. Paris, ln Press Editions, 2005.
Ben Rejeb R. (sous la direction de) Destin, discours et société. Tunis, C.P.U., 2006.
Dumoulié C. Don Juan ou l’héroïsme du désir. Paris, PUF, 1993.
Freud S. (1909) « L’Homme aux rats ». Dans Cinq psychanalyses . Paris, PUF, 8ème éd., 1977, pp. 199-261.
Kofman S. et Masson, J. Y. Don Juan ou le refus de la dette. Paris, Galilée, 1991.
Maier C. Casanova ou la loi du désir. Paris, Imago, 2002.
Moilor-Picaut S. « Le corps savant et l’érotisme de tête ». Topique, 1981,27.
Ost F. Sade et la loi. Paris, Odile Jacob, 2005.
Rank O. (1932) Don.luan et le double . Paris, Payot, 1973.
Le Robert Dictionnaire de la langue. française. Paris, Le Robert, 1973.
La de