La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mai 2011 |
Nombre de lectures | 86 |
EAN13 | 9782296461444 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
LA MIGRATION IRANIENNE EN BELGIQUE
Une diaspora par défaut
Nader Vahabi
LA MIGRATION IRANIENNE EN BELGIQUE
Une diaspora par défaut
Préface de Catherine Wihtol de Wenden
*
Du même auteur
Sociologie du pénal dans la période de transition, Le cas du procès de
Saddam Hussein, en persan, Essen (Allemagne), Nima, avril 2007,
405 p.
Sociologie d’une mémoire déchirée, le cas des exilés iraniens, Paris,
L’Harmattan, févier 2008, 248 p.
Récits de vie des exilés iraniens, De la rupture biographique à la
nouvelle identité, Paris, Elzevir, 2009, 354 p.
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54802-2
EAN : 9782296548022
A mon père Sayed Yahya
qui m’a appelé en vain à son chevet
dans les derniers moments de sa vie.
1Heureux qui, comme Ulysse
Heureux qui, comme Ulysse a fait un beau voyage
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâtit mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,
Plus mon Loir gaulois que le Tibre latin, on petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
1 Joachim du Bellay, Les Regrets, 1558, Paris, Roudaut, Classiques de poches, Livre de
poche, 2002, sonnet XXXI. Lors d’un voyage à Trelazé, près d’Angers en juillet 2007,
Sophie Debise, m’a fait découvrir J. du Bellay ainsi que les carrières d’ardoise. Je l’en
remercie vivement. Le chêne et le roseau
2Le chêne un jour dit au roseau
"Vous avez bien sujet d'accuser la nature ;
Un roitelet pour vous est un pesant fardeau;
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête,
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr,
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
- Votre compassion, lui répondit l'arbuste,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci :
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables ;
Je plie et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. " Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque là dans ses flancs.
L'arbre tient bon; le roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
2 La Fontaine, Fables choisies, Paris, Nouveaux Classiques Larousse, tome 1, 1973,
p. 51
Remerciements
Mes compatriotes de Belgique qui m’ont ouvert leur cœur avec
confiance méritent ma chaleureuse reconnaissance car, sans eux, ce livre
n’aurait pas pu voir le jour. Deux amies, Janine Laurent et Nicole
Richard ont, tout au long de cette recherche, relu le texte et discuté avec
moi pour trouver des équivalents pertinents du persan au français avec
une patience qui m’a profondément touché. Amir Nourbaksh et son amie
Jacqueline, Ramin Mohammadi et sa femme Ladin Moslehi, de
Bruxelles, Wendy Ramazan, Mohsen Ghaderi, Arthur Quesnay, Mary
Mc Aleavey Jimbert ainsi que Jafar Ghaffarpour, graphiste à Paris, Ata
Ayati, directeur de la revue EurOorient, ont participé de différentes
façons à cette tâche ardue (retranscription, traduction de l’iranien, saisie
des données, mise en pages…etc.) et je les en remercie de tout cœur.
J’aimerais aussi mentionner la collaboration active de Nicolas Perrin,
démographe, de M. Claude Sajotte, du service du Recensement, de
Madame Colette Jouant, experte administrative du Commissariat général
aux réfugiés et aux apatrides et de son collègue, Damien Dermaux, qui
ont accepté de discuter avec moi à plusieurs reprises pour parvenir à
boucler en temps voulu l’étude démographique de la migration iranienne
en Belgique.
Marco Martiniello et mes collègues du CEDEM méritent également
ma reconnaissance pour leurs nombreux et fructueux échanges d’idées
lors de nos réunions et séminaires de lecture.
Catherine Wihtold de Wenden, juriste et professeur à Sciences Po, qui
a toujours soutenu mes recherches, m’a profondément honoré en
acceptant de préfacer cet ouvrage.
Je ne saurais oublier mon collègue et ami du CADIS, Benoît Petit,
sociologue, maître de conférence à l’Université de Toulouse le Mirail
pour sa relecture (bien qu’il fût en vacances) minutieuse de mon
manuscrit, ni Zina Ghaffari, ma compagne de tous les jours, pour sa
patience.
N. VAHABI
Paris, le 21 mars 2011
PREFACE
L’ouvrage de Nader Vahabi sur la migration iranienne en Belgique vient
combler l’ignorance du public quant à l’existence de cette diaspora dans ce
pays et aux stéréotypes qui tendent à réduire celle-ci à une diaspora d’exilés
de la révolution islamique de 1981. Pourquoi la Belgique ? L’auteur y
répond en montrant que les Iraniens, rangés dans la catégorie statistique
« autres » jusqu’en 1979, y étaient déjà présents auparavant du fait de liens
d’expertise construits entre les deux pays, mais peu identifiables en nombre.
Forts de 10 à 12000 aujourd’hui dans ce pays, ils constituent une migration
diversifiée, analysée en types ethnosociologiques dans cet ouvrage.
Beaucoup d’entre eux ont accompli une trajectoire migratoire, fruit, moins
d’une dynamique diasporique (ils sont ici définis comme une « diaspora par
défaut ») que du fait de leur appartenance à des catégories sociales
éduquées : des « exilés du savoir », comme le dit l’auteur, pour la plupart,
notamment après la fermeture des universités en Iran en 1980. Avant 1982 il
n’existait pas de statut de réfugié en Belgique pour les Iraniens car le régime
du Shah renouvelait presqu’automatiquement le passeport et les migrants
iraniens n’avaient pas besoin de ce statut. C’est en 1982 qu’ils ont pour la
première fois demandé l’asile en Europe.
Mais ce livre ne se contente pas de procéder à une analyse chiffrée et
commentée de la migration iranienne en Belgique. Il est aussi le fruit d’une
enquête sociologique qualitative, où les interviewés relatent leur histoire de
vie. Comme le dit l’auteur dans sa conclusion, la diaspora iranienne ne suit
pas le parcours emprunté par l’immigration de travail en Europe au cours
edu 20 siècle. A partir des années 2000, elle rejoint en revanche, par son
transnationalisme et sa diversité, les traits des migrations dispersées à
travers l’Europe et ailleurs, sédentarisées en Belgique un peu par hasard. Il
n’y a donc ni « couple migratoire » entre la Belg