Le travail des femmes autrefois
254 pages
Français

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Le travail des femmes autrefois , livre ebook

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Description

Le droit des femmes au travail n'est pas un long fleuve tranquille. Aujourd'hui encore, à qualification égale, le salaire moyen d'une femme est de 21% plus bas que celui d'un homme. Pourtant les femmes ont toujours travaillé, chez elles, dans la France rurale d'autrefois et dans les usines quand l'industrie apparaît. L'auteur montre ici ce long combat pour leur émancipation.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 84
EAN13 9782296496163
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE TRAVAIL DES FEMMES AUTREFOIS Chroniques jusque dans les années 1960
Roger Colombier

LE TRAVAIL DES FEMMES AUTREFOIS Chroniques jusque dans les années 1960
Du même auteur

Le mouvement ouvrier dans le Mantois, L’Harmattan, 2006.
Les origines du chemin de fer dans le Mantois, L’Harmattan, 2010.
Aincourt le camp oublié, Le Temps des Cerises, 2012.

© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96756-4
EAN : 9782296967564
« Si l’on dit que les hommes oppriment les femmes, le mari s’indigne, mais le fait est que c’est le code masculin, c’est la société élaborée par les mâles et dans leur intérêt qui a défini la condition féminine et sous une forme qui est à présent pour les deux sexes une source de tourment. » Simone de Beauvoir (1908-1986)
« Dans la famille, l’homme est le bourgeois ; la femme joue le rôle du prolétariat. » Friedrich Engels (1820-1895)
AVANT-PROPOS
Ceci n’est pas l’histoire chronologique du travail des femmes, mais quelques instants sur leur travail à travers les âges. Je les ai écrits à ma manière, celle d’un découvreur autodidacte de l’histoire sociale car je ne détiens aucun diplôme de chercheur ou d’historien en la matière. Pour autant, j’ai toujours été passionné par l’histoire, celle des grands, comme celle des plus humbles, avec une préférence naturelle pour le peuple des obscurs pour avoir vu le jour dans une famille ouvrière.
Je suis né dans l’ancienne province du Languedoc, d’un père tonnelier et d’une mère au foyer, selon la terminologie accordée à une femme qui ne travaille pas à l’extérieur du domicile familial. Sous ce toit, par l’urgence du quotidien, la lecture ne participait pas à sa vie. Or, pourquoi ai-je pu ressentir ce manque au point de dévorer, dès que l’école communale m’en a offert l’opportunité, mes manuels d’histoire, longtemps seuls éléments éphémères de ma bibliothèque ? Et depuis ce temps-là, je n’ai eu de cesse de lire, de tout lire, avec une prédilection toutefois pour l’histoire sociale dès mon adhésion au plus ancien des syndicats français.
J’ai usé du terme de femme au foyer pour ma mère, terme que je déteste, car il gomme la réalité d’une vie endurée au nom d’une coutume patriarcale des plus rétrogrades envers la condition féminine. Ma mère fut donc cantonnée à élever ses enfants, à tenir le domicile conjugal et à servir son époux, en dépit des fins de mois difficiles dans lesquelles un second salaire aurait facilité le quotidien. Mais non, l’épouse de mon père ne dut travailler qu’épisodiquement, comme saisonnière aux vendanges ou pour la récolte de fruits et de légumes ; c’était la coutume dans ma famille, comme si ses hommes, sans ne jamais les avoir lus, épousaient les préceptes de Columelle, agronome et grand propriétaire terrien du milieu du 1 er siècle après notre ère, sur les fonctions spécifiques du mari et de sa femme. Mon père, qui n’était nullement un tyran, ne se rendit pas compte du mal produit. Cela se passa de la sorte chez son propre père et le père de celui-ci, dans ce clos ancestral où les femmes avaient travaillé comme jeunes filles pour un patron, avant d’être épousées et « ne plus rien faire ».
J’ai parlé du peuple des obscurs. Mais je considère que, parmi ceux-ci, les femmes, tenant le foyer conjugal, ou en plus d’être salariée en dehors, ont donc connu une posture plus subalterne encore, sinon à la connaître toujours. Il est des mythes qui perdurent sur la femme faible par sa constitution et symbole du malheur des hommes sur terre depuis que, dans la Bible, elle incita Adam à croquer le fruit défendu.
Oui, la religion, la littérature, la philosophie, la médecine et les idées des premières organisations ouvrières ont croisé leurs approches pour démontrer l’infériorité intellectuelle et physiologique de la femme. À la Révolution Française de 1789, la question de leurs droits civiques ne fut même jamais soulevée au sein de l’Assemblée constituante. Cette réalité fit dire à madame
Roland (1754-1793), avant d’être guillotinée : « En vérité, je suis bien ennuyée d’être une femme : il me fallait une autre âme, ou un autre sexe, ou un autre siècle. Je devais naître femme spartiate ou romaine, ou du moins homme français. Mon esprit et mon cœur trouvent de toute part les entraves de l’opinion, les fers des préjugés, et toute ma force s’épuise à secouer vainement mes chaînes. O liberté, idole des âmes fortes, aliment des vertus, tu n’es pour moi qu’un nom. »
Que ces lignes qui vont suivre, à ma manière, puissent dénouer un meilleur chemin pour la condition féminine.
DE LA SUPRÉMATIE MASCULINE
Dans les campagnes, les femmes ont toujours travaillé et pas uniquement dans les travaux domestiques pour bien tenir le foyer conjugal ou éduquer leur progéniture. Effectivement, elles ont été chargées de la fabrication des vêtements, de la corvée d’eau, de la collecte du bois et de la conservation du feu, de la garde des bêtes, comme de la vente sur les marchés des produits agricoles ou des plantes médicinales qu’elles ont glanées ; elles ont aussi participé aux labeurs saisonniers dans les champs et remplacé totalement leurs maris lorsque ceux-ci embarquaient pour la pêche au long cours, émigraient dans d’autres contrées pour un salaire plus lucratif ou partaient à la guerre.
Lorsque les premières cités se forment, les femmes s’associent aussi au labeur de leurs époux, boutiquiers ou artisans, comme elles exercent une activité salariée à demeure ou au-dehors. Evidemment, comme leurs sœurs de la campagne, les femmes de la ville s’attellent aux identiques tâches domestiques dans leurs foyers respectifs.
Toutes ces activités s’expriment sous la férule de l’époux, du père ou d’un tuteur lorsque les deux premiers sont défunts. Même dans les demeures les plus pauvres, les hommes, seuls, se chargent des affaires de la famille et du quotidien de chacun des habitants. Les dogmes de la religion chrétienne et le poids du patriarcat dans toute la société confortent la prédominance masculine. Ainsi, au cours des siècles, les femmes ne vont pas être les égales des hommes, chez elle, dans l’existence et au travail. Et l’histoire démontre que des mâles, prônant pourtant l’émancipation du genre humain, ne seront pas tendres envers elles.
Des dogmes de la religion chrétienne
Les Pères de l’Église se sont interrogés très longtemps sur la nature de la femme et de son âme. Certes, « Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu : il le créa Mâle et femelle » . Or, Ève fut créée à partir du corps d’Adam et de la première femme sur terre fut commis le péché originel avec la malédiction éternelle qui s’ensuivit.
Aussi, la religion chrétienne a-t-elle donné à l’époux le rôle de chef de famille, selon les prescriptions de l’apôtre Paul de Tarse (né vers l’an 8 et décédé vers l’an 65 de notre ère). Dans son Épître aux Éphésiens (5.22 à 5.24), il édicte à l’encontre des êtres humains :
« Soyez soumis les uns aux autres comme au Seigneur Jésus. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; En effet, le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses ».
L’encyclique Casti Connubium du pape Pie IX nuance ces propos. Mais elle date du 20 e siècle, plus précisément du 31 décembre 1930 et mérite d’être connue :
« Cette soumission d’ailleurs ne nie pas, elle n’abolit pas la liberté qui revient de plein droit à la femme, tant à raison de ses prérogatives comme personne humaine, qu’à raison de ses fonctions si nobles d’épouse, de mère et de compagne ; elle ne lui commande pas de se plier à tous les désirs de son mari, quels qu’ils soient, même à ceux qui pourraient être peu conformes à la raison ou bien à la dignité de l’épouse ; elle n’enseigne pas que la fem

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