Le soi-disant « Gladio belge »
56 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le soi-disant « Gladio belge » , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
56 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La découverte en 1990 de réseaux clandestins en Europe occidentale enflamma les spéculations et les fantasmes. Le « Gladio belge », à l’image de son homologue italien, était-il impliqué dans les actes de banditisme sauvage des années 80 ? Était-il vraiment chargé d’organiser dans le plus grand secret le départ de Belgique du gouvernement vers des lieux sûrs en cas d’occupation ? Avait-il participé à la « stratégie de la tension » pour favoriser l’instauration d’un régime autoritaire ? Avait-il partie liée à l’extrême droite ?

L’après Gladio a accouché d’une méfiance quasi pathologique à l’égard des méthodes de renseignement. Le souci du politiquement correct, la peur d’être taxé de racisme, de xénophobie ou d’islamophobie ont bridé les capacités d’analyse et d’anticipation de nos services jusqu’il y a peu.

Historien, chercheur et docteur en Philosophie et Lettres, Hervé Hasquin enseigna à l’Université libre de Bruxelles à partir de 1970 ; il en fut le recteur (1982-1986) et le président du Conseil d’administration (1986-1995). Parallèlement, il mena une carrière politique (sénateur, député, ministre) entre 1987 et 2007. Il a présidé l’Institut d’étude des religions et de la laïcité de l’ULB pendant de très nombreuses années, ainsi que le Centre de l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (2008-2011). Il a été élu Secrétaire perpétuel de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique à la fin de l’année 2007.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782803105526
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE SOI-DISANT «GLADIO BELGE»
H H ERVÉ ASQUIN
Le soi-disant «Gladio belge»
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0551-9 © 2016, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 76
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique Illustration de couverture : Loredana Buscemi et Grégory Van Aelbrouck, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique) info@bebooks.be www.bebooks.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-214-6 A propos Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
La liberté de penser est morte sous les coups des médias de masse qui lancent des anathèmes ou tressent des couronnes de lauriers en fonction de l’idéologie dominante saturée du politiquement correct. Michel Onfray,Le Soir, 29 mars 2016.
Avant-propos
Stay behind ! Voilà un mot bien étrange dont l’opinion européenne n’a pris connaissance qu’à partir de 1991. En fait, les politiques, la presse, les gens « avertis » ou supposés tels évoquaient essentiellement, et parfois s’en tiennent encore aujourd’hui à l’appellationGladio. Elle avait retenti en Italie en novembre 1990. Le glaive et ses « gladiateurs », ces mots, empruntés à la tradition du prestigieux passé romain, étaient devenus synonymes d’organisation para-militaire, de complots, de sabotages, de tentatives de déstabilisation de l’État. La tentation de l’amalgame fut grande car la soudaine découverte de réseaux clandestins en Europe occidentale enflamma les spéculations et les fantasmes. La Belgique fut particulièrement secouée par des interrogations : le « Gladio belge » était-il impliqué dans les actes de banditisme sauvage qui avaient traumatisé le pays quelques années auparavant ? Ces crimes, non élucidés, relevaient-ils de la « stratégie de la tension » qui n’aurait eu pour but que de favoriser l’instauration d’un régime autoritaire ? Ne convenait-il pas d’y voir la main de l’extrême droite ? Le « Gladio belge » était-il vraiment ceréseau dormant —Stay behind— destiné à organiser dans le plus grand secret le départ de Belgique du gouvernement et de personnalités importantes vers des lieux sûrs en cas d’occupation du pays et de leur permettre de garder le contact avec ceux restés à l’intérieur ? Soyons clairs : l’envahisseur potentiel était l’Union soviétique en ces temps de Guerre froide. Ce livre retrace l’histoire du réseau belge en le restituant dans le contexte de l’après Seconde Guerre mondiale. Il se fonde sur l’enquête approfondie menée par le Sénat dans les premiers mois de 1991, sur des documents inédits ainsi que sur les publications intervenues depuis un quart de siècle en Europe et aux États-Unis en relation avec les services secrets pour la période 1948-1990. Bref, l’histoire desStay behind se clôture avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement du pouvoir soviétique en Europe de l’Est. Depuis vingt-cinq ans, l’« affaire gladio » et ses développements en Europe ont fait l’objet de nombreux films et documentaires. Les travaux scientifiques ont subi jusqu’à ce jour la concurrence d’une littérature « complotiste », nourrie d’amalgames, de rapprochements osés, souvent plus journalistiques et romanesques que proprement historiques. Démêler le vrai du faux, le prouvé de l’incertain n’est évidemment pas chose aisée pour des matières où le port du masque fut la règle. Je l’ai rappelé en 1991 lors de la rédaction duRapport du Sénat en posant la question : qu’est-ce qu’un document crédible ? La réponse d’alors n’a pas varié : La crédibilité repose sur le refus de pratiquer des amalgames, des conjectures oiseuses, des rapprochements artificiels entre des faits dont on ne peut prouver qu’il existe entre eux quelque lien que ce soit. Les révélations de 1990-1991 alimentent encore aujourd’hui les réflexions, les spéculations, l’imaginaire et bien entendu les outrances et les approximations en sont plus souvent qu’ils ne devraient l’un des ingrédients. En guise d’exemples, je citerai trois ouvrages parus en 2015 : — Philippe Engels,Mensonges d’État. Entre fraude, corruption et terrorisme : la justice belge en faillite, Bruxelles, 2015. 1 — Umberto Eco,Numéro zéro, Paris, 2015 (traduction) — Gérard Desmaretz,Stay-Behind. Les réseaux secrets de la guerre froide, Paris, 2015. Les attaques et les suspicions dont ont été l’objet les Services secrets de l’armée et la Sûreté de l’État, les maladresses commises par les services, ont été à l’origine d’un « désamour » impressionnant avec une partie importante du monde politique et de la presse. Les conséquences s’en firent sentir jusqu’à un passé récent.*
* L’idée de ce livre sur leStay behindet la problématique de sécurité est née à l’automne 2014. Mes nouvelles recherches et mises au point ont fait l’objet de deux exposés, l’un à la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie le 9 novembre 2015, l’autre à Liège
à la séance du Collège Belgique du 18 novembre suivant. Les circonstances ont voulu que la rédaction de cet ouvrage a quasiment été encadrée par les tragiques attentats de Paris (13 novembre 2015) et de Bruxelles (22 mars 2016).
CHAPITRE 1 Le voile se déchire
COUPDETONNERRELE7NOVEMBRE1990. UNVENTMAUVAISVENUD’ITALIEAÉBRANLÉM. GUYCOËME,  D 1988. D , MINISTRE SOCIALISTE DE LA ÉFENSE NATIONALE DEPUIS MAI ANS LA SOIRÉE SON HOMOLOGUE ITALIENLAAPPELÉ ;ILSOUHAITAITDISPOSERDERENSEIGNEMENTSÀPROPOSDUNRÉSEAUINTERNATIONAL Gladio— ’ I — ; B C ÉTAIT DU MOINS SA DÉNOMINATION EN TALIE IL AURAIT TENU DES RÉUNIONS À RUXELLES les 23 et 24 octobre, qui plus est, sous la présidence d’un général belge. S ’ ’ , OUS LE COUP DE L ÉMOTION ET DE L IRRITATION LE MINISTRE BELGE EXIGEA IMMÉDIATEMENT DES . I C ’É - , C , EXPLICATIONS L ENTENDIT NOTAMMENT LE HEF D TAT MAJOR GÉNÉRAL LE GÉNÉRAL HARLIER LE CHEF DU SERVICEGÉNÉRALDESRENSEIGNEMENTS,LEGÉNÉRAL VAN CALSTERAINSIQUELERESPONSABLEDECE mystérieux réseau clandestin en Belgique, le Colonel Legrand. Mais le ministre n’en resta pas là. COLÈREFEINTEOURÉELLE? RECHERCHEDUN«COUP»MÉDIATIQUE? MÉFIANCEPROFONDEÀLÉGARDDE services secrets dont il pouvait supposer que la défiance était réciproque ? E , 8 , . I N TOUT CAS LE NOVEMBRE LE MINISTRE FIT PART DE SON COURROUX DANS UNE INTERVIEW TÉLÉVISÉE L  ’ ’ « » DÉCLARA AVOIR ÉTÉ TENU DANS L IGNORANCE LA PLUS TOTALE DE L EXISTENCE DE CE RÉSEAU ET DE SES  ’ . F RAMIFICATIONS INTERNATIONALES ALORS QU IL ÉTAIT EN FONCTION DEPUIS PLUS DE DEUX ANS ORT INSIDIEUSEMENT,ETLESCONSÉQUENCESSENFERAIENTSENTIRPENDANTUNQUARTDESIÈCLE,ILÉVOQUADES DOSSIERSBRÛLANTS,TELQUECELUIDUMOUVEMENTDEXTRÊMEDROITEWestland New Post,ETNON ÉLUCIDÉSTELSQUELESHORRIBLESTUERIESQUIAVAIENTENSANGLANTÉLE BRABANTETLESRÉGIONSVOISINES ENTRELE13MARS1982ETLE9NOVEMBRE1985,AVECUNTOTALDE28MORTS… N’YAVAIT-ILPASUNLIEN entre ce réseau et les affaires qui avaient défrayé la chronique judiciaire au début des années 80 ? R , APIDEMENT DES ENQUÊTES ADMINISTRATIVES FURENT LANCÉES NON SEULEMENT PAR LE MINISTRE DE LA D , M W , J ÉFENSE NATIONALE MAIS AUSSI PAR ELCHIOR ATHELET LE MINISTRE DE LA USTICE CAR IL APPARUT immédiatement que ce réseau comportait en Belgique une branche militaire et une branche civile. DANSLATMOSPHÈREENFIÉVRÉEDUMOMENTUNESÉRIEDEDÉCISIONSTOMBA… L’ÉMOIÉTAITDAILLEURS  ’E GRAND DANS LES PAYS D UROPE OCCIDENTALE DONT LES RESPONSABLES POLITIQUES ET LA POPULATION  ’ - ; DÉCOUVRIRENT AVEC STUPÉFACTION L EXISTENCE DE RÉSEAUX IGNORÉS JUSQUE LÀ ILS FURENT GladioAUTOMATIQUEMENT BAPTISÉS PAR ANALOGIE AVEC LE CAS ITALIEN DEVENU PUBLIC À LA SUITE DE LENQUÊTECONDUITEPARLAMAGISTRATUREÀPROPOSDAGISSEMENTSDÉLICTUEUXETCRIMINELSQUI s’étaient produits dans les années 1970 ; le scandale avait éclaté en Italie le 25 octobre 1990. L P 22 E ARLEMENT EUROPÉEN FUT PARTIE PRENANTE AU DÉBAT LE NOVEMBRE ET ADOPTA UNE RÉSOLUTION  ’ , , « CINGLANTE QUI DÉNONÇAIT L EXISTENCE DEPUIS QUARANTE ANS HORS DE TOUT CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE ’ » D UNE ORGANISATION MENANT DES OPÉRATIONS ARMÉES ET DE RENSEIGNEMENT PARALLÈLE EN COLLABORATION  ’OTAN. I AVEC L L Y AVAIT TOUT LIEU DE CRAINDRE QUE CERTAINS DE SES SERVICES SECRETS AIENT ÉTÉ , « IMPLIQUÉS COMME LE RÉVÉLAIENT DES ENQUÊTES JUDICIAIRES EN COURS DANS DE GRAVES ACTES DE terrorisme et criminels ». Un paragraphe de l’accusation se révélait particulièrement inquiétant : 6. A GLADIO TTENDU QUE LES DIFFÉRENTES ORGANISATIONS DISPOSENT DE LEURS PROPRES ARSENAUX ET  , ÉQUIPEMENTS MILITAIRES QUI LEUR PROCURENT UNE FORCE DE FRAPPE INCONNUE CONSTITUANT AINSI UNE menace pour les structures démocratiques de pays dans lesquels ils opèrent et ont opéré. C’ ’ ÉTAIT AUSSI UNE MISE EN ACCUSATION DE L ARMÉE AMÉRICAINE ET DE SES RESPONSABLES TRAVAILLANT 2 3 POURLE SHAPEETPOURL’OTANAUXQUELSONIMPUTAITLACRÉATIONEN EUROPEDERÉSEAUX . I P « CLANDESTINS L IMPORTAIT DONC POUR LE ARLEMENT EUROPÉEN DE DÉMANTELER TOUS LES RÉSEAUX  ». L P É ’U MILITAIRES ET PARAMILITAIRES CLANDESTINS ES ARLEMENTS DES TATS MEMBRES DE L NION  ’ EUROPÉENNE ÉTAIENT INSTAMMENT INVITÉS À CRÉER SI POSSIBLE DES COMMISSIONS D ENQUÊTE 4 parlementaire . ÀLINTÉRIEURDEL’UNION,SEULSTROISPAYSEMBOÎTÈRENTLEPASÀLRAésolution:L’ITALIE,LE Luxembourg et la Belgique. Bien qu’extérieure à l’Union et à l’OTAN, la Suisse fit de même.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents