Les campeurs de la République
128 pages
Français

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Les campeurs de la République , livre ebook

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Description

le Groupement des campeurs universitaires (GCU) est aujourd'hui la plus importante association de campeurs en Europe avec 50 000 adhérents qui sont collectivement propriétaires d'une centaine de terrains. Bénévole, solidaire et autogestionnaire, ce mouvement, créé en 1937 dans l'élan du Front populaire, aménage bénévolement de jolis terrains pour y vivre l'été. L'auteure a mené son investigation au coeur de cette microsociété, ouverte aujourd'hui à tous ceux qui partagent ses valeurs fondatrices : humaines, laïques, solidaires et conviviales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782336791531
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright



























© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79153-1
Esthétiques

ESTHÉTIQUES Collection dirigée par Jean-Louis Déotte
Pour situer notre collection, nous pouvons reprendre les termes de Benjamin annonçant son projet de revue : Angelus Novus.
« En justifiant sa propre forme, la revue dont voici le projet voudrait faire en sorte qu’on ait confiance en son contenu. Sa forme est née de la réflexion sur ce qui fait l’essence de la revue et elle peut, non pas rendre le programme inutile, mais éviter qu’il suscite une productivité illusoire. Les programmes ne valent que pour l’activité que quelques individus ou quelques personnes étroitement liées entre elles déploient en direction d’un but précis ; une revue, qui expression vitale d’un certain esprit, est toujours bien plus imprévisible et plus inconsciente, mais aussi plus riche d’avenir et de développement que ne peut l’être toute manifestation de la volonté, une telle revue se méprendrait sur elle-même si elle voulait se reconnaître dans des principes, quels qu’ils soient. Par conséquent, pour autant que l’on puisse en attendre une réflexion – et, bien comprise, une telle attente est légitimement sans limites –, la réflexion que voici devra porter, moins sur ses pensées et ses opinions que sur les fondements et ses lois ; d’ailleurs, on ne doit plus attendre de l’être humain qu’il ait toujours conscience de ses tendances les plus intimes, mais bien qu’il ait conscience de sa destination.
La véritable destination d’une revue est de témoigner de l’esprit de son époque. L’actualité de cet esprit importe plus à mes yeux, que son unité ou sa clarté elles-mêmes ; voilà ce qui la condamnerait – tel un quotidien – à l’inconsistance si ne prenait forme en elle une vie assez puissante pour sauver encore ce qui est problématique, pour la simple raison qu’elle l’admet. En effet, l’existence d’une revue dont l’actualité est dépourvue de toute prétention historique est justifiée… »
Dernières parutions
Sandrine MORSILLO, Eric Vigner, un théâtre plasticien. Lectures-performance au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (2013/2015) , 2017.
Claude AMEY, Duchamp & Warhol. De l’artiste à l’anartiste , 2016.
Sandrine MORSILLO, L’exposition à l’œuvre dans la peinture même , 2015.
Lucie ROY, Le pouvoir de l’oubliée : la perception au cinéma, Un essai à caractère philosophique , 2015.
Ricardo SALAS ASTRAIN et Fabien LE BONNIEC (dir.), Les Mapuche à la mode. Modes d’existence et de résistance au Chili, en Argentine et au-delà , 2015.
Denis SKOPIN, La photographie de groupe et la politique de la disparition dans la Russie de Staline , 2015
Alain NAZE (dir.), Walter Benjamin. Politiques de l’image , 2015.
Titre


Martine Lefeuvre-Déotte








Les campeurs de la République
Ouvrage

La présente édition est une version revue et augmentée de l’ouvrage paru chez Bourin Editeur en 2006 sous le titre Les campeurs de la République, 70 ans de vacances utopiques.
Exergue

« Nous sommes en danger d’oubli, […] la mémoire et la profondeur sont la même chose, ou plutôt la profondeur ne peut être atteinte par l’homme autrement que par le souvenir »
Hannah Arendt
AVANT-PROPOS
Samedi 28 août dix-sept heures, il pleut ; nous arrivons au terrain du Bois-Plage-en-Ré, il appartient à l’association, fondée sous le Front populaire par des instituteurs, appelée : « Groupement des Campeurs Universitaires » ou simplement GCU. Il est vrai, les prix sont moins élevés qu’à l’hôtellerie de plein air voisine, nous entrons ici dans un lieu dit autogéré, le phalanstère de Fourier, des disciples de Proudhon, des marxistes authentiques ? Nous sommes de récents adhérents (en langue vernaculaire, dire : CU, Campeurs Universitaires) et nous ne connaissons qu’imparfaitement les us et coutumes de ces « gens-là ». La plage est à quatre cents mètres, sublime ! Quels sont ceux qui ont eu l’ingénieuse idée de s’approprier en 1957 ce coin de paradis, tant convoité aujourd’hui par les promoteurs ?
En cette fin d’été, seule la moitié du terrain est occupée, vraisemblablement par des retraités de l’enseignement, les habitués, les amoureux de l’endroit. Peu de tentes, de nombreuses caravanes majestueusement équipées et une douzaine de résidences mobiles. La « personne de jour », comprenez le campeur ou la campeuse qui est chargé(e) à titre bénévole de recevoir les nouveaux arrivants, est devant l’accueil, occupée à jouer aux cartes. La partie s’interrompt, les joueurs se lèvent pour nous saluer et je rentre dans ce qu’on appelait autrefois « la cabane de l’homme de jour », qui ne mérite plus cette appellation depuis sa rénovation, pour obéir aux exigences administratives. Je donne les cartes d’adhérents, je remplis les différents papiers et je sais que celui qui me reçoit n’est ni un salarié, ni le propriétaire, ou encore moins le gérant. Pour quelques heures aujourd’hui, il est de service avec d’autres, comme je le serai moi-même dans quelques jours. Mon hôte répond à mes questions comme un professionnel, m’invite à m’installer et me promet une météo radieuse ! Je « ferai le jour » le jeudi 2 septembre et devrai venir chercher les consignes la veille à dix-neuf heures.
Discours un peu sibyllin, ai-je bien tout compris ? Toute société a ses codes et je souhaite ne pas transgresser involontairement les règles de ces « indigènes ». Sur le panneau d’affichage, quelques renseignements : le trésorier reçoit chaque soir de 18 heures à 18 heures 30, il est possible d’emprunter des livres à la bibliothèque, je peux consulter la liste des présents sur le terrain et connaître le numéro de leur parcelle, enfin l’assemblée de camp se tiendra le 2 septembre à 19 heures sur le terrain de volley.
Le terrain est propre, calme, serein et le matin chacun vous salue. Au retour de la plage, nous sommes interpellés avec courtoisie et sagacité par le « chef » de la semaine, il ne nous a pas encore repérés, sommes-nous bien d’ici, qui cherchons-nous exactement ? Quelques occupations favorites retiennent les habitants de cette contrée bien particulière. Ils sont pêcheurs, étudient attentivement les horaires des marées et distribuent à leurs voisins le surplus de la cueillette. Ils connaissent bien le proverbe inuit : « sans générosité, pas de prestige » ! Ils vont et viennent, s’affairent, s’emparent du temps. Ils sillonnent, comme beaucoup, l’île en vélo ; le début de l’après-midi est consacré à la palabre entre amis ou au repos sous l’auvent. À 15 heures, seuls les condamnés au nettoyage des sanitaires, gantés de caoutchouc rose, armés de seaux et de brosses, lisant ligne à ligne les différentes consignes, brisent la quiétude du camp assoupi. Vers 17 heures, quelques couples partent se baigner, ils rentreront bientôt et se dirigeront avec leur gel douche tranquillement vers les sanitaires. À cette période de l’été, peu jouent aux boules et les nobles habitués d’Utopia aiment se retrouver à l’heure de l’apéritif pour partager un Pineau frais, chacun apportant avec lui selon la coutume son pliant et son gobelet. Le dîner pris, des discussions joyeuses accompagnent les bruits de la vaisselle où les hommes rivalisent de talents, la gent masculine semble ici apprécier cette activité. Qu’en est-il les autres mois de l’année ? Puis faiblissent les échanges, le campeur se retire dans son espace, on n’entend plus un bruit.
Arrive enfin le cérémonial de la passation des consignes par le responsable : à l’heure dite, je reçois avec un autre campeur, les recommandations d’usage. Nous assurerons le lendemain chacun six heures de présence, pendant lesquelles nous devrons recevoir les nouveaux arrivants, relever et classer le courrier, nettoyer les sanitaires selon des normes bien définies, allumer les lumières à la nuit tombée dans les parties communes, abaisser les barrières pour clore symboliquement le camp. On nous confie enfin la clé du local réservé à l’accueil que nous ne garderons que vingt-quatre heures, il est toujours possible enfin de déranger le responsable sur sa parcelle, si d’éventuels problèmes surgissent.
Faire le « service de jour », c’est donc rester au camp des heures durant et à cette époque, prendre le soleil devant « la cabane » en attendant l’éventuel arrivant, vous permettra de parler avec beaucoup. C’est toujours d’un ton amusé qu’on demande à la « personne de jour », si elle n

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