Le Scriptal
214 pages
Français

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Le Scriptal , livre ebook

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Description

Si la lettre entretient une relation spécifique avec le Réel dans le champ lacanien, la thèse soutenue dans cet ouvrage est celle de la nécessité de poser une catégorie spécifique pour elle, appelée par l'auteur le Scriptal. Il ne s'agit pas de la voie retenue par Lacan, qui a soutenu l'antériorité du langage sur l'écriture. Le Scriptal aurait toute sa place au côté du Symbolique et de l'Imaginaire, ce qui renverrait le Réel à ce qui se trouve coincé, enserré par ces trois ordres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296469631
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SCRIPTAL
Psychanalyse et Civilisations
Collection dirigée par Jean Nadal


L’histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d’inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation.
Dans cette perspective, la collection Psychanalyse et Civilisations tend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l’enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.

Dernières parutions


Claude PIGOTT, Jade et la quête des origines (par deux psychanalystes) 2011.
Guy LAVAL, Un crépuscule pour Onfray , 2011.
Jean-Michel PORRET, Les modes d’organisation du transfert , 2011.
Richard ABIBON, Scène Primitive, 2011.
Marie-Noël GODET, De la réglementation du titre de psychothérapeute. La santé mentale, une affaire d’État , 2011.
M.-L. DIMON, Psychanalyse et empathie , 2011.
Roland BRUNNER, Freud et Rome , 2011.
Renaud DE PORTZAMPARC, La Folie d’Artaud , 2011.
Harry STROEKEN, Rêves et rêveries , 2010
Madeleine GUIFFES, Lier, délier, la parole et l’écrit, 2010.
Prado de OLIVEIRA, Les meilleurs amis de la psychanalyse , 2010.
J.-L. SUDRES (dir.), Exclusions et art-thérapie , 2010.
Alain COCHET


LE SCRIPTAL

Lacan et l’instance de la Lettre


L’Harmattan
Du même auteur


Nodologie lacanienne,
L’Harmattan, 2003.


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55359-0
EAN : 9782296553590

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
A Patricia, sans qui ce travail n’aurait pu être mené jusqu’à son terme
Introduction
Il est très vraisemblable, bien que ce point soit en général assez peu souligné, que Freud se soit inspiré de la tradition religieuse juive touchant à l’interprétation « à la lettre » des textes sacrés, comme cela se pratique avec la guematria par exemple, dans le mouvement de la Kabbale, et dans des écrits comme le Zohar. On peut penser qu’il ne fait pas état de cette source judaïque pour des raisons de conflit interne, lié à ses engagements, et pour des raisons conjoncturelles de nature à porter préjudice au développement de la psychanalyse.
Sur le plan personnel, Freud est un homme athée, écartelé entre deux pôles : celui de la science moderne (il est médecin, neurologue), et celui de la culture de ses origines, y compris religieuse (rappelons que son père lui offre la Bible de Philippson pour ses trente cinq ans). Par ailleurs, dans la société viennoise fortement antisémite du début du XXème siècle, ramener le fondement de la psychanalyse à la tradition religieuse juive eut été de nature à hypothéquer sérieusement les chances de cette nouvelle discipline de se développer.
La méthode freudienne consiste pour une part à traiter le texte des rêves, mais aussi celui du discours du patient en analyse, à la manière d’un texte sacré. Comme dans la mystique juive, il convient en analyse de lire au delà de l’enveloppe qu’est le texte manifeste. On retrouve chez Freud la même attention aux mots, aux chiffres et aux lettres. « Il n’y a pas une seule lettre de l’Ecriture qui ne cache des mystère » dit le Zohar. La Thora apparaît ainsi comme un cryptogramme devant être déchiffré, et renvoyant à des significations cachées.

Freud est donc inspiré par ce substrat culturel, par cette culture de la Lettre, que la tradition rabbinique a poussé bien plus loin que ce qui se pratique dans les différents cultes du monde entier. Sans doute est-il acceptable de mettre en évidence le schéma suivant : les peuples choisissent d’abord de réaliser des rituels religieux, puis en passent à l’écriture de ces rituels sacrés, pour s’orienter de plus en plus vers une glose du texte écrit lui-même. Mais le traitement juif de la Lettre est unique dans l’histoire des religions, et nous pousse à penser qu’il vient rendre compte de mécanismes présents en chaque sujet, dès lors que ce sujet parle (parlêtre) et qu’il trace ou écrit (scriptêtre).
C’est cette réinscription dans le sujet que va opérer Freud, par une opération de déplacement du traitement judaïque de la Lettre. Ce traitement ne s’est pas opéré par hasard : quelque chose a été perçu par les Rabbins, au cours de l’histoire, du rapport de l’homme à ses propres écritures, aux différents types de lettres auxquels il donne naissance et qui le façonnent en retour. Les interprétations successives du texte de la Thora, les décorticages auxquels elles donnent lieu, viennent illustrer le rapport de l’homme à l’émergence de ses propres traces, mais peut-être aussi à celle de La trace fondamentale par laquelle il se désigne, et qui se trouve ramenée à la question de la nomination de Dieu dans la culture juive. De cela, Freud montre la pertinence absolue, particulièrement palpable dans le champ de la psychopathologie : les symptômes, les lapsus, les actes manqués et les processus du rêve renvoient à des interprétations « à la lettre », soit parce qu’ils sont déjà des interprétations que le sujet construit, soit parce ce que, comme énigmes, ils vont les susciter dans le cadre de la cure analytique.
On voit bien que la prise en compte de la tradition juive, loin d’être en position d’invalider la trouvaille freudienne, vient repositionner celui-ci comme passeur du champ religieux au champ subjectif, dans un mouvement inverse de celui qui a été opéré par la religion.

On trouve clairement chez Freud l’idée que le travail d’élaboration de l’inconscient, soit le chiffrage, est de l’ordre d’une écriture et que le déchiffrage délivre un sens. Il y a pourtant une limite à cette perspective, qu’il aperçoit quand il avance que l’inconscient n’est pas l’équivalent du refoulé.
En privilégiant cette perspective du chiffrage et du déchiffrage, Lacan ordonne dans un premier temps l’expérience en terme de symbolique, mais laisse en plan cette proposition de Freud qui concerne la satisfaction liée au chiffrage et au déchiffrage {1} . C’est plus tardivement, en prenant en considération la jouissance, qu’il pourra formuler qu’il y a du comptable dans l’inconscient, au sens d’un personnage qui scribouille des chiffres. Autrement dit, la comptabilité en question, c’est la façon dont l’inconscient attrape la jouissance.

C’est là qu’intervient le statut que Lacan réserve à la lettre comme nomination. Il reprend, avec « Lituraterre »(1971), une orientation qu’il avait déjà dégagée avec « L’instance de la lettre dans l’inconscient »(1957) et « La lettre volée »(1955). Il s’agit de la disjonction qu’il opère entre écriture et littérature, qui pourrait être une orientation générale pour la cure analytique, à savoir passer de la littérature à l’écriture, ce qui revient à dire : passer de la recherche de signification à la lettre, en tant qu’elle véhicule la jouissance.
Il est à noter que, déjà, dans « Fonction et champ de la parole et du langage », Lacan se réfère implicitement à la lettre quand il pose que ce qui conditionne la répétition du symptôme est une scène infantile écrite, ou quand il pose le rêve comme écriture. Mais c’est dans « La lettre volée » que la lettre se trouve spécifiée en tant que pur signifiant, signifiant hors chaîne, déconnecté de l’ensemble, un S1 isolé, ce qui anticipe déjà sur sa valeur de réel, dans les années 1970, et qui trouve à s’exemplifier à partir du cas Joyce dans la formule : « A letter, a litter » . Lacan n’a pas pour rien placé la « Lettre volée » en tête de ses Ecrits.
Mais encore faut-il saisir le changement introduit par « Lituraterre » où la lettre nR

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