Le ftus, une personne ?
97 pages
Français

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Le ftus, une personne ? , livre ebook

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Description

Que l'on pose la question de l'aventure du fœtus, que l'on questionne les nouvelles pratiques, que l'on entende la voix des femmes concernées, que l'on écoute les nouvelles approches médicales, que l'on se situe en tant que personne responsable capable de choisir, que l'on puisse critiquer, proposer, mais que surtout l'on n'oblige jamais. Car c'est à la femme, à la mère, au couple de se positionner, de décider.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 133
EAN13 9782296703643
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE FŒTUS, UNE PERSONNE ?
Coordonné par
Maudy Piot
Association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir »


LE FŒTUS, UNE PERSONNE ?
Rencontre du 16 mai 2009 et autres contributions


Avec Benoîte Groult
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12431-8
EAN : 9782296124318

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos J’ai rencontré la culpabilité Maudy Piot {1}


Depuis de longues années, je partage les réflexions, les questionnements, les doutes, les désirs, les projets d’un certain nombre de femmes handicapées. Les échanges que j’ai eus avec elles, le partage de leur vécu, ma propre réalité face au handicap, m’ont rendue sensible à la confrontation au désir d’enfant, au droit d’une femme handicapée à enfanter, ou à interrompre une grossesse…
La peur, l’angoisse de ces futures mamans m’a remise en question. Avons-nous droit au désir ? Désir d’être des mères citoyennes, d’être des mères à part entière, de donner une image positive, constructive de la grossesse et de la maternité d’une femme singulière ?
En 2007 nous avons organisé un colloque sur le thème « Etre mère autrement » {2} avec le professeur Jacquard qui nous avait dit : « La maternité est quelque chose de tellement étrange qu’on a dit beaucoup de sottises à ce propos. D’Alembert, dans l’encyclopédie, dit : la procréation est un phénomène tellement mystérieux que la science ne pourra jamais l’expliquer. Or on l’explique maintenant, grâce à Mr G. Mendel. Or, c’est la plus grande invention car c’est l’impossibilité de prévoir ce qui sera demain ».

Le handicap se définit par la non-conformité aux normes établies, il est ce caillou brûlant qui dérange, qui vient perturber les choses bien agencées de la vie.
Une femme handicapée est regardée comme un monstre , qui risque de donner à la société un enfant difforme. Elle usurpe ses droits en ne comprenant pas qu’elle doit s’abstenir du plaisir, de la sexualité. Une femme handicapée ne devrait pas être mère.
Il est bien porté pour un homme handicapé de devenir papa, mais il en est tout autrement de la mère handicapée.
La femme est ce continent noir dont parle Freud ; que peut-il sortir de cette obscurité ? Que peut donner au monde la femme handicapée ?
Il semble que dans l’inconscient collectif, une maman handicapée ne peut que mettre au monde un enfant mutilé, déformé. Si cette mère est porteuse d’une maladie génétique, elle est criminelle de désirer enfanter.
Les préjugés pèsent sur les femmes handicapées perçues comme des personnes fragiles, vulnérables, peu conscientes de leurs responsabilités.
A cela s’ajoute le regard de l’Autre qui voit paradoxalement d’un mauvais œil, cette femme mettre au monde un enfant normal , inscrit dans la norme de notre société. C’est impensable. La femme handicapée ne peut que donner un enfant mal fait.
De plus cet enfant mal formé va peser sur le corps social, il va coûter cher, il va demander des aménagements, il va susciter soit la compassion, soit le rejet.
Ces considérations tellement vécues, tellement vraies, nous ont fait poser la question du : fœtus : une personne ? Le point d’interrogation est essentiel ! Le thème est traité (et maltraité) par beaucoup d’auteurs, de groupes de pression, d’idéologues de tous bords. Il est heureusement débattu par des scientifiques, des praticiens, des citoyens concernés. Mais il est difficile de trouver des repères, de faire un tri raisonnable, de se faire une opinion éclairée.
La femme handicapée a-t-elle le droit de désirer un enfant ? A-t-elle le droit de refuser une grossesse si on diagnostique une malformation dans les premières semaines ? A-t-elle le droit de refuser une grossesse en son début et de demander une I.V.G. ?
Déjà pour une femme dite valide ces questions se posent, mais quand la femme est handicapée cela redouble les questions, les jugements, les censures, les interdits.
La culpabilité rôde ; elle est partout, du côté de la femme, de la famille, du milieu médical, de la société dans son ensemble. Il était convenu, autrefois, que les personnes handicapées ne devaient pas avoir de sexualité, de plaisir… Mais aujourd’hui la femme handicapée revendique et s’autorise le plaisir, l’exercice de sa sexualité (il en est de même pour les hommes handicapés). Mais avoir un enfant remet en cause tant de choses, tant de non-dits, tant d’angoisse et d’inquiétude. Si le fœtus est une personne, a-t-on le droit de risquer la normalité ou l’anormalité de ce fœtus ?
Imaginez une femme tétraplégique, une femme I.M.C., une femme porteuse d’une maladie génétique, qui désire un enfant. Haro sur le baudet ! Quand on n’est pas normal, on s’abstient ou on se fait avorter !
Culpabilité d’avoir du plaisir, culpabilité d’oser franchir les interdits, culpabilité innommable de mettre au monde un enfant handicapé, ou encore plus terrible de décider de ne pas garder ce fœtus abîmé, anormal.
Si on affirme que le fœtus est une personne dès la conception cela ravive la culpabilité de la femme handicapée. Elle savait qu’elle ne devait pas avoir d’enfant, c’est une meurtrière. La culpabilité l’accapare, la meurtrit, la violente ; elle a osé prendre du plaisir, elle a osé !

Ce sont toutes ces questions, toutes ces souffrances qui m’ont donné envie de questionner des femmes chercheuses, des femmes médecins, juristes, et mon amie Benoîte Groult.
Je désirais qu’un instant nous nous arrêtions, nous réfléchissions, nous partagions nos questions, nos désirs.
Que le manque, l’absence, la différence qui suscitent tant de réticences, tant de condamnations, tant d’exclusions, soient portés sur la place publique. Que l’on pose la question de l’aventure du fœtus, que l’on questionne les nouvelles pratiques, que l’on entende la voix des femmes concernées, que l’on écoute les nouvelles approches médicales, que l’on se situe en tant que personne responsable capable de choisir.
Que l’on puisse critiquer, proposer, mais que surtout l’on n’oblige jamais. Car c’est à la femme, à la mère, au couple de se positionner, de décider.
Que l’équipe médicale soit là pour informer, accompagner, mais non pas pour imposer telle ou telle pratique.
Que signifie par exemple cette nouvelle mode de vouloir présenter le fœtus mort aux parents ? Que veut-on prouver ?
Quel dilemme veut-on éviter. Faut-il passer du déni au deuil obligatoire ou forcé ?
Nous n’aurons certainement pas répondu à toutes ces interrogations au terme de cet ouvrage rendant compte de nos débats, complétés par l’apport de quelques contributions amicales. Nous aurons seulement soulevé le voile qui cache si souvent le handicap, la femme handicapée.
Introduction Benoîte Groult {3}


J’ai été choquée au premier abord par cette invitation que j’ai reçue, mais j’ai été soulagée d’entendre Maudy Piot dire qu’on pouvait être contre ce débat et cette espèce de retour d’un fœtus à une personne. Parce que votre association, c’est Femmes pour le dire, femmes pour agir, c’est le contraire de femmes pour subir ! On a connu tellement longtemps la soumission à ce hasard qui vous rendait tout à coup enceinte d’un embryon, que je trouve très risqué aujourd’hui de poser cette question de principe : est-ce un crime de tuer le fœtus ?
La dernière femme guillotinée dans notre histoire était une faiseuse d’anges. Ça coûtait moins cher de tuer son mari que tuer un embryon. Cela montre qu’il y avait une position de principe anti-liberté des femmes. Femmes pour le dire et femmes pour agir, c’est le contraire de femmes pour subir. Le fait qu’on considère à nouveau l’embryon comme une personne, c’est la porte ouverte à la diabolisation de l’avortement. Je suis née en 1920. Je suis née avec zéro droit. Les associations féministes n’existaient pas. Simone de Beauvoir a écrit Le Deuxième Sexe en 1949, et elle n’a jamais prononcé le mot de féminisme. Elle pensait qu’

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