Le patrimoine industriel
236 pages
Français

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Le patrimoine industriel , livre ebook

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Description

Que devient le bâti des anciennes usines ? Les contributeurs de notre dossier se concentrent sur une question centrale : la part que joue l'histoire sociale dans la réinterprétation et la représentation des lieux sauvegardés à l'intention du grand public. Le but est de mieux comprendre les critères qui motivent le choix des sites et des objets à "patrimonialiser" et de montrer quelle vision de l'histoire ce patrimoine est censé transmettre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2014
Nombre de lectures 75
EAN13 9782336360027
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Le patrimoine industriel
Entre mémoire des lieux et marketing de la mémoire
Entre mémoire des lieux et marketing de la mémoire
L’homme et la société
/2
C OO R D O N N ÉPARMargaret Manale
C.N.L. et du C.N.R.S. Publié avec le concours du
10/10/14 16:54
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Le patrimoine industriel Entre mémoire des lieux et marketing de la mémoire
Coordonné par
Margaret Manale
Revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et le CNL L’Harmattan
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Fondateurs Serge JONASet Jean PRONTEAUDirecteursClaude DIDRYet Michel KAILComité scientifique Michel ADAM, Pierre ANSART, Elsa ASSIDON, Solange BARBEROUSSE, Denis BERGER, Alain BIHR, Monique CHEMILLIER-GENDREAU, Catherine COLLIOT-THÉLÈNE, Catherine COQUERY-VIDROVITCH, Christine DELPHY, René GALLISSOT, Michel GIRAUD, Gabriel GOSSELIN, Madeleine GRAWITZ, Colette GUILLAUMIN, Serge LATOUCHE, Jürgen LINK, Richard MARIENSTRAS, Sami NAÏR, Gérard RAULET, Robert SAYRE, Benjamin STORA, Nicolas TERTULIAN. Comité de rédaction François ATHANE, Pierre BRAS, Francesca BRAY, Patrick CINGOLANI, Laurence COSTES, Christophe DAUM, Véronique DERUDDER, Claude DIDRY, Camille DUPUY, Jean-Pierre DURAND, Jean-Pierre GARNIER, Dominique GLAYMANN, Gaëtan FLOCCO, Bernard HOURS, Aziz JELLAB, Michel KAIL, Pierre LANTZ,Florent LEBOT,Margaret MANALE, Louis MOREAU DE BELLAING, Numa MURARD, Nia PERIVOLAROPOULOU, Thierry POUCH, Pierre ROLLE, Laurence ROULLEAU-BERGER,MoniqueSELIM,RichardSOBEL, Mahamet TIMERA, Dominique VIDAL, Sophie WAHNICH, Claudie WEILL. Secrétariat de rédaction Jean-Jacques DELDYCK© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04576-4 EAN : 9782343045764
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
N° 192
2014/2
Éditorial. Privé, Public, Surveillance……………………………………. 5 * * * LE PATRIMOINE INDUSTRIELENTRE MEMOIRE DES LIEUX ET MARKETING DE LA MEMOIRE
Margaret Manale Le patrimoine industriel : mémoire sociale ou produit innovant ?………11 Ophélie Siméon Quel patrimoine industriel pour quelle vision de l’histoire ? Le cas de la Grande-Bretagne………………………………………… 15 Margaret Manale Les usines Völklingen, patrimoine sans mémoire ?………………….. 31 Vincent Veschambre La cheminée d’usine entre « totem et tabou » : effacementversusappropriation d’un symbole du passé industriel……………………… 49 Stéphane Valognes Métamorphoses du capital et résurgences mémorielles : la patrimonialisation impossible de la Société Métallurgique de Normandie……………………………………………………………. 69 Massimo Preite Patrimoine industriel et régénération urbaine en Italie : l’émergence de nouveaux paysages urbains…………………………………………… 91
Sophie Bretesché L’héritage patrimonial de l’uranium : de la trace à la mémoire disputée……………………………………. 113
Nathalie Simonnot et Daniel Siret Héritage industriel et mémoire sensible : observations sur la constitution d’un « patrimoine sensoriel »…………………………………………127
Laurent Bazin Anthropologie, patrimoine industriel et mémoire ouvrière. Vers une recontextualisation critique……………………………………………143
* * *
HORS DOSSIER
Stefano Isola Déraison de la raison technique………………………………………167
DEBATS ET CONTROVERSESMitchell Cohen Verdi, Wagner, Politique et Opéra. Ruminations bicentenaires………. 197 NOTE CRITIQUEMathieu Blesson Aux origines du transcendentalisme américain : un autre regard sur l’écologie d’aujourd’hui…………………………207 COMPTES RENDUS……………………………………………………... 215 Résumés/Abstracts……………………………………………………. 227
* * *
Toute la correspondance — manuscrits (double interligne, 35 000 signes maximum pour les articles, 4 200 pour les comptes rendus), livres, périodiques — doit être adressée à laRédaction: L’homme et la société -Jean-Jacques Deldyck - Université Paris 7 - Boîte courrier 7027 75205 Paris Cedex13-Téléphone 01 57 27 64 86 E-mail : deldyck@univ-paris-diderot.fr ABONNEMENTS ET VENTES AU NUMEROÉditions L’Harmattan 5-7 rue de l’École-Polytechnique 75005 PARISUn abonnement annuel couvre 3 numéros dont 1 double (joindre un chèque à la commande au nom de L’Harmattan) France : 60— Étranger par avion : 65
Privé, Public, Surveillance
Éditorial
Dans un entretien mené par Glenn Grunwald et publié dans le journal britannique,The Guardian, du 9 juin 2013, Edward Snowden, le lanceur d’alerte le plus célèbre du moment, justifiait le dévoilement des activités de surveillance de la NSA, l’Agence américaine de sécurité nationale, de la manière suivante :
« Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde au moyen de ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. »
Il précisait que la NSA a mis en place et en œuvre une infrastructure capable d’intercepter « pratiquement tout ». À quoi il opposait son but propre, la transparence. Snowden place, au premier rang de ses motifs, la crainte qu’il éprouve de voir la vie privée effacée par une intervention intrusive d’une institu-tion étatique, en l’occurrence la NSA, menaçant du même coup les liber-tés essentielles. Il semble que l’ex-espion, ainsi qu’il se définit lui-même, se réclame de l’idéologie libertarienne — en 2012, à l’occasion des pri-maires du Parti républicain en vue de choisir son candidat à l’élection présidentielle américaine, Snowden a soutenu Ron Paul qui s’inscrivait dans cette perspective — pour laquelle la liberté individuelle est la valeur fondamentale au sens où toutes les autres valeurs s’organisent à partir d’elle et se justifient d’elle. La liberté individuelle ne reconnaît d’autre condition que le respect de la liberté et de la propriété des autres ; seule la coopération volontaire entre les individus, et non la coercition étatique, doit servir de fondement aux relations sociales et économiques. La vie privée est contenue dans l’espace délimité par la propriété que l’État mi-nimal, réduit aux fonctions de la police, justice et armée (minarchisme), ne saurait réglementer. L’inquiétude face aux menaces qui pèsent sur la vie privée est large-ment renforcée par la généralisation (qui demeure inégalement répartie cependant) de l’usage de la technologie informatique. Dans son livre, passionnant,Hammerstein ou l’intransigeance. Une histoire allemande,
o L’homme et la société, n 192, avril-juin 2014
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Éditorial
Hans Magnus Enzensberger, s’attachant alors à montrer que nombre de niches de la société civile ont réussi à échapper au contrôle nazi, fait, en passant, cette remarque :
« Au demeurant, la dictature se heurtait aussi, dans ces années trente et qua-rante, à des limites techniques ; les possibilités de surveillance qui font aujour-d’hui partie de la vie quotidienne dans les sociétés les plus démocratiques étaient encore inimaginables à l’époque. » (Paris, Gallimard, « Folio », traduction de Ber-nard Lortholary, 2012 [2010], p. 270 ;Hammerstein oder der Eigensinn, 2008.)
Ces deux références, parmi de nombreuses autres possibles, qui nous sont dictées par l’actualité ou une lecture du moment, dessinent un ta-bleau dans lequel il est évident de dénoncer la surveillance de la popu-lation par un pouvoir, avec les moyens technologiques plus ou moins effi-caces dont il dispose,au nom de la protection de la vie privée. Nulle intention de notre part de légitimer la surveillance exercée par la NSAouautrespar cette dernière remarque : la restriction que celle-ci con-tient ne concerne pas la vigueur critique qu’il convient d’engager contre cette pratique gouvernementale de la surveillance assurément facilitée par latechnologie,mais la raison invoquée pour soutenir cette critique, la pro-tection de la vie privée. Comme si la vie privée avait valeur universelle, la même partout et toujours, comme si elle allait de soi. Nous ne pouvons alors nous empêcher de nous souvenir que la «vie privée»aétéinterrogée par les féministes des années 1970 au nom du mot d’ordre, peut-être le plus représentatif de ce mouvement, « le person-nel est politique ».
« […] les problèmes personnels sont des problèmes politiques pour lesquels il n’existe aucune solution personnelle. Il ne peut y avoir qu’une action collective 1 pour une solution collective.»
Ayant marqué avec raison que cette proposition, qui sonne comme un mot d’ordre, est le trait décisif du mouvement féministe de ces années 1970, Françoise Picq souligne qu’il ne s’agit pas seulement de perturber la distinction entre le privé et le public (ce qui ne serait qu’une posture 1. Carol HANISCH, « Le personnel est politique »,Partisans, numéro spécial, « Libé-ration des femmes, année zéro », Numéros 54-55, juillet-octobre 1970. Dans une intro-duction rédigée en janvier 2006 et publiée sur son site, Carol Hanisch précise que ce texte a été écrit en février 1969 et que ce titre a été donné par les éditrices deNotes from the Second Year : Women’s Liberation(1970, Shulie Firestone et Anne Koedt, ajoutant qu’il faut entendre « politique » dans le sens large des relations de pouvoir et non dans le sens étroit d’une politique réduite à la seule préparation des élections et au seul vote. Son argu-mentation répond à la critique que la Nouvelle gauche adresse aux groupes de femmes qu’elle qualifie de « thérapeutiques » ou « personnels ».
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critique intellectuelle) mais de promouvoir (position autrement politique) le personnel (ou l’individuel ou le for intérieur) au rang des enjeux col-2 lectifs. En rupture avec le gauchisme, le féminisme, dit de la deuxième vague, revendique l’expérience personnelle comme la seule voie ouvrant l’accès à la réalité de l’oppression. Pour que cette expérience personnelle soit collectivisée, les féministes adoptent le principe de la non-mixité qui permet de libérer la parole et de mettre en évidence et en œuvrehic et nuncsolidarité entre les femmes. Aussi, le lien qui constitue le mou- la vement des femmes, insiste F. Picq, n’est-il pas déroulé à partir de l’ac-cord des opinions mais depuis le partage d’une même situation. Cette démarche, celle d’un mouvement et non d’une organisation, élabore à nouveau l’articulation entre l’individuel et le collectif dans un projet de libération pour l’aboutissement duquel chacune crée les conditions de son autonomie personnelle par la recherche d’une identité collective des femmes. L’espace privé comme lieu à part doit être — est, par la pratique du mouvement — aboli comme élément de la logique de pouvoir qui structure les rapports entre les sexes, rapports sociaux entre deux groupes, rapports de pouvoir et d’exploitation mais aussi rapports interpersonnels, sexuels et amoureux. Ainsi en est-il de la position féministe telle que la dévoile l’analyse de Françoise Picq que nous n’avons restituée que par-tiellement. Dans leur article, intitulé « La dichotomie ‘public-privé’ à l’épreuve des critiques féministes : de la théorie à l’action publique », Laure Bereni 3 et Anne Revillard développent de manière systématique de telles criti-ques et s’attachent à en mesurer les conséquences en termes de droit et d’action publique. De leur argumentation, nous retiendrons ici la dernière partie qui examine les contradictions et les limites de la politisation du privé. La revendication de la politisation du privé, rappellent-elles, a été écornée comme ethnocentrée (alors que la famille offre, par exemple, aux femmes noires américaines subissant les méfaits d’une oppression raciale, une protection) et hétérocentrée (c’est ainsi, par exemple, que la revendi-cation de reconnaissance juridique mise en avant par les mouvements ho-mosexuels se heurte à l’analyse de la sphère domestique comme orga-nisée par la domination masculine, laquelle présuppose un couple hétéro-sexuel)par desféministes issuesdes minoritésaux États-Unis. De même,
2. Françoise PICQ», texte lisible à l’adresse www.u-, « Le personnel est politique picardie.fr/labo/curapp, sans indication de date. 3. In Pierre MULLERet Réjane SENAC-SLAWINSKI(dir.),Genre et action publique : la frontière public-privé en questions, L’Harmattan, « Logiques politiques », 2008, p. 27-55.
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le droit à l’avortement exercé comme choix individuel encourage la re-constitution, à la manière libérale, de la sphère privée dans laquelle l’in-dividu est souverain et où l’État n’a pas à intervenir. C’est d’ailleurs au nom du droit à la vie privée que le droit à l’avortement a été garanti aux États-Unis. Cependant, la possibilité d’avorter suppose que des services médicaux fonctionnent ; ce qui est assuré par un État efficace et dont l’action est bienvenue. D’un côté, l’action étatique est rejetée comme indésirable et répressive, de l’autre, elle est souhaitée et même appréciée comme indispensable. Y a-t-il là une contradiction qui oblige à valoriser l’un de ses termes au détriment de l’autre ? Ce qui condamnerait à opter soit pour un individualisme intransigeant, soit pour un étatisme qui légi-timerait une surveillance éventuellement totalitaire. Peut-être le droit va-t-il nous fournir le moyen de surmonter cette contradiction ? Le droit à la vie privée, plus précisément « à l’intimité de la vie privée » est défini par l’article 9 du Code civil, tandis que le droit international consacre ce droit dans deux articles, l’article 12 de la Dé-claration universelle des droits de l’homme et l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Aucun de ces textes ne fournit cependant de définition de la vie privée ; ce qui a conduit la théorie et la pratique du droit à mettre l’accent sur le contenu de la vie privée plutôt que sur la formulation de critères de délimitation. Le risque est alors de procéder à un inventaire sans fin ; ce qui ne man-querait pas d’affecter la validité du concept même de vie privée. Aussi, dans sa thèse, « Droit d’auteur et vie privée », Ambroise Soreau 4 en appelle-t-il à «l’analyse moderne»dont l’argumentation aurait, selon lui, le sens suivant : cette analyse s’appuie sur l’existence d’une liberté de la vie privée qui fournirait l’occasion de formuler des règles et droits sub-jectifs dans l’ordre du droit privé. Le motif qui présiderait à un tel en-semble de règles et droits serait la garantie offerte à l’individu de disposer d’un droit à l’autodétermination dans ses rapports avec autrui ; ce qui lui permettrait de protéger la singularité qu’il crée par l’exercice de sa liberté individuelle. Le droit au respect de la vie privée s’apparenterait alors bien davantage à la jouissance d’une liberté qu’à l’exercice d’un droit. Pour conférer tout son sens à ce qui n’en est pas moins présenté comme un droit, il convient, nous enjoint Ambroise Soreau, de prendre en compte la dimension sociale de la vie privée. Ce droit est donc « le droit d’en-4. Thèse soutenue le 5 juin 2000 à la Faculté de droit et de sciences politiques de Nantes, sous la direction du professeur André Lucas. Un extrait de cette thèse peut être lu sur le site du SCP Henri Leclerc et Associés à l’adresse www.cabinet-leclerc.fr
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tretenir avec autrui des relations voulues à l’abri de toute ingérence exté-rieure », « la liberté d’entretenir des relations sociales libres » (A. Soreau, op. cit.) C’est dans la mesure où l’individu a profité de sa liberté que le droit à la vie privée intervient pour assurer que ni l’État, ni un tiers ne pourra exploiter la singularité qui en est le fruit. Si la liberté individuelle, c’est le pouvoir d’agir, la liberté de la vie privée, « c’est le pouvoir d’agir sans se soucier du préjudice qui pourrait naître de la singularité nou-velle » (Ibidem). Cette « analyse moderne » se révèle stimulante à plus d’un titre. En invitant à socialiser le privé, elle prolonge l’intuition fondamentale du mouvement des femmes et conforte le politique par le juridique. En laissant apparaître le singulier à la suite d’une réflexion juridique sur le privé, elle contre le scénario possible que Françoise Picq décrit dans son article déjà cité : la politisation du personnel justifierait d’appliquer des critères politiques aux choix de la vie privée, porte ouverte au contrôle politique des vies privées. En précisant que la question du droit de la vie privée, c’est la question du droit d’entretenir des relations avec autrui, cette « analyse moderne » suggère une conception du sujet pour laquelle l’altérité est un élément constitutif de celui-ci, à la fois parce que le sujet ne saurait être pensé extrait de ses relations avec autrui et parce qu’il devientautre. Conception qui maintient à distance l’illusion du sujet subs-tantiel sans cependant parvenir à la priver définitivement de toute effica-cité. Pour preuve de la vigueur de cette illusion, l’« analyse ancienne » (ainsi qualifiée par opposition à l’« analyse moderne » introduitesupra) du privé qui conçoit la sphère privée comme une enclave à l’abri du regard public, tout comme le sujet substantiel est censé cultiver un moi profond auquel lui seul aurait accès. Le parallèle mérite d’être poursuivi e e dans la mesure où nombre d’analyses au XIX siècle et au XX siècle, dont celle freudienne, vont révéler que ce moi profond est animé de tendances qui sont plus de l’ordre des pulsions que de la spiritualité, tout de même que la critique féministe pénétrant la sphère privée découvre la violence institutionnalisée et l’exploitation économique et non la douce quiétude de l’intimité vantée par l’idéologie familialiste. L’« analyse moderne », parce qu’elle entérine les avancées philoso-phiques et politiques que nous venons de recenser et parce qu’elle est juridique, devrait permettre de conserver l’acquis de clairvoyance de cette analyse critique sans que la pratique qu’elle inspire se pervertisse en nor-malisation policière. Le principe est que le privé sera d’autant mieux pro-tégé qu’il sera reconnu politique, qu’il sera mis sous la lumière de la
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