La saga nucléaire
256 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Qui sont ces médecins, chercheurs, ingénieurs, qui utilisent dans leur domaine des radioéléments ? Dix-huit d'entre eux ont narré leurs études, leurs engagements, ainsi que leurs peurs et déceptions. Ce livre retrace leur vécu dans cette aventure au cœur du monde nucléaire, loin des caricatures. Parmi eux, il faut distinguer Léonid Urutskoïev, parti volontairement à Tchernobyl deux mois après l'accident pour participer aux travaux de liquidation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2015
Nombre de lectures 49
EAN13 9782336387987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Nicole Colas-Linhart
Anne Petiet







La saga nucléaire

Témoignages d’acteurs
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73809-3
Dédicace

À Marie, Pierre et Virginie.
À Jacques-Olivier, Clément et Florent.
AVANT-PROPOS
Le projet
Le mot nucléaire fait peur. Dans l’imaginaire, l’horreur se réfère aux bombes atomiques larguées sur Hiroshima-Nagasaki en 1945, puis en 1986 à la catastrophe de Tchernobyl et à celle de Fukushima en 2011. Il est actuellement au cœur de débats énergétiques : « Faut-il sortir, un peu, beaucoup ou pas du tout du nucléaire ? ».
Le public méconnaît l’importance de la production d’électricité d’origine nucléaire en France (79%) permettant un prix minime du kilowattheure. Curieusement, le public reconnait les bienfaits du nucléaire dans les domaines médicaux : le radiodiagnostic (radiographie, scanographie, scintigraphie) et la radiothérapie qui pour la première fois, permettait le traitement des cancers. Pourtant, les radioéléments utilisés en médecine comme l’iode 131 et le césium 137, sont majoritairement les mêmes que ceux émis lors des accidents de Tchernobyl et Fukushima. Tout comme la radioactivité « naturelle » du corps humain et celle rejetée lors des éruptions volcaniques.
Au cours de nos années professionnelles, nous avons rencontré, discuté, travaillé, avec « des inconnus » du nucléaire. Ils ne font pas partie des pionniers, les découvreurs de la radioactivité et de ses applications, mais sont ce que nous appelons les « pionniers de la deuxième génération » dont la carrière a débuté dans les années 1950-1960, dans l’après Hiroshima-Nagasaki, où le nucléaire a été associé à une puissance destructive. Leurs discours, leurs souvenirs, leur vécu étaient passionnants, exceptionnels et parfois surprenants. Mais ils n’en parlaient pas ou plus, leurs propos ayant été déformés. Engagés dans le développement du nucléaire militaire ou civil, la radioprotection, la Radioécologie, la Radiotoxicologie, la médecine nucléaire et la radiothérapie, ils pensent que leurs histoires personnelles et professionnelles n’ont pas d’importance.
Nous nous sommes donc lancées dans un travail de recueil de leurs témoignages dans l’objectif de pas perdre cette mémoire. Dix-huit d’entre eux, qui étaient des amis proches ou le sont devenus, ont accepté d’être interviewés et ont « joué le jeu » pour retrouver les anecdotes liées à leurs pratiques professionnelles.
Inutile de préciser que ces « inconnus » sont fort nombreux !
Le public assimile ces « acteurs du nucléaire », qu’ils soient médecins, chercheurs, ingénieurs ou physiciens à des gens étranges, vivant dans leur bulle, peu communicatifs, bref bien différents de « Monsieur tout le monde » ! Leur témoignage dessine des portraits humains bien loin de la caricature qui est souvent faite dans les médias d’un « lobby nucléaire » peuplés de personnages psychorigides et élitistes.
Ce livre est le fruit de leurs récits, nous les en remercions.
Quelques mots sur mon histoire
Moi aussi, comme chacun, j’ai eu peur de cet univers quand j’ai été embauchée dans le service de Médecine Nucléaire de Cochin. En 1970, j’avais suivi des cours lors de mon internat sur la radioactivité, cours qui m’ont rassurée et surtout passionnée.
Depuis 1975, je travaillais à l’hôpital Beaujon, un nouveau service de Médecine Nucléaire, où j’étais responsable du laboratoire de Radioimmunologie. Grâce à mon patron, le Professeur Bernard Bok, j’avais gravi les échelons de la carrière hospitalière, ayant des certificats de spécialisation et une thèse de Doctorat. J’étais devenue Maître de Conférences et Praticien Hospitalier. J’étais aussi responsable du laboratoire de recherche de Biophysique à la Faculté de Médecine Xavier Bichat.
En ce jour du 26 avril 1986 à minuit, je dormais. J’ignorais que la centrale de Tchernobyl avait explosé et, qu’il y aurait des conséquences importantes en Ukraine et moindres sur l’ensemble des territoires européens. J’avais mal dormi, car mon patron, médecin nucléaire à Beaujon, avait programmé une réunion de service à 8 h 30. Or, j’habite à l’autre bout de Paris. Le sujet était sans intérêt majeur et il m’a invitée ensuite à prendre un café et nous avons discuté de choses et d’autres. Je l’ai quitté sans information concernant Tchernobyl, je suis passée au marché couvert de Clichy pour acheter des fruits et légumes puis j’ai rejoint mon laboratoire de recherche à la Faculté où j’ai retrouvé Anne.
Ce n’est que le 28 avril que nous avons reçu des informations par les autorités suédoises : une contamination radioactive venant de l’Ukraine, était décelable en Europe. Enfin, l’agence Tass a confirmé l’accident de Tchernobyl et Mikhaïl Gorbatchev est sorti de son silence…
Le 29, faisant des mesures de bruit de fond dans le laboratoire, nous avons noté une augmentation des taux de la radioactivité ambiante, qui ne nous ont pas inquiétées. Les appareils de mesure de la radioactivité sont très sensibles et sans la présence de sources de radioéléments, ils détectent seulement un bruit de fond dû à la radioactivité naturelle.
Le lendemain, à Beaujon, nous avons vérifié chez nos malades qu’il n’y avait pas un problème de contamination externe avant de procéder à un examen thyroïdien et l’injection d’un produit radioactif diagnostic. L’accident de Tchernobyl ayant rejeté des iodes radioactifs, il était facile de mesurer la fixation thyroïdienne. De nombreux services nucléaires en France ont pris les mêmes précautions. Toutes ces mesures furent négatives.
Ensuite, tout s’est emballé dans la communication ! Le Monde a parlé de deux mille décès dans son édition du 30 avril.
Le panache radioactif est arrivé sur le sud de la France. Le 29, un anticyclone protégeait la France et en conséquence, la présentatrice de la météo sur Antenne 2, Brigitte Simonetta avait placé un « Stop » sur la frontière de la France. Mais, le 30 avril, l’anticyclone a changé d’orientation. Le « Stop » de l’époque sera à l’origine de la fameuse phrase imputée à Pierre Pellerin : « le nuage s’est arrêté à nos frontières » !
L’augmentation de la radioactivité fut décelable d’abord à Monaco, puis à Nice puis dans l’est de la France. Dès le 29 avril, la mesure des filtres d’avion venant des pays de l’est, enregistrait une augmentation de la radioactivité. Ces mesures faisaient partie d’une surveillance instituée depuis de nombreuses années par le SCPRI dirigé par le Pr. Pellerin. Celui-ci avait rapidement communiqué le 30 avril sur l’absence de risques potentiels en France due au panache radioactif qui avait survolé principalement l’est de la France. Je n’étais dons pas inquiète. Mais depuis les événements, il a été attaqué par de nombreux médias et les organisations antinucléaires. Ces propos l’avaient profondément atteint et il vivait reclus chez lui à Paris, avec sa femme. Il ne voulait voir personne sauf ses fils.
J’ai eu de longs échanges téléphoniques avec lui, il aimait parler ! Et au fil de nos conversations, j’ai découvert des facettes de sa personnalité, de sa vie et de ses envies que j’ignorais ! Je les narre dans ce livre. Curieusement c’est lui, le Pr. Pellerin, qui m’a donné l’idée de cet ouvrage.
Il nous a aussi incitées à entreprendre des travaux scientifiques dans notre laboratoire pour comprendre l’augmentation de l’incidence des cancers thyroïdiens chez les jeunes enfants de Tchernobyl. Puis nous nous sommes engagées avec les colloques « Nucléaire et Communication » que nous organisons chaque année afin d’expliciter au grand public l’intérêt du nucléaire médical et civil.
Revenons au projet de notre manuscrit. Nous avons voulu donner la parole à des personnes fort différentes dans leur discipline, tous impliqués dans des projets qui les passionnaient.

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