Le Sens De La Justice - Exploration Sociologique D histoires D injustice En Tunisie Et En France
281 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Sens De La Justice - Exploration Sociologique D'histoires D'injustice En Tunisie Et En France , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
281 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le "sens de la justice" est-il universel ? Est-il indépendant de toute préférence ou attachement personnel ou est-il, au contraire, local, et de ce fait l'expression d'un certain nombre de valeurs particulières et de principes moraux communément partagés ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont au coeur du présent ouvrage et auxquelles nous tenterons d'apporter, d'un point de vue socio-anthropologique, des éléments empiriques de réponse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782359302196
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SENS DE LA JUSTICE
EXPLORATION SOCIOLOGIQUE D’HISTOIRES D’INJUSTICES EN TUNISIE ET EN FRANCE
AVEC LE CONCOURS DE LA FONDATION HANNS SEIDEL
LE SENS DE LA JUSTICE
Droits réservés
ISBN : 978 – 2 – 35930 – 219 – 6
© Les points sur les i
16 Boulevard Saint-Germain
75005 Paris
www.i-editions.com
Mohamed NACHI
Professeur de sociologie Faculté des Sciences Sociales Université de Liège
LE SENS DE LA JUSTICE
EXPLORATION SOCIOLOGIQUE D’HISTOIRES D’INJUSTICES EN TUNISIE ET EN FRANCE
INTRODUCTION

Notre première entrée dans la région du droit n’a-t-elle pas été marquée par le cri : C’est injuste ! Ce cri est celui de l’ indignation , dont la perspicacité est parfois confondante, mesurée à l’aune de nos hésitations d’adultes sommés de se prononcer sur le juste en termes positifs. 1

1 DE QUOI EST-IL QUESTION ?
Le « sens de la justice » est-il universel ? Est-il indépendant de toute préférence ou attachement personnel ou est-il, au contraire, local, et de ce fait l’expression d’un certain nombre de valeurs particulières et de principes moraux communément partagés ? Peut-on concilier les conceptions, l’une procédurale et l’autre substantielle, de la justice ? Autrement dit, comment reprendre la question de la justice dans des sociétés différentes sans tomber dans le piège du relativisme, en évitant de la réduire à de simples procédures valables en tout temps et en tous lieux ? Telles sont quelques-unes des questions qui sont au cœur du présent ouvrage et auxquelles nous tenterons d’apporter des éléments de réponse d’un point de vue socio-anthropologique. 2
De nombreux débats, notamment de philosophie politique et morale, tournent aujourd’hui autour de ces questions fondamentales. Dans le monde anglo-saxon plus particulièrement, la question de la justice n’a jamais été autant examinée et discutée qu’au cours des deux dernières décennies. De nombreux ouvrages spécialisés, articles de revues ou colloques en témoignent. Pendant ce temps, on est frappé par l’insuffisance de travaux empiriques de nature sociologique ou anthropologique permettant de mieux saisir les termes de ces discussions souvent posées sur le plan des valeurs, catégories et principes abstraits. Les travaux les plus répandus sont menés à partir d’une approche psychologique et portent sur les normes d’équités au sein de groupes restreints.
Dès lors, se déployant sur un plan exclusivement théorique, indépendamment de toute contingence, ces discussions sur la justice se révèlent, dans une certaine mesure, biaisées et rarement éclaircies. On ne peut plus continuer à rester obnubilé par un tel débat : on ne peut pas aujourd’hui s’interroger sur la justice, d’une manière véritablement fructueuse, si on ne surmonte pas les impasses sur lesquelles on débouche en continuant à faire toujours abstraction du monde sensible.
C’est donc à ces questions d’une grande actualité, au cœur des sociétés contemporaines, qu’il convient de répondre en renvoyant dos à dos les conceptions qui exaltent le particularisme comme celles qui défendent un prétendu universalisme formel et un supposé principe abstrait d’impartialité. Pour sortir de l’impasse à laquelle conduit inéluctablement cette dichotomie et pour essayer de se débarrasser du clivage fallacieux « universalisme versus particularisme », il faut poser le problème autrement. Et d’abord situer le débat sur un terrain résolument empirique. Cela, afin de lui donner, d’une part, une formulation susceptible d’avoir des implications concrètes et de pouvoir mesurer, d’autre part, en quoi la rigidité des arguments avancés par les uns et par les autres est intenable, et en quoi une réflexion fondée sur un matériau ethnographique peut contribuer à la résolution des aspects les plus litigieux de la question. C’est là le mérite et l’un des principaux intérêts de notre perspective qui consiste à associer une approche s’inscrivant dans le cadre des théories de la justice à une démarche privilégiant l’enquête de terrain.
À cette perspective conjuguant deux types d’approches, théorique et anthropologique, il convient d’associer deux registres de comparaison. Le premier met en parallèle la problématisation anglo-saxonne contemporaine, avec son clivage majeur libéraux versus communautaristes, et la pensée théologico-philosophique de l’islam classique, se scindant également en deux écoles opposées : mu‘tazilite et ash‘arite . Le second registre met à contribution deux terrains d’enquête pour confronter les données empiriques qui en découlent.
Notre propos est de comparer les expressions du sens de la justice dans les sociétés tunisienne et française. Cette approche socio-anthropologique qui s’inscrit dans le débat sur le caractère universel ou local des principes de justice est habituellement traitée, répétons-le, sur un mode foncièrement théorique et sans véritable assise empirique. Entre les défenseurs d’un universalisme tout au moins procédural et les partisans de la validité de positions locales traitées comme irréductibles les unes aux autres l’opposition parait insurmontable et la contradiction insoluble.
Dans une étude publiée précédemment, 3 nous avons présenté et discuté les grandes lignes du débat sur la question de la justice, en dégageant l’économie générale d’un dispositif théorique qui pourrait contribuer à mieux asseoir une démarche propre à la sociologie et à l’anthropologie. A cette occasion, nous avions privilégié la discussion de quelques auteurs (Rawls, MacIntyre, Sandel, Walzer) dont les travaux sur la justice fournissent des éléments de réflexion suffisamment élaborés pour nous permettre d’avoir une vue d’ensemble susceptible d’être facilement mise en œuvre pour appréhender le sens ordinaire de la justice dans un contexte socio-historique déterminé. Ce débat a eu depuis une assez grande audience et il est désormais suffisamment connu pour qu’il ne soit pas vraiment nécessaire de le présenter plus longuement. Le rappel que l’on va faire n’a d’autre ambition que de remettre en mémoire quelques aspects essentiels qui serviront à mieux alimenter la réflexion.
De nombreuses raisons objectives nous ont amené à retenir certaines positions d’auteurs comme M. Walzer ou Ch. Taylor parce qu’elles permettent d’élucider le rôle crucial que les notions de tradition et de communauté jouent dans la construction sociale des significations du juste. Ceci est fondamental pour mettre en œuvre une démarche satisfaisante et opératoire permettant de saisir le sens de la justice dans deux pays de traditions et de cultures différentes.
Par ailleurs, il faut noter les limites intrinsèques d’une conception purement procédurale comme celle de Rawls qui, de par son caractère abstrait et sa prétention à l’universel, se coupe du monde sensible. Cette conception, que défendent les auteurs dits « libéraux », ne permet pas de comprendre la question de la justice dans un contexte spécifique comme, par exemple, celui de la culture arabo-islamique dans la mesure où elle fait l’impasse sur tout ce qui relève du local, du particulier, en un mot sur tout ce qui se rapporte à une culture différente de celle de la modernité occidentale.
En outre, les principes de justice mis en œuvre dans une société arabo-islamique ne peuvent pas être énoncés indépendamment de la référence à l’islam, du recours à une éthique fondamentale issue de cette même religion et plus généralement de l’ensemble de la culture arabo-islamique. Et, c’est précisément là que réside le véritable enjeu.
A cet égard, l’intérêt de travaux comme ceux de M. Walzer ou de Ch. Taylor tient, entre autres mérites, à leurs apports théoriques et au regard neuf qu’ils permettent de poser sur les problèmes qui traversent actuellement la pensée moderne et les sociétés occidentales en matière de réflexion sur la justice. Les résultats les plus convaincants de leurs travaux concernent la prise en compte effective des traditions particulières et de leur construction historique mises au centre de toute intelligibilité de la justice ou de l’éthique.
Cependant, disons d’emblée que l’adoption de ces positions n’implique nullement de rejeter en bloc, à l’instar d’un auteur comme A. MacIntyre, toutes les catégories et valeu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents