La folie d Artaud
180 pages
Français

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La folie d'Artaud , livre ebook

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180 pages
Français

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Description

Antonin Artaud a donné lieu à de nombreux commentaires et analyses comme acteur, metteur en scène du théâtre de la cruauté, poète. Interné pendant des années, il a déchaîné beaucoup de passions contre l'enfermement psychiatrique. Antonin Artaud fascinait à tel point qu'on l'a vu longtemps comme la victime expiatoire de la folie des autres et d'un monde qui sombre dans l'apocalypse. Ce livre tente d'approcher la nature de la folie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 132
EAN13 9782296800946
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Folie d’Artaud
Psychanalyse et Civilisations
Collection dirigée par Jean Nadal

L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation.
Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.

Dernières parutions

Harry STROEKEN, Rêves et rêveries , 2010
Madeleine GUIFFES, Lier, délier, la parole et l’écrit , 2010.
Prado de OLIVEIRA, Les meilleurs amis de la psychanalyse, 2010.
J.-L. SUDRES (dir.), Exclusions et art-thérapie , 2010.
Albert LE DORZE, Humanisme et psy : la rupture ? , 2010.
Édouard de PERROT, Cent milliards de neurones en quête d’auteur. Aux origines de la pensée , 2010.
Jean-Paul DESCOMBEY, Robert Schumann. Quand la musique œuvre contre la douleur. Une approche psychanalytique , 2010.
Serafino MALAGUERNA, L’Anorexie face au miroir. Le déclin de la fonction paternelle , 2010.
Larissa SOARES ORNELLAS FARIAS, La mélancolie au féminin. Les rapports mère-fille en lumière , 2009.
Alain LEFEVRE, Les lesbiennes, une bande de femmes. Réalité ou mythe ? , 2009.
Richard ABIBON, Les Toiles des rêves. Art, mythes et inconscient , 2009.
Jacy ARDITI-ALAZRAKI, Un certain savoir sur la psychose. Virginie Woolf, Herman Melville , Vincent van Gogh , 2009.
Esmat TORKGHASHGHAEI, L’univers apocalyptique des sectes. Une approche pluridisciplinaire , 2009.
Pascal HACHET, Le mensonge indispensable. Du trauma social au mythe , 2009.
Renaud de Portzamparc


La Folie d’Artaud
La référence (Quarto, 76) renvoie au
volume sur Antonin Artaud édité dans la collection « Quarto », suivi du
numéro de page ; celle où figure un numéro en chiffres romains
(XII, 47) renvoie aux tomes des
Œuvres complètes , édités chez Gallimard.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54168-9
EAN : 9782296541689

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Moi aussi j’espère le gravier céleste
Et la plage qui n’a plus de bords…

J’ai absence de météores,
Absence de soufflets enflammés…

Moi aussi je n’attends que le vent
Qu’il s’appelle amour ou misère,
Il ne pourra guère m’échouer
Que sur une plage d’ossements.

Antonin Artaud
Le survivant
Artaud dessine, écrit, lit, se promène dans les chemins montagneux, mène une vie d’oisiveté. L’été, ses parents l’emmènent, avec sa sœur, en villégiature à Bagnères-de-Bigorre ou Biarritz. Il est éteint, mutique, morose, mais parfois, quand son père le harcèle, il pique une colère violente de plusieurs heures qui les terrifie. Désespérant, il ne fait aucun progrès…, ça fait des années que ça dure, que faire de lui ? Ils sont à nouveau effondrés puis soulagés quand il repart en clinique où il retrouve une amie qui partage ses goûts littéraires. Il a 19, 20 ans, il est en maison de santé depuis plusieurs années, entouré de neurasthéniques et de jeunes femmes riches, désœuvrées, suicidaires, hystériques, caractérielles. Il n’a pas la préoccupation des garçons de son âge, entretient des relations intellectuelles avec les filles. Réformé en 1914, il ne partira pas sur le front comme les autres.
Il est donc malade, sujet à des crises nécessitant des injections régulières, diagnostiqué neurasthénique et même syphilitique. Une profonde crise existentielle a commencé juste avant le bac qu’il n’a pas pu passer.
Depuis quand est-il malade ?
On pourrait commencer par évoquer une maladie grave de l’enfance où l’on a craint pour sa vie, après le décès d’un enfant à la naissance quand il avait un an. Il contracte à l’âge de 4 ans et demi une méningite, survenue brusquement un soir où il se plaint de maux de tête et où il dit "voir double"… La mère était alors enceinte de jumeaux qui allaient décéder également. on a employé les grands moyens pour le traitement, puisque le père se procura une « machine qui produisait de l’électricité statique, transmise par des fils à des électrodes fixées sur la tête… » {1} , ce qui évoque la technique de faradisation utilisée dans les troubles neurologiques pour prévenir la survenue de convulsions. on passait sur le corps de l’enfant habillé une boule produisant de l’électricité et des étincelles… On pense inévitablement aux électrochocs qu’Artaud subira quarante ans plus tard… Cette méningite supposée plonge dans le désespoir la mère qui avait déjà perdu un enfant. Finalement, il guérit et fait figure de miraculé ; il sera l’objet d’une surprotection constante. Il garde des séquelles apparentes, devient nerveux, irritable, coléreux et il a un léger bégaiement et des tics faciaux. Le destin semble s’acharner sur la famille puisque deux autres enfants mourront après la mort des jumeaux : une petite sœur, Germaine, à l’âge de 7 mois suite aux mauvais traitements d’une bonne. Antonin avait alors 9 ans, et un autre enfant meurt à la naissance l’année suivante.
Au total, il reste trois survivants dans la fratrie : la sœur, Marie-Ange, née en 1899, et un frère, Fernand, né en 1907. Antonin, né en 1896, est l’aîné.
Tous ces décès n’étaient pas rares à l’époque, mais posent tout de même question. Il faut noter que les deux parents sont cousins germains, les deux grand-mères étant sœurs. Les décès à la naissance de nombreux enfants s’expliqueraient-ils par cette union consanguine ? Toujours est-il qu’une sorte de malédiction semble planer sur plusieurs générations, puisque la fratrie de la mère a été aussi touchée par de nombreux décès à la naissance.
La famille de la mère, du nom de Nalpas, est implantée en Turquie depuis plusieurs générations, au sein de la colonie française qui faisait le commerce des épices. C’est comme cela qu’elle a connu la famille Artaud car le grand-père d’Antonin, Marius-Pierre Artaud, était navigant sur le bateau qui allait chercher les épices au Levant.
Marius-Pierre Artaud et Louis Nalpas, grand-père maternel, ont découvert, un peu par hasard, que leurs femmes sont sœurs…, l’une Mariette Nalpas, l’autre Catherine Artaud, toutes deux nées Chilé, respectivement grands-mères maternelle et paternelle d’Antonin. (cf. tableau page suivante). Les parents d’Artaud se sont rencontrés, jeunes, au mariage de John Nalpas, fils de Louis et Mariette, avec Louise Artaud, fille de Marius-Pierre et Catherine. Les mariages entre cousins étaient une tradition.



Euphrasie Nalpas, mère d’Antonin, a passé son enfance à Smyrne (ancien nom d’Izmir), dans une ambiance catholique très fervente, parlait couramment le grec et l’italien. Elle est l’avant-dernière d’une fratrie de neuf enfants dont plusieurs sont morts en bas âge. Elle a fait du théâtre étant jeune et montre un grand talent de conteuse.
Antoine-Roi, le père, va donc chercher sa femme dans une terre lointaine mais épouse quelqu’un de son sang. Il prendra la suite de son père, Marius-Pierre, en faisant du commerce avec le Levant.
Catherine Chilé, meurt à Marseille du choléra en 1894. Elle reviendra très souvent dans les écrits d’Artaud.
L’autre grand-mère, Mariette Chilé, aura une relation très proche avec lui et meurt en 1911. Artaud l’appelle "Nénéka".
Les deuils familiaux rapprochent Antonin de cette grand-mère qui vient de Smyrne assister sa fille à chaque grossesse, et surtout de sa mère à qui il voue « un amour magnifique, comme si son subconscient prévoyait déjà ce que sa vie douloureuse allait exiger de cette admirable femme » {2} .
Les relations d’Antonin avec sa mère sont difficiles à décrypter derrière ce tableau un peu idyllique. On peut supposer une complicité dans le théâtre et la lecture de contes qui fascinait Artaud enfant.
Il est beaucoup plus distant de son père, que son métier de m

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