Le postmodernisme
190 pages
Français

Le postmodernisme , livre ebook

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190 pages
Français

Description

Voici décrit les principaux motifs de la théorie sociale et culturelle postmoderne en simplifiant l'abord de la pensée post-68 (Baudrillard, Deleuze, Derrida, Lyotard, Foucault, Guattari). Ce livre a pour ambition de clarifier les incompréhensions et les erreurs qui ont alimenté les débats parfois polémiques concernant ce courant de pensée. Le postmodernisme n'est pas une constellation théorique, il déploie aussi ses valeurs propres au sein d'une utopie assumée.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 90
EAN13 9782296511767
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Thomas Seguin
Le postmodernisme
Une utopie moderne
Pour Comprendre
LE POSTMODERNISMEUne utopie moderne
Pour Comprendre Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud L’objectif de cette collectionPour Comprendrede est présenter en un nombre restreint de pages (176 à 192 pages) une question contemporaine qui relève des différents domaines de la vie sociale.  L’idée étant de donner une synthèse du sujet tout en offrant au lecteur les moyens d’aller plus loin, notamment par une bibliographie sélectionnée.  Cette collection est dirigée par un comité éditorial composé de professeurs d’université de différentes disciplines. Ils ont pour tâche de choisir les thèmes qui feront l’objet de ces publications et de solliciter les spécialistes susceptibles, dans un langage simple et clair, de faire des synthèses.  Le comité éditorial est composé de : Maguy Albet, Jean-Paul Chagnollaud, Dominique Château, Jacques Fontanel, Gérard Marcou, Pierre Muller, Bruno Péquignot, Denis Rolland. Dernières parutions Nicolas BALTAZAR,La place des salariés dans l’entreprise de demain. Que cache la rationalisation des entreprises françaises ?, 2012. Denis MONNEUSE,Les jeunes expliqués aux vieux, 2012. Gérard PARDINI,Grands principes constitutionnels. Institutions publiques françaises, deuxième édition, 2012. Bernardin MINKO MVE,L’anthropologie, 2012. Georges M. CHEVALLIER,Systèmes de Santé. Clés et comparaisons internationales,nouvelle édition, 2011. Charles KORNREICH,Une histoire des plaisirs humains, 2011. Jean-Jacques TUR,Les nouveaux défis démographiques, 7 milliards d’hommes… déjà !, 2011.
Thomas SeguinLE POSTMODERNISMEUne utopie moderne
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00638-3 EAN : 9782336006383
Introduction
Symbole de la radicalité des années 1960 et 1970, Baudrillard, Derrida, Deleuze, Foucault, Lyotard, Guattari représentent une constellation d’auteurs qui ont sensiblement renouvelé la tradition philosophique et contribué à construire la critique de la société actuelle. Nous n’avons pas fini de redécouvrir le patrimoine philosophique français. Depuis deux décennies, une génération de philosophes est en train de s’éteindre, leurs pensées perdurent néanmoins aux quatre coins de la planète. La pensée postmoderne est certes renommée à l’étranger mais elle demeure, dans sa culture d’origine, quelque peu ignorée alors qu’on l’affuble du vocable defrench theory outre-Atlantique. Les traits communs s’esquissent pourtant au fur et à mesure des relectures successives et des réécritures singulières. Il semble aujourd’hui que le postmodernisme n’était pas une mode. Nous découvrons, ou redécouvrons, un moment philosophique marquant de l’histoire intellectuelle mais aussi sociale et politique de notre pays, qui a encore un avenir certain. Cette pensée fait partie de ces traditions intellectuelles délaissées comme les vestiges d’une époque. Elle a été emportée par la vague néo-libérale des années 1980, et la pensée unique désormais à bout de souffle. Parce qu’il remettait en cause le modèle de développement occidental, parce qu’il se situait dans une refondation culturelle et politique de notre civilisation, le courant postmoderne fut assimilé à un phénomène intellectuel qui défiait le progrès, un mouvement 1 symptomatique de la « défaite de la pensée » . Mais la situation contemporaine a changé la donne. Ce qui paraissait être une transgression devient, dans nos temps agités, un progrès culturel. Sous l’effet de la crise, tous les questionnements de ces années-là se transforment en des perspectives pertinentes pour envisager une nouvelle progressivité. C’est dans ce creuset de la
1  FINKELKRAUT Alain,La défaite de la pensée, Gallimard, Paris, 1987.
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pensée radicale que nous pouvons trouver les sédiments des solutions à notre futur incertain. Les conceptions postmodernes et leurs critiques des représentations modernes nous donnent accès à un diagnostic de la modernité qui, au-delà des positions les plus normatives, conserve une valeur conséquente afin de dessiner le relief de notre temps. Trop souvent cependant, l’interprétation du postmoderne s’accompagne d’un florilège de stéréotypes. Dans les discours sociaux, le terme est à peine connu. Dans les discours politiques, il n’est pas plus utilisé. Mais, inconsciemment la cosmogonie postmoderne oriente désormais graduellement les modalités de l’action dans un monde complexe et reflète de plus en plus les formes quotidiennes de la socialité. C’est pourquoi il s’agit de relire ces auteurs, en établissant la généalogie de leur pensée, et peut-être également tenter de les réécrire, c’est-à-dire de les perpétuer, face aux enjeux qui sont les nôtres. Il est impossible de comprendre la philosophie postmoderne sans la replacer dans un contexte social et culturel qui constitue le terreau de son élaboration. Les soubresauts économiques et politiques indiquent un contexte, ils révèlent une situation de transition de plus en plus manifeste. D’autres fondations sont susceptibles d’asseoir notre développement. C’est bien une nouvelle matrice qui émerge ; nouvelles façons de voir le monde et de le construire, nouvelles modalités de se comprendre soi-même comme de se lier aux autres. Le terme « post-moderne » constitue le mot provisoire pour décrire ce mouvement de définition, quand une époque cherche ses racines, pour déchiffrer son présent, et se projeter dans l’avenir. À travers l’hypothèse de la postmodernité, nous avons la description d’un changement qui irrigue transversalement toutes les strates de l’activité contemporaine. En quoi la philosophie postmoderne fait-elle écho à la société et à ses besoins ? Comment représente-t-elle les tendances de la société actuelle ? Quel rapport y a-t-il entre cette image de la pensée et les mouvements ou traits socio-
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2 historiques de notre époque ? La nécessité de cerner la transition que nous vivons est profondément nécessaire à notre évolution. Car, comme l’a écrit le sociologue Mills, un des précurseurs de ce changement, « toute société doit en effet se comprendre en fonction de la période spécifique où elle 3 s’inscrit » . Les postmodernes éprouvent le désir de situer le contemporain non pour lui-même mais pour que les individus se donnent une meilleure représentation de leurs vies personnelles. Au cœur de l’ossature de la société moderne, et de la postmodernité naissante, se trouve « la psychologie d’un certain 4 nombre d’hommes et de femmes » dont nous faisons partie . Or, pour trouver le contemporain, nous devons relever le défi de la pensée, prendre le risque d’étudier la profondeur du changement, c’est-à-dire entreprendre le travail de fond sur notre civilisation et nos modes de développement. Et le champ des idées n’est pas dénué d’intérêt dans cette optique. La réalité idéologique est bien une réalitésocialeparce que les idées sont des « idées-forces » à partir du moment où elles constituent des 5 représentations collectives, elles sont « des forces agissantes » . Les petits changements n’apporteront que de petites évolutions, c’est dans une vision d’ensemble qui va à la racine de nos représentations, que nous comprendrons et reconstruirons, de manière plus extensive, la réalité qui est la nôtre. Pour certains, la pensée postmoderne ne se distinguerait pas des mouvements anti-modernes. Trop réactionnaire, seulement critique, excessivement radicale, une telle philosophie exprimerait, de façon uniquement déconstructive, une désillusion manifeste quant à la modernité. Pour d’autres, au contraire, ce courant s’appréhende comme un renouveau du modernisme dans son essence la plus avant-gardiste, en dessinant les horizons du progrès social. Est-ce un courant de
2  DELEUZE Gilles, GUATTARI Félix,Qu’est ce que la philosophie ?, Minuit, Paris, 1991, p. 58. 3  MILLS Charles Wright (1959),L’imagination sociologique, La découverte, Paris, 1997, p. 152. 4 Ibidem. 5  DURKHEIM Émile (1912),Les formes élémentaires de la vie religieuse, Éditions du CNRS, Paris, 2008.
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pensée qui se situecontre la modernité ou représente-t-il une avant-garde quiincarnela modernité ? Pour clarifier son utilisation, il s’agit pour nous d’élaborer une petite écologie du postmodernisme, pour en user, de manière plus juste, et en fonction d’une autre économie du terme. Nous explorons donc, de façon préliminaire, les raisons qui ont amené, à l’origine, les postmodernes, aux creux des années 1960-1970, à questionner, sur un plan théorique et pratique, la modernité sociale et culturelle ; tout en se situant dans le prolongement de divers mouvements sociaux (Chapitre 1). L’ethosse nourrit ainsi du sentiment que les postmoderne idéaux modernes sont déchus voire oubliés, parce que la science et l’émancipation ne sont plus un couple indubitable, car les deux idéologies dominantes de la modernité ne sont, toutes deux, pas exemptes de dérives. C’est donc une certaine « rage contre la raison » qui pousse les postmodernes à envisager des formes renouvelées pour la pensée, notamment dans les domaines intellectuels mais aussi esthétiques (chapitre 2), où ils trouvent une source d’inspiration, architecturale et artistique, fondamentale. Nous montrons ainsi qu’au lieu de détruire tout principe de rationalité, ces auteurs vont tenter de réanimer les idéaux modernes, tout en les reformulant, avec pour objectif, la volonté de proposer de nouveaux modèles de légitimation à la Science. D’après eux, les problèmes socioculturels et politiques de la modernité trouvent en effet leurs sources dans les fondations de nos connaissances ; ces dernières étant intiment liées aux fondations de nos actions. C’est pourquoi, ils pensent que la crise intellectuelle coïncide avec la crise politique. L’epistemea en effet une vocation primordiale dans l’organisation politique de la société. Par conséquent, dans la déconstruction de la philosophie (chapitre 3) et de la physique (chapitre 4) modernes, comme dans l’étude de la rationalisation et du positivisme (chapitre 5), les penseurs postmodernes s’attacheront à estimer la nature des systèmes de représentation en fonction des conséquences sociales et individuelles qu’ils induisent : ainsi, reconstruire graduellement des préceptes en accord avec une conception plus
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large et adéquate de l’expérience. L’analyse des représentations postmodernes dans le champ philosophique et scientifique constitue dès lorsunetoiledefondpourconcevoirla pensée politique de ce courant. La reconstruction philosophique est censée guider l’action politique dans sa prise en compte de la différence, non plus envisagée comme une contradiction et synonyme de fragmentation mais comprise comme un enrichissement. C’est-à-dire un élément essentiel afin de recomposer l’intelligibilité contemporaine.
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