Les médias font-ils les révolutions ?
208 pages
Français

Les médias font-ils les révolutions ? , livre ebook

208 pages
Français

Description

Les médias font-ils la révolution ? S'agissant du " printemps arabes ", peut-on parler d'une révolution 2.0 ? Les médias pouvaient-ils permettre aux citoyens de renverser les tyrans, sans qu'il y ait une force sociale qui les anime ? Les citoyens ont sans doute lutté avec les armes nouvelles que leur fournissait la technologie de l'information et de la communication. Il faut donc analyser comment ces technologies travaillent le tissu social en favorisant la mobilisation sociale et politique.

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Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336321493
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la dîrectîon de Fathallah Daghmî, Farîd Toumî Abderrahmane Amsîdder
Les médias fontils les révolutions ?
Regards critiques sur les soulèvements arabes
Les médias font-ils les révolutions ?
Communication et Civilisation Collection dirigée par Nicolas Pélissier La collectionCommunication et Civilisation, créée en septembre 1996, s’est donné un double objectif. D’une part, promouvoir des recherches originales menées sur l’information et la communication en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large. D’autre part, valoriser les études portant sur l’internationalisation de la communication et ses interactions avec les cultures locales. Information et communication sont ici envisagées dans leur acception la plus large, celle qui motive le statut d’interdiscipline des sciences qui les étudient. Que l’on se réfère à l’anthropologie, aux technosciences, à la philosophie ou à l’histoire, il s’agit de révéler la très grande diversité de l’approche communicationnelle des phénomènes humains. Cependant, ni l’information, ni la communication ne doivent être envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants. Dernières parutions Claude DE VOS, Derrick de KERCKHOVE,Ecrit-Ecran, Formes d’expression, 2013. Claude DE VOS, Derrick de KERCKHOVE,Ecrit-Ecran, Formes de pensée, 2013. Claude DE VOS, Derrick de KERCKHOVE,Ecrit-Ecran, Formes graphiques, 2013. Delphine LE NOZACH,Les produits et les marques au cinéma, 2013. Nicolas PÉLISSIER, Gabriel GALLEZOT,Twitter ? Un monde en tout petit, 2013. Gloria AWAD et Carmen PINEIRA-TRESMONTANT (sous la e dir. de),anniversaire de la chute duLes commémorations du 20 mur de Berlin à travers les médias européens, 2012. Nicolas PELISSIER et Marc MARTI,Le storytelling : succès des histoires, histoire d’un succès, 2012.
Sous la direction de Fathallah Daghmi, Farid Toumi Abderrahmane Amsidder
Les médias font-ils les révolutions ? Regards critiques sur les soulèvements arabes Préface de Jean-Paul Lafrance
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00072-5 EAN : 9782343000725
Préface
Ce livre collectif est le résultat d’un appel à contributions suivi d’un colloque qui s’est tenu à Agadir à l’Université de Ibnou Zohr, en collaboration avec l’Université de Poitiers du 4 au 6 avril 2012. La plupart des participants étaient de jeunes chercheurs maghrébins (surtout marocains, tunisiens ou algériens) devenus professeurs dans les universités francophones de France, du Québec, de Belgique ou d’ailleurs. La plupart des interventions du colloque reposaient sur des analyses de terrain qui donnaient une assise aux réflexions théoriques sur le rôle des outils en temps de crise sociale. À l’origine, nous nous posions la question : les médias font-ils la révolution ? En ce qui concerne ce qui est convenu d’appeler « le printemps arabe », peut-on parler d’une révolution 2.0 ? En fait, pour être clair, personne n’a répondu positivement à la question ! Personne n’a été assez naïf au point de croire en la vertu des médias, anciens ou nouveaux, pour déclencher une révolution, par la seule puissance de ses incantations. Personne n’est tombé dans le piège positiviste en affirmant queTwitter, Facebook, YouTube et tous les autres nouveaux outils du Web 2.0 pouvaient permettre aux citoyens de renverser les tyrans, d’envahir les rues et les édifices publics, d’affronter les matraques ou les fusils des policiers, sans qu’il y ait une force sociale qui les anime. Ramy Roof, le blogueur en charge des médias pour l’Institut des droits de l’homme du Caire, avait tweeté en 2011 que « larévolution 2.0, la révolution Facebook, larévolution Twittersont des expressions dénuées de sens ». En fait,derrière le militant utilisant les médias sociaux, il y avait l’activiste d’une organisation qui luttait pour la démocratie, contre la privation de liberté, la torture, l’emprisonnement des journalistes ; certes, il luttait avec les armes nouvelles que lui fournissait la technologie moderne de l’information et de la communication. Mais comme on peut le constater, cette expression désormais consacrée « révolution 2.0 », est dangereuse car elle risque
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l’amalgame entre de multiples dimensions ; la dimension technique (la mise au point d’outils technologiques de type logiciel du Web 2.0), les nouvelles pratiques éditoriales (de nouvelles façons d’écrire, de produire et de publier), enfin la dimension sociologique (de nouvelles façons de mettre en relation des individus). De nos jours, il est commode de former de nouvelles notions avec le 2.0 : il y a le Web 2.0, la révolution 2.0, l’informatique 2.0, l’économie 2.0, le danger de l’éclatement de la bulle 2.0, la démocratie 2.0… Revenons à la définition originelle. Tim O’Reilly, éditeur de la très célèbre revueWiredavait inventé le terme, au milieu des années 2000, en lui donnant la définition suivante: «2.0 repose surLe Web un ensemble de modèles de conception : des systèmes architecturaux plus intelligents qui permettent aux gens de les utiliser, des modèles d’affaires légers qui rendent possibles la 1 syndication et la coopération des données et des services .»
Cette définition de O’Reilly réunissait sous le même toit les technologues qui transformaient l’Internet de diffusion (dit 1.0) en un Internet interactif (dit 2.0), les financiers des nouvelles start-upservices nouveau genre que furent de MySpace, YouTube,Wikipédia et tant d’autres et les sociologues en mal d’expliquer le vent de transformations sociales qui soufflait sur les pays arabes et en Occident en général (les mouvements Occupy Wall Street, par exemple).
Un autre concept sujet à caution est la très populaire expressionréseaux sociauxqui englobent sans distinction toute une série d’outils communicationnels, des outils de production et publication nouveaux (commeWikipédia,YouTube, la blogosphère), des espaces de discussion (commeTwitter, SMS, le Chat), des supports relationnels (commeMySpace, DailymotionouPinterest) qui existent à profusion dans Internet ou sur les téléphones dits intelligents. Cela engendrait chez les aficionados des NTIC des dérives idéologiques qui laissent croire que les nouvelles technologies créaient de nouvelles formes d’organisations sociales toutes puissantes. Au minimum
1 « Qu’est-ce que le Web 2.0 »,Internet Actu-Net<http://www.internetactu.net/2005/09/29/quest-ce-que-le-Web-20/>
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faudrait-il parler desréseaux sociaux numériques(les RSN) et être conscient qu’il y a toujours eu des réseaux sociaux, soit familiaux, politiques ou religieux, de loisirs, de travail, d’études, d’entreprises, etc., et que c’est à l’intérieur de ces organisations que tous les mouvements révolutionnaires naissent, vivent ou meurent. Qu’il y ait de nouveaux instruments d’information, de mobilisation et de rassemblement depuis la mise au point du Web 2.0, il ne faut pas en disconvenir ! Bien au contraire, il est nécessaire d’analyser finement comment ces NTIC travaillent le tissu social, si on peut s’exprimer ainsi. Sans oublier évidemment que derrière les manifestations populaires appelées par ces nouveaux médias, les occupations de rues et d’édifices publics, il y a des organisationsmilitantes, comme des syndicats, des ligues de droits de la personne, des partis d’opposition, des églises, des groupements étudiants, etc. L’action et même l’existence de ces organisations militantes sont le plus souvent aveugles aux médias officiels, comme la télévision et les journaux à grand tirage, qui présentent souvent les « révolutions » comme des miracles de spontanéité.
Par ailleurs, il faut savoir que la lutte pour la liberté et le combat contre la tyrannie n’est pas que virtuelle, on ne peut pas toujours se cacher derrière son ordinateur ou sonsmartphone. L’usage circonstancié des communications exige aussi l’occupation de la rue et il serait étonnant qu’il n’y ait pas de martyrs, de morts et de blessés, de destruction de biens et de souffrances humaines derrière ces manifestations souvent violentes. L’épouvantable drame syrien est là pour témoigner de la dureté de la lutte.
Enfin, il faut rappeler que la conquête de la liberté de parole et d’acte est un combat de longue haleine. Les leçons de l’Histoire nous indiquent que la victoire n’est jamais acquise définitivement. La démocratie ne s’exporte pas comme le Coca-Cola, tel que le pensait Georges W. Bush ! Prenons comme exemple les suites de la Révolution française de 1789 qui ont donné lieu à une décennie où le pays fut mis à feu et à sang, puis au Premier Empire de Napoléon qui rétablit l’ordre et par deux fois le rétablissement de la monarchie, la Monarchie de
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juillet 1830 qui s’acheva par la Révolution de 1848 et la Seconde République, jusqu’au sacre de Louis-Napoléon Bonaparte en 1852 et la création du Second Empire. Sans oublier non plus la Commune de Paris de 1871… On ne saurait nier, d’autre part, qu’une des causes du succès de la révolte des peuples arabes est la circulation de l’information qui a été rendue possible par l’utilisation des nouveaux outils de communication comme Internet ; de même, il est plus facile et plus rapide de rassembler des milliers de personnes sur une place publique à l’aide du téléphone mobile et les réseaux sociotechniques que d’utiliser des lettres d’invitation par la poste. Habermas a bien montré que la Révolution française et le renversement de la monarchie avaient été précédés par la circulation des pamphlets et la création des cafés littéraires, plus tard par la circulation des journaux populaires. Autre temps, autres moyens de communication… Mais on ne saura jamais pourquoi, un jour, la peur tombe devant les matraques et les balles de la police, pourquoi l’immolation du jeune Bouaziz a eu un tel impact chez les jeunes Tunisiens ? Pourquoi le mur de Berlin est-il tombé le 9 novembre 1989 et avec lui, le régime soviétique, après 70 ans de répression ? Si les conditions objectives de la révolte n’avaient pas été présentes, comme disaient autrefois les marxistes, le mot d’ordre deTwitter« dégage, Ali » n’aurait pas eu l’effet qu’il a eu. Évidemment, comment deviner que le terreau est mûr pour un coup d’Etat, la révolution ne se programme pas, elle éclate. C’est là le mystère de la nature humaine, puisque l’Homme a une capacité extraordinaire d’adaptation et de résilience. Pourquoi la rue arabe se réveille-t-elle maintenant, alors que les monarchies arabes sont en place depuis des décennies, que les tyrannies militaires sont bien installées depuis les Indépendances, que les dictatures pétrolières exploitent leurs populations depuis les années 70 ?
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Jean-Paul Lafrance, UQAM Fin novembre 2012
Présentation des auteurs
Abderrahmane Amsidder, professeur de l'Enseignement supérieur, Université Ibn Zohr, Agadir. Titulaire d'un doctorat en France et d'un doctorat d'Etat au Maroc. Il dirige l'école doctorale « langues et communication », le master « communication des organisations » et le laboratoire de recherche sur les langues et la communication (LARLANCO). Auteur de plusieurs articles scientifiques, il s'intéresse à la communication organisationnelle et aux réseaux sociaux. Mustapha Belabdi,est enseignant chercheur en Ph.D, communication à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Il agit aussi comme consultant en communication marketing et en relations publiques et œuvre en communication interculturelle sur les problématiques de perception, de construction identitaire et d’interaction sur le web. Sahbi Ben Nablia est Ph.D en communication de l'université du Québec à Montréal où il a enseigné la communication politique, la communication multiculturelle et la communication internationale. Il est consultant expert en médias dans différents pays, notamment en Irak et au Maroc. Ses recherches s'intéressent à l'égalité entre femmes et hommes et les transformations du paysage médiatique après les révoltions arabes. Fatma Ben Saad Dusseautdocteure en Sciences de est l'information et de la communication. Elle travaille sur l'évolution des pratiques médiatiques et les mises en discours des identités symboliques. Elle s'intéresse aux nouvelles configurations liées au développement des médias numériques dans le cadre de problématiques portant sur la numérisation, la mondialisation et la diversité culturelle, en mobilisant une approche critique et sémio-pragmatique de la communication. Yamine BoudhaneDocteur en sciences de l'information et est de la communication. Il est Maître de Conférences HDR à l'Université Sétif 2 en Algérie. Chercheur dans l'équipe de
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