Le festival des entourloupes

Yves Hajos

Description

La mairie de Cannes applique injustement un couperet juridique pour refuser de délivrer un permis de construire auquel ils avaient pourtant droit. Malgré le coup de poignard dans le dos de leur avocat niçois, et d'autres embûches, ces deux gueux parviendront-ils à vaincre le pouvoir discrétionnaire du maire ou vont-ils sombrer dans l'autodestruction ?

Informations

• Publié par: Les Editions Chapitre.com
• Date de parution: 22 juillet 2015
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791029003356
• Langue: Français

Extrait

Le festival des entourloupes
Yves Hajos
Le festival des entourloupes














Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2015
ISBN : 979-10-290-0335-6
Prologue
Nous apprenons la vente d’un terrain situé à Cannes, proche de la mer, des commerces, des écoles.
Cette parcelle, une véritable aubaine, se trouve dans la même rue du Désir où nous commercialisons un immeuble sur plan de dix logements. Si les majors de la Promotion se désintéressent de ce projet sans prétention, les sociétés de construction, de moindre importance, manifestent leur intérêt.
Avec peu d’espoir de décrocher cette affaire, je rencontre Monsieur Carat, le propriétaire du bien. J’esquive partiellement le sujet principal pour discuter de la vie, de la famille et de ma joie d’être père prochainement, pour la première fois. Ravi, il me suggère de convaincre son notaire à son domicile.
Quelques jours avant notre rendez-vous fixé en décembre 2005, notre jardinier me questionne au sujet de notre Gaby jolie. Il souhaiterait une photo de notre bébé. Depuis sa naissance, le papa comblé montre avec fierté le portrait de notre progéniture, rangé dans mon agenda.
Les présentations faites, Monsieur Carat s’empresse de découvrir l’image de notre fille. Mince ! Je l’ai oubliée. Heureusement, j’en possède une dans mon carnet de rendez-vous. Émerveillé devant le visage radieux de notre adorable bambin, il accepte notre proposition.
Cet homme regrette l’absence d’un enfant. Ce vide affectif fut un manque permanent partagé par sa femme chérie durant leur union. Il espérait tellement transmettre sa bijouterie à sa descendance. Ayant peu de contacts avec sa famille lointaine, il est content de nous céder ce lopin de terre malgré plusieurs offres supérieures à la nôtre.
– Monsieur Dénigre ! Avant-hier, il me proposait la moitié de la somme offerte par Monsieur Tenace pour ma friche qui ne vaut rien. Maintenant, il surenchérit de vingt mille euros.
– Monsieur Critique ! Même remarque.
– Monsieur Requin ! Maître, vous connaissez l’histoire. Il a été mauvais du vivant de ma femme.
Malgré l’insistance téléphonique du notaire du client Requin, l’arracheur des contrats, de négocier directement avec Monsieur Carat, la confiance règne entre les notaires, notre papy, béat d’admiration devant la photo de notre poupine, demeure inflexible.
– Ce terrain, c’est pour Gaby !
Très heureux de finaliser notre première réalisation, grâce au dynamisme de la précoce Directrice de la prospection foncière, nous célébrons l’achat de cet espace en nous exclamant :
Vive la Résidence GABY !
1
Les démarches administratives accomplies, le député-maire Monsieur Blaise Faraud nous délivre le permis de construire en octobre 2006.
Ce mordu de football, est le célèbre harangueur de prestigieux slogans publicitaires qui l’ont mis à l’abri du besoin, en particulier, l’inoubliable affiche MIR.

Mini Prix, mais il fait le Maximum

En quelques mots, l’imaginatif créait une pub croustillante et aguichante. Il a la réputation d’un homme d’affaires entreprenant, au langage direct, connaissant bien les élites de la politique, du foot, des affaires, du journalisme et du show-business.
À l’heure de la retraite, notre homme éclectique se sent trop vert pour contempler l’émission de Michel Drucker, assister au thé dansant de l’après-midi ou écouter les exploits chevaleresques de nos anciens militaires.
– Ah ! Blaise, quelle expédition pour crapahuter à la Courneuve et karchériser le quartier !
Il s’estime apte à diriger et à insuffler aux collaborateurs de sa municipalité le même entrain qu’il prodiguait à son personnel d’un important groupe américain de publicité.
Dans l’attente du constat d’affichage du permis de construire par l’huissier, je détaille à deux couples intéressés par notre réalisation, les caractéristiques et les avantages de notre programme immobilier.
Enthousiastes, en apprenant les surfaces des logements et les nombreuses prestations, les retraités réservent le spacieux deux pièces, tandis que l’ingénieur de Thalès opte pour un trois pièces aux dimensions généreuses. Ils ont bien deviné que le dernier terrain libre, de forme oblongue, localisé en plein centre-ville, ne restera pas éternellement un jardin potager.

Le lendemain, jour de marché à Cannes, je reçois un appel de Bernard Merveille. Il souhaiterait acquérir une villa sur le toit. En effet, sa demeure majestueuse avec son immense verger, trop éloignée des commerces, devient difficile à entretenir pour une personne seule et âgée.
Réjoui, en voyant les plans à notre agence à Nice, le mardi suivant, il confirme son intérêt et nous invite au Mandarin de la rue Dalpozzo, un excellent et sympathique restaurant Vietnamien qui lui rappelle ses missions en Indochine.

À la fin de la journée, la voix d’un anglais loufoque, John the bloody bullshitter, (le sacré exubérant), parachève mon bonheur. John est trader à Londres. Il aime la Côte d’Azur, le rosé et réaliser de bons placements. Il est conscient que vendre ou acheter du vent, n’est pas aussi concret que la pierre.
En entendant les tarifs, il hurle. Il veut booker un trois pièces, qu’importe l’étage ou la surface, avec une cave pour stocker le champagne et le rosé de notre région.
– It’s a bloody wonderful location, so near the beach, the village center and the restaurants! (C’est un sacré endroit, si près de la plage, du centre-ville et des restaurants).
It’s a fucking good price. As the pound is so strong, it’s peanuts and much cheaper than a studio flat in central London. (C’est un super bon prix. Grâce à la livre forte, c’est que dalle et moins cher qu’un studio à Londres).
You can’t fail to make a shit load of wonga. (Tu ne peux que te faire un paquet de fric).

Avec simplement l’affichage du permis de construire dûment vérifié, nous réussissons à concrétiser en six semaines seulement, cinq appartements sur les sept mis en vente, dont quatre à des actifs locaux.
Ces réservations valident l’emplacement exceptionnel de notre papy maraîcher.
Réaliste, ma femme préfère attendre la fin des recours avant d’organiser une fête.
Subitement, l’euphorie retombe comme un soufflé.
***
Un jour avant la fin du délai légal, des voisins vigilants déposent à la mairie un recours gracieux. Monsieur Raoul Grinchois, le représentant de ces riverains, exige l’abolition de cette faveur. Sinon, il poursuivra son action au Tribunal Administratif (TA) de Nice.
La commune conteste fermement chaque point soulevé par Maître Assourdissante, l’avocate des grincheux ; y compris l’absence de demande d’un permis de démolir pour un abri de jardin construit illégalement et n’ayant aucune existence administrative. Nous lui répondons et lui démontrons les incohérences de son analyse, en pointant ses erreurs de calcul et de topographie.
Même l’article paru dans le Nice Matin, favorable à la défense de la partie adverse, ne parvient pas à influencer le service juridique de la mairie. L’oubli de son nom, dans ce réputé quotidien de la Côte d’Azur, contrarie plus notre avocat que les écrits imaginatifs et vindicatifs de sa consœur.
– Avec des arguments aussi peu cohérents, ce n’est pas de la bonne communication, Maître !
– Vous vous trompez. Elle agit bien.
Nous devons faire preuve de célérité, d’imagination.
De nouveau, à la dernière seconde du délai légal, les tacticiens vicieux déclenchent les hostilités.
L’avocate, aux nombreuses idées destructrices, développe d’autres objections afin de les marteler dans la tête des lecteurs. Dans un nouvel article paru dans ce journal régional, destiné à amadouer les juges, elle contredit l’Architecte des Bâtiments de France. (L’ABF)
La représentante des enquiquineurs, en bonne entente avec ce journaliste, a le don d’exacerber la jalousie de notre défendeur.
– Décidément, ma consœur reçoit gracieusement une belle renommée .

Deux ans plus tard, nous découvrons le fonctionnement du Tribunal Administratif situé dans un très beau bâtiment du 20ème siècle surplombant la mer, la Villa La Côte.
La petite salle est comble. Da