La Relance
142 pages
Français

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La Relance , livre ebook

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Description

Ni médecine ni psychothérapie, la Relance est « une autre discipline ». Sans conteste généraliste, elle répond aux difficultés particulières à la personne : traumatismes, deuils non terminés, effets d'une usure accélérée, charges de toutes sortes… et il semble que les états regroupés sous l'appellation commune de « dépression » soient plus effectivement abordables selon cette approche. Jean Ambrosi, qui l'a élaborée, énonce le principe qui fonde la relance, précise à qui elle s'adresse, fait état des possibilités offertes, signale ses limites.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 71
EAN13 9782296801141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA RELANCE
Jean AMBROSI
LA RELANCE
de la dynamique personnelle
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54186-3
EAN : 9782296541863
« À tant s’attarder sur leurs microscopes ils ont cessé de voir ce que tout le monde voit. »
El ROTO
( El País , décembre 2009)
« Nous sommes une manière d’être dans l’être… l’objet d’une science pratique des manières d’être. »
Gilles DELEUZE
(Vincennes , cours du 2 au 9 décembre 1980, transcription de Lucie Fossiez)
La Relance, ni médecine ni psychothérapie, est une discipline qui permet de rendre sens et impulsion à la dynamique individuelle ralentie ou bloquée.
Elle s’appuie sur une grande quantité d’observations, « les éléments pour une histoire naturelle », dont il sera largement question.
Ces observations, dénuées de toute interprétation, procèdent d’un regard respectueux. Elles n’ont pas recours à ce qui tient lieu de savoir universel depuis le début du XX e siècle, la « psychologie des profondeurs ».
Ouvrir le champ de l’observation m’a conduit, par exemple, à abandonner la proposition qui donne que le nouveau-né humain naît « pervers », diablement retors, pressé de tuer son père pour disposer à tous égards de sa mère.
Je réfute tout autant les hypothèses qui à l’unisson de la morale ambiante définissent ce qui est normal et ce qui ne l’est pas. Elles contribuent à installer souffrance et désarroi et excluent, marginalisent ou condamnent l’individu perçu hors les normes fixées. Ou encore celles qui stigmatisent celle ou celui qui ne se comporte pas comme il est dicté de le faire en référence au sexe apparent dont il est nanti.
Distances prises, l’individu apparaît comme le moment d’une vaste « transformation silencieuse », la résultante toute particulière du projet de l’Espèce. Chacun est un échantillon unique, un évènement dans le processus de l’évolution.
Je rapporte comment cet individu demeure très personnellement concerné par toutes les phases de l’évolution que ses lointains ancêtres ont traversées, par celles de l’histoire de sa lignée immédiate et du groupe ou de la société auxquels il appartient.
L’individu est encore porteur d’une préhistoire privée, celle de son passage intra-utérin. Sa venue au monde advient selon une épreuve initiatique obligée, un viatique à la fois traumatisant et salvateur, une naissance qui le marque à jamais.
Selon le regard proposé en cet essai, l’humain figure « un bien étrange attelage » dont je fais largement état.
Ce même regard m’a conduit à élaborer puis à mettre en œuvre une manière différente d’appréhender les difficultés de la personne, manière désormais partagée avec de nombreux collègues.
Minimaliste et pragmatique, la Relance propose des moyens originaux qui peuvent permettre à l’individu demandeur et consentant d’accéder à un meilleur équilibre, d’engager une nouvelle dynamique lorsque l’un ou l’autre est questionné.
Elle est appliquée de longue date. Je la présente ici pour la première fois et évoque davantage l’esprit qui l’anime que ses développements chaque fois particuliers.
ENVOI
J’appartiens à l’espèce humaine et tout au long de mon parcours j’ai rencontré et fréquenté nombre de mes semblables.
Je continue de le faire à l’occasion.
Sept ans. Je cesse d’accabler maman de questions embarrassantes portant sur le Soleil, la Lune, les planètes et les étoiles. Curieux de savoir au milieu de qui j’ai atterri, ce qui m’attend, pressé de répondre à la question : « qui sont les humains ? » Je reviens sur Terre.
Je ne suis pas encore tout à fait sûr d’appartenir à cette engeance !
Je découvre au hasard une réponse toute faite et constate avec soulagement que je ne suis pas le premier à m’intéresser à la question. Sur une carte postale joliment coloriée, un dessin et une légende, « l’homme est un roseau pensant » signée du prénom de mon oncle qui vient tout juste de rentrer de la guerre et auquel je prête une très grande sagesse.
J’adopte sans attendre la formule du roseau pensant. Elle m’enchante pendant deux années scolaires.
Je vois des roseaux partout.
Adviennent de grandes vacances.
La rentrée au collège.
Le refrain du roseau pensant me semble maintenant trop beau, pour tout dire faussement poétique.
Je m’inquiète du sérieux de ce Pascal. J’ai appris entre-temps qu’il ne s’agit pas de mon oncle. Je suspecte cet auteur sans doute questionné, « Papa, c’est quoi l’humain ? », de s’en être tiré par une pirouette, d’avoir répondu à son fils pour avoir la paix.
Et puis ce roseau de carte postale comme les vrais roseaux croisés chaque matin sur le chemin du collège, incapables de se mouvoir, tenus par des griffes végétales sèches et obstinément agrippées au sol, ne répond en rien à mon désir tout neuf de parcourir le monde.
J’abandonne ce roseau sans émotion excessive.
Dans les jours qui suivent, une autre réponse tombe à l’improviste.
Un après-midi torride de juin en cours de Sciences naturelles, certains somnolent, d’autres bavardent.
Le professeur exploite une plage de silence inopiné, semble venir à conclusion d’un exposé auquel je n’ai prêté aucune attention. Il s’éclaircit la voix. Prend son temps. Et annonce : « L’humain est un animal doué de raison ! »
Tous les élèves acquiescent.
Y compris ceux du fond de la classe.
Tous semblent au courant.
Pas moi.
Un peu honteux je tarde à imiter mes camarades qui déclenchent en un bel ensemble un mouvement de tête approbateur et continu, de ceux qui ponctuent et prolongent généralement un énoncé de bon sens absolu que chacun redécouvre ou entérine.
Il y a sans doute réponse incontournable à ma question puisque tous la reçoivent comme telle.
Je prends sans illusion le parti de m’y tenir.
« L’animal doué de raison » advient à point nommé. Il me tient lieu de réponse transitoire, m’accorde un répit. Dans l’attente qu’une autre réponse veuille bien se présenter sans que je consente au moindre effort pour la dénicher, je suis libre de m’adonner à des activités plus triviales.
Je ne me contente pas bien longtemps de cette formule qui suscite davantage de questions qu’elle n’offre de réponses.
Entre deux écarts de conduite, au moment le plus incertain, un soir, je me surprends à répliquer avec assurance et bien du retard au professeur qui, bien entendu, n’est pas en face de moi.
Je le regarde droit dans les yeux comme je n’ai jamais osé le faire jusque-là. « Monsieur, lui dis-je, l’humain est peut-être un animal doué de raison, mais dites-nous ce qu’est un animal et ce qu’est la raison ? »
Je le sens prêt à répondre, mais très embarrassé tout de même.
Soucieux d’éviter les ennuis je décide de ne pas lui poser la question « en vrai » devant toute la classe, pas même entre deux portes à la fin d’un cours.
Dix ans passent à errer, observer, rêver, étudier.
J’en oublie ma question relative à l’humain dont je n’ai jamais fait état à personne et dont j’ai maintenant un peu honte.
Je poursuis cahin-caha les tracés scolaires et universitaires, m’applique sans enthousiasme aux figures imposées, donne dans la facilité ambiante, fais preuve de la complaisance nécessaire.
Ce faisant j’éprouve le besoin constant de me donner un peu d’air. Je glisse au hasard dans le sillage de philosophes, de scientifiques, d’artistes qui ouvrent de nouvelles pistes parfois inaccessibles, vite effacées ou qui n’ont jamais cessé de questionner.
J’ai repoussé de mon mieux le moment de donner sens à ma propre condition. Psychanalyste, profession chèrement acquise, en tiendra lieu.
Accompagné par un vieil homme sage, faussement attentif, patient, étourdi et respectueux, elle m’a obligé à une réflexion permanente sur moi-même.
J’ai bien ou mal appris trop de choses. Je suis face à des humains, nanti d’un savoir entendu et d’une méthode jouissant d’une belle réputation que je ne tarde cependant pas à questionner. Avant même de les rencontrer, d’entendre leurs difficultés, je « sais ». L’espace qui me sépare d’eux est encombré de grilles d’entendement et je passerais bien du temps à tenter de me débarrasser de quelques-unes.
La difficulté avec les grilles est qu’une fois installées elles se fondent dans le paysage. Il m’arrive encore de me laisser surprendre par certaines. Je m’en amuse lorsque je suis assez attentif pour noter leur prés

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