Les chefferies traditionnelles Beti au Cameroun
246 pages
Français

Les chefferies traditionnelles Beti au Cameroun , livre ebook

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246 pages
Français

Description

Cet ouvrage est une réflexion sur le déclin du pouvoir traditionnel en Afrique. Il retrace le rayonnement passé de ces chefferies qui ont servi d'arrière-plan à l'administration publique et qui ont grandement oeuvré pour l'indépendance du Cameroun. L'auteur relève un revirement de ces pouvoirs culturels qui se sont dénaturés dans le copinage avec le pouvoir politique. Cette confusion de rôles et de positionnements va entraîner un effritement progressif des cultures beti.

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Informations

Publié par
Date de parution 12 novembre 2018
Nombre de lectures 23
EAN13 9782140105173
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vincent de Paul NDOUGSA
LES CHEFFERIES TRADITIONNELLES BETI AU CAMEROUN
Préface de Jacques Deboheur KO U K A M
Les chefferies traditionnelles beti au Cameroun
Vincent de Paul NDOUGSALes chefferies traditionnelles beti au Cameroun Préface de Jacques Deboheur KOUKAM
Du même auteur Le calvaire des salariés, L’Harmattan, 2018. Les peuples Beti du Cameroun : origine, ethnies et traditions, L’Harmattan, 2018. Foyer troublé,théâtre, L’Harmattan, 2018.La présidentielle en flammes noires, théâtre, L’Harmattan, 2018.
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16105-1 EAN : 9782343161051
À tous les traditionalistes qui estiment que les chefferies traditionnelles beti, à l’instar de celles des autres régions du pays, ont intérêt, nonobstant leur modernisation, à demeurer dans le temps et dans l’espace le creuset de nos us et coutumes, le reflet de notre civilisation et la pierre angulaire de notre culture. À tous ceux qui pensent que nos chefferies traditionnelles des régions du centre et du sud doivent, en s’arrimant aux réalités du contexte actuel, caractérisées par une modernisation tous azimuts, jumeler ou juxtaposer le passé et le présent en vue d’un métissage culturel objectif.
PRÉFACE
Dans un monde où la tradition est de plus en plus contestée au bénéfice de la modernité, on peut être préoccupé par le dessein d’un ouvrage intituléChefferies traditionnelles beti. Dans ce conflit manifeste entre la modernité et la tradition, on voit se consolider sur le plan mondial, différentes classes politiques qui opposent leurs visions du monde dans des conceptions différentes de la liberté de l’homme. Pour les traditionalistes en effet, l’homme doit respecter les usages, les us et coutumes pour être heureux ; par contre et à l’opposé, nous avons les modernes qui pensent que l’expression de la liberté est dans le dépassement ou dans un relativisme des règles. Cette opposition de vues sur les conceptions de la liberté va engendrer d’autres expressions ou lignes politiques qui ne nous intéressent pas ici. Dans cette réflexion sur les chefferies traditionnelles beti, l’auteur, de l’ethnie béti, s’interroge sur la démarche historique de sa communauté culturelle relativement à l’émergence des membres de celle-ci dans la totalité qu’est le Cameroun. Nous pourrons conceptualiser sa démarche comme le rapport d’un particulier beti à un universel Cameroun dans une relative confrontation de différentes formes d’expressions culturelles et de traditions. Contrairement à cette perception d’une relative confrontation entre tradition et modernité sur le plan international, l’espace national qui intéresse l’auteur s’exprime autrement. Ici, c’est une expression différente
des traditions, et l’auteur tente de comprendre pourquoi la communauté culturelle beti n’est pas parvenue à s’établir une autorité aussi forte que celles des communautés culturelles du Nord, du Nord-ouest ou de l’Ouest. L’interrogation majeure porte sur le déclin du pouvoir traditionnel en Afrique avant d’être une réflexion particulière sur le cas de la communauté beti. En rappel, il faut relever que l’Afrique fait partie des zones du monde qui n’a pas une tradition suivie qui serait une ligne continue allant de l’histoire vers le présent en vue de se constituer un avenir conséquent qui résulterait des jalons posés par les Anciens. Dans un contexte culturel où les attitudes et les comportements des uns et autres s’entremêlent et parfois s’entrechoquent en raison de différentes sources de savoirs et d’orientations, ce livre tente de situer à nouveau l’être beti dans l’orientation qui devrait être la sienne. Il ne s’agit aucunement d’une tentative d’imposer une disposition sociale que l’auteur entrevoit dans la place de l’autorité traditionnelle, mais davantage de situer l’homme dans son histoire en lui fournissant les éléments qui lui permettraient d’abord de se situer dans un temps et dans une histoire dans le but de se projeter dans le monde. Ainsi, le livre repose sur le postulat selon lequel la promotion de l’homme sur le plan de l’expression de sa liberté ne peut tenir que par un enracinement culturel à partir duquel celui-ci s’envisage peut imaginer une relation conséquente et assumée avec les autres. Quand Senghor pense la mondialisation comme le « rendez-vous du donner et du recevoir », il voit dans cette délicate opération de rencontre des humains et des peuples, une démarche qui commence par une prise en compte culturelle de soi. C’est celle-ci que chaque être est à même
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de partager avec les autres. Sans un enracinement culturel, la rencontre avec les autres est sans intérêt pour soi-même et pour les autres. Voilà pourquoi l’auteur envisage un avenir de la société beti par un retour sur soi. Nous évitons bien de dire retour aux sources qu’on pourrait comprendre comme un enfermement sur soi. Nous le dirons seulement s’il se comprend comme une recherche de soi pour une promotion de soi. À partir de ce moment, on peut réfléchir sur le sens profond du concept de tradition. De manière simple, il faut dire que la tradition est l’âme d’un peuple. C’est, sans être fataliste, le dessein d’une communauté. Mais ce dessein n’est pas acquis au départ, il est construit. Il l’est par l’interaction et par les échanges que les membres de cette communauté peuvent avoir sur le déroulement de l’histoire ou sur les différentes questions auxquelles celle-ci fait face. Il faut donc considérer que la tradition n’est pas une donnée fixe et stable, qui ne doit pas se soumettre à la raison critique et qu’un peuple doit indéfiniment répéter au cours de son existence. La tradition est un ensemble d’éléments essentiels et historiques à partir desquels un peuple s’envisage un avenir raisonné. Ceux-ci ne sont pas seulement dans des objets déposés comme d’aucuns le pensent, ils sont d’abord dans une manière de comprendre le monde et de se projeter. On pourrait alors envisager la tradition comme un ensemble d’attitudes et de dispositions qui permettent de se forger un avenir commun. C’est ayant compris ceci qu’il est possible de définir l’autorité traditionnelle. S’il existe pour chaque peuple ou pour chaque culture des fondamentaux à partir desquels il est possible d’envisager une compréhension et une interprétation du monde, il existe également et forcément
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