La folie dans la pensée Kongo
159 pages
Français

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La folie dans la pensée Kongo , livre ebook

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Description

La maladie mentale est une maladie, quel que soit l'endroit où l'on se trouve et cela est vrai depuis la nuit des temps. La religion s'en est mêlée, la médecine, la science aussi, sans oublier les sciences sociales. Au Congo, c'est encore plus vrai qu'ailleurs, car toute maladie trouve son origine dans les rapports entre les gens. La sorcellerie, la magie blanche, les fétiches sont les premiers responsables de la folie, du coup la prise en charge de cette maladie est collective.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 236
EAN13 9782296252158
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA FoLie
DANS LA PENSÉE KONGO
Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
 
 
Dernières parutions
 
Joséphine ZIBI, L'ingénierie sociale du développement.  À l'école de l'eau, 2010.
Danielle DIBLÉ, Amadou Hampâté Bâ. L'espace initiatique, 2010.
Adon GNANGUI, Droit des déchets en Afrique, le cas de la Côte d'ivoire, 2010.
Toumany MENDY, Aménagement du territoire et intégration sous-régionale ouest-africaine, 2010.
Fweley DIANGITUKW A, La Thèse du complot contre l'Afrique. Pourquoi l'Afrique ne se développe pas, 2010.
Essè AMOUZOU, Le mythe du développement durable en Afrique noire, 2010.
Berthe Florence YMELE NOUAZI, Travail social et Sida en Afrique. Au cœur des souffrances, 2010.
Cyriaque Geoffroy EBISSIENINE, La problématiquè de la santé et de la maladie dans la pensée biomédicale. Essai sur la normalité chez Georges Canguilhem, 2010.
Toumany MENDY (avec la contribution de Mamadou Alassane Ndiaye), L'illusion démocratique en Afrique, 2010.
Joachim de DREUX-BRÉZÉ, L'accession à l'indépendance de l'Afrique équatoriale française, 2010.
Yao-Edmond KOUASSI, Habermas et la solidarité en Afrique, 2010.
Abdoulaye KANE, Tontines, caisses de solidarité et banquiers ambulants, 2010.
Essè AMOUZOU, Le développement de l'Afrique à l'épreuve des réalités mystiques et de la sorcellerie, 2010.
Régine LEVRAT, Culture commerciale et développement rural. L'exemple du coton au Nord-Cameroun depuis 1950, 2010.
E. NGUEMA MlNKO, Gabon : l'unité nationale ou la rancune comme mode de gouvernance, 2010.
Sébastien Dossa SOTINDJO, Cotonou, l'explosion d'une capitale économique (1945-1985), 2009.
Divine E. K. AMENUMEY, Le mouvement de la réunification des Éwé, 2009.
Gaston M'bemba - Ndoumba
 
 
LA FoLie
DANS LA PENSÉE KONGO
 
 
L'Harmattan
Du même auteur
 
 
Ces Noirs qui se blanchissent la peau : la pratique du «  maquillage » chez les Congolais.
Ed. L'Harmattan, Paris 2004.
 
Les Bakongo et la pratique de la sorcellerie : ordre ou désordre social.
Ed. L'Harmattan, Paris 2006.
 
La femme, la ville et l'argent dans la musique congolaise : regard sociologique sur l'imaginaire urbain.
Ed. L'Harmattan, Paris 2007.
 
Un coup de théâtre : histoire du théâtre congolais.
Ed. L'Harmattan, Paris 2008.
 
 
© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@Wanadoo.fr
harmattanl@Wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-11463-0
EAN : 978229609114630
Avant-propos
 
Aujourd’hui le cerveau est reconnu quasiment par tous comme le centre de décision et de régulation des organes du corps humain. Cette légitimité est fondée sur de nombreux travaux scientifiques. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Pour le christianisme par exemple, l’organe principal qui détermine les actions de l’homme est le cœur, mais pas au sens organique du terme. Ainsi, il n’est pas rare de lire dans la Bible des chapitres entiers qui renvoient au rôle du cœur pour apprécier le bien et le mal. Il est souvent dit dans les églises que pour se rapprocher de Dieu il faut avoir un cœur pur.
Cette vision de l’Église est largement partagée par plusieurs cultures africaines. Je ne sais pas si c’est l’Église qui a inspiré ces cultures ou si ce sont elles qui ont influencé les auteurs de la Bible. On ne le saura certainement jamais car cette question n’intéresse pas grand monde aujourd’hui. Disons tout de même que si l’Afrique est le berceau de l’humanité, alors je peux affirmer sans risque de me tromper que certaines croyances de ce continent ont dû inspirer des civilisations entières au fil des siècles.
Pour reconnaître la légitimité du cœur dans la vie de l’homme, les cultures africaines disent souvent, comme les Kongo du Congo que «  Luaba bolé yulanéno, waba ngé kaka yula ntima  », ce qui veut dire « Si vous êtes deux, concertez-vous avant de décider et si tu es seul confie-toi à toi et à ton cœur ».
Pour les Kongo, l’état de solitude n’existe pas car lorsque l’on croit être tout seul on est toujours accompagné de son cœur. Le cœur est dans cet univers un compagnon permanent qui aide l’homme à vivre en harmonie avec tous ses organes mais également avec l’environnement extérieur.
Une autre expression utilisée couramment par les Kongo est «  widikila ntima aku  » qui veut dire « écoute ton cœur à chaque instant ». Cette expression est très importante dans l’imaginaire Kongo, car elle nous montre la place que le cœur occupe dans la vie quotidienne.
Ecouter son cœur peut renvoyer à des considérations complexes : d’abord le cœur est un conseiller. C’est celui qui apporte une réponse précise à une situation donnée, celui qui maîtrise les émotions, les états d’âme et toutes les autres situations qui s’imposent à l’homme. Dans ce cas le cœur apparaît comme un élément intérieur à l’homme. Ensuite, le cœur devient un organe extérieur qui permet à l’homme d’être en contact avec son entourage, c’est-à-dire le monde des vivants et le monde des morts.
Chez les Kongo, le cœur est donc un catalyseur, un médiateur mais aussi un régulateur qui agit pour conseiller l’homme dans sa vie quotidienne.
Malgré son importance, le cœur est fragile et il faut le protéger. Il n’est pas infaillible. Lorsqu’il devient impuissant ou se dérègle, l’ensemble des organes du corps humain en pâtit et la personne concernée se déconnecte de la réalité ; c’est ce que l’on appelle : la folie ou la maladie mentale. Les Kongo l’appelle «  malari ma ntima  » ou tout simplement «  ntuma  ».
Les conséquences de la maladie mentale sont dramatiques aussi bien pour le malade que pour son entourage. Pour mesurer les effets de cette maladie dans la vie des patients, j’aimerais vous raconter une anecdote qui m’a été rapportée par le docteur Missontsa, ancien chef de service de la clinique psychiatrique du Centre Hospitalier et Universitaire de Brazzaville. Un jour il s’est fait interpeller par deux de ses malades juchés sur un arbre. A la question de savoir ce qu’ils faisaient sur cet arbre, les malades ont simplement répondu qu’ils étaient des mangues et qu’ils ne pouvaient pas descendre parce qu’ils n’étaient pas encore mûrs.
Le docteur Missontsa a dû être surpris par la réponse de ses malades car ce n’est sûrement pas celle qu’il devait attendre. En affirmant qu’ils étaient des mangues, les malades réagissaient à la question de l’émetteur mais leur réponse obéissait à une logique différente de celle du docteur.
Par contre si la réponse des malades avait été : « nous sommes sur l’arbre pour cueillir des mangues », le docteur aurait eu un élément important pour apprécier positivement l’état de santé de ses patients. Aux yeux du docteur Missontsa, cette réponse aurait été logique socialement parlant. Donc il aurait pu envisager l’éventualité d’une sortie.
Comme la scène se déroule dans une société qui légitime la logique du docteur et que cette logique est dominante par rapport à celle des deux malades, dans ce cas leur comportement est jugé pathologique. Et ces personnes sont donc déclarées malades par la société. Au nom de la société, le docteur Missontsa est obligé de prendre ces deux personnes en charge. Leur maladie se nomme chez les Kongo comme je l’ai dit : «  malari ma ntima  » ou encore «  ntima  » qui veut dire la maladie du cœur, la maladie mentale couramment appelée : folie.
Après avoir parlé de la place et de la fonction du cœur chez l’homme, je me demande à présent : qu’est-ce que la maladie mentale ? C’est à cette question que les pages qui vont suivre essayeront de répondre.
Mais cet ouvrage tentera également de répondre à d’autres interrogations comme : la maladie mentale est-elle d’origine organique, génétique ? Est-elle une maladie sociale ? Peut-on réellement guérir de cette maladie ? Quelle est la place du cœur dans tout cela alors que cette maladie concerne essentiellement le système nerveux ?
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Les co

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