La haine, l étranger et la pulsion de mort
323 pages
Français

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La haine, l'étranger et la pulsion de mort , livre ebook

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Description

Il est urgent dans le contexte actuel d'approfondir l'étude des liens qui unissent, chez le sujet de l'inconscient comme au sein de la culture : la figure de l'autre, la haine et la pulsion de mort. Psychanalystes, thérapeutes impliqués dans la pratique transculturelle, philosophes, sociologues et ethnologues nous livrent ici, à partir de leurs champs respectifs de pratique et de recherche, leurs contributions à ces interrogations humaines au carrefour des disciplines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 51
EAN13 9782336255545
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Parole sans frontière www.p-s-f.com
Citation en 4 e de couverture cf. Sigmund FREUD (1929), Le malaise dans la culture, OCF, vol. XVIII, PUF, 1994, p 295.
Dessin Souad El Maysour © 2005
Maquette L’intranquille
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadao.fr
9782296064195
EAN : 9782296064195
La haine, l'étranger et la pulsion de mort

Bertrand Piret
Les textes qui composent cet ouvrage ont été élaborés à partir des interventions qui se sont tenues de 1996 à 1998 à la Faculté de médecine de Strasbourg dans le cadre du séminaire Psychiatrie, psychothérapie et culture(s) , organisé par l’association Parole sans frontière (programme complet du séminaire sur le site internet de l’association www.p-s-f.com ).
Remerciements
Les séminaires des années 1996-1997 et 1997-1998 ont bénéficié du soutien: - du Conseil de l’Europe; - du Fonds d’action sociale; - de la Ville de Strasbourg.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace INTRODUCTION I. - LA HAINE
La haine, l’étranger et la pulsion de mort - Jalons introductifs « Rien n’est plus réaliste que la haine » La haine : coup(s) de théâtre
II. - L’INTRODUCTION DE LA PULSION DE MORT PAR FREUD
Métapsychologie négative de la pulsion de mort - (entremêlée de quelques digressions positives) À quoi fait “résistance” la pulsion de mort? Au-delà du principe de plaisir sous l’éclairage de Le moi et le ça L’interprétation de Au-delà du principe de plaisir par les contemporains de Freud - Des enjeux de l’époque aux enjeux actuels
III . - LA PULSION DE MORT A L’ŒUVRE DANS LA CULTURE
Une culture de l’acharnement D’une décennie à une autre: du Malaise dans la civilisation de Freud aux Complexes familiaux de Lacan Mein Kampf enseigné aux enfants d’Alsace et de Moselle (1940-1944) Le malaise avant l’enfer...
IV. - EXIL VIOLENCE ET CULTURE
Comment ne pas être dépersonnalisé ? Violence, destin et filiation
V. - LA MORT ET L’AUTRE : ENSEIGNEMENTS ANTHROPOLOGIQUES
L’enfant qui s’enquiert de la mort - Un conte malgache L’étranger intime
BIOGRAPHIE DES AUTEURS Psychanalyse et Civilisations - Collection dirigée par Jean Nodal
À la mémoire de Jacques Hassoun
L’équipe de Parole sans frontière a souhaité dédier cet ouvrage à la mémoire de Jacques Hassoun, décédé au cours de l’année 1999.
Malgré sa maladie, il avait tenu à honorer une nouvelle invitation que nous lui avions faite d’intervenir à notre séminaire.
On trouvera dans ces pages la retranscription de la conférence qu’il prononça le 23 janvier 1998.
INTRODUCTION
« Horreur! Horreur ! » : C’est à propos de ce cri, proféré à son agonie par l’énigmatique Kurtz, personnage central du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, que se concluait l’année du séminaire Psychiatrie, psychothérapie et culture(s) consacrée à la frontière 1 . Au terme de cette année passée à explorer les significations et les effets qui sont attachés à la notion de frontière, nous nous retrouvions aux prises avec cette hypothèse: la rencontre de l’Occident avec son “Autre”, son envers sombre, terrifiant, hallucinant et fascinant, produit d’abord et avant tout l’horreur, Idée propre à stimuler une approche de “l’interculturel” qui ne s’encombre plus de mièvreries oecuméniques. Philippe Lacoue-Labarthe allait plus loin encore et proposait de considérer — sans allégorie — l’Occident comme « machine à tricoter la mort »: c’est l’Occident qui introduit le deuil partout. Le cri de Kurtz fait écho à la plainte d’une nature devenue mélancolique dès lors que l’Occident a entrepris de la “faire parler” 2 .
Voilà qui devait nous aider à approfondir l’étude des liens qui unissent, dans la culture, la figure de l’autre (et la frontière qui en sépare), la haine et la mélancolie (ou plus précisément l’œuvre de mort de/dans la culture). Cet abord fut pour nous l’occasion de ramasser en une seule problématique un certain nombre de questions laissées en suspens au cours des années précédentes du séminaire 3 et qui toutes ont affaire avec ces trois termes: l’autre, la haine et la mort.
Ainsi, lorsque nous avions proposé d’interpréter les effondrements narcissiques majeurs tels qu’on peut les rencontrer chez certains patients immigrés sous la rubrique d’une pathologie traumatique “élargie ”, certains d’entre nous avaient souligné le déchaînement de la pulsion de mort qui répondait au réel du traumatisme et la défaillance des instances symboliques qu’il impliquait 4 . La régulière survenue de tendances violentes (réel “manque de contrôle” ou impulsions plus ou moins maîtrisées) qu’accompagnent ces états d’effondrement constitue un autre fait clinique dont l’élucidation restée incomplète pourra peut-être s’enrichir de cet autre trait qui caractérise certains (patients) Occidentaux à des moments très particuliers de leur histoire et qui se manifeste par l’éclosion d’une violente haine raciste.
Or si l’on suit Freud, la haine de l’étranger ne constitue finalement pas un grand mystère: « Non seulement cet étranger n’est pas, en général, digne d’être aimé, mais, je dois le confesser honnêtement, il a davantage droit à mon hostilité, voire à ma haine. » 5 L’énigme est bien plutôt celle de savoir pourquoi il faudrait à tout prix “aimer son prochain”... Et la vraie question devient celle des mécanismes que la culture met en place pour endiguer ou transformer les pulsions agressives originelles. Ce déplacement de la question est essentiel: il impose des hypothèses qui articulent les motions “individuelles” au travail de la culture en tant que tel. Ainsi, à quel travail de la pulsion de mort dans la culture (et que signifie cette formule?) répondent les nouvelles modalités du deuil telles qu’Allouch les évoque 6 , ou ce qu’Olivier Douville propose de nommer la « mélancolisation du lien social » 7 , ou encore la position mélancolique qu’induisent pour Jacques Hassoun la « passivation des citoyens » et « l’énigme que pose au sujet la violence de l’autre » 8 .
Ce changement de statut de la mort et la crise de la pensée et de la parole contemporaine ne peuvent pas être sans lien avec ce qui les fonde: la fonction “père”, nous dit Jean-Jacques Moscovitz 9 . Qui ajoute : la psychanalyse n’est-elle pas de plus en plus de nos jours, en tant que pratique du singulier, du “un par un” dans la pratique de soi, un repérage et un moyen de lutte contre la barbarie? Contre ce qui a rendu possible ce nouveau discours qui objective la mort et transforme la langue en langue des assassins.
La défaillance des instances symboliques que nous avons supposée participer à la genèse des états traumatiques 10 , et qu’Alain Bihr a décrite sous son versant de la « crise du sens » et de la déréliction du politique 11 , n’est en effet intelligible qu’à (ré)introduire la logique de l’inconscient dans l’analyse du social et précisément les effets des variantes que subit la figure du père. Cependant, comme le souligne Markos Zafiropoulos 12 , on a sans doute intérêt à relativiser la notion (trop) commune de “père absent” (et de la haine que son absence susciterait chez les fils), pour voir au contraire dans la haine la conséquence d’un retour d’autant plus féroce du père (dans le réel ?) que la culture aurait fait mine de l’éliminer. Ce serait alors la haine du père envers ses fils qui serait opérante.
De là pourrait s’élaborer une clinique de la déliaison sociale susceptible de rendre compte d’une part de la prolifération de certains symptômes actuels comme manifestation du déploiement de cette culture de la pulsion de mort (passages à l’acte, toxicomanies, pathologies dépressives... ?), et d’autre part des phénomènes sociaux en apparence aberrants comme les épidémies d’enlèvements soucoupiques et les ravages de la mode des personnalités multiples et de la “mémoire récupérée” aux USA. Phénomènes qui ont déjà été évoqués dans nos travaux car ils indiquent le lien de structure

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