La Sociologie - Essai de philosophie sociologique
175 pages
Français

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La Sociologie - Essai de philosophie sociologique , livre ebook

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Description

Multi pertransibunt, sed augebitur scientia. 1. Le problème sociologique. Aberrations courantes. — La science sociale en est encore à chercher sa véritable voie. Depuis Comte qui a nettement posé le problème d’une science des sociétés continuant la série scientifique, arrêtée, de son temps, à la biologie, cette question a traversé une phase importante de son développement, mais une phase initiale et préparatoire seulement. On peut dire que le problème sociologique est profondément entré dans la conscience scientifique de l’époque, mais qu’il n’en est point ressorti encore sous sa forme objective, c’est-à-dire comme science sociale constituée.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 6
EAN13 9782346076970
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Eugène de Roberty
La Sociologie
Essai de philosophie sociologique
BIBLIOTHÈQUE
SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION
DE M. ÉM. ALGLAVE
XXXVII
AVANT-PROPOS
La sociologie est un domaine acquis à l’homme et parcouru par lui en tons sens en même temps qu’une terre totalement inconnue ; un domaine acquis, car l’humanité en a pris possession depuis des siècles, et rien ne nous touche de plus près que les phénomènes si particuliers et si complexes à la fois de la vie sociale ; une terre inconnue, car les générations actuelles, quoique dernières venues en date, s’y sentent encore entièrement vouées au hasard, forcées de poursuivre leur chemin au gré de l’inspiration individuelle et de l’instinct collectif, ne sachant comment s’orienter au milieu d’un nombre immense de faits dont la réalité sensible et concrète leur tombe sous la main, mais dont la liaison rationnelle et abstraite leur échappe.
Dans ces conditions, et je ne crois pas qu’on cherche à en contester l’exactitude, je n’ai pas besoin de plaider les circonstances atténuantes pour les erreurs de doctrine que j’ai pu involontairement commettre dans ce livre.
Excluant rigoureusement l’hypothèse, prise dans le sens de supposition immédiatement invérifiable, de la philosophie, qui est une méthode pour arriver à une conception d’ensemble de tous les phénomènes connus, autant et plus encore que cette conception même, — je fais, dans la science particulière, une part très large (assurément trop large au gré de la plupart de mes condisciples philosophiques) à l’usage régulier de ce moyen si puissant et très souvent unique pour découvrir les rapports cachés des phénomènes. J’admets également l’hypothèse dans ce domaine mixte de la connaissance qui n’est déjà plus de la science, qui n’est pas encore de la philosophie, qui tient de la première et participe de la seconde, qui forme la transition naturelle de l’une à l’autre, en un mot, dans la philosophie de la science particulière. C’est là un domaine spécial, presque nouveau et fort peu cultivé. L’ancienne métaphysique n’en faisait pas beaucoup de cas ; c’est à peine si elle pressentait la nécessité de cet échelon intermédiaire entre la science et la philosophie. Les divers courants de la pensée moderne commencent à en tenir sérieusement compte. L’œuvre immortelle du fondateur du positivisme est une tentative grandiose, faite en vue d’en déterminer les limites et d’en tracer les contours généraux. Mais la pensée moderne tend à confondre les philosophies particulières des sciences avec leur philosophie générale, ou du moins à considérer les premières comme des parties intégrantes de la seconde.
Il me semble, au contraire, que, loin d’épuiser la philosophie proprement dite, les philosophies particulières des sciences n’en sont que les assises. La philosophie scientifique ou positive est une généralisation suprême des philosophies particulières, comme chacune de celles-ci est une dernière généralisation des faits, des théories, des lois et surtout des méthodes de la science spéciale correspondante. Le sol commun est la science : les philosophies et la philosophie forment les deux constructions superposées qui s’y élèvent et qui sont, chacune à un degré différent et à un titre particulier, nécessitées par les tendances naturelles de notre esprit vers l’unité, la simplicité, l’accord final des idées entre elles.
Ce livre est un essai, dont toutes les parties appartiennent au domaine de la philosophie particulière de la science sociale., Son défaut principal, défaut qui sera de longtemps encore celui de tous les ouvrages de ce genre, est de traiter de matières relevant de la philosophie d’une science qui existe à peine, qui n’est pas constituée d’une manière définitive. Dans ces conditions, j’ai dû, de toute nécessité, user largement de l’hypothèse sous toutes ses formes. Les lois qui régissent les sociétés et qui expriment les relations constantes des phénomènes sociaux, tant entre eux qu’avec les phénomènes et les propriétés d’un ordre différent, étant presque totalement inconnues, et les grandes découvertes sociologiques étant encore à faire, je ne pouvais évidemment en déduire ni les méthodes sociologiques, ni les divisions de la science, ni une détermination précise de ses rapports avec les sciences voisines ; à tous ces égards, je ne pouvais que faire des inductions approximatives dont les lacunes inévitables devaient naturellement être comblées par des suppositions. La déduction faisant défaut, l’hypothèse a pris, dans les chapitres qu’on va lire, sinon toute la place, du moins bien plus qu’il ne lui en revenait de droit. Au nombre de mes suppositions, il y a quelques conjectures dont la vérification ne pourra être entreprise de sitôt ; le lecteur les distinguera facilement des hypothèses que j’ai tâché de vérifier moi-même à l’aide des faibles moyens que la science actuelle des sociétés met à notre disposition.
Une grande partie du travail que je soumets aujourd’hui au jugement de la portion du public européen qui s’intéresse à ces sortes d’écrits, a paru primitivement sous forme d’articles. Les dix premiers chapitres de ce volume, sauf quelques corrections et modifications apportées par la suite, ont été publiés dans la Philosophie positive, revue dirigée par mon cher maître E. Littré et mon ami G. Wyrouboff 1 . En outre, une publicité plus spéciale est récemment échue à mon livre. J’ai tenu à faire paraître ce travail d’abord dans la section russe de la Bibliothèque scientifique internationale . Je n’ai eu qu’à me féliciter de cette résolution. Le succès de l’édition russe a dépassé mon attente à ce point, que je puis presque considérer la publication actuelle comme une nouvelle édition. Et à ce propos, me prévalant du caractère vraiment international de la Bibliothèque scientifique, je saisis l’occasion qui se présente pour exprimer au public de mon pays ma profonde gratitude.
J’ajoute que mon livre a été l’objet de nombreuses et vives critiques en Russie. Je serais mal venu de m’en plaindre : elles ont certainement contribué à répandre mes idées (qui, dans leurs fondements essentiels, sont celles de l’école positive) dans telle partie du public qui autrement leur serait restée de longtemps encore inaccessible. Ces attaques m’ont d’ailleurs semblé fort naturelles, venant d’un parti où la confusion des idées générales est depuis longtemps à l’ordre du jour. Cette confusion menace même de passer à l’étal de véritable dogme d’une philosophie aussi essentiellement dissolvante et intérimaire que l’est sa cause directe, l’intolérable situation actuelle des choses politiques et sociales dans un grand pays justement impatient de prendre enfin, après tant d’espérances déçues, possession de lui-même. Il me sera toutefois permis d’exprimer un regret, celui de n’avoir pu, dans la discussion soulevée par mon livre, recueillir une seule observation, une seule objection offrant le caractère de ces communications utiles qu’un auteur est toujours désireux de mettre à profit pour une rédaction nouvelle de son œuvre.
1 Mars-avril 1816 à juillet-août 1878.
LE PROBLÈME SOCIOLOGIQUE
CHAPITRE PREMIER
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES

Multi pertransibunt, sed augebitur scientia. 1. Le problème sociologique. Aberrations courantes . — La science sociale en est encore à chercher sa véritable voie. Depuis Comte qui a nettement posé le problème d’une science des sociétés continuant la série scientifique, arrêtée, de son temps, à la biologie, cette question a traversé une phase importante de son développement, mais une phase initiale et préparatoire seulement. On peut dire que le problème sociologique est profondément entré dans la conscience scientifique de l’époque, mais qu’il n’en est point ressorti encore sous sa forme objective, c’est-à-dire comme science sociale constituée. A cet égard,

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