Le téléphone de Grand Danger
142 pages
Français

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Le téléphone de Grand Danger , livre ebook

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Description

Pas moins de 38% du total des meurtres de femmes sont commis par des partenaires intimes. Face à ce constat alarmant, le Procureur Général Patrick Poirret cherche à élaborer un dispositif destiné tout à la fois à empêcher le passage à l'acte et à sécuriser les femmes - et les enfants - en très grand danger. Un téléphone d'alerte de grand danger va ainsi être mis en place à titre expérimental. Voici comment ce dispositif a pu exister, faire ses preuves. Sa mise en place à fait l'objet d'une véritable politique de justice partenariale, tout à fait inédite en France. Aujourd'hui il va être généralisé à l'ensemble des départements.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782336332802
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Antidote(s)
dirigée par Chantal Selva
Créée en septembre 2012, la collection Antidote (s) donne des coups de projecteur sur une réalité sociale, économique, politique et culturelle en mutation, à partir de personnes ou d’organisations, qui ouvrent des clairières nouvelles grâce à leur intelligence des choses du monde.
Les auteurs de la collection viennent d’horizons très variés, apportant des éclairages singuliers du lieu de leur pratique. Ils donnent des pistes de réflexion à un public en recherche de repères, à partir d’essais, de récits de vie ou d’entreprises, de témoignages, mais surtout, en lui permettant de construire sa propre interprétation de la réalité sociale et de mieux s’y ancrer.
Antidote (s) aux idées reçues, au conformisme, au découragement, aux fanatismes, à la violence dans tous ses états, à toutes les formes d’immobilisme qui donnent de la société une idée fausse. Traverser les crises dans le mouvement de la vie.

Déjà paru
Laurent Hincker, Le harcèlement moral dans la vie privée, une guerre qui ne dit pas son nom , novembre 2012
Vincent Pailliez, La voyance en question, Dire là-haut ce que tout le monde pense tout bas , mars 2013
Patrice Haberer, Mots sauvages, la forêt dernier refuge du sauvage , octobre 2013
Patrick Aïch, Grandir entre deux cultures ,
Une bille de terre contre une bille de verre , avril 2013
Titre
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

www. harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-68290-7
Dédicace
À Chantal,
mon épouse qui me pardonne le temps consacré… aux autres femmes

À Ernestine Ronai,
Sans qui ce dispositif n’aurait pas vu le jour.
Citation
« Toutes les familles heureuses
le sont de la même manière,
les familles malheureuses
le sont chacune à leur façon »
Léon Tolstoï, Anna Karénine
Préface
En juin 2013, l’organisation mondiale de la santé révélait les chiffres consolidés des violences faites aux femmes dans le monde : plus d’une femme sur trois a subi des violences conjugales ou sexuelles dans sa vie. On voudrait croire que cette réalité n’est pas la nôtre. Il n’en est rien évidemment. 201 000 femmes sont victimes chaque année de violences conjugales (violences physiques et sexuelles). Parmi elles, une sur six seulement porte plainte. Une fois sur quatre, ces violences sont de nature sexuelle. Tous les trois jours, les violences conjugales sont fatales. En 2012, 148 femmes sont mortes de violences.

Face à cette réalité, les acteurs du département de Seine-saint-Denis ont su créer un laboratoire d’idées, trouver des réponses nouvelles, des réponses concrètes qui reposent sur quelques mots clés : l’observation, pour mieux comprendre la réalité des violences, l’innovation et l’expérimentation, car face à cette expression de domination masculine séculaire, il faut sans cesse s’adapter, et la culture du partenariat, basée sur une confiance réciproque.

Emblématique de cet engagement pour les femmes et de cette force créatrice, le téléphone grand danger a vu le jour dans ce département, sous la forme d’une expérimentation, avant de se déployer dans d’autres départements, au gré du parcours de Patrick Poirret, au gré des rencontres et de l’adhésion rencontrée très vite auprès des partenaires, au niveau national comme au niveau local.

Le livre de Patrick Poirret raconte l’aventure de cette belle idée, la convergence des volontés et le combat partagé avec Ernestine Ronai pour apporter aux femmes un téléphone fait pour sauver des vies. Et surtout, il témoigne de ces parcours de femmes, épuisées par des années de souffrance et pour qui le TGD est devenu un espoir, un soulagement.

C’est à cette idée pragmatique que j’ai adhéré, dès mon arrivée. Avec un objectif, ne pas attendre, annoncer très vite la généralisation de ce dispositif, en faire le levier d’un nouveau partenariat au niveau local et travailler avec tous les acteurs pour la réaliser en 2014. Préfets, procureurs, conseillers généraux, de toutes parts des demandes me sont parvenues ainsi que des soutiens lorsque j’ai inscrit cette mesure de généralisation dans le projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes et dans le nouveau plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes.

Au fond, l’Histoire du TGD, c’est une belle histoire de service public. Celle d’une idée portée à bouts de bras par un procureur et une responsable du conseil général de Seine-Saint-Denis, passionnés par leur mission ; celle d’une idée portée par des acteurs locaux, expérimentée avec succès puis portée au niveau national. Une idée qui m’a convaincue et que je vais m’employer à prolonger désormais en m’appuyant toujours sur les acteurs de terrain qui ont fait sa réussite.

Najat Vallaud-Belkacem
Ministre des droits des femmes
Porte-parole du gouvernement
Introduction
La mort au quotidien
(Bobigny, 23 novembre 2009, 9H)

Le 23 Novembre 2009, lors des 7 es Rencontres « Femmes du Monde » en Seine-Saint-Denis à la Bourse du Travail de Bobigny, en présentant le dispositif d’Alerte pour femmes en très grand danger, je déclarais :

« Le véritable combat, c’est celui de faire reculer les violences faites aux femmes, celui de faire reculer les violences intrafamiliales quels qu’en soient les auteurs ou les victimes. Ce combat, c’est celui – rêvons – de l’abolition des violences familiales, car il n’y a pas pire insécurité que celle du premier cercle : celui du couple, celui de la famille » .

Ce cercle est mortifère.

Les morts violentes 1 dans le couple 2 (ou l’ancien couple) ne sont comptabilisées que depuis 2006. Les chiffres suivants sont tirés des études de la Délégation aux Victimes du Ministère de l’Intérieur.

De 2006 à 2012, cette délégation a recensé 1203 décès (1012 femmes – 191 hommes) soit en moyenne annuelle :
– 144 femmes
– 27 hommes

Les chiffres ne prennent pas en compte les victimes collatérales (enfants, parents, amis, voisins, témoins…) décédées au cours de l’action criminelle.

La délégation aux victimes répertorie cependant celles-ci :

En 2012, ces morts violentes (avec notamment les suicides des auteurs) ont eu pour conséquences :
– 18 enfants orphelins de père et de mère.
– 111 enfants orphelins de mère ; 11 orphelins de père.

Pour comprendre l’ampleur du phénomène, les chiffres parlent d’eux-mêmes. On a dénombré en France, en 2012, 791 morts violentes (homicides volontaires et coups mortels) dont 174 dans le couple.

Les morts violentes dans le couple représentent 22 % de ces crimes en 2012.

Selon les chiffres publiés en juin 2013 par l’organisation mondiale de la santé à Genève, dans le monde, pas moins de 38 % du total des meurtres de femmes sont commis par des partenaires intimes.

Compter ne suffit pas.
Souvenons-nous de la formule du Procureur Général Burgelin, Président de la Commission « Santé, Justice et Dangerosité » qui dans l’introduction de son rapport 3 décrivait une « société de plus en plus avide de sécurité et qui, par refus de l’aléa ou du risque, se caractérise par la recherche constante d’un coupable, personne physique ou institution, susceptible d’endosser la responsabilité des faits commis » .

La société ou l’opinion publique, à défaut de nous juger, est légitime à nous interroger : qu’avez-vous fait ?

Agir donc.

Que faire pour limiter les risques ?

Mais la prévention de la délinquance ou la prévention du passage à l’acte homicide dans le cercle familial est un exercice difficile.

Il fallait imaginer un dispositif destiné tout à la fois à empêcher le passage à l’acte, à porter secours en cas de passage à l’acte, à sécuriser les femmes (et les enfants) en très grand danger.

C’est l’histoire de ce dispositif, né en Seine-Saint-Denis, que je me propose de raconter, à travers le journal obstiné d’un procureur et de ses partenaires, qui rêvaient de sauver les femmes en danger de mort, qui se battent au quotidien pour que les femmes ne subissent plus ces violences indignes de notre humanité.
1 Assassinat (Meurtre avec préméditation) Article 221-3 du Code Pénal : Réclusion criminelle à perpétuité) – Meurtre (Article 221-4 du Code Pénal : Réclusion Criminelle à perpétuité) – Coups et Blessures ayant en

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