La question mémorielle chez l enfant
314 pages
Français

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La question mémorielle chez l'enfant , livre ebook

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Description

Cet ouvrage est une contribution à la question mémorielle chez des enfants et des adolescents confrontés à un génocide, et notamment à la Shoah. Comment les jeunes reçoivent-ils cette mémoire, transmise par la famille ou par l'école ? La position est différente selon que cette "Mémoire" est transmise au niveau inconscient ou acquise de façon plutôt consciente. L'auteur envisage la psychanalyse comme outil de lecture du processus génocidaire dans ses effets subjectifs sur l'enfant. Il utilise un certain nombre d'écrits de témoins et de rencontres avec d'anciens "enfants cachés".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2017
Nombre de lectures 11
EAN13 9782140027185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rubin Marmursztejn
LA QUESTION MÉMORIELLE
Études psychanalytiques
CHEZ L’ENFANT
La question mémorielle chez l’enfant
Études Psychanalytiques Collection dirigée par Alain Brun et Joël Bernat La collectionEtudes Psychanalytiquesproposer un pas de côté et non veut de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce, « hors chapelle ך, « hors école ך, dans la psychanalyse. Dernières parutions Anne Vernet Sévenier,Etude d’un Syndrome de relance originaire en cours de coma, 2016. Jacques LIS,L’homme à l’envers, 2016. Christophe SOLIOZ,Paul Parin,Voyage au bout de l’utopie,2016. Celso GUTFREIND, Narrer, être mère, être père et autres essais sur la parentalité, 2016. Alessandra GALLI,Comment sortir d’une psychose et terminer sa psychanalyse, 2016.Stoïan STOÏANOFF-NENOFF,Quatuor d’hommes de désir. Ludwig Wittgenstein, Sigmund Freud, Alain Badiou et Alain de Libéra,2016. Raymond ARON,Traces du désir, Proximité de l’abîme, 2016. Elisabeth LECLERC-RAZAVET,L’inconscient sort de la bouche des enfants, 2016. Jean-Marie BOYER,Psychanalyse et architecture. Un regard insolite sur Louis Kahn et Le Corbusier, 2016. Claude BRUERE-DAWSON et Marie-Laure ROMAN,Le psychodrame psychanalytique. Une méthode et une praxis aux confins de l’acte analytique, 2016 Philippe COLLINET,Je est un autre, 2016. Joseph ROUZEL (dir.),Psychanalyse et écriture, Rencontre avec Pascal Quignard, 2015. Élisabeth LECLERC-RAZAVET, Georges HABERBERG, Dominique WINTREBERT,L’enfant et la féminité de sa mère, 2015. Laurent SOULAYROL,LesMémoires d’une aliénéeRouy. Vers d’Hersilie de nouvelles perspectives, 2015. Peggy DAVAIN-BERGEOT,La question de Dieu en psychanalyse. Naissance et mort de Dieu, 2015.
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À mes deux grands-mères, Dwora et Hanna ;  À mon grand-père Moyshè ;  disparus dans la Shoah  À mes parents Guta et Kuba qui y ont survécu  À mes enfants et petits-enfants A Nicole, mon épouse, que je remercie pour son aide précieuse à la relecture de cet ouvrage © L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10757-8 EAN : 9782343107578
INTRODUCTION La question de la Mémoire liée à un génocide est présente depuis longtemps de façon quasi permanente dans le paysage culturel et politique occidental. Non sans débats entre la penser indiscutablement nécessaire et la trouver trop envahissante. Celle de l’enfant mérite une attention particulière puisque c’est aux jeunes que s’adresse l’élaboration de la Mémoire à transmettre. La Mémoire des enfants victimes de génocide a sa spécificité, et c’est dans l’articulation de ces deux éléments que j’aborde la question mémorielle qui leur serait propre. Le phénomène génocidaire relève de la Politique, l’Histoire, l’Anthropologie, et la Psychanalyse ne saurait en être exclue dans la mesure où on distingue Mémoire collective et Mémoire subjective : celle du sujet. Laquelle ne peut se réduire ou s’assimiler pour lui à celle d’un groupe, si fondamental soit-il à l’identification que cette Mémoire collective lui permet d’y trouver. Le rôle du psychanalyste est de rendre possible aux formations de l’inconscient, notamment aux symptômes et au mal-être liés à la rencontre avec ce Réel du génocide, d’être lus et reconnus dans une parole de sujet, qui participerait à le libérer des effets à la fois de l’emprise traumatique et des multiples avatars du sentiment de culpabilité. Dans la mesure aussi où en dehors des problèmes liés au trauma lui-même, la Mémoire qu’il génère peut produire ses propres composantes traumatogènes sur plusieurs générations. Il s’agira d’examiner quelques points de la fonction mémorielle en général, notamment celui qui se rapporte à l’expérience de ceux qui ont été des enfants ayant pu être cachés pour être protégés de l’extermination par les nazis. La Mémoire de ces enfants en a fait un signifiant : « enfant caché ». La Mémoire infantile s’inscrit par ailleurs dans les écrits laissés par des adolescents au cours ou après les génocides, ou encore dans l’après-coup de l’âge adulte, et dont les publications sont de plus en plus nombreuses. Et cette Mémoire se construit aussi dans les témoignages notamment en milieu scolaire tenus par d’anciens déportés qui enfants, n’ont pas pu être protégés de la déportation. Il est à remarquer que ces témoignages montrent à quel point la Mémoire y est dominée par la relation d’abord aux parents, et plus largement à la famille dans les séparations et les deuils. Relation structurante du monde de l’enfant, au point le plus douloureux de son effondrement dans le génocide. La famille est aussi l’un des deux termes du caractère composite de la fonction mémorielle. Là, elle y est transmise, et à l’extérieur de la famille elle sera acquise par le biais de l’école et des autres éléments du lien
social. Dans le premier cas l’inconscient entre plus en jeu dans la mesure où ce qui est transmis, ne peut l’être qu’en partie consciemment du fait (entre autres) des éléments enfouis dans les secrets de famille. Lesquels sont pensés être difficiles ou impossibles à dire aux enfants. Eux dont le savoir inconscient, donc insu, ne pourrait passer à la connaissance sans dommages imaginés, ou tout à fait réels. Ce qui amène le sujet, le plus souvent à l’adolescence, au désir de savoir ou ne pas savoir, non sans effets. J’envisagerai donc ce qui fait obstacle à la Mémoire et à sa transmission : que ce soit du fait des discours fallacieux des génocidaires ou des négationnistes qui n’en font qu’un. Ou de l’aspect possiblement traumatisant de la transmission elle-même, qui se doit, pour l’éviter, d’être correctement ajustée, en particulier au très jeune public. Le poids fondamental du discours tout au long du phénomène génocidaire, dans sa genèse, son déroulement et ses suites nous amènera à un long développement sur son langage et sa langue. Au décours de celui-ci je m’attarderai sur l’exemple du signifiant juif, et choisi parmi de nombreux autres, celui de médecin dans la mesure où il est un indice majeur de l’effondrement de la signification d’un grand nombre de signifiants avec celle de l’Ethique notamment dans les sociétés génocidaires nazie et khmère rouge. La psychanalyse nous permet d’envisager les aspects cliniques liés au traumatisme du génocide et à sa transmission de façon générale, et aussi dans un registre plus monographique. Pour ce faire deux concepts psychanalytiques me paraissent plus particulièrement aptes à essayer de rendre compte du rapport du sujet à un trauma génocidaire. Le Réel au sens lacanien dans ce qu’il se définit comme un insaisissable par le langage, ce que les difficultés rencontrées pour parler de génocide nous montrent constamment. Et le concept freudien d’Unheimlichkeit: inquiétante étrangeté, qui s’articule avec celui de Réel dans ce que le génocide a de terriblement inquiétant et aussi d’étrange dans sa part d’énigmatique irréductible. La création artistique et littéraire peut parvenir à approcher ou entamer ce Réel de par le détour sublimatoire qui la caractérise. J’en donnerai quelques exemples qui illustreront le fait qu’on peut évoquer ce thème si difficile en y travaillant sous plusieurs abords. On ne s’étonnera pas qu’un psychanalyste, dans ce travail, ait choisi de l’écrire sur un mode qui se rapproche plus de l’association d’idées au principe du fonctionnement d’une psychanalyse que du déroulement discursif. Par ailleurs le terme enfant sera souvent employé par commodité aussi pour adolescent.
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Première Partie Propos généraux sur la Mémoire du génocide chez les enfants 1/ Eléments structuraux, complexité de ses mécanismes S’interroger sur ce point avec la Psychanalyse de l’Enfant permet d’aborder deux questions articulées entre elles : celle des effets du traumatisme chez l’enfant et l’adolescent, thème fondateur de la psychanalyse chez Freud. Ici en l’occurrence celui du traumatisme provoqué par un génocide sidérant le sujet qui en est victime. Puis celle de la Mémoire, signifiant difficile à saisir, quand c’est la fonction qui produit les souvenirs, et en même temps c’est l’ensemble des souvenirs et des oublis qui la constituent, avec un M majuscule, devenue depuis 30 ans, un trait fondamental des sociétés occidentales dans un rapport au passé qui fait symptôme. Elle est du côté du vrai d’une parole de sujet, de son savoir conscient et inconscient, là où le Réel de la science historique se fonde essentiellement sur des documents écrits, principalement des archives. Ce qui ouvre sur la question : comment l’enfant est-il inscrit, et s’inscrit-il dans le discours mémoriel ? Car c’est bien d’un discours qu’il s’agit, pris dans les effets de langage et ses avatars dont l’inconscient ne saurait être exclu avec ses dimensions réelle, imaginaire et symbolique. Quand on parle de la Mémoire, ce qui s’entend ici ce n’est pas la fonction neurologique (sans bien évidemment l’exclure) impliquée dans la maladie d’Alzheimer par exemple, mais un acte subjectif et collectif de parole, qui veut maintenir présente une trace de ceux que les tragédies de l’Histoire ont emportés. Elle s’est manifestée en France d’abord de façon massive au niveau national dans les monuments aux morts de 14-18, puis à celui des groupes plus restreints comme les déportés résistants et ensuite les déportés juifs de France. Le plus souvent le sujet de la Mémoire de l’enfant est celui d’un discours de l’adulte. Or on peut avancer qu’il existe une Mémoire spécifique de l’enfant pris dans la tourmente d’un génocide. Qu’elle se dise dans le temps génocidaire ou dans l’après-coup par l’adulte dans le rappel de son enfance traumatique. Un des points forts de cette Mémoire de l’enfant des plus difficiles à aborder est celui de son rapport à la mort. Celle de l’enfant qui sait qu’il va y être confronté, ou menacé de l’être. Le souvenir en est porté bien sûr par ceux qui ont pu heureusement y échapper, mais aussi par les adultes qui en ont été témoins. La mort d’un enfant, qui plus est par meurtre, était déjà inadmissible moralement pour les sociétés
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