La restitution des savoirs
227 pages
Français

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Description

Qu'est-ce que la restitution et comment est-elle prise en charge dans la pratique scientifique ? Cet ouvrage développe un questionnement élargi dans lequel chaque chercheur(e) devrait être engagé(e) : quoi, à qui, comment, quand, pourquoi et pour quoi restituer ? Les auteur(e)s proposent diverses façons de repenser la restitution, avec le souci de traiter conjointement les dimensions épistémologiques, méthodologiques et empiriques de leurs activités de recherche.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336694146
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.

Dernières parutions

Delphine CEZARD, Les « Nouveaux » clowns, Approche sociologique de l’identité, de la profession et de l’art du clown aujourd’hui , 2014.
Christian BERGERON, L’épreuve de la séparation et du divorce au Québec. Analyse selon la perspective du parcours de vie , 2014.
Jérôme DUBOIS et Dalie GIROUX (dir.), Les arts performatifs et spectaculaires des Premières Nations de l’est du Canada , 2014.
Frédéric COMPIN, Traité sociologique de criminalité financière, 2014.
Yolande RIOU, Etre un maire en milieu rural aujourd’hui : témoignages d’élus du Berry, 2014.
Jean-Pierre DARRE, Parcours d’un sociologue, Objectivité et parti-pris , 2014.
Dan FERRAND-BECHMANN et Yves RAIBAUD (dir.), L’engagement associatif dans le domaine de la santé , 2014.
Régis MACHART et Fred DERVIN (dir.), Les nouveaux enjeux des mobilités et migrations académiques , 2014.
Laurence FOND-HARMANT (dir.), Prévention et promotion de la santé mentale. Une alliance transfrontalière innovante , 2014.
Abdessamad DIALMY, Sociologie de la sexualité arabo-musulmane , 2014.
Chahnaz PARVANEH, La Femme Iranienne, tiraillée entre la tradition, la modernité et la postmodernité , 2014.
Fred HAILON, L’ordre idéologique, Éléments de cognition politique, 2014.
Daniel BERTAUX, Catherine DELCROIX, Roland PFEFFERKORN (dir.), Précarités : contraintes et résistances, 2014.
Pınar SELEK, Service militaire en Turquie et construction de la classe de sexe dominante. Devenir homme en rampant, 2014.
Abou NDIAYE, L’ordre vestimentaire. De la distinction par l’habilement à la culture de l’élégance , 2014.
Titre
Copyright
© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-69414-6
Introduction
Prologue
Marie-Noëlle Schurmans, Caroline Dayer, Maryvonne Charmillot
Vous avez dit « restitution » ?
Les manuels de méthodologie ne font jusqu’ici pas grand cas de la restitution . Tout au plus, les questions liées à la communication de résultats de recherche se trouvent-elles – parfois – abordées. La publication est alors l’entrée privilégiée – essentiellement la rédaction d’articles scientifiques –, et les stratégies de présentation – soutenances de thèse, interventions orales dans colloques et congrès ou rédaction de posters – se multiplient, dans les écoles doctorales notamment.

Sous cet angle, la restitution est envisagée comme une étape finale, ultérieure à l’activité de recherche. Elle est certes fondamentale, dans la mesure où elle a pour fonction première de communiquer aux pairs des résultats, c’est-à-dire à la fois de leur permettre de critiquer la démarche de recherche qui les a générés, de reproduire celle-ci, de mettre en concurrence différents systèmes d’interprétation concernant les résultats et, de ce fait, différents fondements théoriques. Elle permet donc, au sein de la « cité savante », d’opérer un contrôle de la validité et de la fiabilité des résultats, et de procéder ainsi tant à la cumulativité des connaissances scientifiques qu’à la transformation potentielle des paradigmes qui les sous-tendent. Ses fonctions – subsidiaires ? – sont connues, elles aussi : publications et présentations permettent aux chercheur-e-s d’acquérir légitimité et/ou visibilité, dans l’univers impitoyable des académies pour lesquelles publish or perish n’est pas un slogan vide.

En ce sens, la restitution s’est inscrite dans une tradition positiviste pour laquelle l’activité scientifique vise la connaissance théorique. Mais cette inscription offre aussi une deuxième fonction à la restitution. La connaissance en effet, dans un second temps, a pour mission de s’ouvrir à l’agir technique : la restitution fait donc signe à un registre de communication différent, visant les retombées pratiques d’une recherche. Cet agir technique cependant, pour Comte notamment, présente un caractère clairement a-théorique. La notion de recherche-action ou, plus actuelle, celle de recherche-intervention, dans cette perspective, n’aurait, à l’évidence, pas été envisageable.

Sans doute, la restitution, a-t-elle donc été « pensée » dans cette tradition. Mais ses deux fonctions – relatives essentiellement aux questions quand et à qui restituer – semblent s’y être sclérosées. Restitution aux pairs et restitution aux ingénieur-e-s semblent occuper l’espace du pensable, et s’inscrire dans une temporalité ultérieure à la recherche sans être l’objet d’une réflexion critique occasionnant ajustements et amendements.

L’ouverture d’une perspective compréhensive – depuis Weber, Dilthey ou Schütz – a certes inauguré de nouvelles questions. Pour ne reprendre ici que Weber, comment en effet traiter l’écart éventuel entre les deux types de rationalité qui sous-tendent l’action et son interprétation ? Comment, autrement dit, redresser – si nécessaire – une compréhension fondée sur les attentes qu’on a nourries subjectivement par rapport au comportement des objets par une compréhension fondée sur les attentes qu’on a nourries objectivement par rapport au comportement des objets (Schurmans, 2006) ? La perspective communicationnelle qu’inaugure ce nouveau questionnement porte au premier chef sur la cible, et celle-ci n’est plus constituée exclusivement de pairs et d’ingénieur-e-s. Une fonction de dévoilement se profile ici, qui porte sur le système symbolique et qui, ce faisant, concerne l’ensemble du contexte sociétal.

Cette fonction de dévoilement sera notamment reprise, on le sait, de façon emblématique par la sociologie critique. La sociologie du dévoilement que préconise Bourdieu (1980) est tout le contraire d’un savoir d’expert réservé aux experts : son utilité scientifique se double d’une utilité sociale bien plus vaste, et la responsabilité scientifique du sociologue se lie à sa responsabilité sociologique, qui consiste à contribuer au dévoilement des rapports de force et des rapports de sens qui structurent et déterminent le monde social. Par ces notions de responsabilité et d’engagement, Bourdieu politise ainsi, à propos de la restitution, un questionnement porté sur le pourquoi et le pour quoi .

En ce qui concerne la restitution, la politisation des postures adoptées dans la pratique sociologique ne fait pas que déployer un espace de débat ainsi que, par conséquent, encourager la réflexivité critique portant sur l’ajustable et l’amendable. Elle met également chaque chercheur-e devant sa propre responsabilité politique dans l’ensemble de ses tâches professionnelles, et ce tant dans les domaines de la recherche que de l’enseignement. Se présente dès lors une nouvelle ouverture à la question du quoi restituer. Les auteur-e-s que nous sollicitons et les références dont nous usons ne peuvent plus être perçues sous l’angle de la neutralité axiologique. Auteur-e-s et références sont eux-mêmes et elles-mêmes situé-e-s, à l’intérieur d’un champ de force.

Les travaux qui s’appuient aujourd’hui sur le pragmatisme épistémologique viennent à leur tour questionner la posture positiviste. Genard et Roca i Escoda (2013) nous rappellent qu’à la suite de Peirce, James ou Dewey, la vérité peut être définie par ses conséquences. Et Schurmans (2008, 2009) précise que, dans le cadre pragmatiste, en effet, la validité externe des produits de l’enquête, ou leur pertinence, est relative à leur répercussion sur la vie ou, autrement dit, à la façon dont ils servent ou rendent dans le cadre d’une d

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