La royauté de la mer à Fadiouth
232 pages
Français

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La royauté de la mer à Fadiouth , livre ebook

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Description

Tod't signifie en seereer "revêtir d'une dignité civile ou religieuse". Par métonymie, le terme indique la cérémonie de consécration du roi de la mer à Fadiouth. Choisi parmi les chefs de lignage des deux branches royales du matriclan Jaxanoora, le roi de la mer a le pouvoir de rendre les eaux poissonneuses et les terres fertiles, et d'écarter les maléfices du village.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 12
EAN13 9782296474000
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L A ROYAUTÉ DE LA MER À F ADIOUTH.
A SPECTS DE LA RELIGION TRADITIONNELLE
SEEREER (S ÉNÉGAL )
V IRGINIA T IZIANA B RUZZONE


L A ROYAUTÉ DE LA MER À F ADIOUTH.
A SPECTS DE LA RELIGION TRADITIONNELLE
SEEREER (S ÉNÉGAL )
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54888-6
EAN : 9782296548886

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
P RÉFACE
Après les travaux notoires de Marcel Griaule, G. Dieterlen, Y. T. Cissé, Pierre Verger, et quelques autres représentants de l’école d’ethnologie française, il est devenu rare qu’un « africaniste » s’aventure dans l’étude des mythes du continent noir.
D’abord parce que Levis Strauss, sur le plan méthodologique, avait bouleversé tant la façon de traiter les mythes que de les interpréter (ceci pour les Amérindiens qu’il avait étudiés). Ensuite parce que les ethnologues furent – à tort souvent – assimilés aux collaborateurs de la colonisation, voire du colonialisme, et il fut mal vu par les intellectuels de gauche de prolonger cette discipline dans une Afrique « indépendante ».
Si bien que dans les universités créées par la France dans les capitales des nouveaux États, on « oublia » purement et simplement l’ethnologie, la remplaçant par la sociologie et la psychologie, plus « modernes » et à la mode aux USA (et sous l’influence de Balandier en France).
Si bien que rares furent les Africains orientés et formés à l’exercice de cette discipline, et donc aptes à réfléchir sur les mythes de leurs propres sociétés.
Même ceux qui firent leurs études en Métropole choisirent, ou furent amenés à choisir, des sujets comme les systèmes de parenté et de lignages, les rapports de classes sociales, ou encore les problèmes de dévolution du pouvoir, ou du droit foncier chez telle ethnie ou dans tel pays, sujets voisins de la politique et de l’histoire.
Si Luc de Heusch, lévi-straussien scrupuleux, n’hésitait point à brasser les mythes du Rwanda avec succès, il fut peu suivi par les jeunes chercheurs qui, pour la majorité, se dirigèrent vers les études historiques qui, du reste, en avaient bien besoin, pour avoir été largement négligées durant l’époque coloniale.
Et ce n’est qu’en passant, que désormais on évoqua les « croyances » des sociétés, dont on présentait les « structures » sociales, politiques, économiques avec le plus grand soin.
Certes l’effort du CNRS à travers sa revue « Les systèmes de pensée en Afrique noire » a remis l’accent sur les données religieuses propres à l’animisme (ses rites et ses acteurs). Mais après une trentaine d’années de creux sur la question. Pratiquement une génération.
Aussi les ouvrages de J. M. Gibbal sur les génies du fleuve du Niger, ou d’Olivier de Sardan poursuivant ceux de Jean Rouch sur les Songhay-Zorma réamorcent la recherche dans ce domaine.
Cependant qu’au Sénégal, après les investigations de L.V. Thomas sur les Diolas, et les enquêtes de Martin et Becker ainsi que du Père H. Gravrand sur les Sérères, c’est une jeune femme italienne qui présente l’étude ci-dessous sur les mythes et les rites d’intronisation du roi de la mer, le Saacuur , dans l’île sérère Fadiouth.
L’intérêt d’un travail de véritable ethnologie c’est qu’il ne vieillit pas vite, à l’inverse des études de sociologie. Car il touche si profondément aux racines mentales d’un groupe ethnique que ses observations seront longtemps pertinentes. Les systèmes sociaux, politiques, éducatifs peuvent changer en cinquante ans : c’est le cas de l’Afrique coloniale. Mais les « systèmes de pensées », les visions du monde, la philosophie profonde sont loin d’avoir cessé d’actiomer les sociétés africaines. Et cela est dû en partie à leur comportement que l’Occident peine à expliquer ou à modifier à travers ses innombrables « plans de développement ».
Le travail de madame Bruzzone est donc un exemple dans la mesure où il nous introduit à la pensée sérère, et non seulement à un rituel précis, ou aux structures sociales des pêcheurs Jaxanoora , responsables de ce rite – porteur du mythe du roi de la mer.
Car pour éclairer son sujet il lui faut d’abord remonter le long chemin de l’histoire jusqu’au XIII e siècle où, avant la venue des nobles guelwaar du Gabou (XIV e ), pénétrèrent sur ces îles des proto-Sérères venant également du Sud ; ces simples pêcheurs-agriculteurs s’allièrent avec des Soose autochtones (du groupe Mandé) qui peuplaient depuis des siècles ces terres du Sine et du Saloum, les parsemant de tumulus et de mégalithes sur lesquels la tradition orale est restée muette.
Parmi les sept ou huit clans de base sérères qui s’installèrent ainsi dans la région par petits groupes, sans violence, et se mélangèrent aux résidents, les Jaxanoora étaient les responsables spirituels de la Mer (poissons, coquillages, vents, pluie, pêche) cependant que d’autres clans l’étaient du Feu et de la Terre. Et comme les autres, ils emportaient leur idéologie.
Les mythes religieux de base des Sérères ne se récitent pas d’une traite, comme celui des Dogons de Griaule. Mais ils sont composés d’une multitude de récits sur les génies et totems de chaque famille, sur les lieux de culte, sur les rencontres, alliances ou accidents avec ses génies ; ils sont balisés et entretenus par la prêtrise des yaal-pangool, par les fêtes traditionnelles et les sacrifices quotidiens.
Nous espérons que, à l’instar de cette étude, les recherches sur les mythes africains se multiplient, véritables patrimoines spirituels de nos civilisations traditionnelles.


Pr Lilyan Kesteloot
IFAN / UCAD
N OTE LIMINAIRE T RANSCRIPTION ET REMARQUES
Dans l’alphabet seereer , les consonnes ɓ , ɗ , ɓ , ƴ sont des glottalisées, ŋ , ñ sont des nasales, x est une vélaire constrictive sourde, j est une palatale sonore.
Dans le texte, figurent en sereer les noms des lignages, personnages aux fonctions spécifiques, génies, plantes et animaux.
Il faut souligner que les habitants de Fadiouth ne font pas souvent de distinction entre le singulier et le pluriel. Cependant, dans le respect de la littérature existante, certains mots sont au singulier ou au pluriel, comme :
singulier
pluriel

cuballo
subalɓe

fangool
pangool

gaynaak
kaynaak

jini
cini

nguus
kuus
Les termes saacuur , maad , lingeer commencent, dans le texte, par une lettre minuscule ou majuscule dans les cas suivants :
saacuur = prêtre
Saacuur = prêtre-roi de la mer
maad (no maah ) = roi de la mer ; Maad (a Sinig) = Roi du Sine
lingeer = reine
Lingeer = reine du Sine
Sont en italique les noms des ethnies sauf « Mandé ». En effet, la plupart des chercheurs ont préféré donner aux migrations vers l’ouest la dénomination globale de « Mandé » qui recouvre plusieurs composantes : malinke, mandinka, soninke, gaabunke ; peuples que les Wolof et les Seereer ont appelés génériquement Soose.
Le signe w indique la transcription en wolof.
La datation historique générale est celle proposée par le Rd. P. Gravrand. Un point d’interrogation accompagne la datation des règnes de la chronique de Niokhobaye Diouf, parfois douteuse ; c’est cependant la seule qui soit, de nos jours, complète.
A VANT-PROPOS
Dans la décennie 2000, l’île de Fadiouth s’est adaptée à un nouveau contexte socioéconomique. Deux nouveaux ponts ont été inaugurés en 2005, des campements et des boutiques d’artisanat ont surgi un peu partout, le ramassage des déchets domestiques a été récemment réorganisé. Les femmes s’impliquent de plus en plus en politique.
La mosquée de Dioum a accueilli ses premiers fidèles en 2001, un nouveau tod’t a eu lieu.
Mes vieux informateurs, le Saacuur , la lingeer , Wousel, l’un après l’autre, ont entrepris le voyage définitif à Sangomar. Le Père Gravrand aussi.
Mes recherches se sont tournées vers d’autres sujets. Je suis devenue mère. Je vis à nouveau, à cette occasion, ma jeunesse d’ethnologue, mes enquêtes passionnées, accompagnée de ma sœur, Co

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