La peur
121 pages
Français

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Description

Ce collectif interroge dans une perspective transdisciplinaire les formes et les figurations de la peur ainsi que ses mécanismes d'administration. La peur y est ainsi analysée non seulement comme objet esthétique et référent cognitif structurant les savoirs divers mais aussi comme outil de propagande politique. Les différentes contributions explorent les champs des vulnérabilités sociales, la crise des frontières ainsi que les impasses de la modernité culturelle avec ses problématiques bioéthiques et technoscientifiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2020
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336895956
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4ème de couverture
Questions contemporaines



Questions contemporaines
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud,
Bruno Péquignot et Xavier Richet
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Pierre MORLANNE, Pour en finir avec les religions , 2020. Louise FINES, Enfants au travail : le paradoxe de la nécessité et du choix , 2020.
Abdelbaki BELFAKIH, Abdelkader GONEGAÏ, Bruno PEQUIGNOT (dir.), Art, individu et société , 2020.
Simon-Pierre THIERY, Le regain des campagnes. Les ruraux et leurs collectivités locales , 2020.
François TESTARD, Le non-recours au RSA chez les seniors, 2019.
Jean-Paul GUICHARD, Du tsarisme au totalitarisme , 2019.
Ndache DJAVETY, Ethnorelégation et mahorité : l’intégration pathologique d’une minorité , 2019.
Gilbert JOB, Pour une idéologie centriste, La Qualité humaine, 2019.
Raoul NKUITCHOU NKOUATCHET, Ordonnances Macron, De quoi la refonte de l’expertise CHSCT est-elle le signe ?, 2019.
Isabelle PAPIEAU, Des EHPAD aux « papy-boomers » , 2019. Arno MÜNSTER, Osons l’utopie pour construire un monde meilleur, Esquisse d’une autobiographie politique , 2019.
Sagar SECK, Machiavel et la communication politique , 2019. Jacques ARON, L’an passé à Jérusalem. Le destin d’Israël en diaspora , 2019.
Titre



Sous la direction de
Roger F OPA K UETE




LA PEUR

Discours, formes et représentations
Copyright





D U MÊME AUTEUR

Chez Peter Lang :
Francographies africaines contemporaines : Identités et globalisation, (avec Bernard Bienvenu Nankeu), 2017 (Collection d’essais)

Aux Éditions Lucie :
Intermédialité : Pratiques actuelles et perspectives théoriques
(avec Albert Jiatsa Jokeng et François Guiyoba), 2020 (Collection d’essais)













© 2020, L’Harmattan
5-7, rue de l’École-Polytechnique – 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAM-ePub : 978-2-336-89527-7
Comité scientifique
François Guiyoba, Ens/Université de Yaoundé I ; Parfait Bi Kakou Diandue, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte-d’Ivoire ; Alain Fogue Tedem, Université de Yaoundé 2 ; Alain Patrice Nganang, New York University, USA ; Marie-Gérard Noumsi, Falsh, Université de Yaoundé I ; Gilbert Doho, Case Western Reserve University, Ohio, USA ; Cheryl Toman, Case Western Reserve University, Ohio, USA ; Jean-Benoît Tsofack, Université de Dschang ; Alda Flora Amabiamina, Université de Douala ; Raymond Mbassi Ateba, Ens/Université de Maroua ; Alain Cyr Pangop, Université de Dschang ; Anatole Fogou, Université de Maroua ; Jean Claude Abada Medjo, Ens/Université de Maroua ; Jacques Evouna, Ens/Université de Maroua ; Germain Fabrice Menye Nga, Ens/Université de Maroua ; Adamou Pangmeshi, University of Bamenda ; Roger Fopa Kuete, Falsh/Université de Maroua ; Albert Jiatsa Jokeng, Ens/Université de Maroua.
Introduction Roger Fopa Kuete Université de Maroua
La seconde moitié du XX e siècle se caractérise dans les arts en général par un vaste courant de subversion des formes esthétiques traditionnelles. La caractéristique la plus forte de l’art nouveau, c’est l’effacement du sujet ; le but étant sans doute « d’écrire une histoire de l’art abstrait » (Isabelle Ewig et Guitemi Maldonado, 2005 : 84). Le sujet concret s’étant en effet révélé trop obscur, et les réalités extérieures posées sans équivoque comme objet de grandes désillusions, cet art nouveau apparaît telle la réaction d’une génération face à un monde cruel, déchiré par la différence, et qui ne suggère que convulsions et nausées à cause de l’horreur et de la peur qu’il inspire. Jusqu’au début XXI e siècle, le sujet et les réalités concrètes continueront à influencer ces orientations nouvelles des arts, les poussant toujours aux frontières du clivage figuration et abstraction. La peur qui investit ainsi chaque conscience individuelle c’est : la peur d’être envahi, de voir sa culture et ses valeurs s’effriter et disparaître, de ne plus exister dans un monde aux frontières devenues trop poreuses. C’est aussi la peur d’un monde qui change trop vite, la peur de l’autre et enfin, de vivre avec l’autre. La peur semble ainsi immerger une génération entière de peuples ; trahissant dans une grande mesure non seulement l’échec des idéaux humanistes mais surtout en appelle à l’impérieuse nécessité de repenser l’être au monde pour reconstruire de nouveaux modèles de représentations et de relations « aux mondes ».
Pourtant, lorsqu’advient la mondialisation, de nombreuses espérances naissent et fondent alors le rêve d’un nouveau monde ouvert et multi connecté car comme l’explique David Cohen (2004), avec les révolutions des transports et des communications, les marchandises et les informations circulent alors plus rapidement et avec davantage d’efficacité, rendant possible la connexion entre les centres et les périphéries. Cependant, dans les pays du Sud et précisément ceux anciennement colonisés, le poids de la colonisation et des réalités structurelles et sociopolitiques se posent manifestement comme des écueils à ce projet d’économie globale décrit formellement par les altermondialistes comme essentiellement néolibéral, et expliquent alors le fossé toujours croissant entre les économies nationales de ces pays du Sud face à l’économie moderne. D’un point de vue plus global, le monde contemporain s’englue progressivement dans une peur 1 abyssale. Plus que l’indice d’un horizon chaotique saisissable par l’homme, la peur devient le substrat matriciel gouvernant toute existence. Si « autrefois, la peur était un phénomène lié à des événements localisés, identifiables et circonscrits dans le temps : guerres, famines, épidémies…, [aujourd’hui, elle est] le monde lui-même, limité, saturé, rétréci, qui nous étreint et nous « stresse » dans une sorte de claustrophobie. […] La peur est monde, panique, au sens de « totalité »« (Paul Virilio, 2010 : 9). Les différents visages que lui donne Bertrand Richard 2 (2010) sont : chaos climatique, paniques boursières, phobies alimentaires, menaces pandémiques, krach économique, anxiété congénitale, trouille existentielle. L’institution motrice de cette gigantesque orchestration semble avoir un nom : la mondialisation 3 . Les facteurs de porosité des frontières 4 et de vitesse constituent, entre autres intrants, les arguments clés de cette nouvelle forme d’impérialisme capitaliste où « seules sont viables les nations qui arrivent par leur production à servir la consommation ostentatoire et la puissance militaire de la nation dominante : le nouvel Impérium » (Palma Norman, 2006 : 108).
Tout va désormais trop vite et il devient difficile de maîtriser les dynamiques humaines, les mutations économiques ainsi que les intrusions culturelles, identitaires et idéologiques. En raison de la fluidité économique découlant de l’ouverture des frontières, la question de la différence s’amplifie. L’Occident, trop habitué à être dans une position de supériorité et de domination, en particulier dans sa relation avec les pays du Sud, commence à éprouver les tourments de l’incertitude culturelle apportés par les vents de la mondialisation en même temps qu’il se révèle ouvertement hostile à l’idée d’une politique multiculturelle 5 imposée subrepticement par cette mondialisation. L’un des visages de cette hostilité c’est la montée de ce qu’il est convenu d’appeler les populismes de droite. Laurent Bouvet analyse ce malaise sous l’appellation de L’insécurité culturelle 6 . Il la définit comme le fait de « vivre, voir, percevoir ou ressentir le monde ou le voisin comme une gêne ou une menace en raison de sa culture, des différences apparentes ou supposées, qu’il s’agisse, par exemple, de ses origines ethno-raciales ou de sa religion » (2015 : 24-25). Cet argument rejoint la réflexion

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